Balfring n'avait pas quitté les alentours du village, de sorte à être sur place dès le levé du jour. A son réveil, il s'était dirigé sans attendre vers la brèche qu'il avait repéré quelque heures auparavant. Plus tôt il aurait fait ce qu'il avait à faire et plus tôt il pourrait s'éloigner de cet endroit répugnant.
Longeant les abords du village, le loup brun finit par s'arrêter près du mur derrière lequel il avait entendu les bêlements. L'ouverture était toujours là. Il s'en approcha et flaira ses extrémités : le bois était pourri, facile à rompre, mais l'espace était tout juste assez large pour le laisser passer. Mieux valait s'assurer de pouvoir facilement ressortir avec sa proie.
Saisissant un cadre de bois qui pendait sur le coté de l'ouverture, Balfring le tira en arrière afin de le retirer de la bordure. Il se brisa avec un craquement sonore avant d'échouer dans la neige. Ses oreilles firent un aller retour : personne ne l'avait repéré.
Il entra donc avec précaution, jetant un œil partout autour de lui. Une forte odeur d'humain empestait les environs, mais, plus loin, celle d'une chèvre lui donna l'eau à la bouche. Retenue à l’intérieur d'un parc, celle-ci broutait nonchalamment le foin qui jonchait le sol de son enclos. Balfring se tapit au sol. Il ne se sentait pas tranquille ici. Les bêlements qu'il avait entendu hier devaient bien appartenir à cette chèvre, il ne s'était pas trompé, mais il ne devait pas prendre trop de temps pour la trainer hors d'ici. Dos à lui, la bête ne semblait pas l'avoir repéré pour le moment.
Balfring s'en approcha discrètement, ses yeux jaunes reluisant dans la pénombre. La tuer d'un coup bref était le meilleur moyen de passer inaperçu. Sans un seul cris de la part de l'animal, les humains ne sauraient même pas ce qui s'était passé. Passant la tête sous la barrière de l'enclos, Balfring s'y glissa tout entier. Il se redressa une fois à l’intérieur, silencieux, avant de bondir à la gorge de sa proie. La chèvre tenta d’emmétre un son, lorsqu'il la coinça sous ses crocs, mais tout ce qui put s'échapper de sa gorge fut un léger râle. Reculant de quelques pas, sa proie lui opposa une légère résistance avant de se mettre à faiblir. Balfring mordait sa jugulaire avec force, jusqu'à ce que le corps de la chèvre se dérobe de lui même sous ses pattes. Il finit par la relâcher, lorsqu'il sentit sa nuque se ramollir.
Au loin, il entendait des bruits de pas. Ses crocs saisirent la peau de l'animal qu'il tira avec lui hors de l'enclos, tant bien que mal. Elle était lourde, mais il était capable de la trainer jusqu'à un endroit sur. Reculant, Balfring entraina donc le corps de sa proie avec lui jusqu'à l'ouverture qu'il avait crée dans la paroi. Aucun humain ne semblait avoir remarqué sa présence, du moins, c'est ce que l'absence de bruit lui faisait croire. Dehors, il pressa l'allure, frayant un passage à travers la neige grâce à ses pattes arrières. Un bosquet se trouvait non loin, idéal pour se repaitre de sa proie.
Fiche réalisée par @Joy