Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Oreka avait récemment entendu parler d’un endroit vers le nord. Un endroit qui semblait faire frissonner ses congénères lupins. Il s’agissait d’une cabane de bois qui, selon les dires, avait été réquisitionnée par les hommes. Il avait d’abord gronder à qui voulait bien l’entendre qu’il en avait marre de ces humains qui se croyait tout permis et n’y avait pas repenser. Mais, trois jours plutôt, alors que la faim rongeait le ventre de l’animal, il avait essayé une percée pour voler quelques vivres à un village de bipèdes. Malheureusement pour lui, cela avait mal tourné et un jeune sans-poil lui était tombé dessus avec ses horribles colosses. Seulement, alors qu’il entendait les chiens lui lancer une multitude de menaces, l’Autre avait rappelé ses bêtes dans son drôle langage. Il n’avait aucune bonne raison ce jour-là de ne pas mettre un terme à la vie du loup en utilisant son bâton-feu. Pourtant, pour une raison qui échappait à Oreka, le bipède l’avait regardé dans les yeux avant de lui tourner le dos et de retourner à son repère.
Bien sûr, lorsqu’il était revenu, la patte arrière en légère difficulté, et qu’il avait raconté cette histoire aux loups de sa meute, personne n’avait voulu le croire. Aucun loup, quel qu’il soit, n’était prêt à songer que, peut-être, les hommes n’étaient pas si différents d’eux. Alors, frustré, il avait décidé de mener son enquête seul.
Quand la fameuse cabane lui était revenue en mémoire, le loup n’avait pas pût s’empêcher d’aller y jeter un œil. La rumeur courait qu’il s’agissait d’une réserve des sans-poils. Celle où ils rangeaient leurs bâtons-feu et toutes leurs autres armes servant à traquer les loups ou encore à se battre entre eux. Plus les preuves s’accumulaient, plus Oreka comprenait que les hommes n’était en fait qu’une espèce comme la leur. Peut-être seulement un peu moins évoluée.
Alors qu’il approchait de l’endroit, il sentait petit à petit ses poils se dresser sur sa nuque. Quand le bâtiment se dressa devant lui, il lui parût sombre et imposant. L’endroit semblait glauque. Et, bien qu’aucune carcasse ne jonche le sol, Oreka avait l’impression que la mort y rôdait. Alors qu’il s’approchait avec curiosité, il sentait la fébrilité lui tordre les tripes. Son souffle était court alors que la porte se rapprochait petit à petit. Tout se passait bien, quand tout à coup, un bruit le fit sursauter.
Le cœur d’Oreka rata un battement. Il y avait quelqu’un derrière lui.
Les hommes sont des êtres vils et cruels. Ils ne savent réfléchir qu'à de nouveaux moyens de détruire le monde, plus vite, plus brutalement. Et lorsque j'entends des loups me raconter leurs sornettes, lorsqu'on essaie de me faire croire qu'il existe des hommes bons, alors je regarde le loup dans les yeux et je lui fais remarquer à quel point il peut se montrer stupide et naïf. Je lui fais remarquer comme le monde est mal en point, à quel point l'Homme est sadique et avare. Je déteste ces loups qui se prétendent mieux que les autres et qui osent essayer de convaincre leurs semblables en la réintroduction de l'être humain. Je déteste ces loups stupidement niais qui pensent que le monde pourra aller mieux et que les bipèdes et les loups pourront un jour vivre en paix, côtes à côtes. Non, le Paradis n'existe pas. Il n'y a que l'Enfer, et l'étape précédente : notre monde. Il n'y a que la mort et le désespoir. La solitude et l'abandon. Je tape dans un caillou et je pense à cette vie que j'ai menée ici. A ces quelques mois d'existence que j'ai vécu auprès des Sekmet, croyant dur comme fer qu'ils étaient ma famille et mes amis, qu'ils comptaient