NOM : Eretria.
AGE : 3 ans.
SEXE : Femelle.
MEUTE : Sekmet.
RANG : Espionne.
AUTRES INFORMATIONS : —

JAUGES :
Force : 3
Agilité : 14
Endurance : 3


CARACTÈRE :

Réfléchie — futée — ferme — sage — franche — loyale — fière — railleuse — rancunière — arrogante — manipulatrice — sarcastique.

Est-il simplement possible de dépeindre un être aussi quintessencié et une âme en telle perdition ? Un univers teint de la noirceur de la nuit et un monde si peu lumineux que l'on pourrait penser aux ténèbres en le voyant ?
Laissez-moi me hasarder à cette tâche et commencer par le commencement, car c’est dans les prémices de sa vie, que nagent les réminiscences de son aigre physionomie.

Du haut de ses 6 mois, Eretria avait de la magie au bout des griffes, des paillettes dans l'âme et un sourire lumineux. Elle était ce qu'on appelait un véritable rayon de soleil, un voyage à elle seule. Il est vrai que ses yeux, comme taillés dans l'ambre, nous renvoyaient des kilomètres plus loin. Dans un espace entre l'illusion et la réalité, là où les songes s'entremêlaient avec le présent. Elle était l'astre de vie, autant source de chaleur que de douceur.
Elle avait de nombreuses fois chassé les nuages qui assombrissaient les pensées de son entourage. Si l'on en croit les rumeurs, c'étaient les étoiles dans les yeux et la patte sur le cœur qu'elle rallumait les halos autour des gens, diffusant une lumière rassurante et protectrice. Un ange déchu, tombé du ciel, vecteur de sourires et de tendresse. Tout le monde la percevait comme un véritable petit bout de louve bien sage, bien stable. Une enfant remarquable, ni trop soumise ni trop capricieuse. Un bon mélange de plusieurs qualités.

Les grêlons avaient remplacé les rayons, et les nuages voilaient désormais les yeux d'Eretria. De but en blanc, elle avait changé. Elle avait gelée, tout entière, comme en hiver. Le froid s'était installé, un silence assourdissant avait pris possession des lieux. Tout était noir, là où auparavant, tout était fleuri. Tout était de marbre, là où auparavant, tout était flexible. Ses idées étaient devenues troubles, elle se mélangeait dans ce qu'elle racontait. Elle était devenue froide, manipulatrice, railleuse et arrogante. C'était comme si de l'arsenic coulait dans ses veines. Le monde avait changé de sens et d'allure, se plongeant littéralement du côté obscure. Son sourire s'était effacé et ses yeux étaient devenus livides comme si elle n'avait pas dormi depuis des décennies. On aurait dit Eretria dans un autre corps. Une masse d'os et de chair qui n'était pas la sienne. Elle était prisonnière de ce corps pourtant façonné pour elle et elle faisait pâlir la mort elle-même.

C'est désormais du haut de ses 3 ans qu'elle est souveraine de sa vie. Aussi incroyable que cela puisse paraître Eretria s'est adoucie et assagie, depuis son changement brutal. Elle n'est plus réellement insolente, odieuse et méprisante. Elle est moins désagréable avec les gens. Cela n'enlève, bien évidemment, rien à ses sarcasmes et à son grand dédain, ne pouvant s'empêcher de casser les gens. Et, manipulatrice, si vous n'y prenez pas garde, elle pourrait bien vous faire entrer dans un cercle vicieux dans lequel vous seriez incapable de sortir. Son regard saphir est devenu plus dur encore, plus profond, il dévore vos entrailles et consume votre âme, il laisse muet quiconque ose affronter sa transcendance.
Eretria est pareil à un cœur de glace en été, aussi stupéfiante et accablante que la peur.

