Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 
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 « Je sais. Ils sont cons. [Pv Palladium]

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Lun 22 Fév - 23:22


Je sais. Ils sont cons.
Isïl et Palladium.
FORCE : 7 AGILITE : 8 ENDURANCE : 9



Les esprits s’échauffent, vite, bien trop vite. Si la louve grise affirme rapidement son penchant pour Hige, optant sans hésiter pour le camp de ce dernier, cela ne l’empêche pas de réclamer la fin de cette entrevue le plus vite possible. C’est qu’elle a d’autres chats à fouetter, et que l’ambition démesurée d’un général aux chevilles enflées ne l’intéresse pas le moins du monde. De même que les avis des partisans du général en question. En vérité c’est durant ces instants qu’Isïl se rappelle qu’elle n’est sûrement pas née au sein de la bonne meute. Elle se souvient que, malgré le secours que lui ont apporté les siens alors qu’elle avait passé des semaines entre les mains des scientifiques humains, elle n’avait pas véritablement sa place ici. Ils étaient trop belliqueux, trop irréfléchis pour la plupart. La seule chose qui semblait avoir de la valeur à leurs yeux, c’était l’image qu’ils pouvaient donner, les traits sanguinaires et cruels que les meutes adverses pouvaient leur prêter. Avaient-ils à ce point besoin de vivre à travers le regard des autres ? La réputation était-elle à ce point importante ? La sentinelle n’était pas sotte, elle connaît le pouvoir des mots et celui de la peur, mais elle ne pouvait adhérer à des comportements violents quand ceux-ci ne sont destinés qu’à épater la galerie et ce au détriment de la sécurité de la meute. Quelle ironie que de les entendre parler de la faiblesse des louveteaux, quand leur plan consiste à les endurcir sûrement en les envoyant se faire charcuter un peu trop tôt. Ils estiment sûrement que le loupiot en question voudra, pour la gloire, intimider ses ennemis… Alors qu’en vérité il voudra juste jouer, profiter de son innocence et potentiellement faire la fierté de ses parents. Et quelle ironie que d’entendre les conspirateurs évoquer la prétendue dictature actuelle, quand ils désirent par la suite mettre au pouvoir un loup assoiffé -de sang comme de pouvoir sûrement- qu’elle n’oserait même pas aborder durant un moment de tranquillité de peur qu’il ne s’énerve. La peur ne s’insufflera pas dans les rangs ennemis, comme ils semblent tous l’espérer, mais dans les rangs de la meute elle-même. C’est pitoyable. Or, si de nombreuses choses laissent Isïl de marbre, l’avenir de l’équipe, et son avenir à elle en l’occurrence, ne la laisse pas indifférente. Hige était un alpha réfléchi et loyal, elle n’oserait pas non plus douter de sa force et voit en lui un guerrier digne de ce nom. En bref il n’y avait aucune raison pour qu’elle approuve la tentative de putsch d’Athos.

Toutefois, si la jeune femelle parvient à demeurer calme malgré la situation, ce n’est pas le cas d’autrui. Et surtout ce n’est pas le cas de Palladium. La louve grise observe ce dernier du coin de l’œil, incapable de totalement ignorer son ancien mentor et ce malgré le comportement qu’il adopte. Un comportement qu’elle n’approuve pas. Sûrement étais-ce là déplacé de la part de l’ancienne apprentie que de juger aussi facilement celui qui, aujourd’hui, n’est rien de moins que le bras droit d’Hige en personne. Pourtant elle ne culpabilise pas une seule seconde lorsque quelques remarques agacées tournoient dans son esprit, elle a toutefois suffisamment de jugeote pour garder lesdites remarques pour elle. Isïl ne tenait pas le moins du monde à critiquer ouvertement le mâle, de prime parce qu’elle savait que cela se finirait mal -et sûrement pour elle- , mais également parce qu’il serait stupide de sa part de donner un avis tranché comme elle venait de le faire pour mieux se retourner contre le camp qu’elle avait choisi sans hésiter. Mais si la sentinelle garde le silence tout ce temps, et ce malgré les remarques, les gueulantes et divers rebondissements en tout genre, elle ne peut s’empêcher de rejoindre le bras droit dès lors que cette réunion prend fin. Les raisons qui la poussent à l’aborder sont multiples : le besoin de parler des événements, l’envie de l’extirper de cette situation en lui donnant l’occasion de profiter d’une bouffée d’air frais, la nécessité de préserver autrui en éloignant cette bombe à retardement qu’il était devenu. C’est pragmatique. Et puis, au fond, peut-être que ça lui plaît que de savoir qu’elle était capable de cela. Qu’elle pouvait le réclamer, l’emmener, l’éloigner. Ça sonnait comme un privilège, ça lui rappelait qu’il n’était pas n’importe qui, qu’il n’avait jamais été anodin et ce bien avant de monter en grade. Et puis, se comporter normalement avec lui, ça lui évitait de penser à ce bond qu’il a réalisé dans la hiérarchie, justement. L’éloigner de cette saloperie de réunion ça lui permet de ne pas laisser l’amertume lui nouer les entrailles, de ne pas songer au fait qu’il était en train de se dresser contre tout le monde avec force et courage alors même qu’il n’avait pas osé faire preuve de la même audace lorsqu’il avait fallu lui rendre service à elle, il y a de cela des années. Isïl avait subi la lâcheté du mâle Sekmet à la fin de son apprentissage, et ça lui donnait la nausée que de le voir différent aujourd’hui. Alors elle ne voulait pas y penser. Elle ne voulait pas voir le bras droit assuré qu’il était devenu, elle ne voulait pas rester ici avec lui. Pas dans ces circonstances. Et, à force d’y penser, la sentinelle en arrive également à la conclusion qu’il valait sûrement mieux ne pas parler de ça du tout non plus.