pour moi et que je comptais pour eux. J'ai cru si longtemps que j'avais une quelconque sorte d'importante à leurs yeux, alors que derrière ils n'attendaient qu'une occasion pour se débarrasser de moi. Ma mère la première, d'ailleurs. Cette douce louve qui m'avait pourtant tiré des griffes d'un salopard. Cette louve sombre de qui je tenais la couleur ébène et dont le nom de Lune s'est porté jusqu'à moi. Je soupire. J'ai si longtemps cru que je les aimais, les respectais ... Quand eux se fichaient pas mal de mon existence, jusqu'à m'oublier dès lors que j’eus besoin d'eux. Ils m'ont lâchement oublié, abandonné à mon sort. Même ma propre mère, ma famille, m'a remplacé. Et par quoi, je vous le demande ? Une espèce de demi-portion sans aucune hargne, sans la moindre capacité. J'ai disparu à nouveau, m'en suis allé. Ma vie n'était plus auprès d'eux. Et puisque j'avais déjà été remplacé, autant que je remplace aussi ceux qui étaient ma famille. J'arrive près de la cabane du chasseur, un endroit où j'aimais m'entraîner, plus jeune. Un endroit que tous craignent et que la plupart fuit comme la peste. Je m'avance, hume les odeurs et remarque la présence d'un loup de meute. Et quelle meute ? Celle dont je n'ai entendu que des histoires, des rumeurs. Sombres présages de mort et de destruction. La meute des Maudits.
- Méfies-toi, peu de tes amis se trouvent ici, et s'ils y sont, ils sont probablement morts.
J'affiche un sourire narquois, là immobilisé à quelques mètres derrière lui, la voix volontairement menaçante, comme si je pouvais être le responsable des meurtres qui se sont enchaînés en ces lieux. Comme si j'avais une quelconque responsabilité dans les carnages provoqués par les Hommes.
Lorsqu’Oreka se retourna, ce fût pour y constater la fourrure épaisse et sombre d’un loup mâle. Son odeur n’avait rien qui semblait le rattacher à quelque meute qu’il soit. C’était un mélange de parfums divers. Comme S’il voyageait beaucoup. Un solitaire apparemment. Bien que son sourire lui semble cruel et sa voix grinçante, menaçante, le jeune Navnik ne se sentait pas plus menacé qu’il le fallait. Une impression qui semblait contredire beaucoup de facteurs. La silhouette face à lui était beaucoup plus grande et robuste. Et il devait posséder bien plus de savoirs que la jeune recrue qu’était Oreka.
- Méfies-toi, peu de tes amis se trouvent ici, et s'ils y sont, ils sont probablement morts.
Ses paroles n’avaient rien de gaies. Pourtant, la seule réaction qu’elle provoqua chez le jeune lupin fût son oreille droite qui tiqua d’agacement. Il était là depuis longtemps ? L’avait-il épié ? Ou tout cela n’était dû qu’au hasard ? À moins de le lui demander, Oreka ne le saurait sans doute jamais. Et, bien qu’il soit plutôt curieux de nature, il avait autre chose à faire. Il passa sa langue râpeuse sur ses lèvres. Ce loup n’était pas supposé être là. Et c’était bien dommage qu’il s’agisse d’un territoire neutre. Le loup aurait bien aimé avoir un motif suffisant pour le faire partir.
- Ne t’en fais pas. Je me doute bien que mes « amis » ne sont pas dans les parages. Même pas sous forme de cadavres.
Alors qu’il se retournait pour continuer son exploration, il sentait toujours la présence derrière lui. Après quelques minutes à l’ignorer avec un savoir-faire de maître, il finit par le regarder à nouveau.
- Qu’est-ce que tu veux ?
On lui avait appris à se méfier, bien sûr. Cependant, que ce soit de la folie ou de la témérité, Oreka n’avait pas peur de grand-chose. C’était sans doute, d’ailleurs, la raison pour laquelle les autres loups de la meute lui estimaient un maximum de quatre ans d’espérance de vie pour le jeune loup.
