Le haut des tours en ruine étaient voilées par une épaisse couche de brume, donnant l'impression qu'elles s'étiraient sans fin vers le ciel. Au sol, une fine couche de neige recouvrait les rebords de l’impressionnante fissure qui courrait le long de la route. La nuit commençait à tomber, rendant les décombres des tours de pierre et de métal encore plus menaçantes et imperceptibles.

Epsilon pénétrait dans cet endroit pour la première fois de sa vie. Tel qu'il se l'était imaginé, les structures humaines étaient d'une taille et d'une étendue impressionnante. Les lieux étaient abandonnés, en friche. Des gravats jonchaient la route défoncée et la large fissure à coté de laquelle il marchait était d'une profondeur vertigineuse. En venant ici, le jeune loup savait qu'il s'exposait à des risques. Les humains étaient réputés dangereux et il était fatigué par la longue marche qu'il avait du faire avant d'arriver jusqu'ici. Cependant, il n'était pas déçu par ce qu'il découvrait. Cet endroit lui plaisait d'une certaine manière et puis, il y avait peu de chance pour qu'un humain repère sa fourrure blanche en pleine nuit, si l'un d'entre eux rodait dans les parages. De toute manière, il irait bientôt se trouver un endroit à l’abri de la neige afin de se reposer, car il ne comptait pas s'attarder trop longtemps dans les environs. Dès demain, il repartirait en direction des terres Sekmet.

Fiche réalisée par @Joy

La neige s'était mise à retomber doucement dès que la nuit avait fini de s'installer, plongeant le sommet des tours dans une obscurité mystérieuse. La faille qui sillonnait le sol était à peine visible désormais, sous la couche de brouillard et de flocons qui tourbillonnaient jusqu'à disparaitre dans sa gueule béante. Epsilon s'était mis à la recherche d'un endroit ou passer la nuit, au milieu des décombres, lorsque l'odeur d'un loup l'avait interpellé. Scrutant l'horizon, le jeune mâle perçut une silhouette noire comme la nuit se diriger calmement dans sa direction, à travers le brouillard.

Tout à coup, Epsilon sentit les poils de sa nuque se hérisser sans aucune raison. Cet inconnu ne portait l'odeur d'aucune meute. Ce n'était pas un Sekmet, pas un Esobek, pas un Navnik, et pourtant, il n'avait pas non plus la banale odeur d'un solitaire. Au fur et à mesure qu'il approchait, ses yeux dorés se détachaient de la pénombre et son corps, recouvert d'une fourrure noire apparaissait plus clairement. C'était un mâle de petite taille, presque plus petit que lui, mais néanmoins doté d'une musculature qui surpassait de loin la sienne. Si cet inconnu venait à l'attaquer, Epsilon savait qu'il ne tiendrait probablement pas longtemps. Malgré ses entrainements avec Athos et Hige, il n'était encore qu'un novice au combat, alors que ce loup, lui, était déjà un adulte et un combattant accompli. Il dégageait également une certaine prestance et n'avait pas l'air habité de bonnes intentions. Epsilon se sentait idiot d'avoir été aussi imprudent en venant seul ici... Il avait songé à se protéger des hommes certes, mais pas des loups : et celui-ci ne semblait pas amical. Il avait un mauvais pressentiment à son égard.

- Qu’est-ce qu’un jeune enfant comme toi peut bien faire ici en plein milieu de la nuit ?
Demanda le mâle sombre en dénudant ses crocs, proche de lui. Epsilon le toisa d'un regard froid, tachant de demeurer calme et impassible malgré la pique que venait de lui envoyer l'adulte. Le terme de "jeune enfant" l'agaçait toujours autant, mais c'était bien l'unique objectif de cette appellation. Il devait garder ses idées claires et ne pas céder à l'énervement. L'autre reprit sa marche, frôlant son corps. Epsilon sentit ses crocs se découvrir, peu à peu.

- Des choses dangereuses rôdent par ici lorsque la Lune est haute.

Il le laissa faire le tour de son corps, surveillant ses mouvements. Si ce loup noir avait vraiment voulu l'attaquer, il l'aurait fait sans perdre de temps. Pour le moment, il tentait seulement de lui faire peur, de s'amuser avec lui...

- Papa et maman seraient dévastés s’ils retrouvaient leur enfant démembré au bord de la Blessure, attaqué par une créature sanguinaire.

