Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Nietzsche sentait les traces. Son museau chatouillait la neige glacial qui ne lui faisait rien. Il avait réussi à remarquer les aller venues incessantes d'une louve, et cherchant par la suite si elle habitait par ici. Il savait que c'est une solitaire car elle ne possédait qu'une seule odeur bien distinct. Il trottinait jusqu'à ce qu'il décelé l'habitation de sa proie. Le gris se savait bien moins puissant et fort que la louve noire ayant perdu des forces lors de son long voyage. Mais il ne résisterait pas longtemps sur ces terres sans aide ni information. Le gris espérerait que la louve ne serait pas sur la défensive. Il se savait d'une tempérance naturel et permettait parfois de calmer les cœurs endurcit... ou les renfermer encore plus. C'était quitte ou double. Face à la tanière, il sentait que la propriétaire n'était pas là. Il eut une soudaine pensée amusante ; qu'aurait dis sa louve aimée en apprenant qu'il rentrait ainsi dans les tanières d'une autre ? Mais ce souvenir chaleureux se transforma rapidement en goût amer et triste. Une noirceur se voila sur son visage tandis qu'il pénétra dans le lieux. La louve ébène finirait bien par rentrer, et Nietzsche se mettait sur la défensive, prêt à se battre si la situation tournait mal.
Avec l'arrivée de la mauvaise saison, Noire avait de plus en plus besoin de sortir de sa douce tanière pour chercher de la nourriture. Les proies se faisaient rares, la solitaire se voyait dans l'obligation de piller et chercher pendant parfois plusieurs heures. Aujourd'hui, elle avait pataugé pendant une petite heure près du ruisseau, sans rien dénicher d'autre que deux grenouilles, qui s'étaient enfuies en la voyant débarquer. Elle rentrait donc à sa tanière, bredouille, affamée, et énervée. A peine se fut-elle approchée de son habitation, qu'elle sentit une odeur inconnue. Un intrus. Dans sa tanière. Un loup. La colère la fit grimacer, et elle n'hésita pas une seconde à foncer droit vers l'entrée de sa tanière avant de s'y faufiler... Et de se retrouver devant un parfait inconnu, qui pensait surement pouvoir s'approprier cette tanière.
"Qu'est-ce que tu fous dans MA tanière ?!"
Le grondement de la noire perça le silence, et elle dévoila les crocs, le poil tout hérissé. Ce loup était un imbécile. N'avait-il pas senti l'odeur de la femelle dans la tanière ? Peu importait de toute façon. Elle allait le chasser d'ici, et plus vite que ça !
La réaction, même si quelque peu grognonne, soulageait l'étranger. Son "hôte" avait au moins eu la décence de parler avant de frapper. Nietzsche baissa le museau et la queue en signe de soumission, mais sans s' allonger sur le dos, cou face à ses crocs - ce qui était pourtant la finalité du geste de soumission. En effet, tout en ne voulant pas se montrer attaquant, il voulait prévenir la belle d'ébène qu'il n'était pas sans défense. Il mit quelques temps avant de repondre à la louve, en commencant par tarir les questions caché dans celle initialement posé.
《 Nietzsche. C'est mon nom, et je ne suis pas venue te dérober ton toit. Je suis venue ici pour être sûr de ne pas te rater. 》
Son ton se voulait sympathique et calme. Le loup gris avait délibérément laisser en suspens les raisons de sa venue. Avec un peu de chance, la curiosité de la louve lui permettra peut-être de retarder l'échéance, si combat il y avait. Il s' assit même et osa demander, échangeant le sens de l'interrogatoire.
《 Et toi, quel est ton nom, louve ébène ? 》
Le marcheur n'était pas sûr qu'elle réponde à sa question. Elle pouvait très bien nier la question par dédain, ou tout simplement parce que le gris ne lui inspirait aucune confiance. Justement, c'était un bon moyen de savoir si la solitaire était prête à l'écouter et voire même à lui répondre.
