Emarok m'a donné pour mission de lui ramener des baies ayant pour but de ... soigner. Ou un truc comme ça. Je n'ai peut être pas tout écouté jusqu'au bout, mais en tout cas je sais que ce sont des baies pour soigner, ce qui n'est déjà pas mal. J'ai trouvé un plan dans la ville en ruine, où la nature a commencé à reprendre ses droits. Il y a de nombreuses ronces avec des baies de plusieurs couleurs : des rouges et des noirs. Emarok m'a demandé de ramener les noirs ... ou les rouges ? Non les noirs. Enfin ... je ne sais plus. Mais ce dont je me souviens, c'est qu'il ma mit en garde sur le fait que l'autre couleur soit une baie mortelle. Je n'ai pas intérêt à me tromper ...
Le guérisseur m'a parlé d'une astuce consistant à écraser les baies et à les sentir, les bonnes ont un parfum sucré et les mortelles piquent ... Ou l'inverse. Ouais, en fait, je sais pas.
J'ai une autre idée. Il n'y a pas que les loups comme animaux ici (encore heureux d'ailleurs). Certains animaux ne se nourrissent pas de gibier, comme nous. Je pense notamment aux lapins qui pourraient se nourrir de ces baies. Ces animaux sont trop bêtes pour différencier le bon du mal et le bon du mauvais. Si je peux voir un lapin manger une de ces baies, je saurai laquelle est la bonne. Si la bête survit je prendrai la même baie, si la bête meurt je prendrai la seconde.

Je n'ai qu'à attendre qu'une bête vienne ingurgiter les baies. Je me planque derrière un mur de pierre et garde une vue sur les baies. Les eux plants sont juste à coté, je dois bien faire attention à ce que va manger l'animal.

Après de longues heures, une innocente bête vient se nourrir. Elle choisit les baies noires, celles qui, écrasée, ont une affreuse odeur. Il prend quelques baies, je dirai quatre ou cinq. Si ce sont les baies mortelles, cela suffira à le tuer en quelques minutes. Je dois simplement m'assurer de ne pas le perdre de vue, alors, lorsqu'il continue sa route loin des ruines, je me tapis au sol et le suit. Comme je le ferrais pour une traque. Dire que je suis en train de sacrifier un lapin juste pour des baies ! Elles ont vraiment intérêt à êtres efficaces.

Le lapin s'arrête. Je m'arrête. Il tombe. Il convulse.

Je n'ai pas besoin d'en voir plus ni même de le voir mourir dans d'atroces souffrances. Il a prit les baies mortelles, ce qui signifie que j'aurais très bien pu me fier à l'odeur des rouges qui sentent bon ... Je me suis bien compliqué la vie. Mais au moins je suis sûre de ce que je vais ramener à mon guérisseur, de bonnes baies à vertus médicinales.

Je pensais que cette journée allait encore être comme toutes les autres, c'est à dire ennuyante et sans intérêt. Mais il n'en fût rien.

Je me baladais dans la ville en ruine à la recherche d'une proie, mais sans grande conviction. Notre garde manger est étonnement bien rempli pour ce mois-ci, et c'est vraiment une bonne chose, je ne risque pas de m'en plaindre, bien au contraire. Ma quête fût stoppée net par le jappement d'un louveteau, reconnaissable de loin. Le temps d'une fraction de seconde je crus qu'il s'agissait de Miuna ou Ahanu, mais ils sont au camp. Ils ne peuvent pas être ici. Je m'approche du bruit, plus curieuse qu'autre chose.
Une louve brune, apparemment épuisée, porte un louveteau dans sa gueule. Il ne me semble pas bien vieux et surtout très mal en point. M'approchant doucement, je fais comprendre à la mère que je ne lui veux aucun mal à elle ou son enfant. Je sais ce que fait que de tenir à un être comme la prunelle de ses yeux et je n'imagine pas à quel point cela doit être dur de devoir le perdre. Même si je ne connais pas cette louve, je veux que son enfant survive. Et par instinct maternel, je vais l'aider à survivre. Il faut qu'il se batte, il n'a pas le droit d'abandonner si vite !

La louve le pose délicatement au sol et se pose non loin. J'examine ses symptômes comme j'ai vu Emarok le faire de nombreuses fois avec ses patients. Au vu des tremblements et des vomissements, j'en conclus à une intoxication. J'informe rapidement sa mère et cours en direction des bois. Je dois faire vite. Il lui faut de l'ail pour lui purger l'estomac.