Papa et maman... ? Son sang ne fit qu'un tour. En principe, tous les louveteaux n'auraient pu qu'approuver ces paroles, car c'était bien ce qui inquiétait le plus les parents d'un enfant, sa sécurité. Toutefois lui, il n'avait pas de parents. Poussant un grognement sourd, il fit volte-face, ses crocs découverts claquant dans le vide.

- La ferme ! Aboya-il. Tant pis pour la raclée qu'il risquait de se prendre, cet inconnu avait été trop loin. Tu essaie de me faire peur ? Je ne suis pas un gamin égaré et mes parents se moquent bien de ce qui peut m'arriver. Ma mère serait probablement ravie que tu la débarrasse de moi, alors arrête de parler de ce que tu ne connais pas !

Ses oreilles se rabattirent en arrière tendit que ses mâchoires se resserreraient. Il pensa à Moro, à la manière dont elle réagirait, si il finissait broyé entre les crocs de ce loup noir. Verserait t-elle au moins une larme, ou détournerait t-elle la tête d'un air indifférent ? Elle ne s'était jamais souciée de lui. Son père non plus. Savait t-il seulement qu'il avait des fils ? Si il avait été là, peut-être qu'il l'aurait empêché de venir risquer sa vie dans cette ville humaine. Peut-être qu'il aurait été bienveillant à son égard, comme un père devait l'être. Mais non, en guise de père, il n'avait que l'ombre d'un lâche sans nom.

- Si tu me tue... il souffla, le poitrail relevé ... Je t'assure que personne n'en sera dévasté.

Son frère le serait, peut-être, mais mis à part lui, qui le regretterait ?

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Epsilon ne savait pas ce qui allait advenir de lui. A présent qu'il avait exposé ses faiblesses avec véhémence, il s'attendait à ce que le solitaire lui saute à la gorge d'une minute à l'autre... Son corps était tendu, résultant de le profonde tourmente qui l'habitait. Pourquoi était t-il venu au monde ? C'était une question qu'il ne cessait de se répéter. Ce soir, il allait probablement finir dans une flaque de sang sans jamais avoir pu y répondre. Il disparaitrait tel qu'il était venu au monde : dans l’indifférence la plus totale. Pourtant, au fond de lui, il avait envie de vivre. Même si il n'avait pas de père, même si sa mère le haïssait, même si il se posait toutes ces question, il avait une profonde et farouche envie de vivre.

Le jeune loup serra les crocs, prêt à se défendre. Cependant, le combat auquel il s'attendait ne s'engagea pas. Bien que ses paroles n'avaient eu nulle vocation d’attendrir son interlocuteur, cela sembla bien être le cas. Les oreilles abaissées, le mâle noir avait perdu son air confiant pour laisser place à une mine désolée. A t-il pitié de moi ? S'interrogea Epsilon avec dégout. De quel minable dois-je avoir l'air... ?

- Excuse-moi, je ne pensais pas te heurter à ce point, je voulais juste te faire peur, c’est tout. On s’occupe comme on peut quand on est un Solitaire mal-aimé ... il fit doucement, se rapprochant d'un pas avec diligence. Epsilon recula. Il n’avait aucune confiance envers cet individu.

- Quel genre de mère peut donc laisser son fils à l’abandon ? Et ton père ? Tu n’en n’as pas parlé, est-ce que tu le connais ? Questionna t-il avec empathie.

Le mâle blanc eut envie de le planter la et de repartir d’où il venait sans plus attendre. Il n'avait aucun besoin de raconter son histoire à ce solitaire douteux, pas plus qu'il n'appréciait la pitié dont il semblait faire preuve à son égard. Cependant, il avait déjà eu de la chance que le mâle noir ne réagisse pas agressivement à ses dernières paroles. A présent, mieux valait qu'il continue de faire profil bas jusqu'à ce que l'adulte s'en aille par lui même.

- Je ne le connais pas, répondit t-il en reprenant son expression froide, c'était un solitaire, un lâche. Il ne sait même pas que j'existe. C'est à cause de lui que ma mère me déteste, parce qu'il l'a abandonnée.

C'était ce que Moro lui avait toujours raconté. Le jeune loup ne doutait pas qu'elle avait sans doute modifié la réalité, mais il devait bien y avoir une raison pour qu'elle lui en veuille à ce point. Il imaginait son père comme un solitaire insignifiant. Un mâle sans états d’âme qui avait délaissé sa mère dès la première occasion. Il ne pensait pas avoir un jour la possibilité de rencontrer ce dernier afin de vérifier si son imagination l'avait bien représenté ou non.

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- Sans doute qu’il doit être le pire des lâches, pour abandonner ainsi une louve enceinte.