[désolé si y'a des fautes ou même si les phrases sobt mal construites. Je suis sur portable et, du moins pour ma part, écrire des rps dessys restent très delicat xD]
Le canidé adopta une posture de soumission pas tout à fait terminée, ce qui agaça davantage la solitaire sombre. Il se fichait donc d'elle ? Bon, au moins, il ne lui faisait pas une démonstration de force caractérielle des mâles idiots, qui ne pensaient qu'à combattre. Mais Noire voulait simplement qu'il s'en aille d'ici. Elle n'avait pas spécialement envie de se battre, juste de se rouler en boule et de dormir, seule, sans avoir à supporter la présence d'un inconnu.
"Nietzsche. C'est mon nom, et je ne suis pas venue te dérober ton toit. Je suis venue ici pour être sûr de ne pas te rater. Et toi, quel est ton nom, louve ébène ?"
Niet... Quoi ? Ce nom était vraiment bizarre. Mais pire encore, de quoi pouvait bien parler ce loup ? Il voulait être sûr de "ne pas la rater"... Noire sentit un frisson lui remonter l'échine. Ce mâle l'observait-il ? Voulait-il rentrer en contact avec elle ? Se connaissaient-ils, s'étaient-ils croisés durant l'enfance ? La femelle n'aurait su le dire, et cela la perturbait fortement. Montrant de nouveau les crocs, elle gronda et répondit, sans pouvoir cacher totalement son trouble :
"Pourquoi tu voulais me voir ? Qu'est-ce que tu me veux ?"
Elle n'avait pas répondu à sa question, car elle ne donnait que rarement son nom à des inconnus en son genre. Cela ne le concernait pas. Mais si les deux loups s'étaient connus, il y a de cela très longtemps, peut-être qu'une relation quelconque pouvait s'installer entre eux ? A moins que ce mâle ne cherche simplement que de la compagnie. Et dans ce cas, il était hors de question qu'elle l'accueille dans sa vie. Jamais.
Nietzsche se leva et se grandit. Bien que très grand, il n'avait pas du tout sa carrure d'antan. Malgré ses pattes puissantes, il ressemblait plus à un loup abandonné sans eau ni nourriture. Ce qui était le cas. Sur son territoire il connaissait ses proies, leur manière de vivre, les points d'eaux, les lieux dangereux. Ici, il était tel un louveteau que sa mère aurait laissé vagabonder jusqu'à sa mort, fatale et lente. Le gris ne dit rien, il laissa se faire contempler par la louve. Il savait qu'elle comprendrait d'elle même que sa situation physique n'était pas normal. Ses yeux terres entrèrent dans les yeux ambres de la solitaire. On ne pouvait rien lire dans son regard. Lui pouvait lire l'interrogation que suscitait sa présence dans les lieux de la louve. Il décida de briser le silence, ne voulant pas affoler celle qui serait probablement un de ses piliers... du moins pour l'instant. Ignorant la première partie de interrogatoire, il répondit partiellement à la seconde.
« Je ne veux pas te faire peur. Ni te nuire. Je ne peux pas de toute manière. »
Le loup se doutait que la louve noire était très loin d'avoir peur de lui, et il y avait de quoi ! Nietzsche ne faisait actuellement pas le poids face à elle. Le gris disait cela uniquement pour la rassuré un peu plus, comme pour insister sur l'évidence. Nietzsche hésita à rajouter quelque chose, mais il ne pouvait pas le dire sans être sûr que la louve ébène serait de son côté. Pour cela, il s'arrêta de parler. Il attendait que la solitaire pose d'autres questions, si elle avait d'autre.
Le loup dont elle n'arrivait pas à retenir le nom perdit sa posture de soumission et se redressa, voulant surement se montrer plus grand qu'il ne l'était déjà. Malheureusement pour lui, Noire ne vit en lui qu'un solitaire abandonné, affamé et frigorifié, qui cherchait un abri, et apparemment de la compagnie. Dommage pour lui, il avait choisi la mauvaise louve. Noire n'avait pas du tout envie de l'adopter, d'en faire son compagnon ou pire encore, son fils adoptif. Déguerpir d'ici était sa meilleure option avant qu'elle ne décide de l'abattre.