L'ail n'est pas quelque chose de rare, et heureusement. Au vu de la taille du petit gars, j'en prend deux. Je ne connais pas les doses adéquates mais cette plante n'est pas toxique, je préfère lui en appliquer un peu trop que pas assez, car dans ce dernier cas il mourre quand même.

Je sais qu'il faut appliquer l'ail sur les plaies, mais là ce n'est pas le même cas de figure. Le louveteau doit sûrement l'avaler. Je lui broie grossièrement avec le bout de la patte et tente de les lui faire avaler morceaux par morceaux, sans qu'il ne les vomisse. Et c'est pas le truc le plus facile que j'ai eu à faire, croyez moi ... Mais au final, cela semble marcher. Je reste avec les deux inconnus quelques heures, pour vérifier qu'il n'y a pas de rechute du louveteau, et ce n'est pas le cas. Il est sauvé.

[...]
Elle est là couchée dans un coin, la respiration rapide et le souffle court. Elle va mettre bas, elle en a tous les signes. Je n'ai pas appris à gérer ce genre de situations, mais je vais y arriver. Pour elle, pour ses petits, je n'en ai pas le choix.
Je suis tentée d'utiliser de l'Arnica mais la louve doit rester pleinement consciente d'elle-même et de ses douleurs pour pouvoir pousser au moment venu. Cependant les baies de genièvre que je lui fais avaler calmeront un peu sa fatigue, ce qui l'aidera à tenir le coup.

Je prépare le sol avec des maigres feuilles que je peux trouver, ou des couvertures humaines abandonnées là des années auparavant ... Je prend celles les moins mangées par les mites.

Je cours lui chercher des insectes aquatiques qui lui seront plus qu'utiles et à mon retour, le travail a déjà commencé. Mais les choses s'annoncent mal, la tête ne sort pas en premier. Je prend les maigres pattes du louveteau délicatement dans la gueule pour le tirer. S'il reste trop longtemps il va s'étouffer, et la mère est bien trop faible pour changer les choses, je ne lui en veux pas.
La petite boule de poils, bien que maigre, ne semble avoir aucun signe de mauvaise santé. La mère s'occupe de le lécher pour le réchauffer puis le laisse téter. C'est un mâle au pelage noir, qui deviendra bien vite grand et fort.
Il n'y a aucun problème non plus pour le second louveteau, cette-fois ci une jeune femelle au pelage gris.
C'est une toute autre histoire pour le dernier, resté trop longtemps dans le ventre de sa mère il n'a pas survécu ... Il est mort-né. J'ai compatis à la douleur de la mère, ne connaissant que trop bien ce sentiment de perdre un enfant.

[...]
Je commence à ne connaître que bien trop toutes ces marques et lésions ... Les Hellhound. L'animal face à moi semble en très mauvais état et risque même de s'évanouir sous la douleur. Je dois éviter ça à tout prix, il en va se de sa vie. Ainsi, la première chose qu'il ingurgite est une graine de pavot. La douleur sera toujours là, mais plus dans sa tête. Il pourra se concentrer sur ce que je lui dis. Rapidement, je lui applique aussi des toiles d'araignées sur chaque plaie ouverte que je croise. Je dois lui laisser un maximum de sang, sans force il ne pourra pas survivre ... Maintenant que le plus important a été fait, je prend un peu plus le temps d'examiner cet étrange animal apparemment muet.
Il est défiguré par un énorme brûlure, mais je ne vais rien pouvoir faire pour lui à ce niveau là ... Seules les graines de pavot l'aideront à tenir la douleur, bien qu'au fil des utilisations elles seront de moins en moins efficaces. Les coups de crocs les longs de son corps sont profonds mais pas dangereux. Seule une blessure sur sa croupe m'inquiète. J'utilise une bourse à pasteur que je mâche et applique dessus, cela soignera sa plaie.
Pour son visage, j'applique de la boue du marais généreusement. Il passe ainsi de blanc à marron, mais cela l'apaisera plus qu'aucune autre plante.
Pour finir, je lui donne de la camomille avec l'ordre de mâcher puis avaler. Ça apaisera ses chocs et hématomes.