Le jeune mâle feint de m'ignorer, de n'avoir aucune peur de mes menaces. Je le laisse faire, l'observe en silence. Je lui tourne autour, de loin, sans le lâcher des yeux. Comme si, de mon regard d'émeraude, je pouvais le faire flancher sans m'épuiser. Comme si ma seule présence pouvait finir par lui faire peur, par le rendre tellement trouillard qu'il n'oserait plus jamais ressortir des pattes de sa mère. Comme si je pouvais le faire retourner sur ses pas d'un simple regard menaçant. Mais je ne suis pas stupide. La tempête pourra faire rage, les hommes pourront le pourchasser, le traquer et lancer leurs chiens à sa poursuite, ce jeune gosse n'aura pas l'intention de s'en aller. Il n'a pas peur. Il ne craint pas ce qu'il ne connait pas, et c'est autant une qualité qu'une énorme preuve de stupidité. Je continue ainsi de l'observer vaquer à ses occupations avant qu'il ne perde patience et se tourne à nouveau vers moi.
- Qu’est-ce que tu veux ?
Je penche légèrement la tête sur le côté. Ne croit-il pas qu'il devrait se comporter autrement face à un étranger tel que moi ? Ne suis-je pas aussi sombre que le voile de la mort ? Ne suis-je pas aussi inconnu que tout ennemi se doit de l'être en premier lieu ? Ne suis-je pas tout aussi lointain aux siens que je pourrais l'être ? De quelle raison a-t-il besoin pour me craindre ? Faut-il que je l'attaque ? Que je lui fasse du mal pour qu'il daigne me donner autant d'importance que j'en mérite ? Je m'approche de lui d'un pas lent, mesuré, le poitrail bombé et la tête haute. Les oreilles dressées dans sa direction, le regard fixe et la queue remontée sur ma croupe, je lui montre par mon attitude qu'il ne m'inspire ni le respect, ni la peur. Je ne lui dois rien, et il pourrait bien lâcher le mot de trop s'il continue ainsi de me défier. Il pourrait bien transformer cette rencontre anodine en moment dramatique dans sa courte existence.
- Tu me semble assez grand pour connaître les dangers qui entourent les tiens. Ne sais-tu pas que ta meute est haïe ? Ne cherches pas les ennuis, ils viendront à toi bien assez vite.
Mais en fait, j'espère bien qu'il va rester tout aussi stupide et continuer de me parler assez mal pour finir par me donner une bonne excuse. Je me lèche les babines avec avidité, le regard empli d'un désir primal de déchiqueter la chair.
Le solitaire s’était approché, poitrail gonflé, oreilles bien droites pour paraitre plus imposant. Oreka le regarda faire, le regard lasse. Sa parade ne fonctionnerait pas, sans doutes le savait-il. Et pourtant il essayait quand même. Oreka salua silencieusement sa ténacité alors que la bête sombre le défiait du regard. Il cherchait visiblement un prétexte pour se battre. C’était la conviction de son interlocuteur. D’ailleurs, lorsque la grande bête prit la parole ce ne fût que pour approuver cette pensée.
- Tu me semble assez grand pour connaître les dangers qui entourent les tiens. Ne sais-tu pas que ta meute est haïe ?
Oreka avait l’habitude de se faire parler comme un gamin. Il ne s’en offensait plus depuis longtemps. Quoi de plus hilarant qu’en enfant qui s’offusque d’être traité comme tel ? Le Navnik n’aimait pas être la risée du groupe. Enfin, pas quand ce n’était pas souhaité. Alors il avait fini par laisser couler et, miracle, désormais ce genre de choses ne le dérangeait plus du tout. Sa meute était détestée de tous. Bien sûr qu’il le savait. C’était la nouvelle la plus courue. Un peu plus et même ces cons de sans-poils le sauraient. Alors que le loup passait sa langue sur ses lèvres, agacé, son humeur changea du tout au tout lorsque celui qu’il avait surnommé intérieurement La Brute prononça sa dernière phrase :
- Ne cherches pas les ennuis, ils viendront à toi bien assez vite.
