Le désespoir et la faim étaient palpables au sein de la meute. Les louveteaux criaient famines alors que leurs mères ne faisaient plus de lait. Les guerriers s'affaiblissaient de jour en jour et l'humeur des alphas s'assombrissaient au fur et à mesure qu'ils voyaient leur meute dépérir. Le monde vivait une période glaciaire dure et impitoyable. Chaque loup devait donner son maximum pour le siens et la générale n'échappait pas à cette règle d'or. Entre les patrouilles et les recherches de nourriture, elle n'avait plus une minute à perdre. L'entraînement de son novice, Rhaegar, avait été mis entre parenthèses le temps que la crise biologique passe. Seulement, le temps s'écoulait et la neige tenait encore au sol. Il allait falloir penser à reprendre sa formation malgré les intempéries.

Djall avait terminé sa toilette. Elle secoua sa fourrure argentée et s'engouffra dans le vent froid et les flocons qui constellèrent bien vite ses poils gris. Elle partait à la recherche de denrées quelconques pour approvisionner sa meute. Les loups étaient cruellement en manque de nourriture et de plantes soignantes. Ces difficultés à survivre avaient éclipsé la guerre, ce qui n'était pas pour déplaire à Djall. Elle marchait le nez au ras de la poudreuse pour essayer de repérer une odeur, même ténue, à travers la neige. Le bout de son museau était blanc à force de trainer par-terre. Elle espérait sincèrement ne pas revenir au camp bredouille.

Le temps passait et la jeune louve tournait désespérément en rond, sans jamais tomber sur quelque chose d'intéressant. En entreprenant ces recherches, elle n'espérait pas trouver de la chaire fraîche, elle n'était pas naïve. Seulement, elle avait l'intime espoir de dénicher une charogne encore mangeable. Elle envoya valser un petit tas de neige d'un violent coup de museau rageur. Elle s'enfonçait dans la poudreuse jusqu'au poitrail et peinait à progresser sous le flot continu de flocons blancs. Elle poussa un couinement de détresse alors qu'elle sentait qu'elle perdait les pédales. Elle se mit à courir, tant pis si cela l'épuisait car elle sentait qu'elle en avait besoin pour sa santé mentale. S'extirper de la neige lui demandait un effort fou à chaque foulée mais cela lui importait peu. Lorsqu'elle se sentit revenir à la réalité, elle ralentit considérablement l'allure et revint à ses recherches. Elle ne comptait pas revenir bredouille, pas cette fois.