Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Mais pourquoi est-ce que tu me colles toi? ~ Odyssée.
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Dim 3 Jan - 21:04
Mais pourquoi est-ce que tu me colles toi?
FEAT ODYSSÉE
5 force ~ 8 agilité ~ 7 endurance.
Le temps importe seulement si tu y prêtes attention. Il y avait bien longtemps que Neyraka ne faisait plus attention, elle ne savait pas le jour qu'il était ni l'heure, seulement qu'il faisait nuit et que la lune était pleine. Un jour comme celui là, elle en avait vu beaucoup durant sa vie mais pourtant là, ce n'était pas d'une manière désintéressée qu'elle bravait la neige et le vent, oh non. L'aube pointerai bientôt le bout de son nez et le blizzard recouvrait comme à l'habitude sa fourrure immaculée, lui donnant un aspect encore plus molletonné et cachant la perte de poids que le manque de proies avait causé.
C'est pourquoi la louve se trouvait là, à braver les chutes de neige qui l'assaillaient sans cesse, se dirigeant vers son but avec une détermination qui lui était propre. Mais d'abord il fallait passer le Styx, cette pleine aride seulement habitée par son fleuve, si l'on pouvait l'appeler comme ça. Cette masse noire imbuvable qui avait dû geler avec ses baisses de températures hors norme. Cela lui importait peu, tout ce qu'elle voulait s'était trouvée l'une des choses construite par les hommes pour lui permettre de rejoindre l'autre rive. Ses pattes s'enfonçaient dans les couches de neige et son museau bas frôlait presque la terre alors que ses oreilles plaquées contre son crâne tremblaient presque ayant l'impression que ces dernières s'étaient transformées en glaçon. Cependant Neyraka avançait toujours, les yeux à demi fermés dissimulant son regard bleuté, sachant parfaitement qu'elle allait dans la bonne direction même si cela lui avait pris presque une nuit entière de partir de son abri de fortune pour se retrouver là, seule au milieu de cette étendue désertique.
C'était ça d'être une solitaire, on ne pouvait compter sur personne que soit même pour assurer sa survie, c'est ce qui avait déclenché son départ pour se rapprocher d'un certain endroit et qui l'avait mené là. Elle avait senti que cette nuit serait la bonne malgré les précipitations féroces qui la menaçaient chaque seconde. Mais elle sut qu'elle avait eu raison à ce moment alors que le soleil pointait enfin son bout de nez à l'horizon, le blizzard cessa laissant le vent prendre le relais ; même si celui ci n'était pas le meilleur, la femelle put enfin rouvrir entièrement les yeux et relever la tête afin d'observer les alentours. Et là elle le repéra, le "pont" tant recherché. Enfin une bonne nouvelle dans ce monde plein d'horreurs.. Sur ce, d'un trot plus régulier et soutenu plein de grâce, elle se remit en route. Peut être qu'au bout de son périple, elle pourrait trouver de quoi se mettre quelque chose sous la dents.
Elle était loin de s'imaginer que ce serait plus que ça...
There goes someone that nobody knows, Nobody in a foreign land Nobody by a window Nobody who's a ghost now Nobody on the subway △ Absofacto.
F : 17 | A : 13 | E : 16
Odyssée avait fait un rêve. Un rêve étrange, pour tout dire. Elle avait eu du mal à faire la distinction entre celui-ci et la réalité, c'était surtout pour ça. Le décor lui était apparu clairement, à peine brouillé par le voile onirique qui d'habitude lui indiquait la fausseté du lieu. La louve d'ivoire avait soulevé ses paupières alourdies par la fatigue dans un bâillement sonore, réveillée par un bruit. Les rayons lunaire venaient timidement éclairer sa tanière, leur lumière froide se déposant sur le tapis moussu à ses pattes. L'air était froid, toujours, et elle avait eu envie de se rendormir tout de suite. Mais c'était sans compter sur son éternelle curiosité qui la taraudait déjà. Un bruissement étouffé lui parvint, suivit du tic tic tic particulier des griffes sur le sol gelé. Les oreilles de la louve se dressèrent d'un coup, la fatigue quittant son corps, son attention était captivée.
