Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Eira avait visiblement dis des choses vexante sans s'en rendre compte. Toxic semblait énerver, déjà peu heureux de devoir écouter la blanche un instant de plus. Quant à Alkaïne, elle voyait rouge elle aussi, prenant la défense de Toxic et avouant qu'elle était la cause du bruit, qu'elle l'avait fait consciemment et qu'elle avait même hurler exprès afin que Toxic se fasse repérer. Eira ne pensait pas entendre cela un jour, surtout de la bouche d'Alkaïne.
De plus, la jeune rouquine prenait très mal le fait qu'Eira reparle de Delta. Elle disait avoir payer le prix de son erreur, et Eira était d'accord, seulement ce prix ne lui avait visiblement appris aucune leçon. Bren espérait que cette fois, la leçon était définitivement appris.
Toxic repris la parole, disant à Eira qu'elle n'était rien pour lui, et même le plus idiot des loups, même un homme, aurait pu voir à quel point cette phrase avait blessé Eira. Elle expira tout l'air de ses poumons, se rapetissant sur elle même. Elle respira un bon coup pour se calmer avant de se redresser, la tête haute. - Très bien. Je te considérais comme mon fils. Visiblement j'avais tort. Quant à toi Alkaïne, je suis vraiment déçue. Maintenant, je pense que vous avez appris votre leçon.
Sur ses mots, Eira fit demi tour et partit au galop. Elle retourna jusqu'au village. D'humeur massacrante, elle voulait retenter sa chance au pillage, prête à en découdre avec un chien afin d'évacuer tout son stress, et toute sa peur. Car en voyant tout ce sang, et en sentant l'odeur des deux jeunes loups qu'elle aimait le plus, Eira avait eu la plus grande peur de sa vie.
I hate the moment when suddenly my anger turns into tears
Protecteur? Impossible. Ne jamais dire impossible. L'impossible peut facilement être renversé, transformé en possible. Tout est relatif, tout dépend de chaque choses, de chaque situations. Je n'aurais jamais cru possible de voir apparaître cette lueur de compassion. Ou bien cette posture très protectrice qu'un loup que j'haïssais, qui m'haïssait, faisait. En quelque sorte, c'était quelque chose de nouveau pour moi, d'être confrontée à ces sentiments étranges. C'était des sentiments d'incompréhension. J'avais l'impression de n'être que spectatrice, observatrice durant cette situations particulièrement tendue. Je ne savais si c'était l'odeur du sang qui me montait à la tête, ou bien cette blessure, ce sang qui s'écoulait encore me rendant nauséeuse, mais j'avais l'impression que ma colère s'abaissait alors que je regardais Toxic qui, était compatissant envers moi. S'inquiétait-il? Je ne saurais le dire. A ce moment même, alors que j'avais juste envie de le toucher, de sentir son pelage contre le mien pour me calmer, je me sentais probablement plus calme que jamais. Ce n'était pas un coup de foudre qui se passait. C'était un début de lien entre deux anciens rivales. Après cet épisode, j'avais l'impression de pouvoir affronter tout les dangers à condition que Toxic soit également là pour m'aider à les affronter. Comme on dit, à deux l'on peut déplacer des montagnes, à nous deux nous changerons probablement le monde. Je ne savais pas non plus trop pourquoi, mais après, ça, je ne voyais plus Toxic devenir un ennemi, je le voyais rester au moins un ami, quelqu'un avec un lien positif. Et pourtant, je savais, j'étais certaine que parfois nous finirions par nous disputer, c'était incontestable, mais je me disais que rien ne briserai ce lien, que maintenant, l'on finirait toujours, enfin je crois, par retourner l'un vers l'autre. Un peu comme des aimants. On était tout les deux assez semblable, maintenant que j'y pensais, on s'énervait tout les deux très vite, d'où cet première bagarre. Mais je me disais qu'il n'y avait pas forcément que nos défauts qui devaient être semblables, et en quelque sorte, j'avais juste envie d'en savoir plus sur tout ça, sur lui.
- Tu n'aurais pas du dire ça...
Avant, j'aurais pris cette phrase comme des paroles préventives à une attaque, ou bien comme des menaces. Mais ce ton, un ton de compassion, mais qui en quelque sorte, montrait une infime partie d'inquiétude.
- Mais je l'ai dis...Ne t'en fais pas, il ne va rien m'arriver, après tout j'ai payé le prix de mon erreur avec cette foutue blessure.
