« Tu chasses ou tu meurs. »
Quelques heures plus tôt, Djall s'était déjà rendue en forêt pour une partie de chasse fructueuse. A présent, le soleil disait au revoir à la contrée et s'en allait éclairer une autre partie du monde. La louve était assise au pieds d'un chêne sans feuilles et observait le crépuscule avec émerveillement. Ses grands yeux bleus pétillaient comme des saphirs alors qu'elle avait la truffe levée vers le ciel teinté de couleurs orangées. Elle se trouvait au milieu des marécages, sur un îlot où la terre était plus sèche. Elle prenait du repos avant de s'atteler à une énième traque. La louve avait les pattes encore engourdies de sa précédente chasse mais les nombreux louveteaux de sa meute n'attendraient pas éternellement la nourriture. Lorsque le soleil eut entièrement disparu à l'horizon, plongeant ainsi les marécages dans la pénombre, Djall se leva enfin et traversa une étendue d'eau boueuse pour se rendre sur une partie de forêt plus propice à la chasse. Elle s'ébroua en sortant des roseaux et se mit à renifler le sol autour d'elle.

« Tu chasses ou tu meurs. »
La femelle longeait le bord des marées en guettant dans l'eau stagnante le moindre mouvement. Elle avait déjà eu l'occasion de chasser là et l'endroit était réputé pour ses caïmans et ses diverses poissons. Djall restait sur ses gardes car elle ne souhaitait pas tomber sur un énorme caïman mâle et adulte capable de la couper en deux d'un coup de mâchoire. Elle espérait plutôt tomber sur un nids de jeunes caïmans dont la mère serait allée chasser. Elle tendit l'oreille lorsqu'elle perçut un drôle de piaillement. Ca ne ressemblait pas au bruit d'un oiseau ou d'un mammifère. Elle s'approcha de la source de ces piaillements ventre-à-terre en prenant garde à rester dans l'ombre. Là, sous son nez, un bébé caïman déjà gros appelait sa mère. Djall décida de le contourner pour se mettre dans son dos et l'attaquer par-derrière car même jeune, les caïmans pouvaient s'avérer redoutable. Cela lui prit un temps infini car elle dut contourner plusieurs bosquets avant d'arriver enfin à son but. Le caïman dodelinait de la queue à quelques mètres d'elle, seul un buisson les séparait. Le canidé effectua deux grands bons et se retrouva sur le dos de l'animal. Djall ne lui laissa pas le temps de réaliser et mordit férocement sa nuque jusqu'à ce que les os craquent. Elle se dépêcha d'emmener sa proie loin des marécages pour éviter de se retrouver nez-à-nez avec une mère furax.

« Tu chasses ou tu meurs. »
Djall fit un petit bond souple au-dessus d'une brindille et se rééquilibra rapidement avant de continuer à trotter ventre-à-terre. Elle avançait près du sol pour être plus discrète. Ses yeux cyans balayaient les alentours d'un regard scrutateur et ses oreilles pivotaient tels des satellites pour capter le moindre son. Elle marcha à pas feutrés jusqu'aux énormes racines d'un vieux chêne où elle fit une halte. Elle cherchait une proie quelconque dans ces bois depuis l'aube et le soleil n'allait pas tarder à atteindre son zénith. Elle avait une respiration difficile et des coussinets meurtris. Elle se lécha les pattes pour soulager sa douleur avant de repartir. Elle refusait de rentrer bredouille au camp et de devoir annoncer aux louves qu'elle n'avait rien pour leurs louveteaux.

« Tu chasses ou tu meurs. »
Djall commençait à être complètement épuisée et l'idée de renoncer s'immisçait peu à peu dans son esprit. Elle allait faire demi-tour lorsqu'elle entendit un pépiement à peine audible. La louve s'immobilisa net pour écouter plus attentivement. Un oiseau était posé non loin. Il picoré le sol en faisant craquer de minces brindilles. Au soin de ses pattes, Djall aurait dit qu'il s'agissait d'une belle perdrix grasse. Elle contourna furtivement un bosquet pour tenter de l'apercevoir. Elle se tapit derrière un buisson et vit un morceau du plumage de sa proie. Aux couleurs, il s'agissait bien d'une perdrix. Elle avait un visuel parfait. La femelle calcula son saut et s'élança. Elle atterrit pile au-dessus de l'oiseau et lui brisa la nuque d'un coup de crocs. Il tenta de s'envoler avant de comprendre qu'il était mort. La guerrière emmena sa jolie prise jusqu'aux ruines, fière comme un paon. Galvanisée par cette trouvaille, la jeune générale fit brièvement la fête avec les louveteaux avant de repartir en chasse. Ce serait sa dernière tentative de la journée car déjà le soleil déclinait dans le ciel. Elle se mit à parcourir de nouveau la forêt en frôlant l'humus du bout de la truffe en se laissant jusqu'au crépuscule pour trouver une dernière proie. Elle se pourlécha à l'idée de ramener un rongeur grassouillet aux petits. Ils étaient sa motivation.

