Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Seule dans la Forêt Charbonneuse, Aderyn marchait dans les traces bien plus larges qu’elle qu’avait laissées les chenilles des tanks qui étaient passés par là il y a peu de temps. Elle ne les avait pas vu, mais avait entendu leur grondement de loin, et se demandait quelle taille ces machines devaient avoir pour faire autant de bruit et laisser des pistes pareilles. Un frisson lui parcouru l’échine alors qu’elle s’imaginait des monstres de fer passant à travers la forêt, écrasant les arbres sur leur passage, et elle s’arrêta brusquement dans ses pas, se rendant compte à quel point elle était loin de la tanière. C’était la première fois qu’elle s’en éloignait autant.
Tout était trop silencieux autour d’elle. Pas d’oiseaux qui chantent, pas de vent qui siffle dans les branches. Rien, le néant. Les ombres dessinés par le soleil bas du début de matinée revêtaient des formes effrayantes et les squelettes des arbres calcinés ressemblaient aux barreaux d’une cage qui oppressaient la louve. Il fallait qu’elle rentre à la maison, maintenant, qu’elle retourne se lover dans la douce fourrure de sa mère et qu’elle oublie qu’elle était jamais venue jusqu’ici.
Le moineau recula de quelques pas, la queue entre les pattes, les yeux fixant anxieusement l’horizon. Qui sait ce qui pourrait surgir de derrière un rocher et l’engloutir toute entière ? Soudain un bruit sec derrière elle la fit sursauter et elle se retourna vivement, prête à déguerpir, mais il n’y avait rien. En fait, elle avait simplement marché sur une brindille. Dans d’autres circonstances elle en aurait sûrement rit, mais là maintenant elle était surtout habitée par la peur et l’anxiété, incapable de rire ou de sourire, incapable de ne pas se demander ce qui se cache dans le ombres.
Elle déglutit, puis se mit à courir aussi vite qu’elle le pouvait en direction de l’avion, sans s’arrêter, surtout sans regarder derrière elle. Mais voilà, quand on court sans trop regarder où on met les pattes, des accidents arrivent, et voilà que la louvette venait de se prendre une patte dans une racine qui dépassait du sol et s’était affalée par terre après avoir fait un roulé boulé. Elle se releva aussi vite que ses pattes frêles le lui permettaient et s’immobilisa subitement en entendant un bruit tout près d’elle. Et cette fois-ci, ce n’était pas une brindille qu’elle avait cassé ...
F : 15 | A : 23 | E : 16 | Quelques heures avant le coup d'état...
Songes. Perdue. Y aller? Ou abandonner. Dans peu de temps Athos allait hurler. Deux décisions s'imposaient. Athos. Ou papa. C'était un affreux dilemme. L'un m'a donné la vie. L'autre m'a tout appris. Je n'avais jamais été aussi anxieuse de toute ma vie. Je marchais dans la forêt charbonneuse. Je m'abandonnait à mes pas précipités. Tant pis si je sortais du territoire, je me sentais bien trop mal, et la nausée montait en moi. Je glissai alors sur les traces d'un char. Je n'en avais jamais vu de près. Juste d'autres traces comme celles-ci. Je lâchais un bref grognement alors je pouvais sentir deux odeurs familières mélangés, presque comme si ses deux personnes avaient fusionnés. C'était étrange. Une odeur à part qui me faisait penser à deux personnes en qui je tenais énormément maintenant. Que j'allais décevoir, tout de même.
Je suivis la trace et finit par entendre une brindille se briser. Faible, mais distinct. Je m'approchai et découvrit finalement l'une des petites d'Hige et d'Eira, qui s'enfuyait. Mais que faisait-elle ici bon sang!? Elle ne doit même pas avoir un mois! Je lâchais un bref grognement partis à la poursuite de la boule de poils noire qu'était Aderyn. Elle me ressemblait un peu, en quelque sorte. Après tout, à son âge j'avais rencontré mon mentor présent, à vouloir découvrir les environs. C'était un peu pareil là, à l'exception que la petite s'enfuyait, et que moi j'étais loin d'avoir autant de forces qu'Athos à l'époque.