PHYSIQUE :

Elle est un hymne à la joie, une étoile filante qui galope droit dans vos cœurs. Elle est un morceau, un bout, un fragment de bien-être pour tous les jours. Une perle fine, un diamant à l'état brut et un joyaux de la couronne royale faisant briller vos rêves sombres. Elle est une déesse parmi les hommes.

Et elle est nue sous les rayons de la Lune. Elle n'est pas vulgaire ni même trop sage, elle est juste là, sûrement l'endroit où elle doit être. Elle regarde le ciel de ses yeux d'ambre et elle sourit, et je pense qu'elle est la seule à pouvoir comprendre pourquoi. Ses prunelles comptent les étoiles et ses longs cils papillonnent entre rêves de grandeur et réalité si peu suffisante. La lumière caresse ses délicieuses courbes et le souffle du vent joue sur son pelage sable parsemé de quelques striures fauves, éternellement luisant, ayant gardé son éclat d'antan pour se sublimer encore. Et elle parait d'autant plus chaste aujourd'hui ; car dites vous bien qu'Eretria est bien plus qu'une égérie de la nuit, élancée et peu épaisse, fascinante et séraphique. Un minois sympathique qui vous adresse un faciès séduisant, qui vous sourit aimablement et qui vous dévoile ses yeux de jade prêts à pénétrer charnellement votre chair. Un visage édifié par la douleur et la dysphorie dans lesquelles elle baigne chaque seconde, de chaque minute, de chaque heure, de chaque jour. Et elle semble appartenir au paysage, une Vénus qui surveille la nuit, comme amante du soleil et bonne amie du crépuscule. Et si l'on tend bien l'oreille, on peut l'entendre parler ou chanter, parfois murmurer.
Elle a la voix fine et fluette, comme une enfant, une petite princesse évadée de son château, mais en plus belle, en plus éraillée, comme domptée par le temps. Et elle porte sa sensualité au summum lorsqu'elle entrouvre ses lèvres pour raconter la Terre.

HISTOIRE :

Et Eretria hurlait.
Elle hurlait toute sa peine.
Elle lui criait de rester avec elle.
Elle hurlait toute la rage qu'elle avait dans le cœur.
Et elle hurlait pour se débarrasser de ses souvenirs qui ne voulaient pas quitter ses pensées.
Elle hurlait.
Elle hurlait sans résultats.
Puis… plus rien.
Le vide total.

Le néant.

Ce qui me frappe d’abord, c’est la beauté du ciel. Jamais rien vu de tel. Ces nuages nets, parfaits ces nuances d’indigo, de rose, d’orange flamboyant composent un tableau d’une pureté si éloquente qu’on dirait l’œuvre d’un vieux maître italien touché par la grâce.
Je veux me relever. Impossible. J'essaie de remuer une griffe, une oreille, sans plus de succès. Tout ce que je suis capable de faire, c’est cligner des yeux. Je suis morte. Voilà ce que je pense d’abord. Bon, si la mort se résume à cela, il n’y a pas de quoi être effrayé. Je suis incapable de bouger mais je respire.

Après plusieurs minutes d’efforts laborieux, je parviens à tourner la tête. Je suis étendue… Sur la chaussée d'une autoroute difforme. Je ferme les yeux, les rouvres. Non, je ne rêve pas. A mes côtés se trouve une large route bétonnée.

Combien de temps restais-je allongée ainsi ? La pluie se met à crépiter. Des gouttes tièdes explosent sur mon visage, ça n’a rien de désagréable, et j'ai le temps d’en distinguer certaines avec une précision inhabituelle, comme si elles se figeaient avant de s’écraser. Un arc-en-ciel de couleurs se diffracte en leur cœur. La pluie cesse comme elle a commencé. Je souris. Je suis incapable de réfléchir au passé, aux circonstances qui m’ont amené ici. Quel est cet ici ?

