Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
29-25-27 Le soleil venait de se lever sur les terres et les premières lueurs du jour avaient brisé les dernières chapes de ténèbres nocturne de leur éclat. Mes yeux s'ouvrirent malgré moi sur l'intérieur des ruines de la chapelle. Remuant sur moi même pour trouver une position plus confortable afin de me rendormir, je me rends bien vite compte que c'est peine perdue. Morphée estime que j'ai assez profité de lui et ne souhaite surement pas m'accorder du rab de sommeil. Alors, je me lève d'un bond souple. Je m'ébroue pour me débarrasser de la poussière dans mon pelage avant de faire ma toilette. Tout en lissant mon pelage en bataille, je prends le temps d'observer ma mère et ma sœur blottie l'une contre l'autre et dormant d'un sommeil de plomb. Si, j'avais pu hérité de l'aptitude à dormir de mère. Enfin, ne dit on pas que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Je cherche Ebène du regard mais ne le trouve pas. Mon père n'a jamais eu besoin de beaucoup de sommeil pour être au maximum de ses capacités. Je louvoie entre les loups en train de finir leur nuit et quitte la chapelle d'un pas léger. Savourant, une légère brise sur mon pelage je ferme les yeux et laisse l'air frais me revigorer. Puis, je décide de me rendre dans les dunes de sable pour le plaisir du panorama. Une fois sur les lieux, je repère l'odeur d'un jeune de mon âge. Fouillant dans ma mémoire, je cherche à la restituer à son propriétaire mais n'y parviens pas alors je suis la piste jusqu'à me retrouver en vue d'Oreka. Le fils adoptif de Leikn il me semble. J'arrive dans son dos et lui lance d'une voix étonnement joyeuse pour quelqu'un comme moi : Salut Oreka. Qu'est ce que tu fais ici ? .
La dune de sable. Un endroit à la fois froid et merveilleux, dont la beauté n’a d’égale que l’absence de vie apparente qui y règne. Debout bien droit sur le sable encore froid à la suite de l’une des dernières nuits hivernales, Oreka observait dans un silence religieux le spectacle éblouissant du lever de soleil. Petit à petit, alors que ses rayons chassaient l’obscurité pour apporter une touche de chaleur, les minutes s’écoulaient mollement. Le jeune Navnik n’était pas vraiment de ceux qui dormaient longtemps. Tout le moins, pas avec tout le monde. Autant seul il pouvait dormir une journée entière, autant en présence des siens, dans la tanière, il ne parvenait qu’à enligner qu’une poignée d’heures de sommeil.
Il devait être éveillé depuis une bonne heure déjà quand ne voix surgit de nulle part, résonnant derrière lui. Complètement perdu dans ses pensées, Oreka n’avait rien vu venir. Un léger sursaut s’empara de lui alors qu’il tournait vivement la tête pour apercevoir un autre canidé, au pelage sombre entaché de couleurs plus pâles. C’était un apprenti de la meute qui avait à peu près son âge. Rhaegar si les souvenirs d’Oreka étaient exactes. Il ne se souvenait pas que son compatriote de meute fût exceptionnellement amical, pourtant, ce matin-là, son exclamation était plutôt chaleureuse. Peut-être était-il simplement content de trouver âme qui vive à cette heure si matinale ?
- Salut Oreka. Qu'est-ce que tu fais ici ?
Prenant quelques secondes pour se remettre de la surprise, le loup lui répondit volontiers :
- Salut. Ben en fait… J’en sais rien. Je suis venu regarder le lever du soleil je crois. Et toi ? Je te trouve bien matinal pour quelqu’un qui viens d’une famille de dormeurs professionnels.
Oreka ne connaissait pas vraiment la famille de son interlocuteur. En fait, tout ce dont il avait remarqué à leur sujet était que les deux femelles en faisant parties aimaient bien être les dernières à sortir de la tanière le matin…
29-25-27 Le jeune loup de quelques mois mon ainé sembla surpris de me voir et mis quelques instants à se reconnecter à la réalité ou à se remettre de sa surprise. Il ne faut pas pousser non plus. Certes, j'avais passé une bonne partie de l'hiver à dormir le plus longtemps possible. En même temps ayant été assigné à résidence dans le cœur de la chapelle comme tous les louveteaux de la meute, je ne voyais pas ce que j'aurais pu faire d'autre. L'hiver ne m'avait pourtant pas empêché de m'entrainer et de nourrir la meute de mes maigres recherches de nourriture. Les règles sont faites pour être contournées. Et, puis je ne vois pas ou est le problème quand mes actions servent l'intérêt de la meute. M'enfin, nous ne sommes pas là pour écrire mes mémoires, bien modestes somme toute. Je ne suis encore qu'un louveteau. La réponse d'Oreka ne se fit pas plus attendre :- Salut. Ben en fait… J’en sais rien. Je suis venu regarder le lever du soleil je crois. Et toi ? Je te trouve bien matinal pour quelqu’un qui viens d’une famille de dormeurs professionnels. Un sourire en coin étire lentement mes babines, signe évident de mon amusement. Elerinna et Nyssa ont donc une réputation d'envergure internationale bon disons régionale pour commencer. En quoi est ce un problème que ma mère se fatigue facilement. Elle vient tout juste de participer à la libération des prisonniers. Quant à ma petite sœur, c'est un cas particulier et ce n'est pas le moment adéquat pour en discuter. Et encore une fois, l'hiver a un certain effet sur notre métabolisme. Néanmoins, je suis réellement amusé par la remarque d'Oreka. Je réponds : Tu as bien raison c'est un spectacle absolument superbe mais je dois reconnaître que j'ai une petite préférence pour les couchers de soleil. Certes, ma mère et ma sœur pourrait passer des journées entières à roupiller mais ce n'est absolument pas mon cas et encore moins celui de mon père et de mon oncle qui sont surement debout depuis bien plus longtemps que toi. Quoi que je dois bien avouer que ca pour pioncer, j'ai bien pioncer cet hiver. Un petit entrainement t'intéresserait il ? Oui, je passe du coq à l'âne. Et alors ? Cela fait trop longtemps que je ne me suis pas entrainé. Il va vraiment falloir que je retrouve Djall. Et puis, faire face à un autre apprenti devrait se révéler intéressant.