Ravalant un soupir, presque agacée par le cheminement de ses propres pensées et par la manie qu’avait son cerveau de constamment tout analyser, la louve grise se décide à agir. Tout simplement. « Viens. On va patrouiller. Et chasser. Tout plutôt que de rester ici. En tous les cas le regard ambré de la femelle se plante presque brutalement dans celui de son interlocuteur. Bien que tranquille dans son attitude et dans ses mots, ces derniers sonnaient à la fois comme une invitation mais également comme un ordre, la frontière demeurant floue comme à chaque fois qu’il s’agissait d’elle. Mais la vérité était bien là : Isïl ne souffrirait d’aucune désobéissance. Elle respectait la hiérarchie et, de manière générale, elle ne s’imposait que rarement, estimant de toute manière que son avis était suffisamment logique pour être partagé par la majorité -ou alors elle sait d’office qu’elle sera ignorée, sous prétexte que ses interlocuteurs ne sont qu’un ramassis de crétins-. De ce fait, l’entendre réclamer était si rare que le ton presque impérieux qu’elle prenait n’offusquait jamais, ou presque. Si elle ordonne c’est que c’est urgent, ou particulièrement malin, ou qu’il faut juste lui faire confiance. En tous les cas, on a jamais une seule raison de lui refuser ce qu’elle demande. C’est pour cela que la louve grise, passé quelques secondes pour s’assurer que Palladium ait bien compris qu’elle s’adressait à lui et à nul autre, se détourne déjà du mâle et s’éloigne au petit trot. Elle ne doutait pas du fait qu’il la suivrait, tout comme elle ne doutait pas des bienfaits que lui procurerait une petite balade. Palladium avait beau avoir d’autres préoccupations que la surveillance du territoire, il ne lui refuserait pas cette fuite aussi momentanée que justifiée. Et puis il y avait la chasse aussi, également utile. Il ne pouvait pas dire qu’elle ne savait pas l’appâter avec un programme alléchant, sans parler de l’agréable bonus procuré par sa simple compagnie à elle. En tous les cas, elle ne se permit pas le moindre commentaire supplémentaire, et ce jusqu’à ce qu’ils s’éloignent suffisamment pour que ses muscles ne se détendent soudainement. Quoi qu’elle en dise, elle a été sous tension là bas. Mais ce n’était plus le cas désormais et ce signal, envoyé par son corps, achève de la convaincre que c’était le bon moment pour parler plus librement. C’est fou comme l’air, même putride, paraît plus respirable maintenant, qu’elle ironise dans un sourire. Jetant un coup d’œil qu’elle désire discret en direction de son comparse, Isïl ramène bien vite ses prunelles vers l’horizon et reprend, le sourire disparaissant dans le même temps. C’est la première chose que je fais quand je me réveille. Je respire. On oublie à quel point c’est important. » Respirer. Pour savoir qu’on est en vie, pour savoir qu’on est en sûreté, pour savoir qu’on est bien entouré. Respirer, pour réguler les battements de votre cœur après un cauchemar. Respirer, tant que c’est possible.

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Mar 23 Fév - 22:41


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Isïl & Palladium


F. 105 | A. 105 | E. 105

A vait-il vécu cet évènement comme un acte de haute trahison ? Lui-même n’aurait pas su le dire. Tout s’était passé si vite. Athos avait braillé une fois, les appelant à se réunir et leur avait fait part de sa décision. Une décision arbitraire, appuyé par un nombre certes raisonnable, mais tout de même assez maigre de partisans. En réalité, le coup d’état d’Athos n’avait pas réellement fait peur au Pantin. C’était plus le penchant mégalomane du général qui l’avait frotté à rebrousse-poil. Sans parler de son assurance et de son cruel manque d’humilité, qui avaient achevé de faire sortir le loup brun de ses gonds. C’était d’ailleurs la première fois qu’il pétait autant un plomb – en public du moins. Quelque chose ne tournait plus rond. Il ne s’était pas reconnu dans le loup menaçant et agressif qui avait subitement fait surface face à la foule. Il ne s’était pas reconnu, face à Athos et montrant les crocs. Il ne s’était pas reconnu dans cette envie de tuer grandissante qui s’était emparée de lui peu à peu, sans même qu’il s’en rende compte. Etait-il possible que ce soit ces foutus mois d’enfermement qui l’aient changé à jamais ? Il n’en est pas certain. Après tout, il s’en était sorti indemne. Vraiment pas de quoi en faire toute une psychose. Mais pourtant, le changement était bel et bien là. Depuis qu’il était sorti de sa geôle, qu’il avait à nouveau respiré l’air extérieur, il n’était plus le même. Il avait pensé que ça changerait, qu’il lui fallait juste un peu de temps, que tout allait revenir à la normale ; mais non. Plus il attendait, moins il espérait un quelconque changement.
Il s’était rendu compte de sa bestialité à l’instant même où il avait ouvert la gueule. Mis c’était déjà trop tard : chacune des parties de son corps tremblait déjà de rage et les mots s’échappaient sans qu’il l’ait voulu. Il s’était purement et simplement laissé aller à un cruel manque de contrôle. Encore une pitoyable échappatoire, direz-vous…
Lorsque l’assemblée s’était enfin tue, il avait erré quelques instants dans une sorte de brouillard opaque, sans trop savoir ce qui allait se produire. Il ne l’avait même pas vue approcher, la louve au pelage argenté. Sa voix avait résonné dans ses tympans, impérieuse, sans appel. « Viens. On va patrouiller. » Ses yeux jaunes s’étaient retournés brusquement vers celle qui osait lui donner des ordres. Patrouiller, et puis quoi encore ? « Et chasser. » Son regard s’était adouci et, dans le même temps, il se faisait la réflexion pertinente qu’elle savait bien comment l’acheter. En réalité, elle ne lui avait même pas laissé le temps de répondre, ni même de choisir : elle s’était instantanément éloignée, légère et confiante. Il allait la suivre, elle le savait. Lui aussi le savait, mais le fait d’être considéré comme un acquis l’irritait quelque peu. Il avait jeté un dernier coup d’œil aux autres, puis s’était éclipsé, discrètement. De toute manière, ses accès de colère n’étaient pas vraiment utiles puisque tout le monde était fermement campé sur ses positions. Et puis, il avait cruellement, désespérément besoin d’air.