Une nouvelle fois, je tente de remuer les pattes. Lorsque, enfin, ma patte antérieur droite se déplie, j'en suis si soulagée que mes yeux s’embuent. Quelques minutes plus tard, je parviens à m’asseoir. Étourdie, comme sortie d’un trop sommeil. Dans le ciel, le vieux maître italien continue à rêver en peignant.
La patte que je porte à mon museau tremble malgré moi. Mes forces me reviennent et mes souvenirs avec. Ma mâchoire se contracte. La dispute avec Elendil, la course à travers la ville en ruine, le 4x4 m'ayant percuté... Tout resurgit dans un effrayant désordre.

Après bien des efforts, je réussi à me tenir sur mes pattes.
Autour de moi, tout n'est que cendres, les ténèbres semblaient s'être abattu sur ce Monde en perpétuel vacillement.

Un râle se fait entendre.
Je fais volte-face. L’explication est là : un autre loup. Sanguinolent, presque démembré, sa respiration lente est entrecoupée par des quintes de toux. Il n’est pas reconnaissable, et la seule odeur qu’il porte est celle du sang et de la peur. Étrangement, il me rappelle son enfance.
D’instinct, je m’approche du loup agonisant, la pitié serrant mon cœur, et me couche contre lui, léchant ses plaies. Personne ne mérite de mourir dans de telles souffrances. Le loup en question pose son regard empli de douleur sur moi et semble promptement apaisé. Il réussi à articuler quelques phrases entre deux douloureux râles.

« Eretria… C’est moi, Elendil... »

Regardez-moi. On peut voir dans mon regard un ébranlement si puissant que tu le ressens toi aussi, jusque dans tes tripes. Je me souviens, oui. Ce n’est pas la bagnole qui m’a percuté, bien évidement, je ne serais pas en aussi bon état autrement. Une larme coule sur ma joue, et tu sens la tristesse m’envahir. Une tristesse si profonde, si forte que tu ne peux pas y résister. Je sens une légère douleur dans mes côtes, bien moins cruelle que la douleur qui poignarde mon cœur, et je me souviens. Je me souviens avoir été projetée sur la chaussée si fortement que ma tête a heurtée le sol, et je me suis évanouie. Alors je me hâte, je presse les blessures pour arrêter les saignements, et tente de me persuader. Tout ira bien. Mais toi tu sais. Oui. Tu le sais. Tu sais qu’il n’y a plus d’espoir. Que le corps d'Elendil est tellement labouré qu’il ne peut pas s’en sortir. Qu’il a déjà perdu bien trop de sang et de force. Et tu me vois détruite. Tu me vois souffrir. Souffrir autant qu'Elendil souffre pour luter. Je plonge, lentement, dans le néant de la tristesse. Et les paroles de mon frère me dévoreront encore plus.

« Arrête. Tu sais aussi bien que moi que c’est terminé… Je t’en supplie, arrête. Ne sois pas triste, Eretria. Je vais rejoindre mère, à présent... »

Il fait une pose, le temps de cracher ses entrailles, pendant que je pleure et que respirer m'est de plus en plus difficile.

« Eretria, ma belle Eretria, regarde-moi. Il faut que tu sois forte maintenant. Arrête de pleurer. Je ne te quitte pas, tu sais ? Je serais toujours près de toi, ne l’oublie surtout pas. Il faut que tu vives. Pour moi et pour mère. Il faut que tu vives la vie que nous n’avons pas pu avoir. Il le faut, d’accord… ? Une belle et longue vie.
Je t’aime ma tendre sœur, je t’aime tellement… »

L’ultime souvenir, le dernier soupir. Le cri cruel et amer de l’âme en perdition, estropiée, meurtrie et condamnée. Et j'hurlais. J'hurlais le nom de mon frère défunt. Et dans le ciel, ma plainte longue et maussade claironna comme un appel à la mort.

À jamais endormie,
L'âme vit par la mémoire.
Univers silencieux et infini,
Qui émerveille celui qui sait voir.

MON PARRAIN / MA MARRAINE : —