Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
It's still not real. Ash and urn in silence. F : 06 - E : 04 - A : 10 f e a t . a l k a ï n e
Le jour prenait fin. Les mouvements se fondaient avec le fond silencieux du paysage. Plus lents, ils se faisaient. Le décor se faisait étrangement discret, comme si l’on tenait en otage. Suspendu, le temps ne voulait plus faire son « tic tac » habituel. L’arrivée de la nuit avait figé les troncs d’épinettes dénudées de leurs manteaux verts. Quelques étoiles perçaient tout juste le ciel assombri. Les plus brillantes et les plus braves se perchaient déjà, alors que le soleil venait tout juste de se cacher derrière les cimes. Silence y régnait. Quiétude ou inquiétude, nul ne saurait le confirmer. Ce qui se passait dans ces lieux gravement mutilés était un bien trop lourd secret. Les Dieux, si existent, auraient abandonné cet endroit s’ils avaient vu à quel point le tout semblait infirme, blessé et affaibli par la guerre et les émanations du passé.
Une odeur bien évidente asphyxiait les tourmentes régnant sur ces lieux. Le charbon y avait fait son nid. Une traînée poussiéreuse de rocailles et des traces humaines y avait été dessinée il y a déjà quelques lunes de cela. La chose qui préoccupait les loups était davantage l'activité humaines toujours active dans les parages.
Hopeless avait toujours fait des cauchemars en lien avec cette forêt. Cette étendue sombre de matières noircies par le feu et le charbon avait souvent visité le jeune louveteau. Mais plus aujourd'hui. Le rouquin au pelage poivre et sel avait grandit en se croyant plus fort que tout, malgré ces rêves. Pendant un certain moment, Hopeless avait crainte de s'endormir, et passait de longs moments à comtempler le ciel étoilé, en espérant que cette nuit là, la forêt charbonneuse n'allait pas venir l'hanter. Ne pouvant aller se réconforter au près de sa mère, Moro, il avait fait de son oncle, Hige, son père non biologique. Le loup au pelage sombre lui avait montré ce qu'était la force et comment vaincre ses peurs les plus endurcies. Tout était question de persuasion.
C'est donc ainsi que Hopeless, incapable de s'endormir cette nuit là, vint rôder dans les parages, incertain de ce qu'il cherchait. Le jeune canidé progressait tel un fauve dans la mince pénombre de la forêt. Le feuillage manquant, on pouvait encore percevoir les quelques variantes de couleur qui ornaient ces lieux, soit le gris, noir, marron foncé et quelques autres teintes inspirant l'ennui. Souffle du Temps avait vaincu sa peur. Il traversait fluidement à travers les troncs secs des arbres. La tête basse et l'échine quelque peu élevée, il se pensait roi de la nuit.
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Mer 30 Déc - 19:51
F : 8 A : 18 E : 15
Agacée. Je n'en pouvais plus de rester enfermée dans cette tanière. De ne pas pouvoir sortir comme je le voulais. Je ne pouvais pas m'en aller tant que ma blessure n'était pas totalement guérie. Chose qui me rendait particulièrement folle. Ne pas pouvoir m'évader me rendait folle. Papa restait carrément dans les parages pour surveiller que je ne m'enfuis pas. Après tout mon goût imperturbable pour l'aventure était toujours là. Même si sans elle j'aurais évité cette belle blessure qui balafre mon épaule. Et c'est durant un temps d'inattention de papa que je pu m'en aller. Rapidement, ou du moins assez rapidement pour une loupiote blessée au niveau de l'épaule. Je comprenais la raison pour laquelle papa ne voulait pas que je sorte. Tout d'abord parce que je risquais d'attirer des prédateurs avec l'odeur de ma blessure. Ensuite parce que sortir avec un blizzard à l'extérieur remplissait ma blessure de neige. Et malgré tout ce que je savais, j'étais tout de même dehors. Toussotant à cause du froid. Mais que j'aimais cette sensation de me sentir en vie rien qu'avec cette fraicheur que j'inspirais. Que j'aimais ressentir la force du vent sur mon pelage. J'avais légèrement froid, mais mon pelage d'hiver était heureusement là, plus épais et imperméable. Je gardais ainsi la chaleur sur moi. Je m'éloignais alors de la tanière, oubliant tant bien que mal ma douleur dans une marche disgracieuse. Mais bon, personne ne me regardait à ce que je sache, tout le monde dormait à cette heure de la nuit.
Je marchais ainsi silencieusement. Je ne savais pas où j'allais, je laissais mes pas m'emmener n'importe où. Et finalement, lorsque je me rendis compte de là où je me trouvais. Je paniquai tout simplement. Mon pouls s'accéléra. Ma respiration était par conséquent plus saccadée et plus rapide. Je revivais cette foutue attaque. Je voyais Delta me foncer dessus. Et je finis par tomber dans la neige, revivant le moment où la louve noir m'avait plaqué sur le sol. Je pleurai. Ma douleur s'intensifiant. Mes yeux fermés. Je ne ressentais que de la peur. Aucune honte de me savoir observée. J'avais bien trop peur du moment pour m'en rendre compte.
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