Palladium saute de l’aile de l’oiseau de fer avec une certaine souplesse. C’est bien moins élégant que la vision d’Isïl trottinant gracieusement, mais ce n’est pas trop mal pour son gabarit. Elle a déjà disparu, au détour d’un arbre, s’enfonçant directement dans la forêt. Cette forêt, qu’il connaît par cœur, dans ses moindres recoins. Combien d’heures y a-t-il passé, à chasser seul ? Beaucoup trop.
Il s’élance à la suite de la louve argentée. Il la rattrapera rapidement, il le sait. Il l’a bien entraînée, mais l’élève n’a pas encore dépassé le maître. Tant mieux, cela dit. Son ego aurait probablement trop souffert de se voir terrassé par un de ses apprentis et qui plus est – sans vouloir paraître machiste – par une louve. Comme escompté, après avoir galopé quelques minutes en direction du sous-bois, il rejoint Isïl, qui semble l’attendre. Enfin, il lui semble qu’elle l’attend, mais c’est toujours la même chose : elle n’attend pas vraiment. Elle se serait sûrement vexée, s’il ne l’avait pas rejoint, mais elle n’en aurait pas fait tout un plat non plus. Elle se serait contentée de l’ignorer superbement au prochain détour de leur territoire. Elle a cette prestance, cette grâce propre aux grandes dames, sans que Palladium parvienne jamais à la considérer comme telle. Il la revoyait encore, jeune et insouciante, peinant encore à attraper un maigre lapin. Cette image semblait ancrée dans son esprit, sans que rien n’en puisse la déloger. Et chaque fois, il se fait la même réflexion.
« C’est fou comme l’air, même putride, paraît plus respirable maintenant. » Palladium jette un coup d’œil interrogateur à son ancienne apprentie. Serais-ce un reproche ? Elle ne doit pas approuver le comportement qu’il a eu, devant la meute toute entière. Quelle piètre image il a donné de lui-même… Mais pas l’ombre d’une émotion ne passe sur le visage de la louve, et Palladium détourne bien vite le regard. Il ne saura pas encore si oui ou non, elle lui reproche son attitude.
« C’est la première chose que je fais quand je me réveille. Je respire. On oublie à quel point c’est important. » Le loup brun secoue imperceptiblement la tête, songeant vaguement à son dernier réveil. S’était-il vraiment endormi, ou bien avait-il seulement somnolé pendant des heures, attendant que le jour se lève, comme trop souvent ces derniers temps ? Avait-il pensé à « respirer » ? Non, certainement pas. Il avait probablement dû se lever, les épaules raides et le moral à zéro, bourré de raideurs et d’aigreur également. Non, il n’avait jamais songé à respirer à proprement parler. Sans doute était-il un être trop terre-à-terre, trop formaté. Il respirait déjà naturellement, pourquoi s’attarder sur des détails de la vie aussi évidents ? Le plus important pour lui, c’était probablement de continuer à éviter de se faire tuer. Et surtout, de continuer à éviter la Chose.
« J’espère que tu as pensé à respirer, quand toute la tension portée par chacun de ces imbéciles s’est déversée sur nous. », lâche-t-il à son tour ironiquement.
Oui, il l’a encore mauvaise. Il en a après Athos, après ses partisans, mais surtout après lui-même. Quel genre d’animal sauvage est-il devenu ? Evidemment, il faut que sa colère et sa rancœur se déversent sur le premier venu, c’est-à-dire sur Isïl. Quoi de plus logique ? De toute manière, il les déteste tous. Tous, autant qu’ils sont. Tous ceux de son espèce.


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Mer 24 Fév - 0:28


Je sais. Ils sont cons.
Isïl et Palladium.
FORCE : 7 AGILITE : 8 ENDURANCE : 9



Elle aurait dû partir bien plus tôt. Elle aurait dû clamer haut et fort son soutien pour Hige, puis partir sur le champ et non pas attendre quelques instants de plus. C’était inutile. Ils étaient inutiles. Plongée dans ses pensées, la louve grise avait pris la direction de la forêt, refusant d’adopter un rythme trop vif. Après tout il fallait bien laisser le temps à Palladium de la rejoindre, ce dont elle ne doutait toujours pas malgré l’éclat encore sauvage qui avait pu éclairer le regard de ce dernier. Il était en colère, mais elle le connaissait assez pour savoir que cette invitation, cette fuite passagère, serait accueillie comme une bénédiction par le bras droit. Et ce peu importe le ton qu’elle pouvait prendre avec lui. Un ton qu’elle n’a pas cherché à réguler, des mots qu’elle n’a pas essayé de peser. En était-elle encore à ce stade avec lui ? Non. D’après elle, leur relation était au dessus de tout ça, au dessus des convenances et des politesses. Il lui avait tout appris et, l’ayant vu grandir, il connaissait beaucoup d’elle. Il devait bien savoir, dans le fond, qu’il était privilégié. Non ? Doutant soudainement de cette évidence, doutant de ce qu’il pouvait penser d’elle, Isïl se contenta de secouer brièvement la tête pour finalement pivoter cette dernière en direction du mâle qui venait d’arriver. Il ne lui avait pas fallu bien longtemps et, indéniablement, sa présence apaise la sentinelle. Sûrement parce qu’en l’ayant rejoint, il lui avait donné raison. Sûrement parce qu’ainsi elle n’avait plus à se poser mille et une questions quant à ce qu’il venait de se passer, la solitude avait ça de mauvais qu’elle pouvait vous rendre fou parfois. Et depuis son séjour chez les humains, Isïl se rendait compte que ses propres pensées pouvaient être nocives, que ses réflexions poussées à l’extrême la rendaient pessimiste. La simple présence de Palladium avait donc quelque chose de reposant, bien qu’elle ne daigna pas le lui avouer, et sûrement qu’elle ne le ferait jamais. Ce calme nouveau se manifeste par ses muscles détendus, par cette démarche tranquille, le tout contrastant manifestement avec l’attitude de son compagnon. Il était en colère. Et, pour les mêmes raisons qui l’ont poussées à inviter le bras droit dans son sillage, elle s’efforce de détendre l’atmosphère en évoquant cet air, soudainement moins étouffant depuis qu’ils avaient quitté l’assemblée. C’est que ça l’amuse d’évoquer le courant nocif qui avait soufflé sur la meute et qu’elle avait trouvé autrement plus menaçant que celui, putride de par les conditions de vie qui y régnaient, qui soufflait dans la forêt. Et c’est toujours solennellement qu’elle parle d’elle, de sa manière de prendre de profondes inspirations à chaque fois qu’elle se réveillait. Ce simple aveu, banal en apparence, témoigne pourtant des brèches de ce masque presque glacial qu’elle arbore, de cette indifférence somme toute naturelle qui avait toutefois ses limites. Pourtant elle ne se confronte qu’à l’irritation du brun.

