Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Cela fait bien longtemps que je n'ai pas vu la douce louve blanche, et j'avoue qu'elle me manque à chaque fois que je m'en éloigne. Elle représente la mère que j'ai perdu, ou celle que je n'ai pas eu. Et dans mon coeur, l'immaculée à probablement une place des plus importantes. Peut-être, au fond, aie-je l'espoir qu'elle reviennent aux côtés de mon Père, qu'elle a forcément aimé un jour pour avoir eu de lui un fils. Je m'approche silencieusement de sa tanière, quelque peu amoché par les derniers évènements, et je griffe les parois de métal pour attirer son attention. J'espère en tout cas, ne pas la déranger.
Ce jour-là, Manîthil était en compagnie de Ulvys, son apprentie. Elle lui avait donné rendez-vous afin de continuer son apprentissage. Dégageant le gamin muet et Châtiment du bunker pour avoir plus d'espace et de tranquillité. Ainsi, la dame blanche expliquait l'utilité des plantes présentes, celles qui servent à soigner, celle à désinfecter, ainsi de suite. Elle s'assure que son élève retienne tout jusqu'à ce qu'on vienne gratter devant sa porte. Tournant la tête, Manîthil reconnu l'odeur de Adriel. Voilà un moment qu'elle ne l'avait pas vu, celui-là. Elle prit alors une douce voix en fixant le jeune loup.
« Mais qui voilà, entre donc mon cœur. Que t'arrive-t-il ? »
Elle se recule afin de permettre au jeune Dragon d'entrée dans la tanière. Tandis qu'il passe devant elle, elle le détaille rapidement, percevant quelques touffes de poils manquante par endroit, probablement à cause de blessure. Qu'a-t-il fait encore celui-ci ?
« Elle c'est Ulvys, mon apprentie. Ce charmant loup brun, c'est un Mercenaire. »
Dit-elle en désignant Adriel du museau pour le présenter également à Ulvys sans donner son nom, pour quelle raison ? Parce qu'Adriel est l'enfant de Isha et, quelque chose lui dit que si certains Navnik apprend ça, cela risque de lui causer du tord et, mine de rien, c'est qu'elle n'a pas envie qu'il arrive quoique ce soit à ce loup.
La jeune louve passait du temps en compagnie de son mentor. Elle lui montrait toutes les plantes connues à ce jour, et la jeune femelle commençait à avoir un certain respect pour la vieille. Mais elle n'hésitait pas à la taquiner. Elle était confiance et pour une fois respectueuse. Jusqu'au moment où un jeune mâle gratta à la porte, son odeur était vague. Sous l'ordre de la guérisseuse, l'individu entra avec légèreté. Il était jeune vu son gabarit mais pas sans défense. On pouvait apercevoir les cicatrices de combats, et sûrement de la guerre. Bien, Ulvys comptais obéir aux ordres.
Je m'avança au côté de ma maîtresse tout en laissant une distance correct pour que nos espaces personnelles soient tout les deux respectés.
« Elle c'est Ulvys, mon apprentie. Ce charmant loup brun, c'est un Mercenaire. »
Je fis un petit hochement de tête respectueux à ce mercenaire, tout en gardant un petit sourire et un regard en coin à la louve. Elle ne connaissait pas son nom mais ce n'était guère grave, elle devait l'aider et était à l'écoute de la grande dame blanche comme elle. Elle devait s'estimer heureuse d'avoir le minimum de respect de Ulvys pour avoir un apprentissage sans soucis ou petites blessures...
- Mais qui voilà, entre donc mon cœur. Que t'arrive-t-il ?