Oreka ne pût retenir un gloussement s’échappant de sa gorge. Puis, devant les yeux du prédateur qui semblait ne vouloir que goûter de la chair fraîche, il fit un sourire entendu et abaissa une oreille, l’air rilleur.
- Mon vieux, j’ai passé tous les mois de ma piètre existence à chercher les embrouilles. Même cette meute que tu haïe tant ne sait plus quoi faire de moi. Alors je te le dis tout de suite, ce n’est pas un inconnu qui me feras changer.
Sa voix était chantante, mélodieuse. Décidément, quoi qu’il puisse en dire, il aimait bien cette réputation qu’il avait. Surtout dans ce genre de situation. Sifflotant, il tourna le dos à La Brute et se redirigea vers la cabane pour continuer son exploration. Ce n’était pas tout, mais il avait entreprit de trouver un moyen d’y entrer. Et l’échec n’était jamais une option lorsqu’on s’appelait Oreka.
Un rire moqueur, comme si j'étais le louveteau et lui le jeune adulte réprimandeur. Je fronce le regard, plisse les yeux sans le lâcher des yeux. Alors c'est ainsi ? Il préfère continuer de me narguer, risquer de me faire sortir de mes gonds ? Dans ce cas, pourquoi ne pas lui faire plaisir tout de suite et lui arracher la gorge sans plus attendre ? Parce que, déjà, le gamin me tourne le dos et s'éloigne. Je suis vicieux, je suis cruel, mais je ne suis pas lâche. Attaquer en traître alors que j'ai toutes mes chances de face, jamais. Je redresse plus haut la tête en inspirant profondément et toujours sans le lâcher du regard. S'il croit qu'il va se débarrasser de moi comme ça, il se trompe. Je ne suis pas seulement un solitaire dangereux duquel il vaut mieux se méfier du début à la fin. Je ne suis pas seulement un ancien Sekmet, avide de violence et de reconnaissance. Et par dessus tout, je ne suis pas un gamin que l'on peut écarter de son chemin si on le souhaite. En quelques galopades je le rejoins, le dépasse et lui fais face, m'immobilisant pile devant lui, le regard planté dans le sien et les muscles tendus par l'excitation.
- Tu vas lâchement me tourner le dos, et tout ça sans dire au revoir ?
Presque collé à lui, je suis comme un mur sur son chemin. Un obstacle à surmonter, mais un obstacle qu'il ne pourra pas se contenter de déplacer. Je ne serais pas celui qui s'en ira parce qu'on lui demande ou parce qu'il est impressionné. Non, je serais celui qui se fera écraser jusqu'à ce qu'il devienne plus fort que son adversaire, et qui reviendra encore et encore tant qu'il ne restera pas debout face à l'ennemi, inébranlable Soldat Inconnu devant les rangs ennemis. Armé de mes crocs et de mes griffes, je n'attends qu'un signe, un mouvement pour me donner le top départ. Juste un murmure pour savoir qu'il est temps, que le gosse est prêt. Mon regard reste ainsi planté dans les siens, et tous mes sens en alerte sont dirigés vers lui, attentifs à la moindre de ses attitudes. Un soubresaut et je saurais. Un tremblement et je saurais. Juste un regard, un seul, pour que je sois celui qui attaque en premier.
Alors qu’il comptait en avoir fini avec celui qui ressemblait de plus en plus à un assaillant, il le vit bondir devant lui pour l’empêcher de continuer son exploration. Oreka fronça les sourcils, agacé. Alors que la grande bête devant lui montrait des signes d’hostilité évidente, le jeune Navnik eut la pensée qu’à son attitude agressive inutile, son confrère loup ressemblait aux humains. Jaugeant qu’il valait mieux ne pas lui en faire part il l’écoutait alors qu’il prenait la parole, la voix grondante :
- Tu vas lâchement me tourner le dos, et tout ça sans dire au revoir ?
Oreka recula d’un pas, n’aimant pas vraiment la proximité du loup couleur d’ébène. Il plaqua ses oreilles à son crâne.
