Cadeyrn avait eu ce besoin de s'éloigner encore. Il avait eu ce besoin primal de partir, seul avec ses pensées et son nuage. Bien qu'il aimait le contact physique que lui procurait sa relation avec sa mère, il avait parfois l'impression que quelque chose manquait; que les regards plein de pitié des membres de la meute signifiaient quelque chose de trop vague pour que le jeune Esobek puisse mettre la griffe dessus. Ces regards ne passaient pas innapercu, par contre. Et ils avaient le don de le rendre mal à l'aise. Il ne pouvait pas verbaliser ces sentiments et parfois, afin de contenir le trop plein, il devait s'éloigner et se changer les idées. Comme il avait décidé de le faire aujourd'hui encore. Ces temps-ci, il avait beaucoup de difficulté à rester auprès des siens. Il commençait vite à découvrir que quelque chose clochait avec sa personne, mais il ne savait pas quoi. Ça le rendait dingue. Il se réveillait la nuit en couinant, mais, incapable de dire à sa mère qu'il ne se sentait pas bien, il ne faisait que se loger contre la fourrure chaleureuse et maternelle et essayer de se rendormir. Il avait fait une crise, se matin. En jouant avec un autre louveteau Esobek, il avait voulu dire quelque chose, juste quelque chose, mais rien n'était sorti. Tout ce qui était sorti, c'était un couinement. Puis un autre. Son ami louveteau, confus, lui demandait ce qui n'allait pas, ne sachant pas que Cadeyrn ne pouvait pas parler. Dans un élan de frustration, il donna un vilain coup de patte en couinant de façon stridente et parti en courant vers les collines en espérant échapper la terreur des adultes et des nourrices, qui le gronderait parce qu'il n'était pas gentil avec ses confrères.

Il était planté là, debout, la truffe en l'air, l'air incertain. Il regardait tout, s'imbibait de l'arôme des collines; solitude. Un soupir remplit l'air. Son soupir à lui. aussi lourd que l'atmosphère ici. Il regardait chaque crevasse, ressentait chaque bourrasque de vent. Il adorait sentir le vent contre son pelage; ça l'aidait à se sentir plus vivant, plus présent. Il avait parfois l'impression de flotter sans pour autant laisser sa marque. Il n'avait juste pas l'impression de laisser une marque, peu importe quelle genre de marque. Le pauvre petit n'arrivait pas à s'exprimer, et son esprit artistique, son esprit imagé se sentait emprisonné. Il était emprisonné de lui-même. À cette pensée, un grognement s'échappa de sa gorge, et, nerveux, se mis à lever ses pattes avant en alternance, lui donnant l'air de trotter sur place. C'était sa façon à lui d'extérioriser son trop plein. On lui avait déjà dit qu'il avait l'air stupide. Le flashback le fit plaquer ses oreilles vers l'arrière et il se roula en boule sur lui-même afin d'effacer le mauvais souvenir de sa mémoire.

Il espérait que quelqu'un vienne, tout compte fait. Que quelqu'un arrive et lui fasse oublier qu'il était bizarre.


Force: 7/100
Agilité: 3/100
Endurance: 10/100
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