La douce voix de la louve immaculée me fait relever rapidement la tête. Ouf, elle est là. Je sais au moins sur qui compter lorsque j'ai besoin d'aide. J'ignore trop si je suis davantage là pour me faire soigner ou si c'est surtout pour être réconforté de mes blessures, comme un louveteau qui serait tombé sur un caillou. Au fond, je suis peut-être toujours ce louveteau pleurnichard de trois mois qui n'a jamais pu être consolé ou rassuré par sa mère parce qu'il venait de trébucher sur une racine, ce bébé immature qui venait de perdre à la course contre sa fratrie. Quoi que de ce que je me souviens, je n'étais pas celui qui perdais à la course contre mon frère et mes soeurs. Frustrante situation que de ressasser des souvenirs qui n'existent que tout au fond de son propre esprit, embrumés dans un voile opaque et flou à la fois. Je m'avance timidement dans l'antre, remarquant la présence d'une seconde louve au pelage de neige. Une louve dont l'odeur me rappelle quelque chose. Oui, je la connais. Je l'ai rencontré sur les terres des miens. Ainsi, la guerrière Navnik est désormais apprentie de la tendre louve blanche. Je lui rend son mouvement de tête salutaire, poli sans déborder d'affection. Tant qu'elle ne suit pas la trace de tous ces traîtres, je me fiche pas mal de ce qu'elle fait de ses journées. Je reporte mon attention sur Manîthil, la mère de mon frère, cette mère que j'aurais aimé avoir.
- Je m'suis peut-être un peu battu ...
Par un réflexe dont j'ignore l'origine, je plaque mes oreilles contre mon crâne comme si j'étais sur le point de me faire disputer. Face à elle, je ne suis qu'un louveteau de trois mois, et je réagis en conséquence sans même me rendre compte que mes attitudes ne correspondent pas à l'âge que les Hommes m'ont donné. Je n'ai pas eu le droit à une enfance, et aujourd'hui le passé se mêle au présent comme s'il voulait rattraper le temps perdu.
C'était amusant voir même attendrissant la réaction de Adriel face à Manîthil lorsqu'il lui explique entre autre ce qu'il s'est passé. Attendrissant pour d'autres loups évidemment, pour Manîthil, son comportement l'amuse plus qu'autres choses. Pourquoi agit-il tel un louveteau face à elle ? Elle n'est pourtant pas sa mère, quoique, peut-être espère-t-il que la dame blanche le devienne ? Allez savoir …
Elle détailla le jeune loup en lui tournant autour pour vérifier l'état de ses blessures. En soit, il n'avait rien de bien alarmant, des griffures ci et là qui, toutefois, demande à être désinfecté pour ne pas risquer une infection. Elle se tourna alors et fila en direction de sa réserve pour y piocher quelques ingrédients. Elle y dépose près de Ulvys.
« Ulvys, commences à préparer la pâte à base d'oseille et de lavande. Tu viendras m'aider à lui étaler sur ses blessures. »
Elle saisit sa gourde entre ses crocs et s'approche du jeune Dragon pour faire écouler doucement l'eau aillé sur les différentes plaies de Adriel afin de commencer à y désinfecter. Une fois terminé, elle attendit que Ulvys ait terminé de préparer la mixture avant de commencer à y étaler à l'aide de son museau d'un côté tandis que son apprentie s'occuperait de l'autre côté ...
Soins effectués:
Équipement - Gourde Vide : Permet de recueillir du liquide et de le transporter.
Adriel - 1 Oseille : Favorise la guérison des blessures et brulures. - 1 Ail : Évite les infections suite à une blessure/morsure/brulure. Purifie l'estomac. - 1 Lavande : Vertus cicatrisantes et antiseptiques
Le jeune loup me fixa assez familèrement.. Je le connaissais donc ? Ce loup pourtant je n'avais aucun souvenir. Je devais fouiller dans mon ancienne mémoire. Un jour d'hiver..oui, c'était le jeune solitaire..oui. C'était lui. Je ne lâcha aucuns mots, aucunes émotions à l’attitude du mercenaire. Je fus observatrice, je connaissais mieux la dame blanche et je savais que elle jouait une comédie futile.
Je ne bougea pas attendant que mon mentor me donne les ordres. Elle contourna l'individu pour tenr en compte de la gravité et de la quantité des blessures. Elle s'en alla ensuite dans sa réserve sans mots et m'amena quelques ingrédients.
« Ulvys, commences à préparer la pâte à base d'oseille et de lavande. Tu viendras m'aider à lui étaler sur ses blessures. »
Bien. C'est parti. Je commença la préparation avec assiduité et rapidité. Enfin fini, je rejoignis ma maîtresse près du blessé et posa la mixture au sol et attendit l’autorisation.
