C'est avec beaucoup d'entrain que je sortit du camp, en compagnie d'un guerrier Esobek du nom de Solek (PNJ), afin d'aller chasser.
Effectivement, la fin du mois approchait et la Meute avait toujours besoin de nourriture. Il était donc nécessaire de ramener du gibier.

Etant d'humeur magnanime, j'avais accepté l'offre de Solek - ou plutôt, il avait accepté la mienne - qui consistait à essayer de trouver une piste dans le Bosquet tortueux.

Je marchais d'un pas rapide pour rester à la hauteur du Chasseur. Il était plutôt grand et arborait des muscles finement ciselés par des années de service. D'ici quelques années, je réussirai peut-être à le rattraper - en taille, du moins.
Quelques années… C'était trop long !

Je marchais distraitement à ses côtés, les sens aux aguets. C'est alors que le Chasseur à mes côtés se stoppa net, la truffe en l'air et les muscles bandés.

« Wakanda, lève le museau au ciel et hume l'air. Que sens-tu ? »

Je m'exécutai et emplit mes poumons d'air. Je tentai de filtrer les odeurs; écartant celles de la végétation, celle de Solek, et même la mienne. Et pourtant…

« Rien. Je ne sens rien », admis-je à contre-coeur.

Solek me lança un regard amusé.

« Rien de plus normal. Il n'y a rien par ici. Je voulais m'assurer que ton flair était bon. Certains louveteaux ont tendance à flairer des proies imaginaires, poussés par l'excitation. »

J'acquiesçai en silence, retenant mes protestations. Un louveteau incapable de flairer une proie ? C'est donc ainsi que l'on me voyait ?
Nous continuâmes notre route en silence, situant entre les arbres calcinés.

Nous marchions depuis ce qui me semblait être une éternité. Et pas une seule odeur en proie en vue. Aucune odeur.
Bizarre. Pourtant, je pensais qu'avec le printemps revenaient les proies. Il fallait croire que non.

« Pourquoi ne trouvons-nous rien ? » me plaignis-je.

Solek, tout en avançant, dit d'une voix qui me parut lasse.

« Le Destin choisit. »

Etrange réponse. Je le scrutais, les oreilles dressés, le regard inquisiteur. Mais Solek resta muet.
Si le Destin existait, pourquoi fallait-il qu'il nous fasse mauvaise fortune ? Allions nous souffrir de famine ce mois-ci ?

Nous marchions, nous marchions… Et Solek se stoppa une seconde fois. Je faillis ne pas le remarquer.
Je revenais vers lui, contenant mon agacement. Si c'était pour me refaire un de ses tests débiles pour louveteau attardé, c'était hors de question !
Cependant, cette fois-ci, il semblait voir remarqué quelque chose. Il avait le museau légèrement élevé, la truffe frémissante, les griffes plantées dans le sol.

Une proie ? Enfin ?

Je fis de même. Je me concentrais, fermant les yeux et inspirant à fond. Parmi l'odeur de végétation, une odeur ténue me parvint… Une odeur de… De quoi d'ailleurs ?

« Quelle est cet animal ? demandai-je en rouvrant les yeux.

« Une génisse. Elle s'est sûrement égarée d'une ferme humaine. »

Une génisse. C'était imposant, ça ? Nous allions voir. J'attendis quelques instants et suivit Solek qui partit à une allure effrénée.
Nous courions à en perdre haleine. Je tâchai de rester discrète comme Solek, mais ce n'était pas chose facile. Nous finîmes notre course sur une corniche de pierre et de mousse. Elle donnait sur une petite combe mousseuse ou une jeune vache broutait tranquillement.

« Tu vas m'aider. Reste ici tandis que je fais le tour de la combe; nous attaquerons par deux fronts. Attends mon signal. »

Il s'élança furtivement et disparut.
Et là, j'attendis. J'attendis.

Je faillis croire qu'il m'avait oublié et m'avait abandonné ici. Quel lâcheté !
Mais non. Je captai un léger craquement de branche. Le signal.

Alors je m'élançai sur la proie, les yeux brillants, les crocs dévoilés et les pattes prêtent à déchiqueter. J'atterris sur la croupe de l'animal et l'attaquai avec fougue, plantant mes crocs dans sa chair. Mais l'animal se défendit, ruant comme un diable. Je plantai mes griffes mais je me sentais glisser. C'est alors que Solek apparut, prenant la génisse par le cou en tentant de la plaquer au sol avec ses pattes.

Je me laissai glisser et poussai moi aussi l'animal. A nous deux, elle fut renversée et plaquée au sol. Solek ne lâchait plus la proie, ses crocs plantés dans son encolure. La pauvre vache avait les yeux révulsés de peur et ne parvenait plus à se mettre debout.
J'évitai un coup de sabot de justesse.
Sa blessure à la jugulaire lui fut finalement fatale et elle rendit l'âme. Solek se dégagea et scruta la génisse avec des yeux brillants.

Il recula de quelques pas et lança un magnifique hurlement qui retentit dans tout le bosquet.
« Merci pour ta chair, noble proie. Il nourrira notre Meute et la rendra plus forte. »

Il s'inclina brièvement.

« Bravo Wakanda. Tu as été un peu précipitée mais très agile et tu as distrait la proie, cela m'as permit de l'attaquer de front. Ramenons la à la cave sans tarder »

Et tous deux, nous nous adonnâmes à tirer notre fardeau jusqu'à la Cave soufflée.

« Merci Destin » pensai-je en mon fort intérieur.