"Je ne veux pas te faire peur. Ni te nuire. Je ne peux pas de toute manière."
Noire s'indigna. Lui, ce pauvre loup déglingué, lui faire peur à elle ? Actuellement, c'était lui qui se tenait deux minutes plus tôt en position de soumission tandis qu'elle grondait de colère. Avait-elle l'air d'avoir peur ? Non ! Elle était juste étonnée de sa présence et de ses paroles.
"Réponds-moi ! Qu'est-ce que tu me veux, et pourquoi t'es venu ici ?"
Elle grogna de plus belle, démonstration de force, les oreilles rabattues sur sa tête et le poil hérissé. Ses griffes cliquetaient contre le sol de la tanière, tandis que la neige qui tombait dehors apportait plus de froideur encore que Noire en dégageait déjà. Ce loup avait intérêt à s'expliquer rapidement, la femelle avait déjà perdu assez de temps.
Le mâle comprit très vite que la louve noire n'était pas du genre commode. Nietzsche trouvait cela tout à fait exagéré de montrer les crocs ainsi face à un solitaire faible. Il comprit aussi que leurs conversation n'irait pas plus loin s'il ne répondait pad à cette question qui par deux fois elle lui avait posé. Il jetabun oeil dehors : il ne pouvait de toute manière pas sortir. Et pour faire quoi ? Retourner à chasser des proies inexistantes ? Après tout, il était bien plus au chaud ici.
《 Je suis juste venue poser des questions. 》, et sachant que la louve était à cran il continua 《 je viens de loin et je ne connais rien d'ici. Alors si tu ne veux pas juste me répondre à par exemple, quels sont les meutes ici, leur relation, qu'en est'il des hommes . Je ne te donnerai rien en échange par ailleurs.. Mais si tu n'es pas capable de faire ce simple geste, alors je m'en irai. 》 Il ajouta dans un leger rire 《 cela vallait-il la peine de s'énerver ? 》
Il s' assoit alors une nouvelle fois, un petit sourire au lèvre.
Noire était exaspérée. Les loups d'aujourd'hui se permettaient tout. Ils en allaient même jusqu'à s'incruster dans les tanières des autres. Surtout qu'il n'y avait rien à mangé ici, ce n'était donc pas la faim qui avait poussé de... Nietz -oui, elle allait l'appeler comme ça- à venir dans sa tanière. Il devait lui parler, certainement, et la solitaire était maintenant presque sure qu'ils se connaissaient d'avant, même si sa tête grise ne lui disait rien de spécial.
"Je suis juste venue poser des questions. Je viens de loin et je ne connais rien d'ici. Alors si tu ne veux pas juste me répondre à par exemple, quels sont les meutes ici, leur relation, qu'en est'il des hommes . Je ne te donnerai rien en échange. Et si tu n'es pas capable de faire ce simple geste, alors je m'en irai. Cela valait-il la peine de s'énerver ?"
Noire le regarda quelques instants, incrédule, tandis qu'il s'asseyait face à elle dans une posture calme et attentive. Il souriait, et la solitaire se surprit elle-même à baisser sa garde. Ses muscles se détendirent, son pelage retomba en place, et elle s'assit à son tour, gardant tout de même son regard agacé et son air renfrogné.
"Je vais te répondre, et ensuite tu partirais d'ici pour toujours, grogna t-elle. Je ne veux pas d'un mâle qui me colle aux pattes."
Puis, soupirant et se raclant la gorge, elle répondit à toutes les questions qu'il avait posé dans sa phrase précédente.
