Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
I l avait passé une sale nuit. Concrètement, une vraie nuit comme on n’a pas envie d’en passer. Ses cauchemars l’avaient hanté durant la majeure partie de son sommeil – pour ne pas dire son sommeil entier – lorsqu’il était parvenu à s’endormir, du moins. N’arrivant plus du tout à fermer l’œil, il s’était extirpé de la carcasse de l’avion où il dormait désormais seul, dans la mesure où Hige avait pris la place d’Empress et qu’il s’était trouvé une compagne. C’est avec une certaine amertume que le loup brun songea à nouveau à cette solitude qui allait désormais faire partie de son quotidien.
Dehors, la nuit est froide et sans vie. Si la neige s’est presque totalement effacée après l’explosion, l’air n’en demeure pas moins glacial. Quelques étoiles se montrent timidement entre les épais nuages qui recouvrent le ciel noir, mais Palladium détourne bien vite le regard. Les étoiles, ça ne l’a jamais vraiment fasciné. Des points lumineux accrochés dans le ciel, qu’est-ce que vous voulez que ça change à la vie d’un loup ? Il s’avance en silence vers le garde-manger, veillant à ne pas faire de bruit pour n’éveiller personne là-bas, dans l’épave de l’oiseau de fer. Il hésite quelques instants et s’empare d’un lapin. Il n’a pas très faim, mais peut-être que la nourriture permettra d’écourter cette nuit qui s’éternise ? Il s’allonge non loin de là, et ses crocs découpent la chair sans entrain. Les Sekmet ont perdu bien de leur prestige, songe-t-il amèrement. Lui, Bras-Droit. On croirait presque à une mauvaise blague. Il suffisait de le regarder pour comprendre qu’il n’est pas de taille : il est là, tard dans la nuit – ou tôt le matin ? – à partager un repas seul avec lui-même, le cerveau dévasté par les cauchemars d’un asilé. Hige finirait par découvrir ce qu’il cachait, le traumatisme, la balle, et tout le reste. Mais les autres, les autres devaient demeurer ignorants. Ils le croiraient courageux et fort, et ce jusqu’à la fin de ses jours. Rien que pour l’honneur de son ami, pour l’honneur de la meute et surtout, pour la mémoire d’Empress. Il se retourne soudain brutalement vers sa cuisse gauche qui le démange parfois. L’impact que la balle a laissé est cicatrisé mais il sait parfaitement que ce sera bien plus long qu’une simple cicatrisation. Il se gratte si fort qu’une touffe de poils tombe sur le sol et une goutte de sang perle de la cicatrice encore douloureuse. Il grimace, et plante à nouveau ses crocs dans la chair du lapin. Il se rappelle qu’il devra bientôt retourner chasser, tout seul.
Pourquoi tout seul ? Parce que cette ombre blanche qui ondule comme un fantôme dans la pénombre, cette ombre blanche lui a volé son unique partenaire, son seul allié. Et que fait-elle ici, à cette heure si tardive ? Palladium la laisse approcher, lentement, dans un silence presque religieux.
BY ACCIDENTALE
Invité
Invité
En savoir plus
Sam 20 Fév - 18:14
force 53
agilité 58
endurance 52
The Queen.
feat Palladium
Eira était fatiguée aujourd'hui. Elle avait passé la journée dans la tanière, dormant à point fermé alors que le soleil dehors était au plus haut. Les chasses de la vielle l'avait vidé de toute son énergie, et tandis que ses filles ne demandais qu'à jouer, elle ne voulait qu'une chose, se reposer. Et à dormis autant, elle finit par se réveiller en pleine nuit, non pas pleine d’énergie, mais au moins un peu plus réveille qu'avant. Sans bruit, sans réveiller qui que ce soit, elle s'extirpa de la tanière.
