Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 
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 Without anyone [solo]

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Mer 16 Déc - 16:53

DEFI SOLO » Tu chasses, ce qui est une chose bien banale, sauf que la créature que tu chasses est assez bizarre. Elle ne ressemble pas à un animal que tu connaisses, serait-ce un extraterrestre, ou une bête défigurée par les radiations ? Décris-nous cette créature et comment tu la chasses en 500 mots minimum. [647 MOTS]

Avec l'étrange créature qui bondissait et sautait devant lui, ahanant pour la rattraper, il n'avait qu'une certitude: il n'avait jamais ne serai-ce qu'imaginer une bête pareille.
Il l'avait trouvée au cours d'une de ses parties de recherche. A son approche, elle avait détalé hors de son terrier ou du moins de son abri et, tiré brusquement en avant par ses réflexes de chasseur solitaire, il s'était jeté sans réfléchir à sa poursuite. La bestiole n'était alors qu'une ombre, quelque chose qui était passé à toute allure dans les fourrés recouverts par le givre. Mais en pleine lumière, il se rendait compte qu'il ne s'agissait ni d'un lièvre comme il l'avait songé ni d'une de ses proies habituelles tout court. En fait, un humain aurait tout autant pu se mettre à parler loup qu'il n'aurai pas été plus ébahi.
Elle était de la taille d'un gros lapin. Rien d'étonnant à ce qu'il l'aie prise pour un lièvre au premier abord. La ressemblance s'arrêtait là, jusqu'à l'odeur. Elle avait cinq pattes, choses bien étonnante, recouvertes d'une étrange armure qui faisait se diriger l'esprit vers des membres d'insectes. Au bout de ces baguettes qui laissaient de fines empreintes dans la neige, il y avait des coussinets et quatre longues griffes à chacune d'entre elles. Son pelage était une alternance en patchwork de la même texture d'insecte, de poils gris, de poils carbonisés, de poils roux, blancs, noirs, beiges. Elle avait un museau écrasé, tordu vers le bas, avec lequel elle sifflait bruyamment en respirant, une tête entre lupine, humaine et féline, et une queue amputée, laissant un moignon de chairs presque verdâtres.
Une chose était sûre, quelle que soit cette bestiole, elle n'était pas taillée pour la survie.
Elle courait de façon désordonnée, faisant de brusques sprints qui le laissaient sur place, ou au contraire bondissant à droite et à gauche en perdant une avance considérable. Par moments, elle virait de bord avec une brutalité surprenante, et plus d'une fois elle passa à une portée quasi nulle de ses crocs. Mais à chaque fois, soit ses réflexes n'étaient pas assez aguisés, soit l'air repoussant et hideux de sa proie le faisai hésiter un centième de seconde mais toujours trop longtemps pour avoir son agilité et parvenir à la tuer.
D'où venait cette étrange créature? Dans son ancienne meute, un vieux loup avait énoncé une rencontre avec un lapin avec une étrange bosse un peu à droite du crâne, comme une oreille supplémentaire trop peu développée et cité les radiations des hommes qui faisaient ravage dans la région concernée. Il était mort peu avant son départ, d'un mal inconnu qui avait affecté ses poumons et détruit tout son système respiratoire. Tant d'entre eux avaient fait observer un possible rapport avec cet endroit rendu infect par les bipèdes et son passage visiblement trop prolongé pour être sans conséquences. Mais il était impossible de déterminer quel animal devait être à la base celui qui courait et bondissait de façon désordonnée devant lui.
Peut-être les hommes, directement, étaient derrière ça. Leurs pouvoirs étaient grands, presque mystiques, même si noirs et mauvais. Assez peut-être pour modifier radicalement des proies comme ça. Etaient-ils capables de ce tour de force? Cette créature était-elle à la solde des bipèdes, l'attirant inexorablement vers l'un de leurs pièges par son étrangeté?
La peur qu'engendra un très court instant cette pensée le fit piler net, et lorsque son impulsion première - la poursuivre et la tuer - reprit le dessus, il était beaucoup trop tard. Quelques secondes après, sautillant dans la couche neigeuse qui recouvrait la plaine, elle avait disparu. On l'aurait dite envolée, mystiquement téléportée, disparue comme elle était apparue. En faisant demi-tour, l'idée qu'il s'agisse d'une créature façonnée de la main humaine ne le quitta pas, l'obsédant et le torturant. Mais elle était partie maintenant, et ce mystère là ne serai sans doute jamais résolu.
Tant pis, après tout. Tant pis, tant pis.
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Mer 16 Déc - 20:57