Se faufilant dans la nuit, la louve avait quitté son terrier dans un silence quasi parfait. Ses pattes se posaient doucement sur le verglas, l’effleurant à peine. Peut-être qu'en temps normal elle n'aurait pas suivi l'inconnu. Peut-être qu'elle aurait du continuer à dormir tranquillement. Mais son instinct la poussait dans la direction de cet individu, inévitablement attirée. Comme un papillon de nuit devant la lumière d'une lampe torche. C'était étrange, mais Odyssée ne se posa pas de questions. Elle se contenta de baisser l'encolure, se faisant toute petite, concentrée sur sa filature. Sa respiration se ralenti, ses pupilles se dilatèrent lentement. Son corps en harmonie totale avec la nuit qui l'entourait, le mistral glacé soufflant sur sa fourrure épaisse, la faisant onduler. Avec elle était charriée une légère odeur, mais bien perceptible, de loup. La piste était fraîche et facile à suivre. Preuves en étaient les traces de pas qui jonchaient les congères. Et, d'un coup, tout lui sembla bien plus bizarre encore. Ça semblait bien trop facile. Elle savait qu'en terres libres les loups vaquaient librement à leur activité, sans se soucier d'où ils allaient puisque justement ces terres n'appartenaient à personne. Mais là, chaque empreinte était parfaitement incrustée dans la neige, en ligne droite. Et puis ce bruit qui l'avait réveillée... N'était pas celui de la neige qu'on balançait dans sa direction ? Comme si l'inconnu voulait qu'elle le suive. Il n'était pas trop tard pour faire demi tour, ça devait être un guet-apens.
Son instinct continuait pourtant de lui murmurer de suivre ces traces, cette odeur qui lui paraissait de plus en plus familière au fur et à mesure de ses pas. Les questions se mirent soudain à tournoyer dans son petit crâne blanc, s’aheurtant aux parois comme autant de pierres, laissant dans son cœur des indices porteurs de sens. Un sens qu'elle ne parvenait pas à saisir. Est-ce qu'il était possible que quelqu'un soit venue la chercher ? Mais qui ? A part sa mère, personne ne s'était montré attentionné à son égard. On l'avait toujours laissée se démerder toute seule, minable crève la faim se nourrissant des carcasses jonchant le chemin et de ses maigres prises, abandonnée de tous. Puis, si ç'avait été sa génitrice au bout du chemin, elle l'aurait tout de suite su. C'était ce genre d'informations qui la faisaient douter.
Malgré ces sentiments mitigés, ses pattes la portaient toujours de ce rythme soutenu, n'ayant jamais marqué la moindre pause. Tout son être se sentait irrémédiablement entraîné. Un clapotis sourd se mit à résonner dans l'air, annonçant la présence de l'eau. Odyssée n'était plus bien loin du Styx maintenant. Le courant sombre et tumultueux s'écoulait avec fracas dans son lit, percutant les rochers sur son chemin dans un éclaboussement sonore. Étonnant qu'il n'ait pas gelé. Enfin, peut-être pas tant que ça, peut-être qu'une substance chimique s'était déversée dedans, faisant effet antigel ? Les choses se détraquaient tellement dans ce monde mal foutu. A commencer par ce blizzard qui n'en finissait pas, engloutissant toute chose en son sein polaire. Hormis ce foutu Styx, apparemment.
Mais là n'était pas le sujet. Ce qui préoccupait le plus Odyssée, c'était que les traces se stoppaient brusquement devant la berge. L'animal avait-il vraiment traversé le fleuve ? Par ce temps ? Soit il devait manquer totalement de discernement, soit il était suicidaire ! S'attendant presqu'à voir un loup se débattre dans l'eau, la louve se précipita vers l'avant, oubliant son vœux de discrétion. Ses yeux écarquillés de stupeur guettant frénétiquement toute forme vivante dans ce flot ininterrompu d'eau réfrigérée. Ses globes oculaires viraient successivement de droite à gauche, puis de gauche à droite. Sans rien apercevoir d'autre que les reflets argentés de la lune sur la surface aqueuse.
