Pourquoi les humains ne passaient-ils jamais par ici ? C’était la seule terre de l’Ouest qui n’était pas en proie aux pluies acides et les véhicules qui jonchaient la route pourraient aisément être écrasés par leurs tanks. S’agissait-il d’un endroit dont les humains avaient peur ? Cette route portait-elle malheur à tous ceux qui essayaient de la suivre ? Pourtant Koschei s’y était aventuré très souvent et jamais il n’avait ressenti une quelconque malchance après avoir foulé le bitume. La malédiction ne devait toucher que les humains.

Dans tous les cas, si quelqu’un voulait un endroit relativement calme pour se reposer à l’Ouest, c’était bien ici qu’il fallait venir. Les sièges des anciennes voitures étaient confortables, des proies se cachaient un peu partout, et les véhicules regorgeaient de trésors très différents, voire même de nourriture quand on était chanceux. Bref, une mine d’or à ciel ouvert, même si elle n’était pas comparable à la Fête Foraine aux yeux de Koschei.

Celui-ci sortait justement de l’arrière d’une voiture où il venait de piquer un somme après une longue chasse haletante après un cerf bien trop en forme qui lui avait échappé. Il se demanda s’il devrait plutôt se remettre en chasse ou rentrer dans sa tanière avant que le soleil ne soit couché, mais il opta pour la chasse. Il avait besoin d’entraînement, et puis le Soleil n’était pas encore si bas, après tout.

Il se hissa sur le toit défoncé d’un camion pour observer les alentours et renifler les odeurs qui l’habitaient, en quête de quelque chose à chasser. Il trouva bien la trace olfactive d’un mulot mais cela ne le tenta pas plus que ça. Il lui fallait quelque chose de plus gros, qui n’allait pas disparaître dans la première fissure qu’il trouverait, comme par exemple ... Oh tiens, voilà qu’une odeur familière se détacha du reste. Koschei se retourna dans la direction de celle-ci pour voir une louve qu’il avait déjà rencontré plusieurs fois : une certaine “Démone” au pelage noir qui se faufilait parmi les voitures. Ne descendant pas de son perchoir, il la héla en haussant la voix :

“Démone ! N’est-ce pas un temps parfait pour une petite promenade ?”

La dernière fois qu’il avait vue la louve, elle paraissait faible, prête à casser au moindre coup de patte, mais depuis elle semblait s’être assez bien entraînée ... Mais pas assez que pour rivaliser avec Koschei, bien sûr. Evidemment, la présence du Leader en ces lieux l’avait surprise : quelles étaient les chances qu’ils se recroisent à nouveau de manière aussi hasardeuse ?

“Koschei... On peut dire ça. Tu ne viens pas me piquer ma proie cette fois?”

Il eut un petit sourire.

“Je maintiens qu’elle était à moi.”

Koschei descendit du toit du camion avec sa grâce habituelle, puis se fraya un chemin entre les véhicules jusqu’à la louve.

“Mais ne t’inquiètes pas, je ne suis pas là pour te piquer quoi que ce soit.”

L’odeur des chaleurs que dégageait la louve lui faisait un peu tourner la tête, même comme toute personne civilisée qui se respecte, il avait appris à se contrôler, même si à vrai dire cette perspective était plutôt tentante ... Si tout autant elle donnait son accord bien sûr.

“Qu’est-ce que tu viens donc faire par ici ?”

“Et bien vois-tu, je me balade. Rien de plus. Et toi, mon cher mercenaire?”

La Démone avait ce drôle de tic de claquer des mâchoires à la fin de presque chaque phrase, que Koschei avait au premier abord pris pour de l’agressivité. Il se demandait d’où elle le tenait : était-ce quelque chose qu’elle avait développé elle-même ou qu’elle avait appris de l’un de ses parents ? Dans tous les cas, quand bien même c’était intéressant, ça n’en était pas moins un peu irritant.

“Quelle coïncidence, c’est exactement ce que je faisais également !”

Dit-il avec un air faussement surpris. Bien sûr que c’était un mensonge, il n’essayait même pas de le cacher ; mais il ne la croyait pas non plus, elle devait sûrement être ici pour une toute autre raison qu’une simple balade. Il ne lui en tenait pas rigueur, cependant, si ils étaient totalement honnêtes l’un envers l’autre, ce ne serait plus amusant.

Il se glissa plus près de la louve, avec l’air le plus exagérément charmeur qu’il pouvait confectionner :

“Oh, le Destin a sûrement fait croiser nos chemins à nouveau pour une bonne raison ...”

Il lui fit un clin d’oeil et haussa un sourcil suggestif. Si ça marchait avec Zwey, ça marcherait peut-être avec elle.

hrp:

Elle ne bougea pas d’un poil quand il se rapprocha, ce qui était déjà bon signe. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, elle avait était plus qu’élusive, lui glissant entre les pattes à chaque fois qu’il s’approchait de trop près. Il arriva même à lui faire afficher un sourire qui n’était pas sarcastique, ce qui était également un grande première.

“Oh, tu sais très cher, le Destin n'est pas vraiment doux avec moi en ce moment...”

Koschei inhala à plein nez l’odeur de la femelle alors que la queue de celle-ci s’égarait sur sa truffe. Son sourire s’élargit alors qu’il se leva pour la suivre, bien décidé à ne pas la laisser partir aussi facilement. Leurs pelages se frottèrent tandis qu’il approcha sa gueule de l’oreille de la louve.

“Je pourrais être doux avec toi, si c’est ce que tu souhaites.”

“Hum... crois tu véritablement être à la hauteur? Mon cher Ko'”

Le Leader laissa sa langue s'égarer sur le museau de la femelle alors qu'elle l'approcha du sien, puis caressa celui-ci du bout de sa truffe.

"Une seule manière de le vérifier."

Ensuite ... Bah, la suite vous la connaissez, vous voulez un dessin ? Demandez à Tybalt.