- Si ce n’était qu’un au revoir que tu voulais, tu n’avais qu’à me le dire tu sais ? Pas à bondir farouchement devant moi.
Il recula d’un autre pas, comme pour mettre une distance de sécurité entre eux. Il n’avait pas envie de se battre. Pas du tout. D’abord, parce qu’il était certain de perdre et ensuite, parce que s’il se voyait blessé il devrait rentrer, mettre fin à son exploration et se faire passer un savon par sa mère pour s’être de nouveau mis dans le pétrin. Il prit une inspiration et fit retomber son poil.
- Je ne battrai pas avec toi. Trouve un autre volontaire. Je suis persuadé qu’il y en a plein.
Il espérait que ça marche. Parce qu'au combat... comment dire ? Il était nul.
Djall s'était réveillée ce matin-là avec l'étrange impression que la journée serait sombre. Cela lui arrivait assez souvent ces derniers-jours car elle avait l'esprit morose. Des pensées noires où se mêlaient images de guerre et souvenirs de drames la hantaient. Le seul moyen que la louve avait de rester accrochée à la réalité, c'était de se rendre utile au maximum. Du matin au soir, elle crapahutait sur tout le territoire pour rendre service à la meute et accomplir son devoir de général. Ce n'était pas chose aisée que d'être sur tous les fronts, mais la femelle s'évertuait à être la meilleure à son poste. Elle commença sa matinée par une toilette soigneuse. C'était le seul moment qu'elle osait s'accorder alors elle en profitait pleinement. Elle aimait s'étendre sous le couvert des ruines qui protégeaient les loups du blizzard et de la neige. Là, elle prenait de longues minutes pour que sa fourrure grise devienne argentée et flamboie sous le moindre rayon de soleil. Puis, elle se levait et sortait dans le froid et la tempête. Ce jour-là, elle décida de patrouiller sur les frontières du territoire de sa meute pour en rafraîchir le marquage et s'assurer qu'il soit respecter. Les pilleurs étaient fréquents en ces temps difficiles et il fallait se battre pour chaque morceau de chaire durement gagné.
La générale allait d'un trot régulier, le nez au sol pour détecter un éventuel passage. Elle faisait une pause parfois pour effectuer un marquage olfactif sur un point stratégique comme le tronc d'un vieil arbre. Au bout d'une heure de patrouille, elle allait prendre une pause lorsque son odorat l'avertit d'une franchissement de la frontière. Elle s'attarde sur l'odeur qui avait imprégné la neige et reconnut celle de la meute Navnik. Elle put déceler qu'il s'agissait d'un jeune mâle qui avait quitté les terres des siens. Un tel comportement était vivement déconseillé par les alphas, car en cette période troublée par la guerre récente, tomber sur le mauvais loup était facile. De plus, le loup qui avait osé franchir la frontière était une nouvelle recrue car Djall n'arrivait pas à reconnaître ce membre de sa meute. Sans hésiter, la générale se lança aux trousses du fuyard en gardant en tête les nombreux risques qu'elle ait des ennuis et qu'elle ne revienne jamais parmi les siens. La piste était fraîche et forte, tant et si bien que la louve pouvait galoper en suivant l'odeur du novice. Ses recherches menèrent Djall sur les terres libres du nord. Au bout de nombreuses minutes, elle arriva aux abords de la clairière où se dressait la vieille cabane abandonnée nommée « Cabane du chasseur » par les loups du coin. Elle n'aimait pas cet endroit où les hommes avaient élu domicile quelques années auparavant. Elle tendit l'oreille lorsqu'elle crut percevoir des bruits de conversation. Elle reconnut la voix menaçante d'un mâle inconnu et celle d'un mâle jeune et mal assuré. Elle flaira le parfum du solitaire et celui du Navnik. Elle comprit immédiatement la situation et plissa le museau, contrariée. Il fallait qu'elle agisse avant que le combat ne s'engage. Elle préférait éviter les effusions de sang inutile.