"Il y a trois meutes. Les Sekmets, les Navniks, et les Esobeks. Je te conseille d'éviter les Sekmets et les Navniks, qui ne se cassent pas la tête pour venir te briser la tienne. Les Esobeks donnent parfois domicile aux solitaires, mais mieux vaut ne pas pousser trop loin. Les loups de meute sont tous les mêmes. Il y a aussi des hommes, sur toutes les terres. Tu peux en croiser tout le temps, partout, et crois-moi il n'y en a aucun de pacifique. Ils te tireront dessus s'ils te voient. Mais ils ont des réserves, de la bouffe tu vois ? Ca nous pousse toujours à aller les piller."
C'est toujours mieux que de piller les Sek' et de risquer de se faire égorger, pensa la louve en ricanant intérieurement. Mais qui sait, peut-être que ce Nietz aurait plus de chance qu'elle après tout.
"Tu veux savoir quoi d'autre ? Demande moi ce que tu veux tant que tu es là."
À la première réponse de la louve, le gris eut un rictus imperceptible T'inquiète pas j'en colle déjà une. Pourtant Nietzsche n'avait pas l'impression d'inspirer ce genre de caractère. Celui du mâle qui vous suit jusqu'à à avoir ce qu'il veut ; c'est à dire une descendance la plupart du temps. Peut-être que son hôte cachait une certaine angoisse face à ce genre de loup, comme si elle ne pourrait les contrôler. On est donc si soûlant ou terrifiant que ça, nous, les mâles? Il soupira, mais avec toujours son sourire.
Puis la solitaire débit plusieurs informations que Nietzsche retenue toutes. Il failli ajouter qu'il savait que les hommes étaient dangereux et qu'on pouvait piller, que ce n'était pas non plus un demeuré (c'est d'ailleurs la première chose qu'il a fait en arrivant ici) mais il se ravisa. Vallait mieux éviter d'envenimer les choses pour des futilités. À la dernière intervention de la femelle, le marcheur baissa la tête en signe d'approbation et enchaîna tout de suite.
《 Qui sont les alphas des différentes meutes ? Sont-ils sur le trône depuis longtemps ? J'ai déjà pillé au village des hommes, car c'est là que mon odorat les a senti afin de les piller. Mais c'est dangereux. N'y a-t-il pas un autre endroit ? 》
Le gris avait délibérément changer de sujet, même si ce dernier l'intéressait. En effet, en le disant, le mâle se rendit alors compte que son interrogation passait un peu comme : et ils vont bientôt crever pour que je les détrône ? Ce que le mâle ne semblait visiblement, du moins selon moi, pas vouloir.
Aux questions suivantes du mâle, Noire resta silencieuse. Que dire désormais ? Elle ne savait rien des Alphas Sekmets et Navniks. Tout ce dont elle avait connaissance, c'était que ces deux meutes étaient bourrées de brutes déloyaux, qui s'en prenaient aux solitaires sans raison. Pour les Esobeks, c'était différent. Noire avait rencontré tout récemment leur Alpha, Plume Rousse, et connaissait même le Bras-Droit, Nymeria. Mais que dire à Nietz ? Noire sentait que sa question n'était pas désintéressée. Voulait-il rejoindre une meute ? Noire se retint de gronder. Elle ne voulait pas que ce mâle se pose entre ses relations avec les Esobeks. Et s'il voulait les rejoindre, et volait alors la place que Noire se réservait ? Elle avait prit la décision la veille, de bien réfléchir au sujet de la proposition de Reaven. Allait-elle oui, ou non, rejoindre la meute ? Dans tous les cas, elle refusait que Nietz lui pose des problèmes à ce sujet.
"Je ne connais aucun des Alphas. Pour la bouffe, moi je vole au village, je connais pas d'autre endroit. A part les réserves des meutes. Mais là, tu risques de prendre cher, pire encore qu'avec les hommes."
Noire se souvenait très bien des coups infligés par le Navnik sur la Plage Blanche, et de la louve dans le camp Sekmet, lors de son pillage avec Diedora. Et elle alors ! Quelle lâche. La femelle était presque certaine que Nietz et elle s'entendraient bien.