AMNESIA » Vous vous réveillez dans un endroit inconnu, vous ne savez plus quel jour nous sommes, ni même qui vous êtes. Le monde entier vous est devenu inconnu, décrivez vos sensations. Minimum 400 mots.


Le vide.
Pas un vide agréable. Pas un vide désagréable. Le vide, simplement.
Puis quelque chose, quelque chose au milieu du vide. Pas vraiment au milieu; à droite, à gauche, en haut, en bas. Quelque chose de transparent, qui s'opacifie au milieu du vide. De la lumière. De la lumière qui frappait contre ses paupières fermées, des rayons qui agressaient ses yeux cachés.
Il les cligna, avant de les rabattre à nouveau. Quoi? Pourquoi quelque chose avait envahi le vide? Le vide était bien - infini mais si court -, le vide était sans problèmes, sans joies mais sans tristesses. Il cligna à nouveau des yeux, surpris de découvrir qu'il avait un pouvoir sur le monde, sur le quelque chose qui avait envahi le vide. Il pouvait en modifier des choses. Bouger.
Devant lui, il y avait des couleurs. Autre chose que le vide, aussi. Le vide était gris, le vide était blanc, le vide était noir. Et devant lui, il y avait du gris, pour la plaine, mais du gris précis, stable. Il y avait du pourpre et du rouge pour les grenats encore visibles malgré la neige. La neige, elle, était blanche. Derrière la plaine, derrière lui, il voyait du bleu; beaucoup de bleu. La mer. Et devant, il y avait même une minuscule et timide tâche verdâtre pour les quelques conifères encore debout.
Il y avait des sons, aussi. Dans le vide, il y avait un silence, un silence nullement dérangé. Le vent qui soufflait, murmurait ses suppliques au creux de son oreille. Très lointain, le grondement des vagues qui s'écrasaient sur la plage. Le cri d'un oiseau solitaire. Il orienta ses oreilles vers le cri. Il l'attirait, pour une raison inconnue. Mais tout était devenu inconnu. Pas seulement la raison, lui, le monde. Tout était étranger et confus dans son esprit.
Qu'est-ce que c'était? Pourquoi était-ce là? Pourquoi lui y était-il? Pourquoi le vide avait disparu?
Qui était-il?
Ce fut cette question qu'il décida de résoudre en premier. Lentement, comme l'aurai fait un homme congelé puis réchauffé très longtemps après par les générations futures, il tendit ses muscles, et sa surprise allait croissant en découvrant son pouvoir de mobilité. Elle fit un bond lorsque son premier réflexe fut d'humer l'air, et d'y découvrir des odeurs. Comment pouvait-il avoir tout à apprendre et pourtant des réflexes? Une question de plus. Allez, à ce rythme, une de plus, une de moins...
En entendant de nouveau le cri, beaucoup plus proche, il comprit pourquoi il avait eu envie de le rejoindre. Son ventre lui faisait mal. Il découvrit la douleur, puis, la faim. Quelque chose de primitif, de vieux comme le monde - pourtant si jeune - le poussait à trouver, en sa qualité de prédateur, cette autre vie pour l'annihiler en infligeant des dommages à son corps. Pour user impunément de ce corps, il fallait en ôter la vie. C'était un instinct si ancien, si naturel au milieu de ce brouillard de nouveautés qu'il en était abasourdi. Il découvrit ainsi avant la faiblesse la prédation.