Maintenant, la seule chose dont il ai besoin, c'est du repos.

[...]
Le Navnik possède de multiples entailles sur le corps, et certaines sont plutôt profondes. Déjà, je lui ai ordonné de se coucher et de se calmer, il doit bouger un minimum pour ne pas que le sang coule en abondance. Je n'ai, malheureusement pour lui, pas le temps de lui trouver des graines de pavot, cependant les toiles d'araignées lui sont vitales. Je lui en applique sur la plaie la plus béante, celle qui en a le plus besoin.
Ceci fait, je retourne à la louve mettant bas. Je n'ai pas la possibilité de lui donner des graines de pavot, elle doit pouvoir sentir les contractions pour mettre bas du mieux possible. Comme pour ma dernière mise bas, je trouve des bouts de tissus à mettre sur le sol pour éviter au maximum le contre entre celui-ci et les petits à venir. Je lui donne quelques baies de genièvre à mâcher et avaler, elle sera moins fatiguée pour les heures de travail à venir, cela ne pourra lui faire que du bien. Je passe le plus de temps possible avec elle, le mâle n'est pas en danger de mort et peut attendre quelques temps.
Les minutes passent et le premier louveteau arrive, suivi du deuxième une heure plus tard. La louve se calme peu à peu et son souffle semble revenir à la normale. Pour lui redonner un peu de forces, je lui donne quelques insectes aquatiques peu ragoutants à avaler. Je dois aller voir le mâle et reviendrai vers elle quand il sera soigné. Ce sera juste pour m'assurer que tout va bien.

Je donne au mâle ses graines de pavot tant attendues, ainsi qu'une camomille pour éviter toute infection future. Je m'occupe ensuite de ses blessures une par une. Elles sont de moindres importance, mais je préfère prévenir que guérir. Je finis par appliquer de la boue du marais sur les plus grosses plaies, les autres n'en ayant pas besoin. Il ne lui reste qu'à rester loin des Hellhound et de tout ce qui ressemble à un combat, sa vie n'est pas en danger.

De retour avec la femelle, épuisée et à court de souffle, j'apprends qu'elle a eu un troisième louveteau. Bien plus petit et frêle que les autres, il ne montre cependant aucun signe d'une mauvaise santé, bien au contraire. La femelle devra veiller à lui donner assez de lait et il se portera comme un charme, de même que ses frères de portée, j'en suis sûre.

Un nouveau dilemme s'offre à moi, et je vais aujourd'hui apprendre ce que c'est que d'échouer en médecine.

Deux mâles se retrouvent très mal en point suite à une attaque des Hellhound et l'explosion d'un de leur gilet. Le premier souffre d’hémorragies ... A la fois internes qu'externes. Sous le choc, des vaisseaux ont du se rompre à l'intérieur de son corps. Mes doutes sont confirmés par un crachat de sang, sa respiration saccadée, sa peau moite et sa pâleur ne font malheureusement que me donner raison. La seule chose que je puis faire désormais, c'est le rassurer. Ses blessures externes auraient été de trop grandes ampleurs de toute façon ... Avec ce que l'on a, je ne peux pas le guérir. Attrapant une baie mortelle, je la lui fais avaler. Pour celui qui ne s'y connaît pas, cette baie peut très bien passer pour une bonne plante ... Il se ne doutera de rien, ne souffrira pas. Plus.
Le second loup n'a aucune blessure extérieure mais une infection du sang. Ce n'est pas du à une araignée, je ne peux donc pas le soigner avec le venin. Je vais devoir utiliser des feuilles de mouron blanc, les lui faire mâcher puis avaler. L'opération est longue et fatigante, il est amorphe et ne répond à rien. Je me vois obligé de lui pré-mâcher les plantes puis de lui fermer la gueule pour les lui faire avaler de force. Même sa langue ne répond plus et je crains même à plusieurs reprises qu'il ne l'avale. Je complète sa guérison avec du grenat fané, qui ne ferra qu'accentuer et accélérer les effets du mouron. Une fois encore, je suis obligée de me battre avec son corps pour qu'il arrive à avaler. En désespoir de cause, je lui donne une mâcre nageante, remplie de vitamines, pour qu'il se remette à vivre un petit peu. La dernière chose à faire reste malheureusement d'attendre que son corps fasse le reste.