On n'a pas toujours la chance d'avoir une vie facile, et je dois avouer que j'ai déjà traversé pas mal d'épreuves pour mon jeune âge. Pourtant les difficultés se multiplient et les responsabilités qui m'incombent semblent pousser comme des champignons, se suivant les unes les autres sans me laisser de répit. Voilà que je suis le frère de trois loups et, si je n'ai pas encore retrouvé mon père, je n'en sais pas moins au fond que la famille n'a pas terminé de s'agrandir. C'est la raison qui me pousse à être ici, sur les terres qui ne sont pas celles de ma meute et qui, justement, devraient être fuies par les loups comme moi.

Je guette les environs, mais ma chance est là. Nul Sekmet à l'horizon, et un garde-manger plein qui n'attend que moi. Je m'avance d'un pas lent, aux aguets. Je suis prêt, et je vais gagner de quoi nourrir mes frères et ma soeur ce soir. Mais alors que je tends la tête pour attraper une proie, un grondement me fait me redresser immédiatement pour faire face à un adversaire dont le souvenir m'éboue encore les sangs. Je me redresse de toute ma hauteur pour le toiser, le regard droit et dur. S'il croit m'impressionner, il se trompe lourdement.

- Si j'étais toi, j'essaierais même pas.

- Tu n'as pas plus à faire dans le coin que moi.

Qu'il tente de m'empêcher de me nourrir. Qu'il tente seulement. Il ignore ce qu'il se prendra sur la truffe.

Son attitude face à moi ne laisse aucun doute quand à ses intentions. Il va me mettre une raclée, il le sait et il n'a pas dans ses objectifs de me laisser partir, même sans proie. Mon pelage se hérisse de ma nuque à la base de ma queue, et mes muscles se tendent. Je découvre mes dents en plissant les yeux, le fixant de mon regard brun. Il se décale légèrement par rapport à l'entrée de la réserve. Je fixe l'extérieur derrière lui, puis je reporte mon regard sur son visage furieux. Quoi ? Accepter qu'il épargne ma vie et lui devoir quelque chose ? Est-ce qu'il ne veut pas non plus la place de mon père ? Je n'attends pas une seconde de plus. Je claque des mâchoires dans un grondement furieux, et je bondis dans sa direction pour le percuter de toute ma masse. Mes crocs se plantent violemment dans son épaule, et si je sens déjà les mâchoires de mon ennemi frapper ma chair avec férocité, je n'en lâche pas ma prise pour autant. Je lance mes antérieures sur le corps du Navnik avec rage, griffant et arrachant des touffes de poils entre mes doigts à chaque fois que je touche à nouveau le sol. Il croit m'impressionner, mais je ne me laisserais pas démonter par ce foutre de Navnik. Je ne l'ai jamais apprécié, et il est bien le premier Navnik que j'ai dans l'oeil. Espérons qu'il soit le dernier, je n'aime pas l'idée de déprécier un membre de ma propre meute. Malgré tout, même si je le déteste presque, je serais le premier à le protéger en cas de besoin. Il n'est pas Navnik pour rien, et moi non plus. Quelque chose, quelque part, doit forcément nous rapprocher l'un de l'autre. Même si à l'heure qu'il est je ne comprends pas pourquoi il défend le garde-manger d'une autre meute.

HRP:

Je me débats férocement entre ses crocs puissants et je lui laboure le poitrail de mes griffes, avant qu'il parvienne enfin à se libérer. Il se place entre le tas de nourriture et moi, mais il ne comprend pas que on objectif n'est plus de amasser de quoi manger. Maintenant je n'ai plus qu'une envie, c'est de le frapper, de le mordre, de lui arracher la chair jusqu'à le faire crever entre mes crocs et mes griffes. Je gronde, le menace, le toise sans aucune peur dans le regard. Il semble prêt à anticiper, et c'est dans un sourire de prédateur que je le fixe, un long moment, laissant volontairement durer les secondes jusqu'à sauter sur lui brutalement dessus. Le chargeant de face, j'attends la toute dernière secondes pour virer, lorsque ses mâchoires s'avance pour m'accueillir, et je plonge sur la droite pour m'acharner sur son épaule encore une fois, grondant tous crocs dehors et écrasant mes pattes dans sa chair déjà meurtrie pour le blesser davantage.