Un craquement retentit dans son dos, hérissant son échine d'un coup. Une embuscade ! La blanche fit volte face, se campant sur ses membres de façon défensive. Et elle le vit. Dans l'obscurité opaque de la nuit, il n'était à peine qu'une silhouette, une ombre parmi les ombres. Odyssée dévoila ses crocs, n'appréciant guère de se faire surprendre de la sorte. L'encolure basse, les yeux plissés. La blanche n'avait jamais semblé aussi agressive. Mais quelque chose la stoppa. L'allure de l'inconnu semblait calme et sans doute que ça jouait. Ce n'était cependant pas le détail qui la troublait le plus. Le regard du lupin était en effet à couper le souffle. D'un violet profond, sombre et pourtant brillant. Il étincelait dans le noir, note colorée dans les ténèbres. Et il n'était pas tout à fait inconnu, justement. Un air de déjà vu s'empara de son être, laissant la porte ouverte à la mélancolie en grand. Cela la dérangeait bien plus que nécessaire. Elle ne se souvenait de rien, aucune réminiscence précise ne l'envahissait. Il n'y avait que ce ce vague sentiment de déjà vu sans aucun sens. Odyssée avait toujours cru qu'elle était seule depuis toujours, que personne de notable n'était jamais entré dans sa vie. Et ça, ce regard précis, la glaçant plus que les températures négatives, ça venait bousculer toutes ses convictions. Avait-elle oublié quelqu'un ?
« Odyssée... C'est bien toi ? »
Cette voix ! Timbre doux et mélodieux venant s’aheurter à la froideur de l'hiver. Les notes chantaient à ses oreilles, envoûtantes. Son attitude agressive en était oubliée. Maintenant la blanche n'arborait plus qu'un air surpris, sa gueule formant un ' o ' de stupéfaction. Toutes sortes de sentiments se bousculèrent en elle, la laissant pantelante. Du soulagement ? Elle avait marqué la vie d'une personne suffisamment pour qu'elle s'en souvienne. De la peur ? Qui était-ce ? De la colère ? Pourquoi lui avait-elle laissé croire qu'elle était seule tout ce temps ! Elle voulu répliquer... Mais aucun son ne sortit de sa gueule. Elle se fit juste engloutir dans le noir, le néant abyssal des rêves.
Ses yeux s'ouvrirent brusquement dans l'obscurité de sa tanière, la vue encore troublée par l'image de son rêve persistant. La lueur violette dans les orbes de l'inconnue la perturbant toujours, le timbre de la voix s'estompant au profit du mistral qui s'engouffrait dans sa tanière. Odyssée était perturbée. Tout ça n'était donc qu'un rêve. Et pourtant, ça lui avait paru tellement réel. Elle avait senti la respiration de l'inconnue, celle-ci faisant des volutes de fumée dans l'air nocturne. Elle avait humé son odeur mi étrangère mi familière tout le long du chemin. La blanche était quasiment certaine que si elle avait fait un pas vers l'avant, elle aurait pu la toucher. Et pourtant... Était-ce un présage ? Ou un souvenir ? Odyssée n'était sûre de rien.
Soudainement, un bruit étouffé lui parvint à travers le sifflement du vent. Ses oreilles se dressèrent sur son crâne et ses yeux s'arrondirent de stupeur. Et si.. ? Et si c'était l'inconnue ? La blanche étira son corps encore engourdi par le sommeil puis se propulsa hors de la tanière d'un bond agile. Il fallait qu'elle la rattrape ! L'adrénaline se déversa dans ses veines aussitôt que le mistral se mit à malmener sa fourrure hivernale, ses prunelles orangées cherchant un point d'ancrage dans cette nuit sombre. Comme par hasard, des traces de pas se dessinaient dans la poudreuse, outrageusement voyantes. C'était un présage, Odyssée en était de plus en plus persuadée. Son cœur se mit à pomper furieusement dans sa cage thoracique, d'excitation mais aussi... d'appréhension sans doute. La louve allait rencontrer quelqu'un d'important au bout de cette piste. Se démenant avec le blizzard, elle avançait au petit trot, ralentie par l'épaisse couche de neige. Ses pattes s'enfonçaient quasiment entièrement dans la matière molle et froide, mais elle ne se décourageait pas. Les yeux fixés sur l'horizon, elle guettait une forme sombre se détachant sur la poudreuse. L'inconnue arborait une fourrure de jais bien reconnaissable en cet hiver enneigé. Elle ne devrait pas la rater! Une odeur de loup flottait dans l'air, balayée par le vent, à peine perceptible. Mais c'était suffisant pour Odyssée.
Les flots sombres du Styx se déversaient toujours de cette même fougue rageuse, percutant les rochers avec fracas. Elle touchait au but. Le souffle court, la louve accéléra de plus belle. Elle y était presque ! Arrivée sur la berge, elle trépignait d'impatience. Un craquement sinistre retentit dans son dos. Elle fit volte face, l'excitation à son comble, son cœur au bord de la rupture.