Elle avait un petit creux. Quel meilleur moment que le milieu de la nuit pour manger, se mit-elle à penser avec sarcasme. La gestation l'avait bien affaiblis, elle n'étais plus capable de traquer un cerf, trop peu endurance. Elle avait perdu de sa vitesse, les lièvres lui filait sous les coussinets, et son agilité était à déplorer. Alors oui, elle était la plus heureuse des mères, mais en attendant, il faudrait qu'elle se remette à l'entrainement afin de redevenir aussi, ou plus, forte qu'avant.
Elle se hissa dans la carcasse de l'avion et s'approcha du garde manger quand elle vie Palladium plus loin, allongé, se grattant la cuisse jusqu'à en saigner. Que faisait-il là si tôt dans la nuit ? Elle s'approcha doucement et s’essaya devant lui. « Bonjour Palladium. Tout va bien ? »
“Let me tell you this: if you meet a loner, no matter what they tell you, it's not because they enjoy solitude. It's because they have tried to blend into the world before, and people continue to disappoint them.”
I l la laisse tranquillement approcher, l’ombre fantôme qui ondule au ras du sol, dans un silence parfait. Brenhines Eira, c’est ça le nom de cette louve. Complexe, mais pas laid. D’ailleurs, elle n’est pas si laide que ce qu’il croyait. Bien que sa blancheur trop pure déplaise à sa rétine, son expression presque innocente est belle à voir. Ses traits sont fins, sa carrure est plutôt élancée ; Hige a su faire un bon choix. Enfin, le Pantin aurait préféré qu’il ne fasse pas ce choix du tout… « Bonjour Palladium. Tout va bien ? », demande-t-elle brutalement, mais avec sincérité. Le Pantin la dévisage, le faciès dénué de toute expression. Ses yeux jaunes sont rivés avec insistance dans les siens. Est-ce que tout va bien ? Combien de fois lui a-t-on posé cette question, combien de fois a-t-il regardé les autres avec cet air vide, combien de fois ? Il a arrêté de compter, tant cette question est un fardeau, un couteau qu’on remue dans la plaie. Plaie qui l’irrite à nouveau, d’ailleurs, mais qu’il ignore cette fois. Inutile de passer pour un barbare devant cette louve qui demeure, malgré tout, son alpha. Non, il ne va pas bien. Comment le pourrait-il ? Question stupide. Comment se sentirait-elle, après des mois d’enfermement, sans voir une seule fois une autre lumière que celle des néons suspendus au plafond ? Mais il faut l’excuser, elle ne sait pas. Elle ne peut pas comprendre. Et puis, il ne peut pas se moquer ouvertement de cette question stupide : son grade l’en empêche. Il jette un bref coup d’œil vers l’épave de l’avion, cherchant sans doute une petite silhouette noire qui aurait accompagné sa mère dans son excursion nocturne, mais ils sont seuls à côté de l’oiseau de fer. Déception. Le Pantin reporte ses yeux brillants dans ceux de la louve au pelage immaculé.
« Tout va à merveille. », lâche-t-il sèchement, d’un ton presque désobligeant.
Elle le contraint à parler, il ne va pas non plus se montrer enchanté de nouer le contact avec celle qui lui a usurpé son seul ami. Mais peut-être est-il également temps de réfléchir sur ce comportement puéril et injuste ? Peut-être faut-il faire un pas vers l’adversité, vers cette louve qui ne semble pas si vile ? En fin de compte, lequel est le plus détestable ? Lui, certainement. Quoiqu’il commence à avoir l’habitude, pas vrai ?
« Mes félicitations, pour les deux filles que tu as mises au monde. »
Surtout Aderyn, songe-t-il sans oser l’ajouter. Simple politesse, il affiche un sourire gêné. Il est forcé et contraint de se montrer respectueux. Peut-être l'abandonnera-t-elle pour aller manger, ou pour aller se recoucher, ou peu importe. Elle abandonnera probablement cette conversation inintéressante pour vaquer à ses occupations. Palladium ne demande pas mieux ; il n'attend que ça.