Je récolte de nouvelles violences de la part de cet ennemi que j'ai fini par haïr, même s'il fait partie de ma famille. Je gronde, me retourne une nouvelle fois et lui arrache des touffes de poils, souillées par le sang. Le sien ou le mien peu importe, aucun de nous ne semble décidé à abandonner et visiblement ce sera à celui qui tiendra le plus longtemps. Pourtant, ni l'un ni l'autre ne semble se fatiguer plus que l'adversaire et notre détermination est visiblement identique. Je me contorsionne pour lui mordre violemment le museau, me recule et fonce en avant une nouvelle voix. Je le charge, le mords, le griffe comme un sauvage, avant de reculer chaque fois pour éviter un maximum de dégâts, mais pour frapper une nouvelle fois l'instant d'après. Je lui tourne autour, et dans des grondements rageurs nous mêlons nos corps et nos salives, nos griffes et nos crocs meurtriers. Je ne lâcherais pas prise. Pas devant lui.

Je gronde, claque des mâchoires dans le vide ou autour de la chair de mon ennemi. Je passe mes nerfs sur sa foutue carcasse mais il me rend les coups à chaque fois et me blesse davantage à chaque échange. Je ne me démonte pas, je veux régler son compte à ce sale Navnik prétentieux aujourd'hui et je ne m'arrêterais que lorsque l'un de nous deux ne sera plus qu'un amas de chair dans la neige fondue, ensanglantée par nos corps meurtris. Je mords une nouvelle fois, emporte des morceaux de chairs entre mes crocs, et perds autant dans les mâchoires meurtrières de Wamblee. Mais aucun de nous ne semble vouloir laisser la victoire à l'autre et il est évident que personne n'acceptera de se soumettre. Le combat fait rage, comme si nous étions deux colosses insatiables, comme si nous étions deux chiens de combat dans l'arène, comme si nous savions que de nous deux un seul aurait droit à un repas en sortant de là. Et puis, ma vue se trouble, et je vois en face de mois deux masses imposantes qui semblent prêtes à m'abattre sans pitié. J'hésite une seconde, faible et impuissant.

HRP:

- Suffit maintenant. Pars, immédiatement, et tu auras la vie sauve.

Une autre voix, pas celle du lâche. Une voix puissante qui me force à écouter. Et puis dans ma tête, des images. Des flash désagréables et douloureux. Des souvenirs. Du sang, l'odeur de l'adrénaline, de la peur, de la colère. Le goût de la salive, de la sueur, des poils d'un autre. Le son des gémissements, des grondements, de la rage en éruption. Des souvenirs de combats. Des souvenirs d'un autre temps pas si lointain, et la sensation de devoir continuer. L'impression de devoir me battre encore, jusqu'à ce que son corps soit au sol, ou que le mien ne soit plus rien. La masse de mon ennemi qui se retire, qui se présente à moi de profil et je plisse le regard. S'avoue-t-il vaincu ? Non, il est encore debout. Et dans l'arène, on n'abandonne pas tant qu'on est debout. Et puis, la réalité me frappe. Les secondes ont été longues, mais je sais où je suis et pourquoi je suis là. Je ne suis plus un chien de combat. Je suis un loup libre, et ma vie sera sauve si je pars maintenant. Je me redresse de toute ma hauteur, l'allure d'un dominant que je ne suis pourtant pas. Je les fixe dans les yeux, sans plus lancer le moindre regard aux proies derrière moi, et je passe en marchant près d'eux, avant de quitter les lieux et disparaître avec ma fierté entaillée.

Je fais la demande de points et d'archives Merci vous deux !