Nomade avançait sans trop savoir où il allait. Ses pattes se projetaient en avant. Elles semblaient sans vie. Lui aussi. Ses yeux aussi. Ils étaient éteints, et lui, il pensait, reculé au fond des abysses les plus étranges et surréalistes de ses pensées et de son esprit. Il voulait oublier cette faim qui était la principale préoccupation de son existence, qui envahissait son temps. Beaucoup aiment chasser, lui non. Le jeune loup trouvait que ce n’était qu’une perte d’un temps précieux. Chaque jours s’enchaines et semblent être les mêmes. Nomade se lève, s’il a dormi, il chasse, il marche, il pense, il découvre puis il va dormir. Enchainé dans cette routine sans fin, qui se renouvelle tous les jours, il voulait autre chose, quelque chose qui l’animerait.

Les autres loups ne l’intéressaient pas, jusqu’à maintenant. Ils les faisaient tous fuir avec sa réputation de fou. De penseur. Son obsession et son désir pour sa quête du savoir et d’une connaissance absolue, pourtant inatteignable. Ses seuls jouissances reposaient sur ce passe temps, ses recherches, son subconscient qui en faisait que des siennes, les détails de cette existences incohérente, ses recherches acharnées, ses fantasmes de tout connaitre, d’atteindre une sagesse sans failles, comprendre le temps pourtant si énigmatique, mais tellement fascinant.

Alors il marchait. Prêt à croiser un jour l’anormal, l’insolite, et découvrir que ça n’est pas si inhabituel que ça. Que les choses sont comme ça, pas autrement, ou peut être le contraire, qu’elles sont un enchainement de causes à effet. Nomade secoua sa tête. Il s’était égaré, maintenant il devait chasser. Soudainement, une odeur alléchante vin interrompre sa progression. C’était celle d’un lièvre. Mais étonnement, une odeur de sang venait se mêler à cette dernière. Il était déjà mort. Le loup se dirigea promptement vers ce parfum et il découvrit rapidement ce rongeur doté de grandes oreilles, gisant sur le sol, inerte, sans vie.

Le jeune loup s’agitai et regardai précipitamment à gauche, à droite. Il ne réfléchi pas une seconde de plus et saisi le lièvre entre ses dents. Il savait pertinemment que c’était la proie d’un autre prédateur. Mais c’était la loi de la vie. L’instinct de survie. Se battre ou mourir. À vive allure, il courait. Ses pattes projetaient des graviers à chaque foulées. Au bout de quelque minutes, il ralentit son allure, pensant être hors d’atteinte, lorsque soudainement, le prédateur en question fit surface. Les poils dressés sur son échine, les crocs à découvert, il était presque plus grand que Nomade.

Noble félin, avec une lumière sans pareille qui brillait dans ses yeux fendus d’une pupille longue, fine, noire et attirante, il dévoilait ses canines pointues au jeune loup. Ses crocs au nombre de 28 le démarque des autres félin. D’apparence bien unique, ou presque, il est semblable au Caracal. D’une démarche chaloupée, possédant des pattes volumineuse, ce félin est accoutumé à cette neige profonde et poudreuse et le silence règne lorsqu’il les poses. Robuste, admirée, il aborde une image majestueuse et mystérieuse. Ce félin évoquant une face d’hiboux attire les regards. Ses oreilles triangulaires, uniques, sont surmontées de pinceaux, symétrique, soulignant sa face sculptée, ornée de favoris. Sa queue courte qui lui donne une touche de ridicule se termine en manchon. Son nom réside dans de nombreuses expressions et qualifie même un enchainement d’étoiles. Victime de légende et d’apaisement passé, il est associé au coyote. A eux deux, il forme un monde en parfait déséquilibre. Devenu un animal fantasmagorique, il était anciennement appelé loup cervier.

Son corps puissant, musculeux, diffère, mais celui qui s’élève devant Nomade est roux, son pelage est moucheté, mais sa pathologie ne le permet que de le voir rouge. Le loup comprenait pourquoi il était cible des humains pour sa fourrure. Ce félin lui ressemble en fait. Dressé en face de lui, leurs regards se rencontres. Tous deux carnivores, ils partagent un même but. Un but qui se mue en syllogisme, un instinct, celui de survivre, donc de manger et donc, de posséder et dévorer cette proie que le jeune loup tenait dans sa gueule ave une détermination croissante. Nomade se mit à réfléchir, à évaluer, ses chances de s’en sortir. Il savait, il savait que son ennemi actuel connaissait trois allures; le pas, le trot, et les bonds. Et quel bonds! Excellant sauteur et grimpeur, il pourrait facilement se propulser sur Nomade et l’achever d’un coup sec. Néanmoins, le roux savait aussi que ce prédateur est un mauvais coureur de fond, il pourrait donc facilement le semer sur longue distance, ce petit coeur qu’il a la réputation de posséder se fatiguerait rapidement.

Miroir de Nomade, il ne lui laissa pas le temps de réfléchir, et bondit sur lui. Maitre du vent, maitre du son, quand il se transforme en loup, il se nourris de cervelles humaines. Ce loup à robe moucheté plaquait Nomade au sol. Dans un silence déconcertant, le jeune loup avait le souffle coupé. Ce félin était fort, bien plus fort que lui. Nomade devait faire vite. Tel un puzzle, ses pensées s’assemblaient, à la recherche d’une porte de sortie, vers la survie. Instantanément, Nomade arrêta de se débattre, lorsque le moustachu se pencherai vers lui pour planter ses crocs dans son cou, il relâcherai sa pression et son poids vers son arrière trin. C’est ce qu’il fit, Nomade souleva alors ses hanches pour faire balancer le carnivore au dessus de lui, au dessus de sa tête. Surpris, le prédateur s’écrasa sur le sol. Nomade se dressa en face de lui et avant qu’il ait le temps de se relever, il bondit sur son échine et planta ses dents, exerçant une pression avec sa mâchoire puissante autour de son cou poilu et d’une douceur étonnante.

Le pelage du félin commençait doucement à s’imprégner de son propre sang. Il dégagea Nomade en se retournant brusquement et de ses pattes ornées de griffes longues et pointues, il lui asséna un coup sur le poitrail. Le jeune loup laissa échapper un faible gémissement, mais riposta en grognant, ses crocs à découverts, le nez retroussé, il fut prit d’une hargne envahissante, avançant sans craintes, toujours plus vers ce félin qui reculait d’un pas. Ce signe de faiblesse suffit au loup pour bondir une nouvelle fois sur son ennemi. Nomade atterrit au côté du prédateur et lui assena un coup puissant avec ses épaules sur le flanc gauche. Le déstabilisant, le loup n’attends pas une seconde de plus et s’abattu sur le félin plantant une nouvelle fois ses canines dans son pelages mouchetés, roux, soyeux. Le [u][b]félin se débattait, il projetait une nouvelle fois le louveteau dans les airs. Nomade atterri contre une racine biscornue. Il y avait un terrier. Assez grands pour laisser le jeune loup entrer mais trop petit pour le loup cervier qui se dirigeait déjà vers sa direction.

Nomade saisi le lièvre à toute vitesse et couru se réfugier, se fondant entre les racines à l'intérieurs de ce trou béant. Le terrier semblait abandonné. Il s'aventura le plus profondément possible, loin des pattes puissantes et des griffes du prédateur qui s'affolait, les pupilles dilatées, les iris lançant des éclats de haine et de frustration. Nomade était hors de portée, son ennemi le savais. Il feula une dernière fois, et au bout de quelques temps, il disparu, aussi silencieusement qu'il était apparu.