Vacillant, il découvrit également qu'il était capable de faire quitter contact avec le sol en l'éloignant de lui avec ses pattes. Pour lui, pour l'instant, tout était autour de lui. Tout était pour lui et à cause de lui, tout était grâce à lui et contre lui. Le loup ne voyait que ce nouveau monde, qui avait envahi le vide, et qui le faisait s'y perdre. Il voyait que le sol se rapprochait de lui, toujours dans le même sens. Il voyait qu'il s'attirai à lui, et en essayant de pousser d'un coup dessus pour le lancer et l'éloigner, pour retrouver une part du vide qu'il avait perdu, le sol revint brusquement en lui arrachant un gémissement lorsque ses articulations craquèrent.
La douleur était revenue, mais dissemblable. Comme un éclair. Un éclair dans sa patte lorsqu'elle avait heurté avec violence la plaine qui s'obstinait à s'écraser tout contre lui. Du même élan, il comprit avec effroi que le gémissement venait de lui. Puis avec plus de calme. Lui aussi était donc capable de produire des sons. Pas seulement son environnement. Mais malgré toutes ces découvertes et ces zones plus nettes, tout était si flou et si étrange qu'il laissa le sol revenir à lui, frappant son museau et le reste de son corps lorsqu'il s'y effondra.
Pourquoi? Cette question revenait en boucle dans sa tête. L'idée même que d'autres étaient dans son cas ne l'atteignit pas. Il était seul au monde, seul pour souffrir de ce changement si brutal et violent.
Le cri se fit plus net, et un battement d'ailes le suivit. Croassement. Le bruit le fit sursauter et il tourna la tête. Il maîtrisai de mieux en mieux cette enveloppe charnelle qui lui avait été attribuée pour loger son esprit, sorti du vide pour venir dans ce qui l'avait envahi. Noir. Noir luisant, qui encadrait deux yeux noirs aussi, et un bec entre blanc et gris. Les deux se fixèrent. Le mot revint comme un élastique dans sa tête. Corbeau.
Un corbeau. Vivant. Lui aussi pouvait penser et modifier le monde autour de lui. Le vent n'était par exemple pas vivant mais il modifiait. Il modifiait sans penser, se pliant aux caprices non-pensés également de la météo. Quelques secondes après le nom qui lui était revenu comme qui dirait de nulle part, un autre lui revint. Faim. Il en avait déjà fait l'expérience, mais sans parvenir à mettre un nom dessus. Spontanément, il bondit en avant pour tuer le corbeau et se débarasser de faim, car il ne s'agissait nullement d'une sensation utile ou agréable.
Evidemment, le volatile s'enfuyit bien avant que ses crocs ne claquent dans le vide. Il avait prévu l'attaque. Mais soudain, le mâle blanc se figea. Les mots lui revinrent, en masse. Plaine. Cendres. Humains. Loups. Meutes. Proies. Survie. Solitaire.
Fantôme.
Il gronda. Il se souvenait. Le vide ne voulait rien dire. Le vide n'avait jamais été envahi car il n'y avait eu de vide que dans son esprit. Il se souvenait, il se souvenait de sa vie, de ce qu'il était.
Ghost. Le Joker Fou.
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Mar 22 Déc - 13:20