Approuva le solitaire. Epsilon ne dit rien. Il ne savait toujours pas si les paroles de cet inconnu étaient sincères, mais si elles ne l'étaient pas, alors il mentait bien. Peut être qu'il était le premier à délaisser ses responsabilités. Un solitaire comme lui ne devait probablement pas s'attacher à une femelle et à des louveteaux... Quoi que, c'était peut-être tout le contraire en réalité. Et si ce loup noir était en réalité un père exemplaire ? Epslion ne pouvait pas le savoir, il n’arrivait pas à percer le mystère de ces prunelles dorées qui le scrutaient avec empathie.

- Ce monstre de mère a-t-elle un nom ? Ajouta le noiraud. Peut-être l’ai-je déjà croisée sans le savoir.

- Moro, cracha Epsilon sans détour. Il n'avait absolument aucun remords à dévoiler le nom de sa génitrice à n'importe qui. Ce solitaire l'avait peut-être même bien rencontrée, elle qui n'avait pas toujours appartenu à une meute. Qu'il la connaisse ou pas importait peu de toute façon. Cela ne changerait rien à ce qu'elle avait fait. Cela ne lui rendrait pas son père.

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- Oh, Moro. Répéta le solitaire avec un roulement d'yeux.

Epsilon pointa légèrement les oreilles en avant. Sa génitrice était donc bel et bien connue de ce loup... Il s’agissait peut être là encore d'un mensonge, mais à bien y réfléchir, cet inconnu n'avait aucun intérêt à lui faire croire qu'il connaissait Moro si ce n'était pas le cas. En outre, cela n'avait absolument rien d'impossible. Moro avait vécu quelques années en tant que solitaire. C’était d'ailleurs durant cette période qu'elle avait rencontré son père. Il était donc parfaitement possible qu'elle ait également croisé la route de ce loup noir à un moment ou à un autre... En tout cas, elle ne semblait pas lui avoir laissé un excellent souvenir. Cela ne l'étonnait guère. Moro avait l'art de se rendre détestable.

Une étrange expression avait soudain frappé le visage du noiraud. Il avait relevé les yeux vers Epsilon, le jaugeant d'un regard qui le mettait mal à l'aise, comme si il venait de se souvenir d'une chose importante. Son visage avait perdu cet air faux qu'il empruntait plus tôt. Cette fois, il avait l'air sincère. Le jeune loup soutint les prunelles inquisitrices avec lequel il le dévisageait. Que se passait t-il donc ?

Le mâle sombre se mit soudain à racler nerveusement le sol de ses griffes. Il dénuda les crocs, comme saisi de fureur. Epsilon recula d'un pas, sur ses gardes. Pourquoi s'agitait-il ainsi, tout à coup ? Moro lui avait t-elle fait du mal par le passé ? Il commençait à regretter de lui avoir bêtement révélé l'identité de sa génitrice.... Il ne savait rien des actions qu'elle avait pu faire contre d'autres loups. Heureusement, le solitaire finit par reprendre progressivement son calme, rendant l’atmosphère un peu moins pesante.

- Dis moi, quel âge as-tu, fiston ?

Demanda t-il alors, son ton délesté de toute fausse émotion. La question était très sérieuse, et, inconsciemment, Epsilon crut comprendre ce qui se tramait dans l'esprit du mâle sombre. Il ne voulait pas comprendre, et pourtant, il comprenait. Il comprenait très bien.

- Dix mois, répondit t-il avec tout autant de sérieux. Sa voix vibrait légèrement. La pression commençait à montrer en lui. Ce à quoi il songeait était insensé, et pourtant, il ne pouvait pas se sortir cette idée de la tête. Il attendait la réponse du solitaire avec une angoisse qu'il n'avait jamais ressenti auparavant.

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Epsilon n'eut pas besoin d'attendre la réponse du loup noir pour comprendre, tant son attitude parlait d'elle même. Cette pensée qui le perturbait depuis tout à l'heure n'était donc pas une simple méprise ? C'était la vérité ? Nerveux, le jeune mâle recula d'un pas. Tout lui paraissait si flou. Tout, sauf son cœur, qui lui, battait à pleine vitesse. Ses yeux gris plongés dans les prunelles dorées du solitaire, il attendit confirmation, le corps crispé.

- Ce que Moro t’as raconté est un ramassis de mensonges. C’est elle qui est partie sans prévenir, sans laisser de trace.

