Nietzsche était habitué.
Ce n'était pas pour rien que le grand loup était gris clair. La sélection naturelle faisait souvent bien les choses.
En effet, l'étranger venait de pays où la neige actuel était celle habituel. Son épaisse fourrure l'isolait et sa couleur lui permettait, tel un ours polaire, de refléter sa propre chaleur corporelle, l'a stockant ainsi. Nietzsche était prêt.
Du moins presque.
De là où il vient, tout le monde y est prêt. La nourriture, même si légèrement moins abondante, prolifère toujours. Il sentait que le goût juteux de l'hermine allait énormément lui manquait dans ces contrées.
Les animaux ici ne semblaient pas résister au froid. Mais heureusement pour lui, le gris n'était pas bête, et vivant lui aussi à l'époque près d'un village d'homme, il savait ce qu'il avait à faire. Il n'aimait pas cela. Pour lui c'était un principe : voler de la nourriture c'était lâche... mais peut-être cela cachait-il de la peur ? Si s'en était une des raisons, il était absolument sûr que le loup aux yeux de Terres ne se l'avouerait pas.

Marchant lentement vers le lieu, il y va à pas (justement) de loup. La neige, pourtant si fragile, ne semble plus craquer sous ses pattes de muscles. Il grogna légèrement avant de lever son museau.

« Que la chasse commence ... » murmura-t-il au vent.

L'étranger aperçue alors une horde de petits animaux. C'était le Graal. Nietzsche n'hésita pas et sauta dedans. Grosse erreur. Il avait tellement eue confiance en lui qu'il n'avait pas réfléchi et finalement, ce fut les petites bêtes qui rirent de lui lorsqu'il trébucha contre une branche.

« Quel con. »

Lorsqu'il s'élança une nouvelle fois, les proies étaient aux aguets. C'était trop tard pour ce troupeau là, il n'avait aucune chance. Il rebroussa alors chemin, bredouille, mais toujours déterminé de remplir son estomac. Jetant un regard vif en direction de ce qui semblait être un lapin. Il avait dû rester au chaud auprès des humains. L'animal semblait grassouillet, et le mâle en déduisis qu'il devait appartenir à un humain. Il avait déjà vu cela, et ne comprenait absolument pas ce fonctionnement. Peut-être aurait-il l'odeur des hommes, mais au moins il aurait de quoi manger...

