3/9/10

Les pas de Reaven l’avait mené jusqu’à la ville en ruine. Véritable coffre au trésor pour les explorateurs et les Guérisseurs, elle regorgeait d’objets en tous genres oubliés par les hommes ; allant des boîtes de conserve difficiles à ouvrir mais remplies de nourriture, aux médicaments précieux qui semblaient soulager presque tous les maux, pour autant qu’ils étaient utilisés correctement. Mais la ville servait aussi d’abris à certains hommes démunis, qui étaient loin d’être inoffensifs.

Reaven ne cessait d’être impressionné par ces gigantesques immeubles qui semblaient toucher le ciel et se demandait à quoi ils pouvaient bien ressembler avant d’être envahis par la végétation. Comment les hommes les avaient-ils construits ? Comment ne s’écroulaient-ils pas ? Mais surtout, pourquoi les avoir construits ? Vivre dans ces tours de béton ne semblait pas bien confortable aux yeux de Reaven. Les hommes étaient tellement différents …

Une autre question germa dans l’esprit de Reaven : quelle vue pouvait-on avoir du haut de ces immeubles ? On devait sûrement voir à des kilomètres à la ronde. Mais grimper là-haut devait être dangereux, et si jamais il tombait sur un homme y ayant établi son campement ? Le risque était fort grand, et Reaven n’était pas prêt à le prendre.

Il se résolut alors à explorer la ville au sol. Sûrement pourrait-il trouver d’intéressants artéfacts, ou une quelconque plante médicinale, toujours utile. Il se mit donc en route, slalomant entre les vestiges des hommes et les nouvelles créations de la nature.

Le souffle s'engouffre entre les immenses bâtiments qui se dressent autour de mon corps qui semble minuscule, même en ruine ces bâtiments sont encore impressionnant. Leurs ombres avancent au rythme du soleil.
J'avoue que je suis tenté de monter en haut d'une de ces choses. Mais le jeu n'en vaut pas la chandelle. Si un ou des hommes ont établi leurs campement en haut je suis mort, puis on épaule gauche me lance au fur et à mesure de mes pas.
Entre les ruines et la végétations grandissantes il me semble apercevoir un congénère. Assez imposant, mais je ne distingue pas très bien ses formes. Ma vieille habitude de chasseur me prends et j'avance sans bruit vers ce qui est ma proie ou un ami, je ne suis pas encore sur de moi.
À quelques mètres de lui je sens son odeur. Esobek sans aucun doute. Un rictus joyeux s'installe sur mon visage, je vais pouvoir jouer et en plus c'est un chercheur de plantes, parfait, il y a de quoi rigoler.
Je me cale derrière lui, sans bruit, je l'observe un peu, il divague d'un plant à l'autre. Pathétique. Un loup qui affectionne des herbes. Le sang et la viande y'a que sa de vrai.
J'ai la flemme de lancer une attaque alors je me contente de lancer avec ma voie rocailleuse :
- Belle journée pour une chasse même si on est un bouffeur de plantes non ?
Provoquant. Comme à mon habitude.

L’errance du Guérisseur le conduit jusqu’à un bâtiment plus petit que les autres, dont les murs étaient faits de briques rouges. La façade du bâtiment était constituée de ces étranges panneaux qui laissent passer la lumière, comme de la glace qui ne fondrait jamais. Derrière les panneaux se trouvait une grande pièce remplie d’étagères, certaines vides et toujours debout ; d’autres tombées au sol, leur contenu éparpillé un peu partout.

Reaven allait se glisser à l’intérieur par une fenêtre brisée quand quelque chose attira son attention : devant la porte du bâtiment, à l’extérieur, au milieu d’un plan d’herbe, se trouvait un sachet rempli de petites boules blanches. On aurait dit des litchis, mais de minuscule taille. Reaven ouvrit le sachet avec ses griffes et en observant le contenu de plus près : c’étaient bien des litchis, du moins ça en avait l’odeur, mais ils étaient durs et vidées de leur eau. Pourquoi faire une chose pareille ? Quel avantage y avait-il à retirer l’eau, si précieuse, des fruits ?

« Belle journée pour une chasse même si on est un bouffeur de plantes non ? »

Reaven fut surpris par la voix, mais n’en laissa rien voir. Le Guérisseur se redressa et tourna la tête, pour voir un imposant loup noir derrière lui. Sekmet, d’après l’odeur.
Le reste de son corps suivit, il était maintenant face à face avec l’étranger. Des cicatrices parcouraient l’entièreté de son corps et la méchanceté pouvait se lire dans ses yeux ambrés. Reaven n’aimait pas les stéréotypes, mais dû reconnaître qu’il était bien un Sekmet typique. Ignorant et sans cœur, attendant le meilleur moment pour vous sauter dessus et vous trancher la gorge, mais non pas sans avoir d’abord joué avec vous. Le meilleur moyen de s’en sortir, c’était de ne pas rentrer dans le jeu.

« Belle journée, en effet. »

Si jamais l’autre loup décidait de se battre, Reaven n’aurait aucune chance. Sa seule possibilité de survie serait la fuite, et il était bien mal placé pour fuir : aucun moyen de faire demi-tour et de partir en ligne droite, ni même de partir sur les côtés. Le temps de trouver une échappatoire, il devrait garder son calme et ne montrer aucun signe de faiblesse.