Stupide. C’était stupide de ta part. C’est ce qu’elle se dit, l’esquisse d’un sourire aux lèvres. Pourquoi diable avait-elle tenté d’aborder les choses de cette façon, de se mettre ainsi en avant, alors qu’elle le savait à fleur de peau. C’était son erreur à elle et, se promettant qu’elle ferait plus attention à l’avenir, la louve grise préféra rebondir sur les propos narquois de son compagnon. « Nous ? Un léger rire, sans joie, lui échappe et elle n’attend pas plus longtemps pour rajouter, ses propos suintant d’une ironie féroce. Hige, toi, Torka, je suppose ? Oui, c’est sûr que vous étiez les seuls à être sous pression. Bien évidemment, cette histoire ne concernait que vous. Et elle secoue légèrement la tête, peinant à savoir ce qui pouvait tant l’irriter dans ce discours. Etais-ce le fait que Palladium estimait que seuls les hauts gradés étaient concernés par les propos d’Athos et par les attaques de ce dernier à l’encontre d’Hige, ou bien le fait que le pantin l’ait exclu d’office de ce nous si précieux. Il s’agit sûrement d’un mélange subtil des deux, d’une fusion entre sa logique froide et maîtrisée et les sentiments qui pouvaient l’étreindre dès lors qu’il était question de son ancien mentor. En tous les cas, il serait sans nul doute néfaste pour elle de songer plus avant à cette histoire, aussi la louve argentée se contente bien vite de soupirer comme pour chasser ce débat stérile de son esprit et de sa conversation avec le Sekmet. Il n’était pas dans ses habitudes de laisser ses émotions prendre le dessus, quoi que cela a toujours été différent avec le pantin, aussi se décide-t-elle à reprendre plus calmement, laissant de nouveau place à cette logique implacable qui lui était propre. Ce sont des imbéciles, tu l’as dit toi-même. Des imbéciles convaincus de suivre le bon loup et qui n’ont pas hésité à s’opposer à la majorité pour ça. Il est donc impossible de les convaincre, de les raisonner, de les remettre sur le droit chemin. Les abrutis qui ont des croyances, ce sont les pires. On ne pouvait rien faire contre eux. En tous les cas Isïl poursuit rapidement son raisonnement, toujours sur ce ton calme qui la définissait bien. Mais il n’y avait pas qu’eux dans l’assemblée, il n’y avait pas que des fervents défenseurs d’Hige non plus. Il y a les indécis, ceux qui estiment autant Athos que l’alpha actuel, ceux qui s’en fichent. Et tu les as menacés. » Le couperet tombe, la chute à son histoire, la conclusion de tous ces calculs qui s’opéraient au creux de sa petite tête. Et cette conclusion s’accompagne d’un regard lourd de sens en direction du bras droit.

« Torka donnait déjà l’impression d’être prêt à tuer tout le monde, et tu arrives derrière pour défier toute l’assemblée également. Ceux qui hésitent se retrouvent donc face à Athos, calme et soucieux de l’avis des siens, et vous deux en train de montrer les crocs comme si vous alliez trucider la meute entière. A ton avis, quel camp leur semblait préférable après ça ? Elle n’évoque pas Hige, tout simplement parce qu’elle estime que l’alpha n’a pas fauté, à aucun moment. Il a rappelé l’essentiel, il a rappelé ce qu’il apportait et ce que son concurrent ne saurait offrir. Evidemment elle ne cherche pas à dire que tout le monde s’est rallié à Athos, ce n’est pas le cas, mais c’était toutefois un risque qui, inconsciemment, avait été pris par le pantin. Et, en sentinelle un peu trop curieuse et intéressée par les jeux de politique qu’elle était, elle avait désiré lui faire part de son opinion à ce sujet. De cette logique, qu’elle estimait implacable. C’est pour cela qu’elle demeure aussi calme, parce qu’elle ne doute pas un seul instant de ses propos bien qu’elle soit consciente que cela pourrait énerver son interlocuteur, d’autant plus vu les muscles déjà tendus qui roulent sous sa peau depuis qu’ils ont quitté l’épave de l’avion. Peu importe ce que tu pouvais penser, tu ne pouvais pas te permettre de douter d’eux. Pas en cet instant précis. Sûrement que l’on pouvait juger le discours d’Isïl comme étant déplacé, l’ancienne apprentie du haut de ses quatre années qui se permet de conseiller son supérieur hiérarchique, ancien mentor, dont l’expérience n’était pas à prouver. Pourtant elle n’hésite pas. Car si elle ne lui dit pas les choses, si elle ne lui expose pas les faits, qui le fera ? Ceux à qui il venait de montrer les crocs ? La bonne blague. Et si personne ne lui disait rien, comment pourrait-il agir en son âme et conscience par la suite ? Car c’était la seule chose qu’elle désirait, la seule chose qui la motivait : lui fournir toutes les cartes. Alors elle expose, elle explique, sur le ton banal de la conversation. Mais quelque chose change, en une fraction de seconde, tandis qu’elle détourne le regard pour fixer un point invisible devant elle. Et tu n’avais pas le droit de douter de moi. » Car la voilà, l’ombre au tableau. Cette pointe d’émotion qui se fiche dans son discours si pragmatique, cette pointe d’amertume qui justifie qu’elle se soit pris la peine de mettre des mots sur le cheminement de ses pensées. En doutant de l’assemblée, en menaçant cette dernière de ses crocs, il avait douté d’elle. Ce regard furieux qu’il avait glissé sur tout le monde, lui arrachant un frisson dès lors qu’il avait survolé sa silhouette à elle. C’était là le problème quand on mettait tout le monde dans le même panier, les exceptions ne paraissent pas si limpides. Le reproche était là. Elle se contrefoutait du comportement de Palladium à l'égard des autres, encore qu'il ne soit pas dans les habitudes du concerné d'agir ainsi et elle comptait bien y revenir, mais elle se souciait de l'opinion qu'il avait d'elle. Le reproche, le jugement, ne concernait que ce point précis.

Mais au fond, était-elle vraiment une exception ? Qu’en savait-elle après tout. En l’estimant inapte à assumer les fonctions d’espionne il avait douté d’elle, sans doute à juste titre bien que sa frustration l’empêche encore et toujours de l’admettre pleinement, et aujourd’hui encore peut-être était-il logique qu’il doute d’elle. Elle n’avait jamais eu l’occasion de savoir véritablement ce qu’il pouvait penser, s’accrochant à des désirs, des sensations, des messages peut-être faussés par ses espoirs. Peut-être n’avait-elle été qu’une corvée, une gamine de plus à former sans jamais estimer qu’elle puisse vraiment en valoir la peine. Et peut-être que cela n’avait pas changé. Malgré les années, malgré sa loyauté. Malgré tout.