Un tissu de mensonges ...? Il n'en doutait pas, venant d'elle. Moro n'était qu'une lâche et une égoïste. Néanmoins, devait t-il pour autant croire les paroles de cet inconnu ? Comment savoir ce qui s'était réellement passé ce soir la ? Comment dénouer le vrai du faux, dans cette histoire ? Epsilon voulait bien croire qu'elle était partie sans prévenir, mais si elle les haïssait tant, lui et son frère, ce devait forcement être pour une raison. Ce solitaire ne devait pas y être pour rien, malgré ses dires. Approchant son visage de lui, ce dernier finit par ajouter :

- Je suis Koschei, Leader des Mercenaires. Et je suis ton père.

L'information se répéta plusieurs fois dans la tête du jeune loup. Son père. Ce qui était en train de se produire lui semblait complétement irréaliste... Il s'était levé tôt ce matin, comme n'importe quel autre jour, il était sorti, et il n'aurait pas imaginé un seul instant trouver autre chose que les décombres de cette ville...

Voila qu'il se retrouvait nez-à-nez avec celui dont il avait cherché la présence si souvent ? Celui grâce à qui sa vie aurait peut-être été differente, celui qui lui aurait donné le droit de pouvoir prononcer le mot "papa." Il peinait à croire que tout ceci était réel... Et si ce loup se payait ma tête ...? Songea t-il en observant les traits de son visage sombre. Après tout, rien ne prouvait qu'il était réellement son père. Il était petit de taille, possédait une fourrure noire et des yeux dorés, tout le contraire de lui... Ils n'avaient rien en commun, rien. Pourtant...

Le jeune secoua la tête, les crocs serrés. C'était comme si il venait de recevoir un coup dans l'estomac. Il avait beau se convaincre et se convaincre que ce n'était pas la réalité, celle-ci revenait sans cesse au galop, plus évidente encore. Non. Il ne mentait pas... Plus il regardait ce solitaire et plus les choses devenaient claires dans son esprit. Ce mâle noir n'était pas en train de lui mentir, pas cette fois. Son visage était réel. Ses émotions étaient réelles. Il ne pouvait pas en être autrement. Il connaissait Moro, il avait vécu une aventure avec elle, il était parti de son coté sans savoir qu'elle portait ses enfants, et aujourd'hui, il se retrouvait devant l'un d'entre eux : lui. Epsilon se ressaisit. Lui qui n'avait jamais considéré avoir un père, voila qu'il le rencontrait enfin. Les choses auraient elles été différentes, si il avait été présent ? Si il les avait éduqués ? Aurait t-il empêché Moro de les maltraiter ? Epsilon avait toujours jalousé les autres louveteaux d'avoir un père, mais aujourd'hui, il n'était pas vraiment sur d'en vouloir un...

Koschei l'observait comme un objet, comme sa propriété, mais il n'était rien à ses yeux. Ce loup ne l'avait pas élevé. Il ne savait rien de lui, jusqu'à son existence même.

- Est-ce que tu es le seul ? Questionna le solitaire. Epsilon lui lança un regard dur.

- Non, j'ai un frère. Retoqua t-il d'un ton glacial, maintenant explique-moi... Explique moi pourquoi tu n'as jamais été la. Explique moi pourquoi Moro nous a traités comme elle l'a fait ! Je veux comprendre...

Il resserra ses canines, soutenant le regard de son père avec véhémence. Contre qui devait t-il diriger sa colère ? Contre ce loup, contre sa mère, contre lui même ?
C'était trop tard, maintenant. Le passé était loin derrière lui. Rien ne changerait la façon dont Moro les avait traités tout ce temps. Mais pourquoi avait t-elle agi de la sorte ? Était-ce à cause de lui ? Toute cette souffrance, était elle due à ce loup qu'il avait en face de lui ? Koschei. Son père ?

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Son père n'éleva pas la voix ni ne détourna son regard du sien. Il lui répondit très calmement, d'un ton presque compréhensif.

- Ta ... mère et moi nous sommes rencontrés un peu avant ta ... hm, conception. Et puis du jour au lendemain elle avait disparu sans laisser de trace, sans me prévenir. Je conçois que rien ne te prouve que je dis la vérité. Pourquoi croire un parfait étranger au lieu de sa propre mère, même si elle n’agit pas vraiment en tant que telle ? Mais elle avait tout intérêt à vous faire croire que j’étais un bon à rien, un simple vagabond irresponsable, plutôt que d’admettre qu’au final c’était elle la fautive. C’était elle, qui avait décidé de partir avec des louveteaux dans le ventre et de les élever seule ; personne ne lui avait forcé la patte.

