Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Le sable s'infiltrait lentement mais sûrement au creux de tes coussinets, provoquant quelque démangeaison peu agréable. D'ailleurs, de ces foutus grains couleur diamant, tu en avais jusque dans la gueule. Ca crissait sous tes canines à chacun de tes mouvements. Ces sympathiques compagnons de route te collaient au pelage comme des flocons. Autant, ces derniers étaient pas tellement dérangeant, mais même toi avait laissé tomber ton habituelle indifférence à tout pour tenter de te débarrasser de ces particules nano-emmerdantes. Mais impossible. Bon, cela t’apprendra de débarquer de nulle part pour aller à une destination pas plus intéressante que la précédente. Tes pattes s’enfoncent encore une fois dans cet amas infini de poussière granuleuse. On dirait que jamais cela ne finit, tu ne te rappelles même plus où cela a commencé. A l’image de ton propre parcours, en somme. C’est joli comme on peut retrouver dans la vie de tous les jours de jolies métaphores. A cette pensée, tu lâchas un soupir. On dirait que mademoiselle se laisse aller à de la démonstration maintenant ? Non, parce que ton incapacité à percer ton mur de silence était devenue une vraie plaie pour ceux que tu croisais sur ton chemin. Bon, ton air perdu et distant annonçait certes la couleur mais ces croisades étaient toujours étranges. Pas pour toi, pour les autres : ton silence mettait mal à l’aise, dérangeait. Tout comme ta dégaine peinée et ton allure accablée. Tu étais le genre de loup que si l’on croisait, on préférait regarder ailleurs en priant pour que tu n’aies pas l’idée de venir taper la conversation. Comme si tu avais envie encore de t’accaparer un congénère pour lui conter tes peines. La blague, comment l’expliquer à quelqu’un alors que tu ne peux même pas te regarder dans le reflet d’une flaque ? La haine s’était transformée en culpabilité et cette dernière t’avait engloutie toute entière, ne laissant qu’une carcasse repoussante et croupissant lentement dans le mal être. C’est pas comme si personne n’avait tenté de te taper la discussion, mais peu avaient tenu jusqu’à ce que tu leur lâches un soupir exaspéré. Leur bonne action du jour, ce ne serait pas avec toi. Bon, y avait bien cette pipelette de nacre qui avait tellement forcé la chose que sa présence ne te dérangeait même plus. Dans le genre tenace – ou juste en mal d’action et en recherche de karma positif – cette petite solitaire te faisait même parfois décocher quelques rictus amusés. Il faut dire que les réactions des autres variaient d’un extrême à l’autre : certains se décidaient à te prendre en pitié, tandis que d’autres, rendus dingues par ton absence d’expression et de vie, s’acharnaient parfois. Allant jusqu’à te violenter physiquement et moralement. Mais même ça, cela ne te faisait plus peur. Tu t’étais toujours relevée, pourquoi pas encore une fois ? Et si, un jour, tu tombes sur cette fameuse équipe que sont les HellHound et leurs cabots infernaux et que t’y passes définitivement… C’est la vie. On crève tous un jour.
La dune était réputée pour regorger de proies à sang froid. Ces trucs écailleux n’ayant pas l’air appétissant mais nutritifs. Mais, cela fait des mois que le goût des aliments avait disparu, ce n’est pas un reptile qui te fera revenir ta palette de sensations. AH, voilà un petit lézard qui de sous un caillou pour en rallier un autre. Essayant de fuir quelque chose, un peu comme toi. Sauf qu’expérience faite, cela ne sert à rien et ne fait qu’agrandir le poids sur tes épaules maintenant faiblardes. Voilà, quand je parlais de métaphores qu’on croisait au fil des jours. Le vent, t’arrivant en pleine face agrémenté de tes potes les grains de sable, te signale un autre individu dans les parages. C’est égal, tu continues d’avancer. Tout t’es égal, tout est gris et morose. Même si le soleil est haut et réchauffe de ses rayons ton corps noir.
"Toi vis". Cette voix. Sans relâche, elle me répète ses mots. Je n'abandonnerai plus. Je ne me laisserai plus déstabiliser. Je serais impassible. Je vivrais.
Je suis encore faible. Une louve frêle et peut imposante, mais je ne me laisserai pas dépérir. Je vais devenir forte. Impitoyable. Celle que je veux dois être, celle que je veux être, celle que je vois en rêve.
Le soleil brille sur mon pelage de neige le rendant brillant sur cette dune. Le vent me donnait se goût de liberté qui rendait cette endroit magique, cette endroit de vie. Je finis par m'élançais dans une course afin de monter une autre dune. Enfin à sa hauteur, j'entrepris de regarder l'horizon et de profiter de ce vent, de cette aire qui me rempli les poumons de bien être. Une tâche au loin. Un animal. Une louve ? Son odeur. Je ne la connais pas.
Je ne vacilla point à la vue de cette louve et la laissa approcher à une distance raisonnable de ma position. Je ne lui jeta aucuns regards, aucune intention. Je préférai fermer les yeux et profiter de cette vie. Si c'était la dernière comme la première.
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