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Mer 24 Fév - 19:36


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Isïl & Palladium


F. 105 | A. 105 | E. 105

L e regard qu’Isïl pose sur lui, lui hérisse encore davantage le poil. Je sais ce que tu penses. Tu penses sûrement que j’aurais dû me taire, que j’aurais dû attendre sagement, la queue autour des pattes, que tout se tasse. Tu penses que j’aurais dû agir comme un exemple, tenter de calmer le jeu, que j’aurais dû calmer Torka, et appuyer les paroles d’Hige. Tu penses que je suis capable de faire abstraction de mes sentiments aussi facilement que tu le fais avec les tiens, toi la reine des glaces qui ne semble jamais rien éprouver. Tu penses que j’aurais dû – comme à mon habitude – me contenter d’avoir peur et de la boucler. Mais non, pas cette fois. Sa peur s’était subitement envolée, en même temps que sa dignité et son bon sens. Il n’avait été plus qu’une bête, brute, à l’état pur et naturel, une machine à tuer. Somme toute, c’était peut-être ainsi qu’il se sentait le mieux : libéré des entraves de la peur, libéré des contraintes sociales, libéré de toute forme de politesse, n’obéissant qu’à ses pulsions les plus primaires. C’était peut-être ça, qui plaisait à la louve en ce qu’il était : sa lâcheté passait pour du bon sens. « Nous ? » Son rire donne des envies de meurtre au loup brun. « Hige, toi, Torka je suppose ? Oui, c’est sûr que vous étiez les seuls à être sous pression. Bien évidemment, cette histoire ne concernait que vous. » S’il avait eu le courage de lui sauter dessus pour la faire taire, il l’aurait fait. Mais au lieu de ça, il demeure planté face à elle, le regard flamboyant. Aveuglée par sa propre vision de la situation, par son dégoût face à son comportement, elle a oublié qu’il n’est pas qu’un égoïste. Un grondement sourd monte du fond de sa gorge, mais meurt rapidement sur ses babines, car elle a déjà reprit de plus belle sa litanie de reproches.
« Et tu les as menacés. » On pourrait croire qu’elle va s’arrêter sur cette conclusion, qui tombe comme l’ultime jugement du crime le plus grave, mais non. Elle continue, persiste à déblatérer de fond en comble sur cette infamie qu’Athos avait apporté au sein de leur meute. « Athos, calme et soucieux de l’avis des siens. » Non mais est-ce que tu t’entends ? Le Pantin ne peut s’empêcher de détourner la tête tant sa langue le démange, pleine de saloperies qui n’attendent que de sortir. Mais le respect qu’il éprouve pour la louve l’empêche de l’interrompre. Finis donc ton beau discours, plein de sens et de belles idées. Merci pour la leçon de morale, toi si expérimentée ; as-tu oublié à qui tu t’adresse ?

« Et tu n’avais pas le droit de douter de moi. » C’est sûrement la goutte qui fait déborder le vase, en réalité. Ayant mal interprété ses paroles, elle l’avait implicitement traité d’égoïste, et voilà qu’elle ramène le problème sur sa petite personne, à présent ! Le Pantin ne peut se retenir de lever les yeux au ciel dans un soupir exaspéré. Mon dieu ce que c’est compliqué… Il n’a pas envie de tourner la tête vers elle, ni de la regarder dans les yeux, pour contempler ses iris agrandies par le reproche, son visage crispé par la rancœur. Et encore pire que tout ça, il n’a pas envie de se laisser attendrir par son expression pleine de doutes, son minois interrogateur qui lui demanderait encore une fois « M’aimes-tu ? ». Il a bien senti que son ton a changé. Il serait contraint d’abaisser sa garde, de laisser tomber les armes, d’abandonner cette discussion. Et les arguments qu’il avait mis en place dans sa tête tout au long du déboire de la louve argentée ne pouvaient pas être si facilement incinérés. Il fallait qu’il lui fasse entendre raison, il fallait qu’il lui montre qu’elle avait tort, que tout ceci n’était qu’une vaste conspiration visant à détrôner Hige – ou pire – et qu’elle ne comprenait pas les enjeux, ni ce que ça impliquait. Elle est sans doute trop jeune, trop naïve. Palladium ne veut plus se faire cette réflexion. Grandis, Isïl, tu n’es qu’une enfant.
« Quand je disais nous, je parlais bien évidemment de la meute toute entière. Je ne suis pas assez égocentrique pour ne parler qu’en mon nom, je pensais que tu le savais mieux que personne. », lâche-t-il d’un ton acerbe.
Une branche craque, dans la forêt. Il sursaute, s’interrompant brutalement, ses prunelles jaunes se braquant brusquement vers la source du bruit. Ses yeux sondent le sous-bois, à Sa recherche, mais il n’y a rien. Rien qu’une brise légère. Sans reporter son regard sur Isïl, il reprend toutefois son discours.
« Quant au magnifique et respectable comportement d’Athos, j’espère que tu ne te rends pas compte de ce que tu dis. Qu’arrivera-t-il, si davantage de loups le suivent et que Hige refuse de se soumettre ? Qui plantera le premier les crocs dans la chair de l’autre ? Je les ai menacés, c’est vrai. Et je me fiche royalement des indécis, Isïl. Si tu hésites à choisir ton camp, c’est que ta fidélité est entachée. On n’a pas autant d’estime pour son général que pour son alpha. », reprend-t-il, la voix vibrante et le ton lourd de sous-entendus.
As-tu hésité, avant de choisir quel côté défendre ? Il consent enfin à la regarder dans les yeux. Immédiatement, il se sent faiblir. C’est vrai, qu’elle a une emprise incroyable sur lui. Ca lui semble si facile ; elle n’a rien à faire. Pourquoi n’y arrive-t-il jamais, lui, à lui faire faire ce qu’il veut ? Elle l’a toujours écouté, c’est vrai. Mais ça ne l’a jamais empêchée de n’en faire qu’à sa tête.
« Si j'avais douté de toi un seul instant, depuis le moment où tu es née, si j'avais eu ne serais-ce que l'ombre d'un doute, qu'une pointe de soupçon, serais-je là, en face de toi ? Si je ne t'avais pas fait une confiance aveugle, en tout et pour tout, crois-tu qu'un bras-droit se laisserait parler ainsi ? »
Son ton convaincant s'est brisé. A partir de maintenant, elle sait qu'elle a gagné, qu'elle l'a à sa merci. Il n'est plus qu'un misérable amas de chairs, réduit à lui faire les yeux doux. Il ne sait plus comment se défendre de cette accusation. Autant, les armes politiques qu'elle avait soulevées étaient facilement destructibles. Mais l'unique reproche, le seul qui ne concerne pas tout ce remue-ménage, c'est bien la seule chose dont il ne parvient pas à s'extirper. Comment se défendre, face à une pareille attaque ? Il est incapable de trouver les mots justes, incapable de lui prouver qu'à aucun instant, il n'aurait pu douter d'elle. Et le sentiment de frustration qui émerge peu à peu en lui ne laisse rien présager de bon.