« Tu chasses ou tu meurs. »
La femelle releva rapidement le museau de la terre pour contempler la toison qui s'assombrissait de minute en minute. Elle allait devoir rentrer d'ici peu car l'astre couchant était déjà à demi-dissimulé par l'horizon. Elle s'attela de nouveau à la traque en se laissant encore un peu de temps. Ce fut probablement la meilleure décision du jour car elle capta le claquement de pattes arrières caractéristique d'un lapin. Là, il n'y avait pas de doute car son ouïe surdéveloppée décela le bruit particulier que fait un lapin lorsqu'il ronge. La femelle s'accroupit en se ramassant près de l'humus pour pouvoir mieux s'élancer tel un ressort. Elle mit une patte devant l'autre sans faire de bruits pour tenter de s'approcher du gibier le plus possible, mettant ainsi toutes les chances de son côté. La guerrière sentit que c'était le bon moment lorsque le lapin releva brusquement la tête. Elle bondit et atterrit juste à côté de l'animal mais ce-dernier avait comprit qu'on le prenait en chasse. Il démarra en trombes et se mit à fuir. Djall afficha un large sourire carnassier avant de s'élancer à ses trousses en lui laissant un peu d'avance. Elle était une prédatrice, elle voulait qu'il croit avoir une chance. Elle galopait sans trop se presser, gardant toujours la même distance entre elle et le lapin. Elle sentait qu'il fatiguait car il ralentissait l'allure. Elle décida qu'elle avait assez joué et accéléra brutalement, rattrapa le gibier et l'acheva d'un coup de patte bien senti. Il faisait presque nuit et Djall rentra se reposer avec le corps inerte dans sa gueule.

« Tu chasses ou tu meurs. »
Chasser. Djall devait chasser. Ce matin-là, peu avant qu'elle quitte les ruines, Djall avait passé un moment avec les louveteaux de la meute pour soulager les nourrices. Elle avait joué et discuté avec eux. Ils grandissaient à vue d'oeil et devenaient de plus en plus fort, cela grâce à la nourriture qu'ils ingéraient quotidiennement. Un louveteau consomme énormément durant sa croissance. Le tas de proie des Navniks se maintenait grâce aux chasseurs aidés des guerriers qui partaient sans cesse à la chasse. La femelle avait quitté le camp peu après l'aube pour tenter de ramener de la viande aux petits. Elle s'était rendue dans la forêt qui bordait les marécages, son endroit de prédilection pour la chasse. Elle s'était roulée dans la boue pour ternir l'éclat argenté de sa fourrure et masquer son odeur avant de se mettre en chasse. La truffe au ras du sol, elle ratissait les bois en slalomant entre les arbres pour dénicher une proie quelconque ou pourquoi pas quelques plantes médicinales à rapporter à Daante.

« Tu chasses ou tu meurs. »
Djall parcourait le bois qui entourait les marais depuis plusieurs heures déjà quand un bruit alerta la louve de la présence d'une proie. C'était un oiseau étant donné que l'animal marchait sur deux temps en sautillant. Il semblait grignoter des graines au pieds d'un buisson. La femelle ne l'aperçut que brièvement à travers les branchages. Elle planta ses griffes dans la terre humide, banda ses muscles et se propulsa dans les airs. Elle atterrit à un mètre de l'oiseau qui s'envola en panique. Elle n'allait sûrement pas le laisser s'échapper. La guerrière aux muscles saillants bondit de toutes ses forces vers le volatile et le saisit entre ses puissantes mâchoires. Elle l'attrapa à l'abdomen : s'en était fini de lui. Lorsqu'elle retomba souplement au sol, elle l'acheva en lui broyant les os et l'enterra rapidement pour continuer la chasse. De son petit trot régulier, elle continua à arpenter les lieux. Quelques minutes plus tard, elle vit un lièvre en train de creuser un terrier entre les racines d'un vieux chêne. L'animal occupé ne prêtait pas attention à ce qui se passait aux alentours et était donc une proie facile. Djall s'approcha au plus près qu'elle put sans mettre en danger sa couverture puis fondit sur le rongeur. Elle lui attrapa une patte arrière avant qu'il ait pu esquisser le moindre bond. Elle la brisa d'un coup de crocs et lui saisit la nuque pour la briser aussi. Elle prit délicatement le gibier dans sa gueule et retourna là où elle avait enseveli l'oiseau pour y déposer le lièvre. Elle souhaitait rôder encore un peu au cas où il y aurait quelques plantes médicinales dans le coin.
She was looking for plants since a long time but she didn't find anything. Hope was pushing her forward. Her paws were painful but she couldn't give up. Daante was counting on her. She gave a yelp of pain but in her eyes shined a glow of determination. Fortunately the weather was nice. The sunset was beautiful and to give herself bravery she looked at it. No matter how many time it would take, she would persevere. She smelled the humus in order to smell the plants' perfume. She followed a scent for a while.