"Pourquoi tu me demande ça ? A propos des Alphas. En quoi ça te concerne puisque t'es solitaire ?" Se risqua t-elle à demander.
Elle renifla tout de même un grand coup, pour s'assurer que ce mâle n'était pas un infiltré des meutes venu lui soutirer des informations, mais non. C'était bien un solitaire pure souche. Mais alors... Que voulait-il aux meutes ?
Le gris sentit une certaine irritation dans la voix de la noire. Il souleva un sourcil à sa dernière question puis soupira.
« Ça me concerne parce que je veux savoir à qui j'ai à faire si je tombe un jour sur un membre de meute. » ajouta-t-il d'un air de malice.
Tu es sûr de ne pas connaître au moins un alpha ? Il n'était pas le seul à avoir un odorat, et à moins qu'elle est récemment fait un rendez-vous familial entre solitaire, la multitude d'odeur qui parsemé légèrement la louve devait provenir d'une meute. C'était presque imperceptible, on ne pouvait le sentir que de près. Mais il ne posa même pas la question. La louve semblait particulièrement irritable et Nietzsche savait qu'il ne tirerait rien d'elle avec une question de travers, qui remettrait en doute ses paroles. L'étranger continua.
« Sais-tu si les hommes ont toujours été ici? »
Il observait de plus en plus la louve noire qu'il trouvait nerveuse et instable. Il se demandait si la solitude lui allait bien, si c'était le froid qui lui plombait la tête ou tout simplement sa personnalité. Si Nietzsche était un médecin il pourrait même dire qu'elle est paranoïaque, car chaque sentiment de loup se ressent dans son odeur et Nietzsche était impressionné par les sentiments qui l'a traversé tour à tour. L’énervement, l'agacement, l'interrogation, l'irritation, le désarroi. Peut-être s'était-elle juste levé du mauvais pied ce matin ?
« C'est sympa de prendre le temps de répondre à mes questions. » et ce fut son sourire qui accompagna à nouveau ses paroles.
La réponse du solitaire était prévisible, et Noire, bien obligée de le croire, ne répondit rien au mâle gris. Elle attendit simplement qu'il lui demande autre chose, ou bien qu'il s'en aille d'ici. La louve était fatiguée de sa dure journée, et la faim n'arrangeait rien. Elle voulait désormais simplement dormir, tranquille et seule, sans avoir à répondre à des questions idiotes. Nietz lui demanda ensuite si elle savait si les hommes avaient toujours été ici. Noire leva les yeux au ciel, et lâcha un petit grognement désapprobateur.
"C'est sympa de prendre le temps de répondre à mes questions."
Cette fois-ci, se fut la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Aboyant brusquement vers Nietz, elle lâcha :
"Je ne fais pas ça pour être sympa, mais juste pour éviter que tu me gaves et me colles dans ma tanière ! Et non pour les humains j'en sais rien, je suis pas si vieille que ça, chais pas quand c'est qu'ils sont arrivés !"
Elle fouetta l'air de sa queue, plus qu'agacée désormais, et se leva. Son seul souhait était de dormir. D'un mouvement de tête, elle désigna la sortie au mâle gris, et attendit qu'il se lève, ou bien qu'il lui réponde. Ou pire encore, qu'il lui pose encore une de ses questions débiles.
Le loup était en proie au rire. Mais pas au rire délicat, mais celui qui se moque. Etait-elle donc bipolaire ou totalement hystérique ? Nietzsche ne savait guère mais il s'amusait de la situation. Ce n'était pas sympa disait-elle ? Mais elle aurait très bien pu me jeter dehors. C'était comme si la louve noire ne voulait pas l'être comme une barrière. Pourtant le gris trouvait celui plus puéril qu'autre chose. De plus, il avait bien précisé au paravent que si elle ne voulait pas lui répondre, c'était libre à elle. Et après cinq minutes de conversations, Nietzsche se fait cracher dessus Le gris ne la comprenait pas. Le mâle espérait que c'était juste un mauvais jour pour la louve et que tous les lupins de cette terre ne se comportaient pas ainsi. Contre toute attente le marcheur retint son rire.
