Nomade était posté là. Devant ce tunnel. Obscure. Plongé dans le néant. Tel les gouffres profonds des abysses amers des eaux. On n’en voyait pas le bout. L’absence de visibilité plongeait tout individus dans un état de panique, d’angoisse. Le jeune loup fixait cette ouverture béante. Le regard vide. Ses yeux affichaient encore et toujours son insensibilité éternel. Plongé dans ses pensées. Virevoltantes. Animées d’une force farouche. Quelque chose au fond de lui le poussait à s’aventurer dans ce tunnel. Lui. Il ne le trouvait ni effrayant ni repoussant. Le néant ne représentait pour lui qu’un refuge. Ces ténèbres connotant un lieu de silence. De calme. Insonore. Isolé. Ça ne pouvait que représenter un repère pour lui. S’éloigner. Oui, il voulait s’éloigner de tout. Des sons. Des odeurs. Des couleurs. De cette vie. Pour poursuivre sa quête de savoir obsessionnelle, il devait d’abord faire le vide. Dans son esprit. Méditer. Trier les informations. Analyser. Retourner. Réfléchir. Penser. Rêver. Exister seul. Couper les liens. Oui, couper les liens avec ces lieux pendant un temps indéfini.

Sans arrêt influencé par l’environnement extérieur. Il voulait s’éloigner. Fuir? Non. Juste changer d’air. Comme il l’avait toujours fait. Être instable et irrégulier qu’il était. Esprit Vagabond. Solitaire. Il était incapable de rester plus de 3 jours au même endroit. Il voulait se déplacer. Découvrir et apprendre tous les jours sur les connaissances si infinies et pourtant si infondées de ce monde. De l’existence. Savoir. Mais il ne savait rien. Personne ne sait rien. Il n’était qu’un loup. Un individu comme tout autre. Particules infimes de cet univers. Il fuyait les règles et les généralités. Il fuyait les interactions avec autrui. Ne ressentant aucunes émotions.

Le jeune loup observait donc ce trou. Encadré de bitume. Fissuré. Cicatrices du temps. Cicatrices de souffrance et de douleur. Construit par l’homme. Être étrange. Destructeur ainsi qu’auto-destructeur. Ayant pourtant crée cette forme de pierre. Là. Assemblent d’atome, de cellules, de matériaux. Figée dans le temps. Battu pour être abattu. Oui. Ces bipèdes possèdent la science de créer. Il crée pour jeter ou le détruire. Il détruise pour créer. Cycle infinis et éternel..

Le roux allez s’engouffrer dans ce tunnel. Il voulait découvrir cette oeuvre. S’y plonger. Plonger son corps aillant pour seul fonction de le déplacer et de porter son esprit, ses pensées, sa conscience. Mais il s’égarait. Comme toujours. Prenant conscience. Il frémit et s’anima. Effectuant des mouvements. Touchant la terre fissurée de sécheresse. Retournée. Abimée par les lames de foudres. Ses pattes le guidant, il était prêt à passer vers les ombres. Quitter la lumière pour quelques temps. Quand une voix résonna et parvins jusqu’à lui. Il mit du temps à réagir. Absorber par ses pensées. Mais elle se percutait tel un écho contre les parois de son subconscient. De sa mémoire.


Nomade cilla, se tournant vers ce loup. Enfermé dans ses pensées, il s’était coupé de ses perceptions sensorielles. En outre, de sa sensation olfactive. Il n’avait pas perçu l’odeur de l’individu. Il ne portait cependant aucune odeur de meute sur lui. C’était un solitaire, comme lui. Le roux prit un temps pour l’observer. Il paraissait légèrement plus âgé que lui. La pathologie de Nomade ne lui permettait que de voir ce loup sous des formes et des tons de bleu et de rouges. Ses yeux, il les voyait rouges, donc il en déduit qu’ils étaient ambres, comme beaucoup de loups. Et son pelage, il le percevait par touches de rouge foncé et des nuances de bleus signifiant du roux ou du brun mêlés à du gris. Il semblait robuste et entrainer. Nomade, impassible, toujours en le scrutant, médita sur les paroles de l’inconnus. Il paraissait provocateur. Ou juste comme beaucoup d’autre, il considérait le roux comme faible. Seul, Nomade était souvent perçu comme perdu et étrange. Un peu comme un vieux conteur ou un vieux gourou.

« Non, je suis solitaire, je vagabonde… Et toi? Que viens tu faire ici? La présence de gibier est rare ici.. »