Traduction:

Elle ne trouva rien, si ce n'est un véhicule d'homme à moitié englouti par l'eau putride. Elle finit par abandonner pour ce jour et décida de revenir une autre fois.

« Tu chasses ou tu meurs. »
Djall devait remplir son devoir de louve au près des siens, c'est-à-dire qu'elle devait chasser. Les louveteaux devaient attendre la gueule ouverte au camp. Même si les temps étaient plus cléments, la générale ne devait pas se laisser aller et continuer à grossir le tas de gibier un maximum. La femelle sortit des ruines aux aurores, bien avant que ses camarades ne soient réveillés. Elle se dirigea sans hésitation vers son coin de chasse préféré : le marécage. C'était un territoire libre elle pouvait donc y chasser à sa guise. Le vent vint ébouriffer son épaisse fourrure argentée mais la louve ne s'en soucia guère. Elle continua à trottiner tranquillement, l'air guilleret. Elle arriva bientôt sur les lieux et se mit en position du chasseur : la truffe au sol pour repérer une éventuelle piste. Très vite, son flair capta le parfum de la chaire fraîche et du sang, ce qui était plutôt inhabituel. La guerrière suivit cette piste jusqu'au bord de l'eau immobile où les roseaux l'empêchaient de voir ce qu'elle traquait. Là, parmi les longues tiges vertes et brunes, se cachait un animal de taille moyenne qui semblait flotter. Grâce à son ouïe surdéveloppée, Djall repéra au mieux la position exacte de sa proie et s'élança sans réfléchir d'avantage. Elle tomba sur une sorte de poule d'eau et la tua. Saisissant délicatement le plumage du gibier entre ses crocs, elle ramena sa prise la queue battante.

« Tu chasses ou tu meurs. »
Djall marqua un temps d'arrêt face à la lisière des bois. Pas qu'elle ait un doute, mais la jeunotte n'avait pas vraiment réfléchis à ce qu'elle venait faire dans les marécages. Cet endroit était la terre libre sur laquelle Djall se sentait le plus à l'aise : à l'abris des regards. Elle aimait y chasser et s'y entraîner. Elle y avait même amené deux apprentis pour un entraînement musclé. La louve resta ainsi immobile un long moment, à scruter l'orée de la forêt de son regard bleu perçant. Elle finit par décider de mêler chasse et entraînement pour ce jour-là. La femelle se remit donc en route, s'enfonçant entre les arbres gigantesques et tordus d'une démarche assurée. Elle savait exactement ce qu'elle allait faire pour accroître sa force et son endurance : un petit footing matinale. Elle s'élança donc à travers les marais qu'elle connaissait par cœur. Elle courrait à une allure soutenue et régulière, se concentrant sur sa respiration pour ne pas s'essouffler trop vite. Elle foulait le sol humide et tendre avec force et galopait sur ce terrain escarpé sans jamais hésiter. Troncs, buissons, trous et reliefs ne semblaient pas pouvoir la freiner : elle enjambait chaque chose comme s'il s'agissait d'une brindille. La louve eut très vite le poil crasseux de terre mais peu lui importait. Lorsque l'exercice la lassa, elle se dirigea vers une petite clairière au centre de laquelle se dressait un arbre penché et noueux. Elle aimait se muscler sur ce tronc-là en s'efforçant de grimper. Elle s'attela donc à cette nouvelle tâche avec vigueur et détermination, plantant l'une après l'autre ses griffes noires. Lorsqu'elle sentit que ses muscles étaient à bout de leur force et qu'ils risquaient de la lâcher à tout moment, la générale regagna la terre ferme pour tenter de dénicher de quoi nourrir les petits loups de la meute. Le défi s'annonçait difficile, car ces temps-ci les proies se faisaient rares. Néanmoins, c'est le cœur léger qu'elle commença à chercher une piste, truffe au sol.