MUSIQUE AU PLAISIR

Je possède cette nonchalance. Après tout, je sers un peu rien, je ne suis qu'un lapin. J'adore manger et l'animal qui m'en sert m'y apporté toujours avec un bol d'eau. Après tout, je n'ai qu'à faire quelques pas pour me nourrir. Pourquoi partir ? Je sens bien que plus le temps passe, plus les mains de l'animal sur moi se font naturellement et que plus le temps passe, moins il y a d'autres lapins avec moi. Ce fut d'abord Roger, puis Marc, et tant d'autres. La dernière fut ma belle Anne. Mais pourtant je me laisse toujours approcher par la main de Dieu, celle qui m'apporte mes victuailles, qui fait que la pièce est chaude, que c'est le jour lorsqu'elle entre quelque part. Je ne comprends pas tout, mais ce qui est sûr c'est que je suis tellement mieux ici.
Il est vrai qu'Anne est parti il y a un moment et qu'elle me manque. Elle était tout juste enceinte. Je voulais les appeler Guillaume et Denis pour des garçons, ou Natacha et Kim, pour des filles. Pour le moment je mange. Je cours probablement moins vite qu'avant. Parfois je vois des lièvres sauvages. Mes cousins. Si maigre. Je fais dépasser mon museau par la fenêtre pour leur dire bonjour. Mais ils ne me regardent pas. Parfois j'y dépose la laitue. Ils la prennent furtivement, hésitant comme si le lieu était l'incarnation de la peste.
Et j'ai honte.
Mais aujourd’hui.
Je suis dehors.
Il fait extrêmement froid. Je ne suis plus habitué. J'ai voulu voir dehors.
Sous mes pattes, la neige craque. Mon cœur bat vite, très vite. Je me sens à nu. Mais je me sens tel que je suis. Face à moi une fleur résistant au froid, et la cruelle loi de la nature fut que moi, d'un coup de dent la savoura. Elle était tellement bonne. Produit de cette terre et nourri par la pluie de ces cieux. Depuis, j'ai besoin. J'y reviens souvent. Chaque jour un peu plus loin. Je croise de moins en moins la main de Dieu. Je me cache quand elle arrive. Je commence à ressentir l'odeur du Dieu qui était anciennement devenue aussi la mienne. Et tel un rebelle, je lutte contre ce quoi cette puissance m'a forgé. Je refuse la nourriture. Je refuse l'eau. Je refuse le doux confort.
Je vis dehors.
Mon ventre se fait de moins en moins grassouillet, et j'ai déjà mordu le Dieu. Et il ne m'a rien fait. Le monstre m'a juste regardé avec de grands yeux globuleux, et sa bouche semblait tomber jusqu'au sol. La bouche du monstre est quelque chose d'absolument terrifiante. Ces dents avec ce rouge. Ses mains surplombées de long doigts squelettique. Comment je pouvais me laisser toucher par cette chose ? Je vis sauvage.
La main de Dieu parfois ne viens plus. Je ne suis plus un fidèle, et mes prières se faisant de moins en moins courante, il a préfèré se retourner vers la prêtresse Ariane, une jeune lapine blanche tout juste arrivé. Il m'est déjà arrivé de repousser Ariane, car son odeur de Dieu m'empestait les narines. Je crois que le surpuissant m'a vu ce jour-là. Mais je m'en fiche.
Je suis sauvage.
Dans ma neige habituelle, je mâchonnais les plantes alentour. Mon poil était devenu particulièrement volumineux mais de moins en moins soyeux. Mais soudain il eût un bruit anormal. Une chose approcha. Ses yeux brillèrent dans la nuit, d'un brun intense. Ce regard rappelait celui de la Terre, de la vie, du monde des vivants. Pourtant son pelage argenté lui donnait un air surnaturel. Cet animal ne ressemblait pas à la mort. C'était un ange. Il eût un instant de symbiose entre l'être et moi, sentant sur mes épaules toutes la fatalité de la chaîne animale. Je mangeais la fleur et le loup mangeait le lapin. J'étais tel ce premier pissenlit que j'avais englouti : inoffensif. Mais j'admirais cette force de la nature. Il eût ces instants qui furent telle la création d'un univers basé sur la loi du plus fort. Mais il eût aussi ce moment où un bruit qui me semblait venir d'un autre monde gronda. Celui d'un autre chien. Tout à coup, cette transcendance qui s'était effectué entre le chasseur et le chassé se brisa. Mon meurtrier s'arrêta quelques instants et observa son adversaire. Je vis dans son regard si profond la peur et l'hésitation. Et le premier coup de fusil fut dissuasif, il détala. Le Dieu, le monstre, la chose l'avait emporté. Elle l'emportait toujours.
Mais moi j'étais toujours en vie. Mais mourir à cet instant ne m'aurait pas dérangé. Parmi cette neige, entre les crocs de l'ange. Je n'étais pas un imbécile. Je savais que ni Marc, ni Anne ne reviendraient jamais. La main de Dieu m'attrapa par les oreilles. J'observai une fois de plus ces orbites étranges, sa peau sans poils, son sourire terrifiant.
Je n'étais plus un bon fidèle.
Ce soir, sur l'autel des sacrifices on me mangera moi.

Je remercie l'écrivain/les écrivains (que sais-je) qui ont pris la peine de me répondre via les Traqueurs rapidement

Nietzsche n'avait plus rien à faire ici. Le lieu était bien trop dangereux. Malheureusement pour le loup gris, il ne connait rien de ces lieux, et ne sait où trouver de la nourriture à piller ailleurs. Il était temps pour l'étranger, de se faire des amis...

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