Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Djall arrive bientôt à ses deux ans. Récemment, la meute a été fragilisée par l'attaque d'un chien chargé d'explosif qui a blessé gravement l'alpha Helya. La louve est touchée par cette agression qui la laisse morose. Un matin, après s'être occupée des petits de la meute restés au camp, elle décide de sortir sur la dune de sable et de réunir les volontaires Navniks pour une partie de jeu entre adultes.
La jeune femelle huma l'air en pointant le museau en-dehors des ruines. Son odorat lui indiqua qu'aucunes menaces ne trainaient dans les parages alors elle s'élança en courant vers la dune de sable. Elle avait besoin de se dégourdir les pattes après être restée enfermée au camp à devoir pouponner les louveteaux. La louve grise grimpa jusqu'au sommet de la colline dorée en galopant comme si la mort la poursuivait. Elle laissait pendre sa langue rose sur le côté de sa gueule alors qu'elle bondissait vers le point culminant du mont de sable fin. Elle se sentait d'humeur joyeuse et surtout d'humeur joueuse. Elle avait besoin de compagnon pour se détendre et se défouler. La générale renversa sa tête vers l'arrière en agitant son collier de poils argentés pour pousser un long hurlement d'appel. Elle souhaitait réunir la meute autour d'elle, du moins un maximum de ses congénères pour resserrer leurs liens et être plus forts. Elle se pourlécha les babines en piétinant d'impatience, s'enfonçant légèrement sur le sol souple. Elle s'était toilettée pour l'occasion. Elle jappa d'excitation en ne pouvant s'empêcher de battre frénétiquement de la queue. En ce jour ensoleillé, elle souhaitait devenir de nouveau un louveteau.
Une nouvelle journée venait de débuter dans un monde ravagé par la guerre et les aspirations sanguinaires d'êtres infiniment plus cruels que le pire de mes congénères. L'homme est un loup pour l'homme, soit mais alors pourquoi faut il qu'ils nous entrainent dans leur folie teintée d'une dose non négligeable de connerie. Jusqu'ou iront ils pour assouvir leur soif de destruction ? Ce monde n'est déjà plus que ruines et chaos. Mais, cela ne semble pas suffire à ces êtres qui s'ils n'étaient pas aussi tristement stupides seraient les seuls et uniques prédateurs au sommet de la chaine alimentaire. M'enfin, tout cela n'a plus aucune importance. Tenter de percer le mystère de la folie humaine est un exercice aussi vain qu'éreintant. Cette énigme est insoluble tout simplement et malgré tout nos efforts, il arrive que certaines choses restent inexpliqués. Comme la façon dont les morts ont la fâcheuse habitude de revenir à la vie. Puisque la faucheuse ne semble plus aussi efficace qu'avant, pourrais je me prendre à espérer que mes trois compères n'ai pas péri comme je le pensais avant mon arrivée sur les terres d'Aff. Après, tout Daante aussi était censé être mort et pourtant mon frère ainé était tout ce qu'il y a de plus vivant. Oui, l'espoir peut couler dans mes veines tel un poison vicieux et pourtant terriblement enivrant. Je ne vois pas ce que cela pourrait changer. Dans le meilleur des cas, L-A, Misé et Dans sont bel et bien vivants quelque part et dans le pire des cas ils ont enfin trouvés la paix. Terminant ma patrouille matinale, je m'apprête à aller chasser dans les terres neutres lorsque le hurlement d'appel de ma meilleure amie fend les airs et m'interpelle. Stoppant ma course, je fais volte face et m'élance vers la dune de sable. Je repère bien vite Djall au sommet de la dune et fais demi tour. Je fais halte dans la foret et me roule dans une flaque de boue pour masquer mon effluve. Puis, je reviens sur mes pas et entame l'ascension le plus discrètement possible. Finalement, ma sœur de meute me repère et je change de tactique. Doublant la cadence, je termine l'ascension en quelques pas et percute la louve argentée de plein fouet. Un gout de déjà vu. Peut être mais c'est dans les vieilles marmites que l'on fait les meilleures soupes selon le proverbe.
Djall arrive bientôt à ses deux ans. Récemment, la meute a été fragilisée par l'attaque d'un chien chargé d'explosif qui a blessé gravement l'alpha Helya. La louve est touchée par cette agression qui la laisse morose. Un matin, après s'être occupée des petits de la meute restés au camp, elle décide de sortir sur la dune de sable et de réunir les volontaires Navniks pour une partie de jeu entre adultes.
Djall s'assit au sommet de la dune de sable, attendant que ses congénères pointe leur truffe. Elle ferma les paupières et entrouvrit les mâchoires pour goûter la brise sur sa langue. Alors qu'elle était en communion avec la nature, le vent lui apporta d'étranges bruits de pas étouffés. Elle ouvrit brusquement les paupières et bondit sur ses pattes. Elle eut à peine le temps de faire volte-face en direction du nouvel arrivant que celui-ci lui rentra dedans à pleine vitesse. Elle ne le reconnut que lorsqu'ils furent au corps à corps et que son odeur transperça la couche de boue dont il s'était enduis. Le duo dévala une partie de la pente en effectuant de roulé-boulé. Djall s'évertua à freiner leur course en plantant ses pattes dans le sable. Elle finit par les immobiliser sur le bas-flanc de la colline. Elle se détacha de son assaillant d'un bond vers l'arrière, le temps d'évaluer la situation, puis repartit à l'assaut. Elle se créa un passage jusqu'à la patte-arrière d'Ebène à grand coup d'épaules et la saisit entre ses crocs, l'obligeant à tenir sur trois pattes. D'un même geste, elle le bouscula de tout son corps pour le faire tomber sur le flanc. Là, elle se mit au-dessus de lui pour l'écraser de tout son poids dans le sable.
