Le jeune loup était reparti à la hâte vers le territoire Sekmet, il n’y était pas encore, il n’était à vrai dire même pas sorti du territoire humain. Il se dépéchait, puis il ralentissait. Puis il courait. Puis il marchait. EN fait, il avait hâte de préparer la libération de Palladium et Gallya, mais en même temps, il n’avait pas très envie de rentrer chez lui. Son histoire avec Anya l’avait un peu perturbé, il avait besoin de réfléchir avant même de rentrer chez lui. Il fallait qu’il parle à Empress et Hige. Hige était sage, il saurait certainement gérer la situation avec plus de calme que l’impulsif et fougueux général. D’abord, il parlerait à Empress, mais c’est avec Hige qu’il parlerait le plus des Navnik. En effet, lui même était le plus à même de comprendre, il se souvenait qu’il avait été proche de Helya, et qu’il ne détestait pas certains Navnik.

Le problème avec Athos n’était pas qu’il aimait les Navniks. En fait, il les haïssait. Surtout Sageeth et Atom. Sageeth pour la trahison qu’il représentait et Atom... Pour Atom. Il détestait les Navnik pour rivaliser avec leur meute, parce qu’ils étaient une puissance nouvelle qui pouvait être menaçante, parce qu’ils pillaient leur garde manger et parce qu’ils volaient des proies parfois sur leurs terres. Il détestait les Navnik parce que leurs nouveaux alphas étaient des traitres. Il détestait les Navnik pour lui avoir volé son meilleur Ami, qui ne l’était plus d’ailleurs depuis lors. Et il détestait surtout les Navnik pour lui avoir volé sa soeur, seule famille qui lui restait, seule personne que Athos aimait. La seule. Rajaa. Il l’avait vu, ce jour là, quand Anya avait infiltré Athos dans la réunion de meute secrète des Navnik. Quel jour mémorable ! Voir leurs visages se décomposer lorsque leur pire ennemi approcha, le Général Navnik, voir leur tête se déconfire, voir leurs crocs sortir de rage et leur poils se hérisser de frustration parce qu’Athos avait réussi l’impensable :il s’était fait invité à une réunion stratégique de l’ennemi ! Anya elle même, la générale Navnik, avait laissé leur pire ennemi pénétrer au coeur de leur demeure, et leur alpha Helya ne l’en avait pas empêché. Athos avait profité et savouré ce moment tellement exceptionnel, il avait déjà l’impression de les avoir écrasé, rien que dans leur mental.

Puis, il avait failli tout faire rater quand il avait aperçu Atom. Elle, l’une de ses pires ennemis qui lui avait volé sa soeur. Elle était là, à portée de lui, si bien que si Anya ne l’avait pas regardé avec cette pointe de supplication dans les yeux, il lui aurait sans doute sauté à la gorge, et tant pis si le reste des Navnik l’aurait tué ensuite. Puis, il avait regardé par delà Atom. Une tête noire, dans la foule, un peu plus loin. Son coeur s’était serré à ce moment là. Des lunes qu’il ne l’avait pas vu. Des lunes qu’elle et lui ne s’étaient pas donné rendez-vous, alors qu’après leurs retrouvailles ils s’étaient promis de se voir toutes les demi-lunes. Athos aurait voulu aller la voir. Mais cette barrière de loups hostiles ne l’auraient pas laissé passer. Et puis, ce n’était pas le moment . Ils avaient été si proches pendant quelques instants, plus proches qu’ils ne l’avaient été pendant de longs mois. Pourtant, Athos était reparti, presque à contre coeur, des terres ennemies. Il avait dû retrouver Blasphem, puis était parti seul en éclaireur. Maintenant, il devait rentrer. Mais c’était bel et bien à sa soeur qu’il pensait.


Un bruit se fit entendre alors qu’Athos se faufilait entre les tranchées. Il essaya de regarder autour de lui mais cette espèce de labyrinthe de chemins ne lui lançait qu’un champ visuel restreint. Il essaya de reconnaitre l’odeur, mais c’était la même chose, dans ces chemins creusé, ni sa vue ni son odorat ne pouvait lui être d’un quelconque recours. Seule lui restait son ouïe. Il essaya d’entendre les pas qui se rapprochaient de plus en plus. La chose était toute proche, plus qu’un virage et ils se retrouveraient nez à nez. Il allait bondir sur elle, lorsqu’une odeur lui parvint. « Impossible... » pensa-t-il.

C’était elle. Elle était là, tout près. Athos se montra, sorti du coin de la tranchée et murmura, avant même de la voir :

« Rajaa ? »