[Recueil de défis] Le monde d'Après-le-mur.

Mar 9 Fév - 20:25

Le chiffre du diable.

Force : 6 - Agilité : 9 - Endurance : 6

Tout n'était que lumière. Devant, derrière, à droite, à gauche ; même lorsqu'il fermait les yeux, il ne voyait qu'une blancheur éblouissante. Sa tête le faisait souffrir -là, juste derrière les oreilles, où Maman le léchait tendrement.
Maman ? Où était Maman ? Un glapissement lui échappa, et il recula instinctivement. Il ne pouvait fuir la clarté qui l'éblouissait, et il en ressentait une terreur jusqu'alors inconnue.
-Koda ?
Son appel, maladroit, n'était qu'un son étouffé. Étranglé. Sa soeur ne devait pourtant pas être loin ; il n'avait fait que quelque pas après avoir franchis le Mur Blanc.
Un instant, le loupiot regretta de ne pas avoir écouté Maman. "Restez ici. Ne sortez pas." Il n'avait jamais voulu désobéir, il n'avait jamais voulu sortir. C'était arrivé comme ça, sans qu'il ne s'en rende compte. Il était là, couché à côté de Koda et l'instant d'après, le voilà qui était submergé par la blancheur éclatante d'Après-le-mur. Comment revenir à l'Interieur ? Comment retrouver la chaleur réconfortante de la tanière ? Comment retrouver la douceur de la fourrure de sa soeur ?
Blanc. Lumineux. Blanc. Lumineux. Éblouissant. Blanc. Effrayant. Lumineux. Blanc.
Et d'un coup, plus rien. Un néant imperceptible.
-Maman ?
Une peur soudaine le saisi. Irrationnelle. Le blanc avait disparu, le néant s'était dissipé, et il y avait quelque chose. Il voyait, maintenant : des formes floues, des couleurs diffuses -comme lorsqu'il venait d'ouvrir les yeux. Il y avait quelque chose. Mais ça, il ne pouvait le voir. Simplement le ressentir. Une présence. Comme lorsque maman le regardait dormir. Il sentait un regard. Menaçant.
Peur. Inconnu. Effroi. Appréhension. Inconnu. Peur.

-Aie !
Le loupiot s'était relevé brutalement, et son crâne avait heurté la paroi de la tanière. Il lui fallut un moment pour se ressaisir, pour comprendre où il était. Devant lui, Koda était profondément assoupie. Contrairement à lui, la loupiote dormait beaucoup. Maman disait qu'elle était plus fragile, comme une fleur. Audric aurait adoré voir des fleurs. Il paraissait qu'elles étaient magnifiques, colorées et parfumées.
Mais les fleurs étaient dans l'Après-le-mur. Et il était interdit de franchir le Mur Blanc.
Le loupiot cligna des yeux plusieurs fois, se remémorant son rêve. Il en trembla. Après-le-mur, était-ce ainsi ? Si blanc, si effrayant ? Peut-être que Maman était blanche à cause d'Après-le-mur. Peut-être qu'une fois le Mur Blanc passé, lui aussi serait blanc. Audric glapit doucement ; il ne voulait pas devenir si clair.
Songeant un instant à la présence qu'il avait senti, il craint ce quelque chose n'ait trouvé Maman. Peut-être était-elle en danger ? Cette chose était-elle partie intègre et permanente d'Après-le-mur, où n'était-elle que passagère ?

Il fixait le Mur Blanc, tapis près de sa soeur. Maman n'était toujours pas revenue. Et si le quelque chose l'avait attrapé ?
Le loupiot était plus curieux que jamais. Depuis qu'il savait marcher sans trop tomber, il rêvait de passer cette barrière lumineuse que seule Maman avait le pouvoir de franchir. Maintenant, l'envie était plus forte que jamais. Était-ce comme dans son rêve ? Il voulait savoir.
Un instant, il fut terrifié : la lumière fut aussi forte qu'il l'avait rêvé et, l'espace de ce qui lui sembla être une éternité, il fut ébloui. Et puis, lorsqu'il eut cligné des yeux quelques fois, tout devint différent.
D'immenses parois se dressaient autour de lui. Elles étaient de la même matière que celles de l'Interieur, mais plus lisses, bien droites, formant un couloir serré. Le sol était étrangement granuleux. Froid. Il y avait une étrange odeur. Il resta encore un peu immobile, tétanisé, puis il leva le museau vers l'immensité grisâtre qui le surplombait ; le monde lui semblait immensément infini. Il s'imprima de tout l'Après-le-mur, et ses pattes tremblantes l'éloignèrent de l'Interieur.