« Alors vieux loup, on veut jouer les malins ? lance-t-elle avec un large sourire lupin. »
Deux rondins de bois lancés à pleine vitesse sur la pente de sable doux de la dune. Deux rondis qui tantôt s'entrechoquaient, tantôt se séparaient sans ralentir l'allure voilà ce que nous étions Djall et moi en cet instant précis. Finalement, le rythme de la descente s'amenuisa peu à peu. La fin du roulé boulé infernal fut l'œuvre de la grande louve argentée qui planta fermement ses griffes dans un pan de sable pour freiner notre course. Seulement, le sable est comme le cœur des loups. Volatile c'est pourquoi la dégringolade continua jusqu'au bas de la dune et ne s'acheva que lorsque le terrain redevint parfaitement plat. La grande louve se détacha de mon étreinte d'un bond leste vers l'arrière. Je me relève d'un bond souple et fais volte face pour esquisser un sourire moqueur en direction de ma sœur de meute et très bonne amie mais cette dernière qui a eu la présence d'esprit d'analyser la situation part déjà à l'assaut et me percute de plein fouet. L'arroseur arrosé comme on dit. Ses crocs se refermèrent sur ma patte arrière puis cette dernière me bouscula violemment pour me faire tomber sur le flanc. Ce qui arriva dans la foulée de cette tactique intelligente et foudroyante. Tu t'améliores Djall, tu t'améliores c'est indéniable. La masse de la louve s'écrasa sur moi tandis que cette dernière me lança : "Alors vieux loup, on veut jouer les malins ?" Un sourire tout aussi large que le sien étire mes babines. Et je lui réponds : J'adore passer du temps avec toi ma chère Djall. Tu me rappelles à quel point j'ai longtemps vécu et que ma fin est proche. Un petit rire vint ponctuer ces propos teintés d'amusement. Je reprends finalement : Tu as l'air en pleine forme dis moi. Tu permets que je te fasse passer un petit test d'aptitudes pour vérifier que l'hiver ne t'as pas gelé les muscles. Puis, je plante mes crocs dans le poitrail de ma sœur de meute et prends impulsion sur mes pattes arrières pour rouler sur le coté sans lâcher le poitrail de la louve. Puis, une fois que la général n'est plus positionnée au dessus de moi mais que c'est l'inverse. Je retire mes crocs de son poitrail et roule un peu plus loin avant de bondir en arrière. Je m'élance vers la louve tandis qu'elle est en train de se relever et bondis par dessus sa carrure imposante avant de planter mes crocs dans l'une de ses pattes et lui en faucher une autre de ma patte avant. La louve s'écroule dans une posture similaire à la mienne et je me poste sur elle avant de lui dire : Merci pour cette technique ma chère amie. Comme quoi on peut apprendre même à mon âge vénérable.
Ebène, son meilleur-ami depuis qu'elle est arrivée au sein de la meute, la rejoint. Ils commencent un combat endiablé pour s'amuser un peu.
« J'adore passer du temps avec toi ma chère Djall, commença le mâle sans esquisser une riposte, tu me rappelles à quel point j'ai longtemps vécu et que ma fin est proche. » La louve regarda Ebène rire un court instant en penchant la tête sur le côté, intriguée. « Tu as l'air en pleine forme, reprit-il finalement lorsque son fou-rire fut passé, tu permets que je te fasse passer un petit test d'aptitudes pour vérifier que l'hiver ne t'as pas gelé les muscles. » C'est alors que la femelle s'apprêtait à répondre que le bras-droit de la meute se dégagea de sa posture de dominé dans un enchaînement complexe de roulades. Djall se retrouva au sol sans trop comprendre comment et eut à peine le temps de se relever qu'Ebène repartit à l'assaut. Il fut très vif et fit un enchaînement similaire à celui que la louve avait utilisé précédemment pour la mettre par-terre en position de faiblesse. Quand il put dominer Djall de toute sa hauteur, il lança à cette-dernière sur un ton taquin : « Merci pour cette technique ma chère amie. Comme quoi on peut apprendre même à mon âge vénérable. - C'est vrai, lorsque l'élève dépasse le maître ce-dernier à intérêt à s'accrocher. » La femelle se mit à se rouler de droite à gauche pour chercher une faille dans la position dangereuse qu'on lui imposait. Tant pis si le sable ternissait sa fourrure. Le vieux loup voulait la bagarre, il l'aurait. Elle était souple, et cette souplesse allait la sauver. Elle se contorsionna brusquement pour passer son museau derrière une patte avant d'Ebène. Là, elle banda tous ses muscles pour se redresser au mieux et saisir une touffe de poils noirs sur l'épaule du vétéran. Lorsqu'elle se laissa retomber au sol, son poids entraîna le mâle vers la terre. Lorsqu'elle eut réussi à dégager son meilleur-ami, elle bondit sur ses pattes et se mit à tourner autour de la masse sombre qui se relevait. Elle préféra attendre qu'il soit parfaitement droit face à elle, le challenge était plus intéressant. La jeune louve fonça pour l'attaquer de face. Elle chargea et à la dernière minute dérapa dans le sable pour en balancer un nuage dans les yeux de son acolyte. Lorsqu'elle eut convenablement aveuglé son adversaire, elle se jeta sur lui pour l'attraper à la gorge et entourer ses épaules de ses pattes pour le conduire au sol et faire mine de l'étrangler. Elle relâcha sa prise et recula de quelques pas avant de lancer au loup noir : « Alors, mes muscles sont-ils assez performants à ton goût ? »