La guerrière musclée et très grande sortit de sa cachette d'un long saut qui la mena aux côtés de la petite recrue Navnik. Elle resta en arrière du conflit, montrant qu'elle était là uniquement pour appuyer sa sœur de meute. Elle dressa bien droites ses oreilles poilues pour montrer qu'elle ne craignait pas l'adversaire et bomba le torse pour paraître plus impressionnante qu'elle ne l'était déjà. D'un regard insistant et expert, elle jaugea l'ennemi. C'était un vagabond aux poils noirs, élancé et fin. Il avait un regard émeraude particulier qui lançait des éclairs d'excitation. Djall se sentit dégoûter par ce loup qui aimait faire du mal au plus démuni. Il avait tout intérêt à les laisser partir sans faire d'histoire car le côté sanguinaire de la guerrière était en train de faire lentement surface. Le novice près d'elle était encore jeune, gris, noir et brun avec des yeux bleus cyans comme les siens. La générale se rapprocha de lui pour lui partager sa chaleur et sa confiance en elle, s'autorisant à frôler le louveteau pour que leurs fourrures se mélangent.
« On s'en va, et tu nous laisse partir, commença Djall dans un grondement sourd, si je te reprends à menacer un des miens, surtout un louveteau, je te mets en pièce. »
Le regard bleu de la guerrière était brûlant de colère lorsqu'elle indiqua au novice de passer devant. Elle suivit sa recrue de très près en gardant un œil en coin méfiant sur le solitaire fou. Le duo s'éloigna au trot et Djall resta aux aguets jusqu'à qu'ils aient passé la frontière et qu'ils soient en territoire conquis. Elle se tourna alors vers le jeune mâle et le reluqua d'un regard qui lançait des éclairs. Ne pouvant plus se retenir, elle lui assena un bon coup de patte derrière l'oreille en grognant.
« Ne refais plus jamais ça, lui assena-t-elle en plissant les paupières de rage, tu as vraiment eu de la chance car il t'aurait réduit en pièce. Tant que tu n'es pas apte à te défendre seul, tu restes sur le territoire Navnik c'est clair ? Tu ne crois pas qu'il y a eu assez de morts ces temps-ci, pour t'y rajouter ? »
Au fur et à mesure que les mots qu'elle avait sur le cœur sortait, la générale se calmait et sa fourrure argentée retombait doucement en place. Elle soupira, l'air contraint puis elle lança d'une voix plus posée :
Il recule, et je suis persuadé qu'il a la trouille. Une peur qui me ravi, qui me fait bander mes muscles et qui provoque un frisson de désir dans tout mon corps. Il a la frousse, et moi je n'ai qu'une envie : faire disparaître la maigre distance qu'il s'efforce de mettre entre nous pour fondre sur lui et plonger mes crocs dans son pelage. Chercher sa chair sous sa peau, déchiqueter ses muscles et sentir son sang goutter contre mes crocs meurtriers. Monsieur n'a pas envie que je saute sur lui. Monsieur n'a pas envie de se battre, et Monsieur est certain que nombreux seront les volontaires pour m'affronter si je les cherche. Mais moi, c'est lui que j'ai envie de croquer. Lui que j'ai envie de blesser. Mais ça, c'est avant qu'elle arrive. Elle, son pelage d'argent et ses yeux livides. Ses muscles saillants et sa voix cassante. Elle et ses menaces, elle et son désir de protéger le novice de sa meute. Je reste silencieux de longues secondes, attendant le moment propice pour attaquer. Mais, déjà, la louve s'éloigne en poussant le jeune devant elle. Pas le temps de les intercepter, pas le temps de les suivre. Elle me laisse là, seul avec ma frustration, et lorsque je me rends compte que je viens de me faire vendre du rêve, une douce colère se fond en moi pour devenir rancune. Un jour, bientôt, cette garce paiera pour m'avoir arrêté aussi facilement qu'on arrête un louveteau. Sans plus un mot, en attendant, me voilà sur le chemin du retour, à chercher une nouvelle aventure, une nouvelle victime.
