Athos regarda vers le ciel. Aucun astre n’était visible tant les nuages étaient présents cette nuit-là. Le soleil n’était pas encore levé, il était tôt, très tôt ce matin-là. Il était difficile pour lui de ne pas se lever tôt avec toutes les choses qui lui embrouillaient les esprits. C’était vraiment une période difficile, et les temps n’allaient certainement pas en s’améliorant. A vrai dire, Athos avait pourtant eu l’occasion de s’éclaircir l’esprit. Cette nuit-là, il s’était levé au beau milieu de la nuit pour se promener et tenter de mettre ses idées en ordre, si bien qu’il s’était rendu compte qu’il y avait plein de choses à faire qu’il n’avait pas faites. Par exemple, il lui fallait parler à Nilaya. Il fallait qu’il lui demande une chose importante. Il avait besoin de lui dire.


Mais tout de suite, autre chose lui vint à l’esprit. Il était très tôt, et pourtant une odeur planait déjà dans l’air, une odeur qu’il connaissait, quelqu’un s’était levé bien tôt. Peut-être qu’il serait bon de lui parler, à lui aussi. Wamblee. L’ancien compagnon d’Eesia. Finalement, ni l’un ni l’autre ne l’avait eu à jamais. Athos parce qu’il s’était senti trahi, et Wamblee... Athos ne s’en souvenait plus vraiment, il n’avait pas retenu l’intégralité de ce que Eesia lui avait raconté. Il avait simplement retenu ce qui l’avait blessée. Mais le passé était le passé, même si cela écorchait Athos de se dire cela. C’est là que le jeune général vit le loup. Athos, durant son séjour en cage, avait eu l’occasion de réfléchir à beaucoup, beaucoup, vraiment beaucoup de choses. A vrai dire, même s’il avait pu sortir bien avant les autres grâce à son évasion, il était bien resté plusieurs semaines dans ce maudit laboratoire. Et évidemment, est venu le moment des questions. Parmi ces questions, un jour, il avait réfléchi à Wamblee, traitre d’après Athos, en plus d’être l’ancien amant de celle qu’il convoitait. Mais après la fuite d’Athos, pendant ses excursions et ses missions d’éclaireur au laboratoire, il avait changé d’avis, ce qui était rare, très rare. Il s’était dit deux choses. D’abord, il avait été injuste. Lui qui prônait ses belles valeurs morales, son sens de la droiture et de la justice, lui qui pensait dur comme fer agir comme un justicier, avait condamné Wamblee dès qu’il avait su son retour. Et il ne l’avait pas seulement condamné pour sa traitrise. Il fallait qu’Athos se l’avoue. Pour la première fois en toute une vie, il avait été jaloux. La seule pensée qu’Eesia ait pu appartenir à ce personnage le mettait hors de lui. Pourtant, pour qu’Athos comprenne cela, il a fallu qu’il soit lui même dans une situation difficile. Il ne s’en voulait pas, ce n’était pas du tout son genre. Mais il n’aimait pas, non en fait il détestait, commettre des erreurs. Alors, ils songea qu’il fallait parler. Peut être que ce n’était pas du tout une bonne idée. Peut être que ça pourrait mal finir. Mais Athos avait la justice dans le sang.


Doucement, le jeune général s’était approché de la silhouette qui se profilait au loin. Puis, lorsqu’il arriva à quelques mètres de Wamblee, il déclara :


« On dirait que le plus dur est à venir. »


Le ciel était si nuageux que même la nuit en semblait cacher. Ce climat ne présageait rien de bon pour l’ensemble des loups, quelle qu’en soit la meute. Mauvais présage ? Athos n’était pas superstitieux. Et de toute façon, il n’était pas là pour parler de la pluie et du beau temps. La phrase qu’il avait prononcée était lourde de sens.