Mais qu'elle ne fut pas sa surprise de tomber sur des grands yeux bleus, plutôt que violets. Et la pelisse battue par le vent de l'inconnue n'était pas aussi sombre que la nuit, mais blanche. Merde. Un sentiment de colère s'insinua au plus profond de la louve. Elle avait rendez vous avec le destin, cette nuit. Cette louve immaculée n'avait rien à faire là !
« T'es qui toi ? » Demanda-t-elle d'une voix sèche. « Tu devrais pas être là. J'ai rendez vous, ce soir. J'espère que t'as une bonne raison de me déranger. »
Les sourcils froncés d'un air inquisiteur, Odyssée scrutait l'inconnue avec une méfiance mêlée de colère.
La louve s'était approchée du pont d'un pas incertain, non rassurée par l'état de la construction précaire qu'elle avait sous les yeux. Pour autant, elle n'avait pas vraiment le choix. Plutôt faire demi tour que de passer dans les eaux sombres et polluées du Styx. Puis ce n'était pas rien ce qu'elle avait fait là, elle l'avait cherché un bon moment et avait toujours faim. Soufflant doucement, elle se lança, posant une patte après l'autre dans une avancée contrôlée. Qu'elle ne fut pas son soulagement lorsqu'elle arriva au bout de son périple, qui avait duré pas plus de deux minutes soit dit en passant, mais qui pour elle avait été un véritable cauchemar. Et tout ce temps elle avait les yeux rivés sur ses pattes. Lorsqu'elle se décida à relever les yeux, c'est avec étonnement qu'elle observa une jeune louve blanche arrivait en courant telle une furie, qui ne l'aperçut pas du tout tant elle semblait obnubilée par quelque chose. Immobile, Neyraka ne fit pas de bruit pour ne pas se dévoiler, elle préférait ne pas être dérangée mais elle ne voulait pas non plus rester sur le bout du pont.. alors aussi discrètement que possible elle s'avança sur la berge. CRAC! Pour la discrétion s'était ratée soupira-t-elle intérieurement. Aussitôt le bruit entendu, la louve s'était retournée aussi vite que la lumière et avait braqué son regard jaune dans les siens. Et là ce fut la chute. Du moins pour l'inconnue. Impassible, elle avait observé une succession d'émotions passées sur ses traits. Étonnement, méfiance, stupéfaction, déception, choc et enfin colère. Oui une grande colère. Ce qui choqua la louve aux yeux bleu car elle n'avait rien fait pour mériter un tel sentiment à son encontre, elles ne se connaissaient même pas! Méfiante, Neyraka attendit le courroux de la jeune femelle qui s'abattit quelques secondes à peine qu'elle eut formulé sa pensée.
« T'es qui toi ? » Demanda-t-elle d'une voix sèche. « Tu devrais pas être là. J'ai rendez vous, ce soir. J'espère que t'as une bonne raison de me déranger. »
A cet instant, ce fut à son tour d'éprouver un choc et de la colère. Non mais pour qui se prenait-elle cette jeune femelle irrespectueuse! S'avançant de quelques pas, l'air plus énervé que menaçant, elle toisa la louve d'un regard dur et glacial avant de lui répondre d'une voix tout aussi implacable.
- Moi, je te conseille de redescendre de ton piédestal ma belle, parce que d'une je vais là où j'ai envie, de deux c'est toi qui me dérange à m'accoster sur ce ton et de trois tu devrais diriger ta colère sur toi même car je n'ai rien fait pour la mériter. Termina-t-elle froidement.
Tout en reculant de quelques pas pour remettre une distance appropriée entre elles, elle continua à fixer son regard courroucé sur la femelle. Personne ne l'avait jamais autant mise en rogne depuis très longtemps, voir même peut être jamais. Elle ne se laissait pas aller aux émotions habituellement mais là ça avait été impossible. Sauf que c'était choquant tout de même. Reprenant un masque neutre, elle attendit que l'autre se calme ou parte. Si elle avait pu choisir, elle aurait pris la deuxième option. Pour autant, elle resta là, tout dans sa posture transpirant la méfiance tandis que dans ses yeux brillaient toujours une lueur de mécontentement.