PS : Fin pour moi. Djall, attention à l'avenir à ne pas couper l'action, tu as trop écris, je n'ai pas eu possibilité d'action alors que mon loup ne les aurait pas laissé partir si tu m'en avais laissé l'occasion Ce n'est pas grave pour cette fois, mais attention à l'avenir
A-Delta
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Ven 5 Fév - 0:53
Quand témérité rime avec stupidité Avec Djall
Force 3 | Agilité 10 | Endurance 7
Elle était sortie de nul part. Tout bonnement, comme ça, d’un coup. Pouf !
Oreka la connaissait de nom. C’était une femelle de sa meute à la taille imposante. Djall. Sa simple apparition fit comprendre au plus jeune qu’il aurait des ennuis. Enfin… plus qu’il n’en avait jusqu’alors. C’est seulement à cette instant-là qu’il commençait à regretter de s’être aventurer jusqu’en lieux hostiles. Même les crocs du loup noir ne semblaient pas aussi désagréables qu’un confinement à la tanière. Confinement qui ne saurait tarder. Alors que l’envie de rester avec sa nouvelle meilleure amie la Brute, il senti Djall le pousser inflexiblement vers la route ramenant vers leur terres. C’était injuste. In-jus-te. Tout ce qu’il voulait c’était observer un peu la cabane, trouver une façon d’y entrer, casser quelques trucs aux sans-poils. Mais non ! Bien sûr, rien ne pouvait être simple par chez lui.
Plongé dans ses pensées, il n’avait pas entendu le dialogue entre les loups adultes. Tellement qu’il ne savait même pas que la Brute avait gardé le silence. Répriment tous les rechignements qui lui tenaillaient la gorge, il avança, oreilles plaquées contre son crâne, aux devant de la femelle Navnik. Alors qu’ils entraient en territoire connu, le jeune loup lança un regard déçu derrière lui. Quittant à regret le lieu de sa visite. Il tourna lentement la tête, pour suivre la louve quand il se retrouva truffe à truffe contre son visage en colère. Sa salive descendit péniblement dans sa gorge alors qu’elle s’exclamait fougueusement :
- Ne refais plus jamais ça. Des ordres, encore des ordres… pensa amèrement Oreka, tu as vraiment eu de la chance car il t'aurait réduit en pièce. Tant que tu n'es pas apte à te défendre seul, tu restes sur le territoire Navnik c'est clair ?
« Apte à te défendre seul. » Le jeune loup eut bien envie de lui faire remarquer qu’avec sa charpente cela n’arriverait probablement jamais, mais il resta muet. Cela valait mieux, sans doute. Ayant à peine le temps d’aligner cette pensée, Oreka comprit que la louve avait déjà terminé la phrase suivante. Finalement, elle sembla reprend un peu contenance. Puis, elle posa la question piège :
- Comment t'appelles-tu novice ? »
Il déglutit. Donner son nom c’était signer son arrêt de mort. Faire serment qu’il resterait à la tanière comme un gamin, mais surtout… survivre aux courroux de Leikn. Il détourna les yeux. L’idée de mentir fit son chemin dans son crâne seulement… s’il lui mentait, avec une meute si petite la vérité se saurait… Et ce serait encore pire. En un soupire il lâcha rabougrit :
- Oreka.
Il les voyait déjà : toutes ses heures d’ennui en compagnie des louveteaux. Des heures et des heures d’ennui.
Djall se sentait si mitigée quand au sort qu'elle allait réservé à Oreka. Il s'était indéniablement mis en danger en transgressant les règles, mais que le novice qui ne l'avait jamais fait lui jette la première pierre. La louve argentée secoua la tête, lassée. Elle lança un regard perçant au loup gris aux yeux bleus. Elle se rendit compte qu'il lui faisait penser à elle.