Contrairement à ce qu'une mère aurait probablement fait, la louve immaculée ne dit rien. Elle ne me réprimande pas, ne me puni pas, ne décrète pas qu'elle m'avait prévenu. J'ignore si je ressens de la déception de ne pas avoir de règles imposées, ou si c'est la simple lassitude d'une vie que l'on ne m'a pas donnée qui me rend si différent des autres. Quoi qu'il en soit, je reste silencieux alors que chacune s'affaire à son travail. Je m'assieds docilement et j'attends que chacune ait terminé, que les ordres entre la mentor et l'apprentie aient été échangés pour qu'enfin commencent mes soins. Plus vite je serais remis sur pattes, et plus vite je pourrais retourner m'entraîner avec mes frères. Parce que bientôt, nous seront prêts. Et lorsque le grand jour arrivera, Père sortira des griffes de l'Enfer pour reprendre sa place sur les terres Navnik. Nous sommes le Dragons. Nous n'abandonnerons pas ce pour quoi nous nous sommes toujours battu. En nous tous coule le sang royal du fondateur de la meute, et c'est par notre biais que le fondateur recouvrera ses droits.Tôt, ou tard. Je lance un regard intrigué vers Manîthil, observant chacun de ses faits et gestes. Elle a toujours été d'un professionnalisme impressionnant, elle sait ce qu'elle fait et dans quel ordre agir. C'est probablement en elle que j'ai le plus confiance, en tout cas en ce qui concerne mes blessures de guerre. Je n'hésiterais jamais à me rendre chez elle pour mettre ma vie entre ses pattes, et si une Navnik en a fait de même pour devenir son apprentie, alors je ne fais probablement pas un mauvais choix en lui accordant ma confiance la plus totale.
Ulvys exécutait les ordres de Manîthil à la lettre sans se faire prier, préparant la mixture avant de la ramener et, la dame blanche fit signe à son apprentie de s'occuper d'un côté tandis qu'elle ferait l'autre. Appliquant la pâte sur les plaies du jeune loup, Manîthil se concentra, comme à son habitude, dans sa tâche. Elle appliquait la mixture partout où les blessures se trouvaient et, lorsqu'elle eut terminé, elle passa sa langue sur son museau pour retirer la pâte restante dessus. Elle fit ensuite le tour pour observer le travail de Ulvys et hocha doucement la tête avant de regarder Adriel.
« Dois-je te rappeler que, après des soins, il va te falloir du repos pour que tout cicatrice correctement ? Donc pas d'entraînement ou de bagarre, juste du repos, suis-je clair ? »
Elle le fixe d'un regard dur, appuyant ainsi sur les paroles qu'elle venait de dire. Il y a bien une chose que Manîthil déteste, c'est soigner dans le vent ! Soigner un loup pour qu'il aille se blesser davantage juste après. Non, elle n'aime pas épuiser son stock pour rien, cela l'agace et, le jeune Dragon ferait mieux de ne pas l'énerver en n'en faisant qu'à sa tête car, si il pensait se faire gronder par la dame blanche en expliquant le pourquoi de son état et en adoptant une posture de louveteau, il risquait bien pire si il venait à se reblesser dans les jours qui suit son traitement actuelle et là, oui, il se fera taper sur les pattes, comme elle l'avait fait avec cet idiot de Gamin qu'elle garde avec elle et qui a eu la bonne idée de lécher une amanite … Enfin au moins, il s'en était remis, heureusement qu'elle avait réagit rapidement sinon il serait mort … Bon en même temps, ce n'est pas son problème, mais avoir du veiller sur ce sale gosse muet pour qu'il meurt bêtement, non, ce n'est pas dans ses plans.
La blanche s'ébroua avant de s'asseoir devant le jeune loup, ses yeux argenté posés sur lui tandis que quelque chose vient à son esprit et la fait sourire intérieurement.
« Si jamais tu croises mon adorable fils, tu lui salueras de ma part, ça fait un moment que je ne l'ai pas vu. »
Dit-elle d'une voix douce sans y penser réellement car, après tout, n'est-ce pas elle qui a abandonné ce petit braillard quand il n'était qu'un louveteau ? Certes, il était sa propre chaire mais, à cette époque, et même peut-être pour toujours, elle n'a pas réussit à avoir la fibre maternelle, pas après ce qu'elle a traversé pour le mettre au monde mais, ça, visiblement, Adriel l'ignore et ce n'est pas plus mal ...