BY ACCIDENTALE
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Mer 24 Fév - 22:18


Je sais. Ils sont cons.
Isïl et Palladium.
FORCE : 7 AGILITE : 8 ENDURANCE : 9



Il se crispe et elle devine les regards courroucés et furieux qu’il vrille en sa direction. La tension et la colère qui émanent du mâle lui arracheraient presque un frisson, mais elle est bien trop butée pour s’interrompre dans son discours, elle tient trop à lui faire part de son opinion pour se laisser intimider, alors même qu’il aurait bien été le seul capable de la faire taire. C’est vrai, elle en faisait toujours qu’à sa tête, sûrement trop prétentieuse en un sens pour douter de ses certitudes, de sa logique, de tout ce qu’elle était. Pour elle l’apprentissage était fini, tout du moins Palladium n’avait plus de vérité toute faîte à lui offrir et elle n’hésitait donc plus à le contredire. Elle n’était plus la jeune loupiotte qui n’osait remettre en question les enseignements qu’on lui offrait, elle n’était plus la gamine qui se contenterait de l’observer, respectueuse et émerveillée, sans prendre en compte les défauts du bras droit ou les failles contenues dans ses propos ou comportements. Elle s’affirmait. Peut-être un peu trop, d’autant plus qu’il était l’un des seuls devant qui elle désirait à ce point s’affirmer. Peut-être que ça n’avait pas vraiment changé en vérité, elle désirait toujours lui prouver sa valeur, elle voulait juste le faire autrement qu’entre deux entraînements ou durant une vulgaire chasse. C’est pour toutes ces raisons qu’Isïl n’en démord pas et bien qu’elle se refuse à risquer un coup d’œil en direction du pantin, consciente du fait que cela l’ébranlerait, or elle n’avait pas le droit de flancher. Alors elle poursuit, la sentinelle, elle continue et ce malgré les grondements menaçants qui s’échappent désormais d’entre les crocs du concerné. Il ne se jetterait pas sur elle, tout du moins espérait-elle qu’il n’en fasse rien et le contraire serait aussi humiliant que blessant pour elle. Les secondes s’écoulent et le temps lui donne ainsi raison, le bras droit ne daignant pas l’interrompre dans son discours ce qui a le mérite d’agir comme un baume en son for intérieur. Au vu des circonstances, le simple fait qu’il ne la coupe pas témoignait d’une retenue qu’il ne dédierait pas à n’importe qui. Et malgré ce constat, la femelle ne peut s’empêcher de signaler sa désapprobation, pas tant vis-à-vis du comportement de Palladium, bien qu’elle ne l’ait pas jugé très malin sur ce coup là, que vis-à-vis de ce que ledit comportement avait impliqué pour elle. En la traitant comme les autres, en se méfiant des autres, il avait douté d’elle. Et cela, plus que tout le reste, lui restait en travers de la gorge. Il était bien placé pour savoir ce qu’elle était, ce qu’elle pouvait bien attendre d’un chef et de ce fait il devait savoir qu’Hige incarnait un véritable espoir à ses yeux. Un choix préférable à Torka lui-même et ce malgré le rang et l’héritage qui appartenait à ce dernier.

Toutefois elle avait clairement eu son temps de parole et, maintenant que son regard vagabondait au loin sans jamais s’ancrer à un endroit précis, elle sait que c’est au tour de Palladium. S’il avait contenu sa colère jusque là, il n’irait pas jusqu’à se taire définitivement pour garder ses pensées pour lui. Ce n’était pas ce qu’elle attendait de lui de toute façon. Et lui non plus, il ne la ménage pas, la première remarque sonnant comme un assaut brutal qui la fait tiquer. Elle ne peut retenir un coup d’œil en sa direction, le regard flamboyant de colère l’espace de quelques secondes à l’image d’une gente dame outrée par quelques propos désobligeants. Elle ne trouve rien à redire cependant, aussi détourne-t-elle les yeux avec tout autant de hâte, ne daignant pas répondre. Que pouvait-elle dire ? Que pouvait-elle offrir, quels arguments pouvait-elle avancer ? Aucun. La répartie du mâle était tout simplement parfaite et faisait naître en elle quelques élans de colère qu’elle se dédiait, à elle et à elle seule. Il faut dire qu’il était malhabile de sa part de se plaindre du peu de confiance qu’il lui accordait, pour finalement l’accuser d’être ce qu’il n’était pas. C’est comme s’ils ne se comprenaient plus, mutuellement, et l’idée lui déplaît. De même qu’elle ne parvient pas à se pardonner son erreur quant à ses accusations concernant le bras droit. Elle valait mieux que ça, et était capable d’un bien meilleur jugement, surtout auprès de ceux qu’elle connaissait bien. En théorie. Muette comme une tombe, la sentinelle se voit arrachée à ses pensées en même temps que Palladium lorsque les branches craquent sous l’effet d’un poids invisible. Une méfiance exacerbée émane de leur part à tous les deux, au même moment, et ce fut également en même temps qu’ils se détournèrent de ce bruit imprévu. Ce n’était rien. Et peut-être aurait-il été préférable que quelque chose arrive, car désormais plus rien ne retenait le brun de poursuivre sa tirade. Et après une telle entrée en matière, Isïl craignait d’être submergée.

Fort heureusement cela n’arrive pas. Tout du moins n’en-a-t-elle pas l’impression et la louve argentée encaisse aisément les nouvelles remarques de son compagnon. L’ironie suintante qui émane de ces quelques mots dès lors qu’il aborde le sujet Athos lui fit lever les yeux au ciel. Elle n’avait pas tenu à vanter les mérites du général, loin de là, et estimait de ce fait que son interlocuteur jouait sur les mots et faisait exprès de ne pas comprendre ce qu’elle avait voulu dire. Isïl met toutefois un point d’honneur à le laisser finir, comme il avait pu le faire avec elle. Sa langue acérée menaçait toutefois de s’agiter d’elle-même à chaque seconde qui passait, tant les propos de son compagnon lui hérissaient le poil. Elle ne voyait qu’un immense paradoxe dans les propos qu’il lui tenait, des incohérences, mais au final elle se doutait bien qu’il se fichait des autres loups. Qu’il se moquait des indécis, comme si la loyauté était une valeur qui devrait couler dans le sang de chacun. Sauf que la réalité n’était pas aussi belle, aussi facile. Pourtant, cette forme d’utopisme lui arrache l’ombre d’un sourire qu’elle s’efforce de masquer de peur qu’il s’imagine qu’elle riait de lui. En vérité elle l’admirait. Elle l’admirait pour ce discours presque trop simple, elle l’admirait pour cette fidélité dont il faisait preuve et dont il ne doutait pas. Mais ce discours, définitivement, était trop facile. « On n’a pas autant d’estime pour son général que pour son alpha. » C’est le respect de la hiérarchie, c’est la logique qui laisse penser que tout le monde admire et estime son alpha. C’est vrai, l’on devient rarement alpha par hasard, que ce soit par la force des choses ou par héritage, ce rang est bien souvent mérité d’une façon ou d’une autre. Et il est indéniable qu’Isïl elle-même estimait beaucoup Hige. Toutefois… « Tout dépend du général… » La remarque avait été soufflée, un murmure sincère tant il fût spontané tandis que, dans le même temps, son regard accrochait celui du bras droit. Oui. Tout dépendait. Elle se moquait bien d’Athos, ce dernier l’indifférait au plus haut point et elle ne l’envisageait pas alpha une seule seconde tant il s’éloignait des idéaux qu’elle défendait. Il n’avait rien d’un bon parti, aussi le renier fut aisé pour la louve argentée. Mais le choix aurait pu ne pas être aussi simple. Que ce serait-il passé si, au lieu d’Athos, c’est Palladium qui avait réclamé le rang ? Ou d’une manière générale, car l’on ne sait jamais de quoi demain sera fait, si le pantin se dressait contre Hige. Qu’aurait-elle fait ? Elle n’en savait rien, rien du tout, et son hésitation aurait été synonyme de trahison si l’on se basait sur le discours du mâle. Sa fidélité aurait été entachée, partagée entre deux loups qu’elle estimait autant l’un que l’autre. Devait-elle s’excuser de ça ? Demander pardon parce qu’en son for intérieur elle les mettait tout deux sur un pied d’égalité ? Parce que l’alpha n’était pas strictement premier ? Hors de question. Car encore une fois, ce n’était jamais aussi simple.