J'essayais plus de me convaincre que de le convaincre lui. Qu'allait-il m'arriver alors que je m'étais à présent confessée? Allais-je être réellement virée de la meute, ou bien finir par crever par une justice ou un truc du genre? Je n'en savais rien, et en même temps, je ne le souhaitais pas. Cette mésaventure, je voulais d'un côté ne jamais l'avoir connue, mais de l'autre, j'étais heureuse de l'avoir produit. On était devenu un peu plus fort, probablement plus mature. On avait réfléchit. On savait. La vengeance ne résolvait rien. Elle ne servait à rien. C'était juste un prétexte pour verser le sang de l'autre. Mais là, il n'y en avait trop eu. Je ne voyais même plus la couleur marron de mon pelage. Je lâchais un "il faudra qu'on se lave avant d'aller voir la guérisseuse" en louchant sur mon museau d'un rouge vif, le sang se séchant petit à petit. L'on pourrait passer par le Styx, probablement, pour rejoindre la meute. Laisser la proie quelques instants, puis se laver chacun notre tour alors que l'autre faisait la garde de la proie. Ou alors peut-être bien faire une innocente bataille d'eau.
- Je sais ce que je vaux, et ce n'est pas 'elle' qui m'empêchera de vivre comme je l'entends.
Ce "elle", je le gardai dans les trippes. Je n'aimais pas réellement que l'on parle de moi comme si je n'étais pas là, mais je ne disais rien. A quoi autrement? Ca risquerait juste de briser ce lien qui ne demandait seulement à être chérit. Il changea ensuite d'expression, peut-être un peu surpris de ce qu'il avait dit. Et pourtant il sembla continuer dans sa lancé.
- Moi j'en ai fini avec cette discussion, tu n'es personne, même plus ma mentor. Alka' doit être soigné avant que ça s'infecte, on se bouge avec ou sans toi.
"On". J'aimais ce "on" qui montrait l'évolution de notre lien. On était un duo. Et la présence d'Eira n'était pas réellement la bienvenue. Je trouvais cependant les mots de Toxic un peu dur, d'autant plus que la femelle était sa mère adoptive, et que je savais, le considérait comme son propre fils. Mais je me disais que mes propres paroles de plus tôt avaient été un peu venimeuse tout de même. On ne valait pas mieux l'un que l'autre pour le coup.
- Très bien. Je te considérais comme mon fils. Visiblement j'avais tort. Quant à toi Alkaïne, je suis vraiment déçue. Maintenant, je pense que vous avez appris votre leçon.
Même si Eira essayait de le cacher, on pouvait voir cette tristesse qui la rongeait, on sentait même l'odeur à plein nez. Je culpabilisais, et en même temps avait un peu de pitié pour elle. Mais parfois il fallait vraiment que l'on s'affirme. Je me retournais vers Toxic qui saisissait sa proie avant d'entendre le bruit de la course effrénée de la louve qui s'enfuyait presque. Je tournai mon regard quelques secondes vers elle avant de m'avancer vers Toxic et de frotter durant quelques secondes mon pelage contre lui. Je déclarai par la suite, m'écartant un peu sans pour autant laisser une grand distance entre nous.
- J'espère qu'Eira ne dira rien. Même si je suis certaine qu'elle ira parler auprès d'Hige...Après tout c'est mal ce que j'ai fais...
Je détournai mon regard le glissant au sol. J'avais l'impression d'être devenue une louve totalement différente de ce que j'étais habituellement. De ne plus être Alkaïne. C'était un peu comme le retour de ma rencontre avec Delta, et que finalement j'avais finis par déprimer auprès d'Eira. Sauf que la dernière fois c'était le traumatisme. Peut-être bien que c'était lié à la blessure qui me donnait d'ailleurs l'impression d'être faible. Je lâchais un soupir avant de m'avancer en direction de la meute d'un pas lent, redoutant la rencontre que j'aurais probablement avec Hige.
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Sam 13 Fév - 17:58
Tandis que tout mon aspect physique montrait un loup sur de lui, un poil colérique et agacé de par mon visage; l'intérieur de tout mon être venait de se glacer jusqu'à même que je ne puisse plus parler et fort heureusement que j'avais repris ma proie en gueule. Cette dernière était assez lourde et dérangeante mais je le prenais pour moi comme une sorte d'autopunition et si je paraissais vraiment agressif, la chèvre pouvait peut être en paraitre la cause. Je relevais un moment donné la tête assez haute afin de soulever la grosse part de viande trainant sur le sol faisant lever au passage quelques traces de poussière. Je me rappelle de la réponse de la femelle blanchâtre suite à mes paroles dures qui avaient mouche. Le pelage de la jeune écrémée vint à nouveau au contact de ma peau et fit calmer mes esprits pour un temps. J'oubliais alors peu à peu l'ampleur de ce qui venait de se passer pour me concentrer sur les faits et gestes d'Alkaïne, sa voix, ses mots et ce qui pourrait arriver entre nous le temps du voyage.