« La prochaine fois que tu es dans une telle situation, n'attends pas l'affrontement quand tu sais que tu y perdrais, contente toi de courir à l'abris. »
La générale indiqua au louveteau de la suivre d'un coup de tête lent. Elle se mit à marcher d'une démarche résignée en balançant doucement sa queue touffue de droite à gauche.
« Depuis quand t'entraînes-tu et qui est ton mentor Oreka ? Questionna la guerrière, intriguée. »
Elle mena le jeune canidé à la dune de sable qui était l'un de ses endroits favoris pour s'entraîner. Elle fit demi-tour d'un bond pour faire face à son frère de meute.
Oreka suivait la louve sans broncher, toujours le regard fixé sur le sol. Elle alimentait seule la discussion en en profitant pour lui faire une courte morale. Comme si personne ne le lui avait jamais dit tout ça.
- La prochaine fois que tu es dans une telle situation, n'attends pas l'affrontement quand tu sais que tu y perdrais, contente toi de courir à l’abri.
Le jeune loup laissa son regard gagner celui de la louve. Il se retint de sourire pour que ses intentions ne soient pas prises négativement. Il ne voulait pas sourire parce qu’il était effronté. Seulement, peu importe ce qu’on pourrait le lui dire il savait que jamais sa soif de danger de serait rassasiée. Il savait qu’il recommençait et surtout, il savait que la louve robuste devant lui le savait. Pourtant, pour la forme, elle prenait le temps de le lui dire. C’était plus fort que l’apprenti. Il avait besoin de cette adrénaline pour avoir l’impression de vivre. Et sa vie lui semblait bien moins importante que l’envie de combler cette envie. Alors il garda le silence. Il n’aimait pas mentir pour rien.
Lorsqu’ils arrivèrent à la dune de sable et que Djall se retourna, Oreka dressa une oreille. En un premier temps il se demanda pourquoi elle faisait halte, mais quand elle reprit la parole il comprit.
- Depuis quand t'entraînes-tu et qui est ton mentor Oreka ?
Pour la première fois depuis un bon moment, le loup prit la parole, déjà sur ses gardes sans pour autant le démontrer.
- En théorie il s’agit d’Anya. Seulement je suis dans la meute depuis quelques mois déjà et jusqu’à maintenant je ne m’entraîne que par mes propres moyens. Pourquoi ?
Il se doutait bien de la réponse et de la raison de leur présence en ses lieux, seulement Oreka garda le silence. C’était bien la première fois qu’un adulte l’emmenait s’entraîner plutôt qu’à la tanière pour l’y consigner des jours durant. Ce n’était pas pour lui déplaire, bien sûr.
« En théorie, il s'agit d'Anya, répondit Oreka l'air méfiant, seulement je suis dans la meute depuis quelques mois déjà et jusqu'à maintenant je ne m'entraîne que par mes propres moyens. Pourquoi ? »
Djall sentit la colère monter en elle en entendant les paroles du louveteau gris. Les deux canidés se tenaient face à face au sommet de la dune de sable et la tension était palpable. La louve trouvait que c'était inadmissible de laisser un petit sans la moindre connaissance. Elle ne pouvait pas se vanter d'avoir entraîner à merveille son apprenti, Rhaegar, mais au moins lui avait-elle inculqué des bases pour sa défense. Elle fit claquer ses mâchoires de contrariété et tapa le sable doré d'un coup de patte rageur. Elle allait devoir se calmer si elle souhaitait que le premier entraînement d'Oreka se déroule bien. La femelle avait besoin de savoir jusqu'où s'étendaient les connaissances du louveteau pour adapter au mieux le combat.
« Premièrement, griffes et crocs rangés, on ne fait que mimer les attaques dans un faux combat, on ne fait qu'effleurer le partenaire, tonna la louve en prenant une grande inspiration, ensuite, qu'as-tu appris en matière de combat jusqu'alors ? Je suis un ennemi bien plus grand, plus lourd, plus fort et plus rapide que toi, comment fais-tu pour éviter de te faire tailler en pièce dès la première attaque ? »
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