Mais alors qu’elle s’attendait à un silence, sûrement perturbé par quelques bruits divers ou peut-être que les deux loups auraient changé de sujet d’un commun accord muet, le mâle revient sur ce reproche qu’elle avait formulé honnêtement. Si elle avait tenté de masquer l’amertume qui teintait sa voix, ses mots n’avaient pas menti eux, la louve ayant abordé le sujet sans détour. Il n’avait pas le droit de douter d’elle. C’était injuste, inacceptable, blessant également. Isïl ne s’était toutefois pas véritablement attendu à ce qu’il tente de se défendre, il le fait pourtant. Les propos sont loin d’être dénués de sens et il ne fait qu’appuyer sur les certitudes ancrées en elle. Il avait raison, jamais il n’aurait laissé quelqu’un d’autre lui parler de la sorte. Jamais le bras droit aurait toléré un tel comportement, et ce depuis le moment où elle lui avait presque ordonné de l’accompagner. Elle était privilégiée, indéniablement, pourtant cela ne suffit pas. Encore une fois, ça lui semble un peu simple et elle s’autorise finalement un sourire amusé. « C’est un peu facile maintenant que j’ai franchement annoncé mon allégeance pour Hige. Elle ne s’énerve pas, et la déception ne fait pas vibrer sa voix. Sûrement parce que, dès lors qu’elle avait formulé son reproche, isïl l’avait également assimilé. Comme si dans son esprit venait de se graver au fer chaud les mots « Il a douté. C’est ainsi. Avance. » Parce que c’est comme ça qu’on finit par se moquer de tout, en intégrant les leçons en une poignée de secondes et en essayant de balayer tout aussi vite les sentiments nocifs que cela peut provoquer en vous. C’est ce qu’elle a essayé de faire, c’est ce qui la rend plus à l’aise avec tout ça. C’est ce qui fait qu’elle s’est autorisée ce sourire et que ce dernier peut désormais se volatiliser sans laisser place à une quelconque tristesse. Tu étais en colère. Tu es en colère. Je pense que l’incertitude t’aurait gagné jusqu’à ce que je clame tout haut mon opinion. Pas avant. » Mais c’est pas grave. Sûrement. C’est ce qu’elle se dit, c’est ce qu’elle s’efforce de faire. Mais ça aussi, comme tout le reste, ce n’est pas si facile.

Toutefois elle n’en avait pas fini non plus avec cette histoire de coup d’état et la sentinelle s’arrête même dans sa marche, conservant toutefois ses prunelles d’or ancrées dans celles de son compagnon. « Et concernant Athos je maintiens ce que je dis : menacer les indécis c’est prendre le risque de les voir se rallier au général. C’est risqué, car comme tu dis on ne désire pas lui trouver plus d’alliés que nécessaire. Mais je sais. Tu t’en fiches, je sais. Ces derniers mots ont été prononcés tout aussi calmement que le reste, mais avec une pointe de compréhension supplémentaire. Encore une fois, elle ne jugeait pas le comportement qu’il a pu avoir avec la meute entière. Sur le moment, elle se doutait bien qu’il était difficile de réfléchir posément bien qu’il ne soit guère dans les habitudes du mâle de se montrer aussi menaçant. Mais elle comprenait. Elle se faisait toutefois un devoir de lui expliquer sa vision des choses pour que peut-être, il en dégage des solutions préférables, des solutions meilleures. En tous les cas Isïl ne désire pas s’attarder et, maintenant à l’arrêt, la sentinelle va jusqu’à s’asseoir tranquillement, fixant son interlocuteur avec une intensité nouvelle. Elle hésite, se donne un instant pour finalement demander, le plus sérieusement du monde : « Ça t’a fait du bien au moins ? » L’intérêt est sincère. Est-ce qu’au moins, à défaut d’être une réaction totalement intelligente aux yeux de la femelle, cela lui avait fait du bien d’une façon ou d’une autre ? Est-ce que, étrangement, cette position de mâle agressif et presque dominant l’avait grisé ? Avait-il réussi à trouver une quelconque satisfaction dans ce comportement qui n’était pas le sien d’ordinaire.