Epsilon acquiesça en silence. La colère qu'il ressentait il y a quelques instants s'était apaisée au fur et à mesure qu'il avait entendu les paroles de son père. A en croire ce dernier, c'était donc Moro qui était partie sans laisser de traces, et non le contraire... Cette version des faits allait à l'encontre de tout ce qu'il avait entendu jusqu'à présent. Koschei avait beau être son père, il n'en était pas moins un inconnu. Malgré ça, le jeune mâle était tenté de faire passer la parole de ce dernier avant celle de sa génitrice. Moro n'avait jamais été une mère digne de ce nom. Elle était égoïste, agressive et leur avait très certainement menti sur de nombreux sujets. Il ne savait pas si la haine qu'il éprouvait envers elle jouait dans tout cela, mais si il devait croire en une version de cette histoire, c'était celle de Koschei. Inconnu ou pas, ce qu'il venait de lui apprendre en quelques minutes lui paraissait plus sincère que ce que lui avait raconté sa mère depuis sa naissance.

Les yeux toujours rivés sur son père, Epsilon repensa à tout ce que sa mère avait dit à son sujet. Un lâche, un menteur, un vaurien... Est-ce qu'un tel loup l'aurait séduite ? Est-ce qu'un tel loup perdrait son temps à lui avouer sa paternité, aujourd'hui ? Si il les avaient réellement abandonnés, est-ce qu'il serait là, devant lui, à raconter ce qui s'était passé ? En essayant de se mettre à sa place, Epsilon ne pensait pas qu'un tel loup agirait de la sorte. Il avait sans aucun doute plusieurs choses que l'ont pouvait reprocher à ce mâle noir, mais avoir abandonné ses enfants n'en faisait pas partie.

- Je te crois..., répondit t-il avec calme, Si tu nous avais réellement abandonnés, tu n'aurais pas régi comme ça en me rencontrant. Tu ne m'aurais même pas avoué que tu es mon père... Moro nous as sans doute menti à ton sujet, mais... Elle te déteste trop pour que tu n'aies rien à te reprocher. Dis moi ce que tu lui as fait.

Quoi qu'il ai fait subir à Moro, Epsilon s'en moquait. Il voulait simplement savoir la vérité, savoir si son père la lui cachait, ou si il n'avait réellement rien n'a se reprocher. Plus que tout, il voulait savoir qui il était.

Fiche réalisée par @Joy

Koschei ne semblait visiblement pas enchanté à l'idée de lui répondre... A voir son air agacé, il devait même trouver sa question embarrassante. Malgré ça, il se mit finalement à lui raconter ce qui c'était passé.

- Soit. Siffla t-il nerveusement. Oui, d’accord, j’avoue avoir regardé ailleurs alors qu’elle était toujours avec moi, mais elle aurait dû savoir à quoi s’en tenir ... On n’avait jamais dit que notre relation était exclusive.

Epsilon avait du mal à croire ce qu'il venait d'entendre. De tout les scénarios possibles, celui-ci faisait sans doute partie des plus ridicules... Pourtant, cela lui paraissait à la fois tout à fait crédible. Que Moro les déteste pour une raison aussi stupide que celle-la n'avait rien de si étonnant, au final. Depuis tout petit, il avait pensé que son père avait été réellement cruel avec sa mère, mais il comprenait aujourd'hui que tout cela n'était du qu'a la fierté et à la jalousie de cette dernière. Elle avait donc surpris son compagnon du moment avec une autre, elle était partie, le privant de sa descendance, et les avait mis au monde uniquement pour les haïr. Décidément, il n'y avait vraiment rien de bon, en elle. Plus il en apprenait à son sujet, et plus Epsilon détestait sa génitrice.

- Voilà, tu sais tout de moi, mais tu ne m’as toujours pas donné ton nom ni celui de ton frère. Ajouta le solitaire.

Epsilon pencha la tête en avant. Ses idées étaient à présent beaucoup plus claires que tout à l'heure et il se sentait prêt à répondre aux questions de son père. Avec tout ça, il ne s'était d'ailleurs même pas rendu compte qu'il ne lui avait pas encore donné son nom.

- Je m’appelle Epsilon, fit t-il, et mon frère s’appelle Hopeless. Il est brun et ses yeux sont de la même couleur que les tiens. Ses oreilles droites, le jeune loup ajouta : Nos Noms de Lune sont Tourmente du Temps et Souffle du Temps. Il sentit la curiosité le piquer. Son nom aurait peut-être été différent, si on l'avait baptisé en fonction de celui de son père, et non se sa mère.

- Et toi ? demanda t-il finalement.

Fiche réalisée par @Joy