Alors que l’apprenti lui répondait, Oreka sourit. Il ne connaissait pas vraiment le père du loup et encore moins son oncle. Tout le moins, il ne les savait pas parents. Alors que le membre de sa meute commença par lui donner raison, il enchaîna sur une proposition d’entraînement. Le regard soudain brillant, le sourire d'Oreka devint narquois. Il tendit les oreilles vers lui. C’était une très bonne idée qu’il avait eu.
Il ne prit même pas la peine de lui répondre. D’un seul coup, il s’accroupit en position d’attaque avant de se jeter sur son interlocuteur qui n’avait rien vu venir. Oreka était très grand, mais il n’en restait pas moins très léger et pas très fort. Sans aucun doute l’autre gagnerait-il à la fin du combat, mais pour l’instant, le coureur avait l’intention de tout donner.
Atterrissant sur l’autre loup, il essaya de le clouer au sol. Donnant de légers coups de dents vers sa gorge, il s’assurait bien sûr de ne pas le blessé. Il s’agissait d’un entraînement, pas d’un affrontement réel. Les blessures étaient inutiles et puis ils passeraient totalement outre de leurs intentions s’ils mordaient férocement leur adversaire...
29-25-27 Le sourire du louveteau face à moi m'indiqua clairement qu'il ne connaissait pas mon père ni mon oncle ou du moins il les connaissait mais ne connaissait pas le lien de parenté qui m'unissait aux deux loups. Peu importe, ce n'est pas comme si je criais sur tout les toits mon ascendance avec le bras droit et le guérisseur de la meute ni même comme si j'en tirais une quelconque fierté quand bien même je devrais surement. Non, c'est lui qui a mené la discussion sur le sujet de la famille. Enfin bref, revenons en à nos moutons. Car, je ne l'ai pas accosté pour l'accoster. Ce n'est franchement pas mon genre. Les yeux de l'apprenti se mettent littéralement à briller lorsque je lui parle de s'entrainer. Ce qui m'amuse grandement. N'as tu pas de mentor mon cher Oreka ? Car, d'habitude ce sont les louveteaux bien plus jeune qui ont les yeux qui pétillent à l'idée de s'entrainer. L'amusement passe à l'hilarité lorsque je vois un sourire narquois étirer les lèvres de mon futur partenaire d'entrainement. Pourtant, mon visage n'est toujours qu'un masque impassible. Tu viens par ton attitude de m'avouer ton inexpérience malgré notre différence d'âge. Mais, bien plus que cela je suis amusé par le simple fait qu'Oreka s'imagine qu'il puisse me battre. Alors que je m'entraine durement depuis mes cinq mois, que mon mentor m'en fait bavé à chaque entrainement afin que la difficulté me fasse rigoler et passe pour un jeu à mes yeux et que j'ai facilement tenu tète à une louve adulte lors d'un combat "réel". Serais je imbu de ma personne ? Non, juste totalement confiant en mes capacités. Le louveteau de quelques mois mon ainé se jeta sur moi par surprise et me cloua au sol tout en tentant de m'érafler la gorge de ses crocs. Un rire s'échappa de ma gorge et brisa le silence ambiant. Je ne bouge pas d'un iota, prenant tout mon temps pour constater que le poids de mon adversaire est bien plus léger que le mien. Il est néanmoins plus haut sur patte ce qui devrait lui donner l'avantage de la vitesse. Un coup de tète dans la mâchoire du louveteau comme entame de match fut bien vite suivi par une ruade furieuse pour faire basculer Oreka vers moi de sorte que je puisse planter mes crocs dans sa gorge. Délicatement hein, je ne compte pas l'égorger non plus. Puis, prenant appui sur l'arrière de mon corps je projette le louveteau par dessus ma tète. Je me relève bien vite et esquisse un grand sourire tandis que l'ivresse du combat me chauffe les veines. J'avais presque oublié à quel point j'aime me battre. Allez Oreka ! On ne va pas s'arrêter en si bon chemin.