Que dire de ce présent? Ou plutôt que dire de ma naissance?
Je me suis réveillé très entouré. Le bruit était omniprésent. Je sentais des mains me toucher de partout, mais je n'arrivais pas à voir où j'étais, ni à me souvenir de ce qui m'avait emmené ici.
Qui suis-je?
Les mots ont raisonné dans ma tête douloureuse. L'odeur du sang envahissait mes narines. J'essayais de bouger, mais des exclamations soudaines me plaquèrent sur le métal froid de la table.
"Ne le laissez pas ce réveiller pendant l'opération!"
"Il est trop amoché! Laisse le mourir! Il a eut son châtiment!"
Alors que mes yeux aveugles de lumières se refermait, un mot se répétait en boucle en mon esprit.
Châtiment.

Quand j'ouvris les yeux, mon champs de vision était brouillé. Ma vue incomplète. Secoué la tête me demanda un effort intense qui me fit couiné de douleur. Une immense silhouette apparu devant ce qui semblait être des barreaux.
"Tout doux mon beau. On va te remettre sur pied."

Des humains avaient alors pris soin de mes plaies, de mon corps. A chaque fois qu'ils mettaient des produits qui me brûlait les plaies, je ne bougeais pas. J'étais résigné à mourir tant ma souffrance était grande. Comment se remettre de ça? Mon corps est brisé, je le sens. Mon esprit lui s'est éteint, je ne garde de mon passé que des brides d'images floues. Une louve blanche , floue, au regard chaleureux, les picotements que sa vue faisait à mon coeur. Une louve grise, que la douleur de la mémoire, me donnait du mal à respirer. Un loup noir, lui aussi très imagé, dont le souvenir semblait si loin, que les migraines m'assaillait quand j'essayais de penser à lui.
Je devais oublier.
Je devais avancer.

Au bout de plusieurs jours, mois, je ne sais car la notion de temps m'était elle aussi inconnue, on me fit sortir de la cage à barreaux. Je découvris que mon corps avait récupérer plutôt bien, sauf mon oeil, mort, et ma patte avant gauche, qui était toujours douloureuses. Mes griffes, elles, étaient toujours aussi belles, et noires. Acérées à souhait pour tuer.
L'homme qui m'avait soigné avait apparemment pour intérêt de m'utiliser pour tuer d'autres loups. Il ne cessait de parler de ma corpulence impressionnante, et du fait que je serais apprivoisable car au vu du châtiment que m'avait fais subir les miens, j'aspirerai assez fort à la vengeance.
Châtiment.
Vengeance.


Mais au fond de moi, même si comme il le disait, je n'avais plus de passé. Un sentiment de dégoût profond émanait de ces bipèdes. Ce n'est que quand, au pied tel un chien dressé, j'accompagnais l'un d'eux dehors, je su pourquoi, pourquoi je les haïssais tant!
Le bâton de fer en main avait fait surgir de ma mémoire, les images d'un louveteau profondément ancré dans mon être. Des images de l'assassinat de ce qui devait être ma mère, ou une proche. Je m'enfuis alors, profondément dans la forêt. Loin du regard de mes pairs et des humains, survivant tant bien que mal à l'hiver et son châtiment.