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Ven 26 Fév - 21:52


stupid game

Isïl & Palladium


F. 105 | A. 105 | E. 105

L e Pantin remarque à peine que la louve sursaute avec autant – si ce n’est plus – de violence que lui lorsque la branche craque dans le bois. Redouterait-elle les mêmes choses que lui ? La même Chose que lui ? Il en doute. Personne ne L’a jamais vue, ce n’est certainement pas une louve avec la tête aussi posée sur les épaules qu’Isïl qui allait se mettre à détecter quelque chose d’aussi infime. Trop subtil pour le commun des mortels, visiblement. Etais-ce un don, étais-ce une tare, Palladium n’en savait toujours fichtrement rien.
« Tout dépend du général… » Elle a lâché ça dans un souffle, un murmure à peine audible, comme pour elle-même. Ce qu’elle veut entendre par là, elle est la seule à le savoir. Palladium ne comprend pas exactement s’il faut y chercher ou non un sous-entendu. Il préfère ignorer sa remarque, estimant qu’elle n’avait fait que penser à voix haute. Les questions soulevées par ses paroles sont de toute façon bien trop complexes pour un Pantin qui n’a plus le cœur à se battre face aux prunelles nacrées qui se sont figées dans les siennes. Il n’a plus d’autre choix – comme lorsqu’elle lui a ordonné de la suivre – que d’obtempérer face à ses moindres injonctions.
Mais lorsqu’elle semble s’accorder un rire – est-il méprisant ? – les poils du loup brun se hérissent brièvement sur son échine, avant de retomber à plat presque immédiatement. Une émotion passagère, une simple irritation qui lui a arraché ce réflexe d’humeur, rien de plus. Il n’a plus envie de se battre contre elle, plus maintenant. Il est las de cette confrontation qui est partie pour n’en plus finir. Il veut simplement retrouver le contact privilégié qu’il a toujours eu avec elle, cette forme de respect mutuel qui surpasse pourtant toutes les contraintes hiérarchiques. Quel qu’il soit, et quelle qu’elle soit, quelles que soient leur caste, ou leur rang, leur lien serait toujours le même. Indestructible. Impénétrable. Unique, en somme. Un lien dans lequel nul ne pourrait jamais interférer. C’est une idée qui rassure le Pantin, quelque part. Cette sensation de sécurité sur du long terme, c’est tout ce qu’il recherche. Les imprévus l’effraient beaucoup trop pour qu’il accorde sa confiance à n’importe qui. Isïl bénéficiait de cet honneur-là.
« C’est un peu facile maintenant que j’ai franchement annoncé mon allégeance pour Hige. » Le regard du bras-droit Sekmet se durcit brutalement. Il sait bien que ses mots n’ont pas été suffisants, il sait bien qu’il n’est pas parvenu à exprimer correctement ce qu’il ressentait ; mais elle ne semble pas le savoir. Ou elle fait exprès de l’ignorer. Elle rejette sa défense, rejette son semblant d’avancée vers elle. Il avait fait un pas, tout de même ! Et elle n’était même pas fichue de le voir ! Ne savait-elle pas, combien il lui était difficile de mettre sa fierté de côté ? Rien qu’abandonner le conflit pour se soumettre au reproche avait été une torture. Pourquoi lui faisait-elle encore payer, pour un « crime » qu’il n’avait pas commis ?
« Je pense que l’incertitude t’aurais gagné jusqu’à ce que je clame tout haut mon opinion. » Les yeux du mâle s’écarquillent légèrement. Croit-elle réellement en ses propres paroles ? Penses-t-elle seulement ce qu’elle dit ? Il aurait voulu l’interrompre, lui clouer le bec pour que son cerveau assimile qu’elle ne racontait que des sornettes, mais il est comme cloué au sol, vissé à la terre sous ses coussinets. Il attend, de l’entendre encore déblatérer sur sa condition et sur les doutes éventuels qu’il aurait soi-disant nourri à son égard. S’il avait pu se taper la tête contre une pierre, il l’aurait sûrement fait.

Palladium plisse légèrement les paupières à l’évocation du nom d’Athos. Il s’attend au pire, à présent, venant de la gueule de la louve. Mais – et c’est presque soulageant – elle se contente de camper sur ses positions, affirmant son opinion encore une fois. Oui, il l’a bien entendue, il s’est montré trop impulsif, trop stupide, trop irréfléchi. Mais pour une fois qu’il fait preuve de courage dans sa vie, allait-elle réellement le condamner ? Evidemment, il ne pouvait pas décemment utiliser cet argument face à elle. Révéler sa faiblesse l’aurait irrémédiablement conduit au statut que mérite une misérable fiotte. Plutôt crever que d’avouer.

« Ca t’as fait du bien au moins ? » Il secoue lentement la tête, tout d’abord sans répondre. Les mots auraient pu être une provocation, mais il n’en est rien. Isïl se soucie réellement de ce qu’il a bien pu ressentir. Lui-même n’en sait rien. S’est-il senti plus puissant que d’ordinaire, a-t-il démontré quoi que ce soit de nouveau ? Etais-ce le courage, ou bien la stupidité qui s’était manifesté aujourd’hui ? Il ne sait pas trop quoi penser. Doit-il avoir honte de son comportement, ou être heureux d’avoir ainsi fait face à la foule qui l’effraye tant ?
« J’en sais trop rien. C’était étrange. Ce n’était pas moi. », sont les seuls mots – pitoyables – qui lui viennent à l’esprit.
Il décide volontairement de passer sous silence ses propos précédents ; il ne la fera pas changer d’avis, de toute façon. Et puis, il n’en a même pas envie. Quel genre de dictateur serait-il, pour l’obliger à penser selon ses propres idéaux ? C’est frustrant, de voir qu’elle désapprouve, c’est vrai ; mais c’est son droit le plus total et Palladium ne peut le lui enlever, même s’il le désirait. Tout l’égoïsme et toute la persuasion du monde n’auraient jamais suffit, de toute manière. Elle est bien trop butée et bien trop affirmée pour se laisser dicter quoi que ce soit, alors imaginez si l’on essayait de diriger sa pensée… Non, mieux valait ne pas imaginer dans quel état de colère dévastatrice cela pourrait la mettre. Quoi que, le loup brun ne l’avait encore jamais réellement vu perdre son calme, péter littéralement un câble. Ca aurait pu être intéressant, dans d’autres conditions.
Mais ce qu’il ne peut pas la laisser dire, c’est qu’il ait pu douter d’elle. Ca, c’est impossible. Il ne peut pas la laisser croire une chose pareille. Il sait que son dévouement et sa fidélité sont exemplaires, dans ce ramassis de traîtres que sont les Sekmets. Il le sait, car c’est en grande partie lui qui lui a inculquées ces valeurs-là. Elle demeurera fidèle à Hige, et pas un seul instant il n’avait douté de ça. Il n’avait même pas pensé au fait qu’elle puisse rejoindre Athos, tant cette idée lui avait semblé inconcevable. Il s’était souvenu de sa présence à l’instant où elle avait ouvert la gueule pour parler.
« Soit tu te rentres définitivement dans le crâne que ton choix m’a paru évident dès les premiers mots d’Athos, et que je n’ai même pas songé un seul instant à me poser ne serais-ce que la question de savoir où tu irais ; soit tu t’obstines et tu vas réellement finir par me vexer. »
Son ton est plus amical, et il donne l’impression d’être plus détendu, prêt à s’arrêter là avec cette conversation qui ne mène, de toute façon, nulle part. On pourrait même croire qu’il lui répond sur le ton de la plaisanterie, histoire de détendre l’atmosphère. Mais il n’en est rien ; il suffit de le regarder dans les yeux pour comprendre. Ses prunelles brûlent de cette flamme mauvaise, attisée par l’ultimatum qu’il vient de poser de manière sous-jacente. Méfies-toi, ta réponse pourrait changer bien des choses, Isïl. Il a cédé sur nombre de points, mais il ne cèdera pas sur celui-ci. A son tour, il faut qu’elle fasse un pas, une croix sur sa fierté, l’espace de quelques instants. Il ne demande rien de plus.



BY ACCIDENTALE
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Dim 13 Mar - 10:41

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 « Je sais. Ils sont cons. [Pv Palladium]


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