CHASSEUR CHASSÉ » Vous avez volé de la nourriture, et vous vous êtes fait voir! Vous êtes poursuivi par un humain armé et par ses deux chiens. Écrivez la poursuite du point de vue de l'Homme. Minimum 300 mots.

Cette bestiole croyait-elle donc qu'on se servait impunément dans nos réserves? Elle rêvait! Il ou elle, j'en sais fichtrement rien, mais ça n'a pas d'importance, ce qui en a c'est ce que ce loup a fait et ce qu'il va payer pour ses vols!
Je l'ai vu un poil avant qu'il ne soit trop tard et qu'elle ne s'enfuit sans que je la voie. Avec un joli lapin en gueule, dérobé d'on ne sait quel hangar - mais un des nôtres - mais un poil trop tard aussi pour l'avoir du premier coup. Le coup est parti mais a ricoché deux mètres plus loin alors qu'il avait déjà abandonné son butin et commencé à s'enfuir. J'ai hurlé à l'aide, ai pris deux chiens au hasard - ce qui devait jouer dans ma situation actuelle; un flemmard incompétent et un jeune inexpérimenté et indiscipliné - et ai sauté sur le premier véhicule à ma disposition. Sauf que la foutue bestiole avait tout prévu, puisqu'elle avait bifurqué vers les arbres. J'ai lâché les deux chiens et j'ai cherché à trouver une piste où je pouvais passer, difficilement, entre les arbres calcinés.
Mauvaise idée, assurément. Mais maintenant que je suis là, je dois continuer et terminer le boulot en tuant cette sale bête. Sans abandonner là mon véhicule, que j'aurais toutes les peines du monde à ramener ensuite sans parler du risque de vol, même si à ce stade continuer à pied serai bien plus facile. Je décoche coup de fusil sur coup de fusil, mais à chaque fois le loup - blanc comme neige et maigre comme un squelette - évite, encore et encore, ou les arbres font rater ma maneuvre, ou un cahot sur le sol forestier dévie mes tirs. Les chiens courent, mais l'un fait comme bon lui semble et l'autre traîne loin derrière. Mauvaise idée aussi d'avoir choisi ceux-là. Une belle brochette de poids morts.
Finalement, sentant que le plus jeune le rattrape - ou juste pour m'humilier davantage - le canidé se retourne pour bondir dans le même élan sur son poursuivant. Les deux roulent à terre comme des sauvages, s'entredéchirent, et dans la mêlée et à une telle distance je suis bien incapable de viser sans blesser le chien, aussi inutile soit-il. Quand je suis enfin assez proche, il gise au sol avec une patte en sang et l'épaule ouverte, et le loup court toujours. Sans la moindre douceur, je m'empresse de le mettre dans le véhicule pour reprendre ma poursuite. J'ai beau hurler mes ordres à celui qui reste, c'est qu'il est obstiné et qu'il ne compte sûrement pas épuiser toutes ses forces à courir derrière une bataille perdue d'avance.
Ca fait un bon moment qu'on court, et derrière le jeune saigne comme un cochon, ajouté à ses gémissements de douleur. Mais je ne perds pas espoir, puisqu'à défaut de l'avoir à l'endurance la plaine n'est plus très loin et là, plus d'arbres pour me ralentir et boucher mon champ de tir, rien que le vide, le vide entre le canon de mon fusil et ce parasite. Sauf que rien ne se passe comme je l'espérais puisque - vraiment incompétent et vraiment flemmard - le deuxième chien baisse l'allure jusqu'à trottiner tranquillement à côté du véhicule, alors que le loup prend encore de l'avance. Je lui crie à la figure, balançant les pires injures qu'on aura vu dans le village, mais rien n'y fait et il se contente de suivre le rythme paresseusement. Je ne vois même pas pourquoi on a laissé une bête aussi inutile en vie et surtout avec la tâche de monter la garde!
Quand enfin je suis en vue de la plaine recouvertes de petits grenats, le loup a disparu. Je suis là, oeil dans le viseur et doigt sur la gâchette mais ma proie s'est volatilisée. Je regarde autour de moi; le loup est loin, très loin dans la forêt, profitant de mon moment d'inattention pour changer de direction et repartir dans les bois. A l'arrière, le jeune agonise, j'ai vide deux chargeurs sur des troncs d'arbre et je vais devoir faire tout le chemin retour pour faire part de mon cuisant échec. Journée de merde.
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Mer 6 Jan - 18:41