Finalement, je rattrapai la petiote très facilement. Cela m'amusai même de me dire que j'étais plus grande que quelqu'un sans même être encore adulte. Le loupiote s'était faite attraper une patte par une racine déformant le sol. Elle devait vraiment ne pas être douée pour ne pas l'avoir vu. Mais bon, c'était compréhensible sous la peur. Je m'approchai d'elle en observant sa cascade. Heureusement il n'y avait pas de ravin, ou même de rivière à côté, autrement elle aurait pu finir par mourir en tombant. Je lançai alors sur un ton sarcastique.
- Comme ça je fais peur maintenant? Bon, je sais que j'ai un pelage anormal, mais au point de ressembler à un homme...
Sa frayeur m'amusait. Dire que moi je n'avais pas peur et comptait continuer lorsqu'Athos m'avait trouvé. Eh bah, c'était certains qu'on était pas faite par les même gêne toute les deux. J'espère que mes prochains frères et sœurs ne seront pas aussi peureux qu'elle.
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Sam 27 Fév - 20:31
Ash and Snow
But inside, you're just a little baby, oh
force 1 - agilité 18 - endurance 1
Quelque chose l’avait suivie et se cachait tout près d’elle. Des bruits de pas s’approchaient. Qu’est-ce que ça pouvait être ? Soudain une voix s’éleva :
“Comme ça je fais peur maintenant? Bon, je sais que j'ai un pelage anormal, mais au point de ressembler à un homme...”
Aderyn soupira et reprit un rythme de respiration normal. Ce n’était qu’une jeune louve, une Sekmet en plus, rien à craindre. Le moineau releva les yeux vers celle-ci. Elle la reconnu, même si elle ne connaissait pas son nom, elle l’avait déjà aperçu à plusieurs reprises. C’était un louveteau aussi, même si elle était bien plus grande et plus âgée qu’Aderyn.
Celle-ci leva les yeux vers la louve au pelage inhabituel. Le ton de sa voix, le regard condescendant qu’elle lui donnait, ... Elle avait pitié de la Princesse, sa peur enfantine l’amusait. Elle devait être comme Cent quand elle était plus petite : bien plus courageuse que la jeune louvette noire ... Aderyn ne lui en voulait pas, elle avait raison, il n’y avait pas plus peureuse qu’Aderyn, et au final être ainsi, sans force physique ou de caractère, pour une fille de la lignée du Temps, pouvait être comparé à une honte. C’était la vérité, pas la peine de s’en cacher.
Mais plus important que la manière dont la louve brune la regardait, c’était son attitude globale, cette lueur au fond des yeux qu’Aderyn avait appris à reconnaître comme étant le signe de quelqu’un qui va mal, qui a une boule au ventre à l’idée d’un choix à faire. Ca avait l’air grave, très grave même, et Aderyn se sentait un peu impuissante face à la détresse intériorisée de l’autre louve, ne sachant pas ce qui pouvait la torturer à ce point et ne voulant pas s’immiscer dans son intimité et le lui demander.
“On m’a dit une fois que quand on a un choix dur à faire, il faut suivre son coeur ...”
Aderyn avait lâché ces mots subitement, sans préalable, détournant immédiatement le sujet de conversation. Elle voulait aider la louve mais elle ne savait pas comment. Ses oreilles se baissèrent en signe d’empathie tandis qu’elle essayait d’afficher un sourire réconfortant, peut-être que ça suffirait à redonner un peu de joie à la louve brune ?
La gamine souffla et sembla récupérer son calme. Un sourire presque attendrissant aurait pu se lire sur mon visage si je n'étais pas trop occupée à me moquer de la peur qu'avait eu la princesse à mon approche. Elle faisait décidément bien pitié. La gamine releva ses yeux sur moi et écarquilla ses pupille. Tient, on dirait qu'elle me reconnaît. C'est un très bon point ça. Un sourire sincère, mais bref, s'accrocha sur mes lippes alors que posai finalement mes fesses sur au sol.
Et pourtant, même si je restais ancrée au sol, je ne pouvais m'empêcher de continuer à penser. J'étais septique, mal à l'aise. Dépitée, même. Je n'avais même plus envie de me rendre à cette réunion qui présagerait probablement la séparation entre ceux qui m'aiment et moi-même. J'étais déprimée pour une autre chose, également. Oma'reth. Voilà bien quelque jours que je ne l'avais pas vu et cela commençait à sérieusement m'inquiéter. Je m'en voulais de ne pas avoir passé énormément de temps avec lui, et je m'effondrais en pensant à ce qu'il ait pu être capturé ou encore fuit. J'avais peur, et les larmes montaient sans même que je ne m'en rendre réellement compte. Mon amour. Je l'avais négligé pour m'entraîner. Peut-être boudait-il et que je m'inquiétais tout simplement pour une tuile... ?
