Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Le Cimetière. Pourquoi se rendre dans une zone si sombre, dans les terres de l'Ouest, alors que le territoire des solitaires était énormément vaste ? Noire avait une réponse nette à cette question. Elle avait besoin de venir ici, pour se recueillir. Pour réfléchir, loin des bruits de la forêt, loin des lieux où elle passait la plupart de son temps. Bientôt, elle rejoindrait les Esobeks. Elle ne serait plus jamais proche du Cimetière. Pourtant, c'était bien ici qu'elle avait enterré ce qui lui restait de son frère. La seule chose lui appartenant, qu'elle avait pu récupérer et garder précieusement. Une touffe de poil. Rien d'autre. Mais c'était suffisant. Elle l'avait enterrée ici lorsqu'elle avait compris que de nombreux morts reposaient sous terre. Silencieuse, la louve ébène s'avança dans le cimetière. Elle n'avait pas peur, malgré le fait qu'il fasse déjà nuit et que seuls quelques pâles rayons de lune éclairent le lieu. Elle s'avança jusqu'à l'endroit où l'âme de son frère reposait, dans une touffe de poil, et laissa son esprit vagabonder le long des chemins de la mort. Pardonne-moi, je n'ai pas pu te venger. Une Mercenaire l'a trouvée. Elle était déjà morte, je n'ai pas pu mettre mon plan a exécution. Un bruissement résonna dans son dos, et la louve rabattit ses oreilles en arrière, revenant à la réalité. Qui donc osait la déranger durant son court instant de recueillement ? Ses babines se retroussèrent. Un loup s'approchait. Que lui voulait-il ?