Je me lécha soyeusement la patte après le travail effectué et l’approbation de ma mentor. Je me recula ensuite laissant le jeune loup se relevait et me retira derrière ma maîtresse. Je lui fit un petit sourire en coin plutôt taquin. Je m'assis à son arrière et la laissa faire son travail.
« Dois-je te rappeler que, après des soins, il va te falloir du repos pour que tout cicatrice correctement ? Donc pas d'entraînement ou de bagarre, juste du repos, suis-je clair ? »
Je fis un hochement de tête pour appuyer les paroles de la vieille. J'aime l'appeler comme ça. Elle avait un air de vieille sage des bois et d'un fort caractère. Pardon, d'un sale caractère. Je finis par prononcer quelques mots.
"Reposes toi bien Le Loup."
Je l'avais connu sous ce nom, maintenant je ne savais pas comment il se nommait. Mais qu'importe. Ma voix était fausse mais dissimulée, c'est vrai que je ne le pensais pas vraiment. Qu'il se bat pour revenir, on aura plus de frics.
« Si jamais tu croises mon adorable fils, tu lui salueras de ma part, ça fait un moment que je ne l'ai pas vu. »
Je ne fus pas surprise d'entendre la blanche avoir un fils. Mais même si elle donnait l'impression de s'en préoccuper. Moi j'ai toujours la fibre maternelle ? J'avais eu un fils adoptif et dès lors je l'avais pris comme miens mais il n'est plus. Alors à quoi bon ? Depuis je m'étais promis de ne pas en avoir, et si par accident ça se produisait je ne pouvais le tolérer.
Des va-et-vient presque incessants, chacune s'occupe d'un côté tandis que l'autre fait sa part du boulot. Je pourrais me sentir comme un roi, ou comme un prince -un prince déchu en fait- si j'étais du genre coquet. Je me tais et j'observe, la formation de guérisseur doit être fort passionnante pour que louve anciennement protégeant les terres de sa meute ait décidé d'échanger sa place pour apprendre aux côtés d'une guérisseuse solitaire. Après tout pourquoi pas ? Je suis bien devenu chien de combat après avoir été un simple louveteau avide et téméraire ... Je plonge dans mes pensées quelques instants, n'ayant de toute façon rien de mieux à faire pendant que les louves prennent leur travail le plus au sérieux possible et recouvrent mes plaies de diverses mixtures pour qu'elles ne deviennent à leur tour plus que de simples souvenirs. Peut-être quelques cicatrices se feront-elles la place sur mon pelage brun, mais qu'importe tant que je vais bien.
- Dois-je te rappeler que, après des soins, il va te falloir du repos pour que tout cicatrise correctement ? Donc pas d'entraînement ou de bagarre, juste du repos, suis-je claire ?
Je pose un regard attentif sur la louve immaculée. Du repos ? Pitié non ! J'ai encore tant de choses à faire ! Je la fixe de mon regard sincère, la détermination et l'inquiétude vibrant dans mes yeux bruns. Serais-je obligé ? Dis-moi que non, je t'en prie ... Mais elle n'en démord pas. Pas besoin d'insister pour savoir qu'elle est sérieuse, que je n'ai pas d'autre choix. Pas d'entraînements avant un moment, les ordres sont clairs. Je soupire en baissant légèrement les yeux, vaincu. Je me relève et m'éloigne de quelques pas, observant les différents soins sur mon corps.
- Reposes-toi bien, le Loup.
Je pose sur la seconde louve blanche un regard poli, la remerciant d'un mouvement de tête. Je me rapproche vers la sortie, il est temps pour moi de disparaître à nouveau, jusqu'à mes prochains besoins médicaux.
- Si jamais tu croises mon adorable fils, tu lui salueras de ma part, ça fait un moment que je ne l'ai pas vu.
Je remue la queue en me retournant rapidement vers elle, et je lui lance un regard empli d'admiration et presque ... d'amour. Je savais qu'elle penserait à mon frère ! Je savais qu'elle me dirait un mot pour lui, parce qu'elle nous aime même si elle est restée solitaire. Je souris en coin, et je les remercie une nouvelle fois d'un autre mouvement de tête. Alors, trottant, heureux comme tout, je quitte les lieux en silence et je disparais dans les bois. Plus qu'à trouver Pandémonium pour lui dire de rendre visite à sa mère, qu'il lui manque. Je suis sûr que sous ses airs bougons, mon frère tient à elle.