« Redescend de ton piédestale ma grande. » Niestsche eut ce petit ton ironique ; comme s'il avait le temps de coller au train une louve hystérique ?
Le gris se doutait bien qu'il ne tirerait rien de plus de cette entretien. Il hocha alors la tête vers la sortie, demandant à son interlocutrice d'un instant de le laisser passer.
Noire n'en pouvait plus. Si elle était rentrée dans sa tanière encore plus en colère qu'elle ne l'était déjà, elle aurait pu tuer ce loup. En attendant, mieux valait qu'elle garde son calme, et qu'elle attende qu'il s'en aille. Nietz, avec son petit air moqueur et supérieur, lui lança de "redescendre de son piédestal", chose que Noire ne comprit pas, puisqu'elle ne savait pas de quoi il s'agissait. Mais elle compris très bien que ce n'était pas quelque chose de sympathique à son égard, et répondit au canidé par un grognement sourd. Le mâle désigna alors la sortie, signifiant qu'il voulait partir. Enervée comme jamais, Noire fit pourtant de son mieux pour ne pas perdre son calme, et se leva pour le laisser passer. Son regard jaune fixait le solitaire avec une froideur et chaleur entremêlées. La chaleur pour la colère, la froideur pour le mépris.
"Va t-en de ma tanière, et ne cherche plus jamais à y revenir", gronda t-elle menaçante.
Elle avait bien compris qu'elle n'impressionnait pas ce loup. Mais s'il l'énervait encore, et restait dans sa tanière rien que pour l'agacer, leur rencontre allait se terminer en bain de sang.
Le gris fut impressionné par la volonté de la noire de rester calme. Comme quoi aucune graine n'est irrécupérable apparemment. Il sourit devant la louve à la grande carrure, car finalement, ses manières l'avaient plus amusé qu'autre chose. Il fit même une révérence à la louve lorsque cette dernière lui laissa une ouverture. Il fixa le regard ampli de sentiment de la louve, ses yeux or qui prouvaient son explosion intérieure. Jetant un dernier coup d'oeil au lieu, il se demandait même s'il n'y retournerait pas un jour, rien que pour embêter la propriétaire. Lorsqu'il fut à la limite de la sortie, il se tourna vers la noire. Il savait que cela agacerait la louve, et c'est d'ailleurs pour cela qu'il lança, mais gentiment, car il lui était tout de même reconnaissant :
« Encore merci pour ta gentillesse, d'avoir pris du temps pour moi »
Le gris eut un gentil rire puis fila. On ne pouvait pas savoir si la louve allait se mettre à courir de partout, pourchasser le gris ou alors au contraire rester sur place à rire. Mieux valait prévenir que guérir.
Nietz jouait avec ses nerfs, Noire en avait la certitude. Il passa devant elle en faisant une petite révérence, et lâcha une dernière phrase ironique avant de s'enfuir en riant. La femelle aurait pu se lancer à sa poursuite et le réduire en tas de chair à pâté, mais elle se contenta de lever les yeux au ciel et d'aller se rouler en boule dans le fond de sa tanière en grommelant. Ce Nietz, dont elle n'avait toujours pas retenu le nom entier, s'était bien fichu d'elle. Heureusement qu'elle n'avait lâché aucune information sur Plume Rousse et les Esobeks ! L'image du mâle gris resta imprimée longtemps dans sa mémoire, alors qu'elle glissait délicieusement dans le sommeil. La prochaine fois qu'il reviendrait l'enquiquiner comme il venait de le faire, elle le chasserait immédiatement, sans chercher à comprendre quoi que se soit. Et ce serait pareil pour n'importe quel autre loup qui viendrait lui demander hospitalité. Non mais pour qui il l'avait prise, ce Nietz ? Franchement, plus rien n'allait en ce moment, sur les terres des loups...