Mon regard se posa sur la louvette alors que je repris pieds. Elle semblait elle-même s'inquiéter pour moi. Montrai-je réellement mes sentiments, étais-je réellement aussi transparente? Je balayai mes larmes d'un coup de patte alors que la gamine s'exprima.
- On m’a dit une fois que quand on a un choix dur à faire, il faut suivre son cœur ...
"Son cœur"? Le mien est détruit depuis la disparition d'Oma... Un sourire plus ou moins affectif se posa sur la loupiote alors que je lui répondis.
- Suivre son cœur ne permet pas de faire que des bons choix, tu sais. Ce serait comme persister à vouloir avoir quelqu'un comme compagnon et que l'autre ne veuille pas. Dans ce cas là, suivre son cœur reviendrait à se détruire.
Je me couchai ensuite, de façon à me mettre à la même hauteur qu'elle, et de sentir son odeur qui me semblait familière. J'y sentais les douces odeurs de Toxic et d'Eira. Je remarquai alors que j'avais passé beaucoup plus de temps avec Toxic qu'avec Oma'reth, ces derniers temps.
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Ven 18 Mar - 18:20
Ash and Snow
But inside, you're just a little baby, oh
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La grande (du moins, grande en comparaison avec Aderyn) louve était au bord des larmes. Était-ce de sa faute ? Oh non, elle ne voulait pas lui faire de la peine, juste l’aider ... Oh, non, visiblement ce n’était pas ça. C’était juste que la louve brune avait gardé ses sentiments trop longtemps à l’intérieur d’elle-même et il fallait que ça sorte ... Elle avait perdu son air condescendant et cette fois-ci, quand elle sourit à Aderyn, ce n’était pas par pitié mais plutôt ... amical ? Reconnaissant ? Quelque chose de positif, en tous cas. La louve essuya ses larmes, chose qu’Aderyn aurait voulu faire mais malheureusement elle était beaucoup trop petite pour cela.
“Suivre son cœur ne permet pas de faire que des bons choix, tu sais. Ce serait comme persister à vouloir avoir quelqu'un comme compagnon et que l'autre ne veuille pas. Dans ce cas là, suivre son cœur reviendrait à se détruire.”
Le regard d’Aderyn se perdit un long moment dans le vide alors qu’elle essayait de comprendre le sens de ces paroles. Donc, il faut suivre son coeur, mais pas toujours ? Qu’est-ce qu’il faut suivre, alors ? Et quand est-ce qu’on sait si on a bien raison de suivre son coeur ou pas ? Aderyn n’avait pas encore assez d’expérience dans la vie que pour le savoir.
Elle sembla revenir à la vie réelle quand l’autre louve se coucha, avec sa tête presque aussi grosse que le corps d’Aderyn en entier. Celle-ci sonda le regard toujours aussi triste de cette nouvelle connaissance, déçue que ses paroles n’aient pas pu l’aider. Elle resta ainsi, immobile, un long moment, à réfléchir à ce qu’elle pourrait bien dire pour améliorer la situation, puis se rappela de ce jour où elle avait réussi à requinquer Palladium rien qu’en posant sa patte sur la sienne, alors peut-être que ça pourrait marcher avec la louve ? Aderyn s’approcha alors de a louve à petits pas et frotta affectueusement son petit museau contre le sien, avec un sourire compatissant, mais se rendit subitement compte que ses parents devaient se demander où elle était, depuis le temps qu’elle était partie, et recula subitement.
“Désolée, j’aurais pas dû venir ici, ma maman doit s’inquiéter.”
Elle lança un regard vers l’intérieur de la forêt. Jamais elle n’aurait la force de refaire tout le trajet en sens inverse toute seule. Elle se lécha nerveusement les babines alors qu’elle se relevait la tête avec les oreilles baissées vers sa nouvelle connaissance.
“Est-ce que ... Est-ce que tu voudrais bien m’accompagner ? Te sens pas obligée, c’est juste que ... je peux le faire toute seule si t’as autre chose à faire, je veux juste ... j’aime pas être seule.”
Son regard se perdit vers le sol. Elle était honteuse, de montrer ce qui pouvait s’apparenter à de la faiblesse, encore une fois, devant cette louve qui lui était presque inconnue.