(c) Tervilles

Jeu 17 Mar - 16:41

Amnesia.

Crying of the Sun - Metalwings

Force : 6 - Agilité : 9 - Endurance : 6

La peur. Chacun voudrait y être insensible. Nul ne voudrait la connaître. Personne n'aime la vivre. tout le monde la fuit. La peur ; c'est ce qu'il existe de plus terrible. La peur ; c'est ce qui fait le plus peur. Peut-être. Qu'y a t-il de plus effrayant que la peur ? Qu'y a t-il de...
Quoi ?
Les mots se perdent. La pensée disparait, lentement. Qu'y a t-il de... ?
Quoi ?
Impossible de se souvenir. Il pensait quelque chose, et puis.. il pensait, et... il...
Quoi ?

Il ouvrit les yeux, très brutalement ; un goût étrange dans la gorge, la bouche batteuse d'une bile amère. Tout son corps était endolori. Devant lui, le néant. Un néant de choses détaillées et inconnue. Rien n'est plus vide que ce monde plein de tout. Un tout brutalement devenu inconnu. Audric se releva, lentement, tremblant de tout son être. Aucune pensée ne se bousculait dans son esprit : pour cause, il n'y avait plus rien. Rien. un néant absolut. un néant de... un quoi ? Il cherchait à mettre des mots sur ses idées. C'était furtif, très inconscient, maladroit ; il ne savait même pas ce qu'il devait mettre sur quoi. Il y avait la sensation désagréable de devoir faire quelque chose sans y parvenir, comme s'il manquait quelque chose qu'il y avait toujours eu.
Un long soupire. Il regardait tout autour de lui, désireux d'avance ; et il s'écroula sur le sol, couinant pitoyablement sous l'éclaire inconnu qu'il senti ; il ne le savait pas- plus, mais c'était de la douleur. Bien. Il savait une chose : il ne pouvait pas bouger. Il ne savait pas bouger. Il s'était levé sous le coup de la panique, mais il n'avait aucune idée de comment faire plus : et il l'acceptait sans vraiment de peine. Il ne connaissait rien d'autre que cette incapacité à se mouvoir, alors, c'était quelque chose de naturel. Le louveteau regarda cette grande chose élancée qui lui faisait face, de différentes nuance. Le haut avait quelque chose de différent du bac, quelque chose qui créait un contraste amusant -il ne le savait pas, mais c'était la couleur. Cette chose non plus, ne bougeait pas. Peut-être ressemblait-il à ça.
Le calme avait envahi son corps ; lentement, il appris. Il appris qu'il ne pouvait ni bouger, ni penser. Il était seul, il n'y avait personne pour lui apprendre, alors il se contentait de ce qu'il découvrait. Il apprenait à ne pas savoir penser, à ne pas savoir bouger. Et, quand la nuit tomba, il l’accueillit comme si c'était une chose naturelle. Et, quand la douleur envahi la poitrine, il l’accueillit comme si c'était une chose naturelle. Et, quand sa gueule devint sèche, il l’accueillit comme si c'était une chose naturelle. Et, quand sa force disparut, il l’accueillit comme si c'était une chose naturelle.
Et, quand le noir le submergé, il l’accueillit comme si c'était une chose naturelle.

Audric se réveilla, blottit tout contre sa sœur. Il plissa les yeux, frustré. Il était persuadé d'avoir vécu quelque chose d'unique : mais il avait oublié.

(c) Tervilles

Lun 11 Avr - 3:13