ENTRAÎNEMENT SOLO - 862 MOTS

La dernière fois qu'il avait poursuivi un cerf en solitaire, il s'était avéré qu'il n'était pas le seul à le traquer. La poursuite, pourtant, s'était finie par la fuite - et de loin - de la proie et de l'épuisement des deux chasseurs. En bref, ça n'avait pas été bien fructueux.
Cette fois-ci avait également été une mauvaise idée. Du haut de ses cinq ans, de sa vie de solitaire, il aurai dû savoir que l'on n'attrapai pas un cerf comme un lapin! Le résultat était là; il avait couru un bon moment, tenté d'attaquer une biche et son faon, et le mâle de la troupe avait déboulé d'on ne sait où pour lui faire comprendre qu'il ne s'en tirerai pas à si bon compte. Pourtant, avec tout ce qu'il avait trouvé cet hiver, il aurai eu de quoi survivre! Surtout pour un hiver aussi rude - mais non, il fallait évidemment qu'il ai le cran et la stupidité d'aller chercher des noises à un cerf. Maintenant, il se retrouvai avec un cervidé plus qu'en colère sur les talons, et fermement décidé à faire payer au chasseur. Très intelligent, bravo, et qu'est-ce que tu comptes faire? Grimper en haut d'un arbre?
Il y avait une dizaine de mètres entre prédateur et proie - à ceci près que la proie avait inversé les rôles. Le seul réconfort que pouvait avoir le loup, pataugeant dans la neige et contre un vent de blizzard de face, c'était que le cerf devait subir le même effort que lui. Avec un peu de chance, il lui échapperai à l'endurance. Avec encore plus de chance, le cerf serai trop fatigué pour se défendre et il aurai une chance de lui infliger de quoi le dissuader de revenir l'enquiquiner, ou même le tuer. La perfection.
La neige lui fouettait le museau et les rafales jouaient impunément avec son pelage blanc, ralentissant sa course. S'il n'avait pas été entouré d'air aux températures les plus basses qu'il n'avait jamais vu, il aurai haleté de ces efforts prolongés. Mais il se contentai de serrer les dents face au froid mordant que l'ardeur de la poursuite ne suffisait pas à disperser dans son corps et à forcer ses muscles à continuer de courir. Ça faisait un moment qu'ils cavalaient, maintenant. Et le cerf ne semblait montrer aucun signe de faiblesse. De son côté, il était quasi sûr d'être perdu et qu'il aurai des difficultés plus que certaines à retrouver sa tanière de fortune. Mais sa vie comptait plus que les carcasses desséchées et congelées de quelques proies - celles qu'il n'avait pas mangées - que contenait encore le trou qu'il s'était creusé près du lac d'acide.
Ses pattes le brûlaient de fatigue et de froid, et chacun de ses muscles lui hurlait d'arrêter de courir comme un dégénéré, cerf ou pas cerf. Avant de songer à blesser ou tuer le cerf, il fallait songer à savoir s'il s'en tirerai, purement et simplement. Et indemne, au mieux. Sauf que le cerf était furax et clairement décidé à finir la course par sa victoire, blizzard ou non. Les températures étaient polaires et le vent semblait aller croissant avec l'épuisement des deux poursuivants - car, le solitaire le pressentait, les forces du cervidé baissaient elles aussi, malgré sa détermination à toute épreuve - apportant son lot de neige sur le paysage et des difficultés de plus en plus rudes à tenir le rythme, d'un côté comme de l'autre. Mais il ne fallait pas montrer de faiblesse. Seulement continuer à courir, courir dans la tempête.
Il ne pourrait pas indéfiniment garder ce rythme, il le savait. Le cerf l'aurai avant lui. Peut-être effectivement n'était-il que pessimiste et il abandonnerai la bataille avant lui, ce qui lui laisserai l'occasion de le semer pour de bon et trouver un abri en attendant de pouvoir revenir à sa tanière, sauf que là tout de suite ce n'était clairement pas lui qui avait l'avantage - et il allait devoir ruser. Puisqu'à l'endurance il était bien incapable de le distancer, il se servirai un peu de sa caboche. Il lui suffirai de trouver un recoin ou un trou assez petit pour bloquer passage au cerf... Enfin, suffirai n'était peut-être pas le meilleur mot. Trouver un truc où il pourrai se réfugier avant qu'il ne fasse disparaître la dizaine de mètres qui les séparai tout en le gardant en sécurité. Il manqua trébucher et en perdit un bon de marge. Réfléchir en courant, pas une bonne idée.
Plus d'une fois un simple rocher lui sembla être un trou et plus d'une fois il voulut foncer dedans pour s'y réfugier, en se contenant - heureusement - à chaque fois. Mais finalement, vint une énième tache foncée sur la surface blanche, un énième abruptement. Cette fois, il ne réfléchit pas, et cette fois fut la bonne. Il y disparut comme envolé; de son abri, il vit le cervidé enragé gratter furieusement la neige autour du trou, puis faire demi-tour. Essoufflé, épuisé mais bien en vie, le solitaire s'engagea au plus profond du terrier pour bien le vérifier abandonné, puis s'y blottit pour attendre la fin de la tempête et pouvoir retourner à sa propre tanière.
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