Au détour des sentiments, des émotions et des pleurs, Erya faisait l’inventaire. En tant que guérisseuse, c’était une tâche primordiale à accomplir, en faisant abstraction de tout le reste. De sa vie. De toute manière Erya menait une vie bien pitoyable pour le moment, alors, autant se rendre utile comme elle le pouvait. Aujourd’hui, il faisait froid. C’était le matin, le ciel était gris et les oiseaux se taisaient, comme s’ils retenaient leur souffle pour ne pas s’intoxiquer de l’air malsain. Pavot. Lentilles d’eau. Prêles des champs. Pollen de pissenlit… La réserve de la guérisseuse était bien maigre. C’est alors qu’Erya se décida pour sortir en chercher. D’abord, elle vérifia que tout était en ordre, que tout était rangé dans les bonnes conditions. C’est alors qu’elle émergea de sa tanière sous le fin flux d’eau qui se déversait sur son dos. Elle leva la tête afin d’y boire quelques gouttes. Cela lui fit penser à quelque chose : elle ferait mieux de trouver un quelconque récipient pour en stocker avant qu’elle soit pénurie. A proximité, elle trouva un arbre maigrelet et fatigué, mais il y avait de la mousse contre son écorce. C’était plutôt bon à savoir car sinon, comme pourrait-elle déplacer l’eau pour les malades qui en sont incapables ? Surtout depuis que les songes pestilentiels se répandent un peu partout à travers le territoire. Alors qu’elle en avait ramassé un peu dans sa gueule, lorsqu’elle retourna à la tanière, elle entendit une voix faible.

« Je vous en prie, aidez-moi. »

Erya se précipita vers la source de cette voix. A l’entrée de sa tanière, immobile, gisait une louve blanche mouillée comme si elle venait de prendre un bain. Alors Erya s’empressa de se mettre auprès d’elle, essayant d’abord de la chauffer.

« Courage, je suis là maintenant. Tout va bien se passer. »

Il était clair que la louve était malade. Maintenant, elle se devait de la soigner au plus vite. Réfléchis. Réfléchis. Elle était trempée. Déjà, exposée au froid elle serait susceptible d’attraper un rhume en plus de ça. Erya commença par pousser la louve dans la pièce réservée aux malades. Elle prit la mousse récoltée et la trempa dans la cascade. Arrivée auprès d’elle, elle entrouvrit sa gueule à l’aide de sa patte, et pressa la mousse entre ses dents pour faire découler l’eau dans sa gueule pour éviter qu’elle se déshydrate. Ensuite, avec la mousse sèche, elle frotta son poil pour la sécher comme elle le pouvait. Elle se précipita vers ses réserves. Rien de très utile. Alors elle s’empara d’une lentille d’eau à trois sillons, pour éviter les maux de têtes, car si elle avait halluciné, un des premiers symptômes des songes pestilentiels, elle devait avoir la tête gonflée comme un ballon. Elle essaya de lui faire avaler tant bien que mal en mettant sa tête en arrière et en grattant sa gorge.

« Je reviens. »

Il fallait absolument qu’elle trouve autre chose. Il fallait qu’elle se réveille, il fallait qu’elle sache les exacts symptômes de la louve pour s’assurer de ne pas lui donner n’importe quoi. Mais en attendant, il fallait étoffer sa réserve.

HRP :

Elle n’avait rien trouvé. Rien que de la poussière, sèche, qui donnait des éternuements à la guérisseuse. La pauvre louve avait un stock décidément vide, et il fallait absolument trouver quelque chose pour compenser. En attendant, Erya retourna auprès de sa patiente encore inconsciente, et s’efforça de lui frotter le pelage avec de la mousse pour la réchauffer. Avec un peu de chance, ça la ranimerait et Erya pourrait savoir clairement quels sont les symptômes exacts et ainsi éviter de faire n’importe quoi. Seulement Erya se retrouva très vite confrontée au même problème : le trou béant que constituait sa réserve de remèdes. Elle n’avait que trois pauvres herbes médicinales, et ce n’était pas avec ça qu’elle allait pouvoir guérir cette épidémie. Foutue épidémie. La louve réussi malgré tout à garder son calme, et sortit à la recherche de quelque chose d’utile.

Elle remuait le sol comme s’il renfermait quelque chose de très précieux. Et pour dire c’était le cas : deux orties, maigres mais bien fraîches, se tenaient là, sous une fine couche de poussière, bien enfouies dans la terre. Les feuilles, qui s’utilisent comme toniques, dépuratives, et anti-inflammatoires, pourraient certainement être utiles pour l’épidémie, et notamment pour Naïa, suivant ses symptômes. Il fallait simplement qu’elle se dépêche de déterre ces orties. Elle arriva à la racine, pour pouvoir les replanter dans sa taverne pour pouvoir les garder fraîches, et ainsi garder des effets des plus efficaces, et prit délicatement les deux plantes dans sa gueule, en prenant soin de ne pas les mordre et utiliser leur efficacité pour rien. Elle se rua vers son antre maintenant, à une allure vive et rapide, sautant de pierres en pierres pour éviter certains obstacles avant de sauter dans la flaque qu’avait produit la fine cascade d’eau de source, et rejoindre la louve blanche. A sa plus grande surprise, Naïa s’était réveillée, et c’était tant mieux. Peut-être que les herbes qu’elle lui avait données et le fait qu’Erya lui avait déché le poil pour éviter qu’elle tremble davantage à cause du froid, avaient été efficaces pour la réveiller.
D’une voix faible, la jeune louve l’entendit prononcer son nom. Elle regardait autour d’elle, pour se rendre compte d’où elle était peut-être, et sembla remercie notre guérisseuse. D’un sourire qui se voulait rassurant, Erya s’assit auprès d’elle.

« Crois-tu pouvoir me soigner? »

Erya redressa l’échine, pour montrer qu’elle était confiante.

« Bien sûr, c’est mon travail de guérir les autres. Tu as bien fait de venir ici. »

Elle se releva, mais continua d’observer Naïa.

« Mais pour cela, il va falloir que tu m’aides. »

Se dirigeant vers son stock d’herbes où elle avait déposé ses orties, et en les prenant pour les planter au sol, elle demanda :

« Dit moi, quels sont tes symptômes ? Comment te sens-tu, tu as mal quelque part ? As-tu de la fièvre ? »

Et elle s’appliqua à plantes ses orties en attendant la réponse de Naïa.

HRP :