ONE SHOT
Défis « Retour en enfance » & « Amateur de VPO »
Oreka était un loup. Un mammifère de la famille des canidés qui voit le jour directement en quittant le corps de sa mère sans jamais passer par le stade
d’œuf. Là d’où il venait, ces confrères lupins n’avaient pas de nom de lune.
Ils étaient de grands prédateurs, fiers de leur race, de leur racines.
Alors que leur Alpha donne naissance à des petits après s’être accouplée avec un chien c’était inconcevable. Le chien en lui-même était un husky, soit pas très loin de ressembler à un véritable loup. Cependant, le reste du groupe ne semblait guère apprécier que le compagnon de vie de leur chef soit également le meilleur ami de l’homme qui les chassait. Ce même chien, nourris de
beefsteak, d’entrecôtes et tout autre morceau de viande savoureuse qu’il n’avait même pas besoin de chasser, vivait toujours parmi les hommes pour qui il avait une loyauté sans pareil. Puis un jour, alors que la chef des loups attendait une seconde portée qui salirait d’avantage le sang de la meute, son compagnon, cette sous-catégorie de canidé, avait disparus. Selon les rumeurs, il était mort. Alors que les uns s’en réjouissaient, les autres étaient persuadés que le meurtrier était des leurs.
La femelle avait donc mise bas seule dans sa tanière, accompagnée de sa fille, Hekima. Elle avait mis au monde trois jeunes chien-loup, dont deux étaient morts nés. Le seul survivant fût baptisé Oreka.
La nuit avait été longue et difficile, mais, au matin, lors qu’Oreka prit sa toute première bouffée d’air, que celle-ci s’infiltra douloureusement dans ses poumons, il poussa son tout premier gémissement. Il n’était pas très réussit. Il manquait un peu de volume et de vigueur, mais son deuxième, par conséquent, fût beaucoup plus fort. Soulevant maladroitement sa tête en quête du lait chaud dont l’odeur l’enivrait déjà, sa truffe frôla le poil doux de sa mère pour la toute première fois. Alors que celle-ci le nettoyait avec de grands coups de langue affectueux, le jeune loup se nourrissait avidement. Il y avait beaucoup de bruits à l’extérieur. Le vent, les loups, les proies… Alors que tout cela était apporté par bourrasques au nouveau-né, il fût rapidement submergé d’informations.
Ce fût, bien sûr, pire lorsque trois jours plus tard, il parvint enfin à ouvrir les yeux. Alors que la lumière le percutait de plein fouet, les couleurs dansantes se mirent en place alors que la toute petite bête émerveillée, regardait tout autour d’elle. Avançant péniblement sur le sol, en quête de la sortie de la tanière, là où l’activité semblait battre son plein, il sentait son cœur battre rapidement dans sa poitrine. Alors qu’il arrivait à destination, ses yeux ne pouvaient s’ouvrir plus grand. Devant lui toute sorte d’odeurs, de bruit et d’images se bousculaient. Il avait envie d’en voir plus, d’explorer ce monde qui semblait si vaste, si beau. Mais, alors qu’il s’apprêtait à continuer, une grande ombre le recouvrit. Il s’agissait d’une large silhouette sombre aux yeux menaçants. Dès la première impression, la petite chose au sol eut peur. Très peur. Lâchant un gémissement plaintif, il vit les crocs de son assaillant se découvrir quand, soudain une voix qu’il connaissait si bien s’éleva. Automatiquement, les dents menaçantes furent remplacées par un sourire étincelant alors que la mère d’Oreka, avec sa longue fourrure blanche et soyeuse s’approchait.
Elle adressa quelques mots au prédateur qui échappèrent au petit. Malgré tout, ils semblaient se connaître et le visage de l’alpha trahissait un certain attachement envers ce loup aux aspects si terrifiants. Elle lui faisait visiblement confiance. Alors que la louve ramassait son petit et l’emmenait à l’intérieur, tout au fond de la tanière, elle se coucha et se blottis contre lui. Alors qu’elle lui murmurait doucement, Oreka, cette fois comprit ses paroles, bien que le sens sembla lui échapper.
-
Tu dois être prudent, murmurait-elle, le monde extérieur est très dangereux mon petit. Le jour où tu seras assez fort, tu iras, mais pour l’heure tu restera ici. Alors que la petite boule de poils tremblait toujours, apeurée, sa mère tenta de l’apaisé en lui passant doucement la langue sur le dos.
Oh ça oui, le monde était dangereux.
Et même sa mère ignorait jusqu’à quel point.