Utilisation de médicaments
-1 ail : contre l'infection
-1 lavande : pour la cicatrisation et partiellement contre l'infection

hrp:

Ce temps n'était bon pour personne. Reaven avait dû changer d'endroit pour passer la nuit, sa tanière dans le Bosquet étant beaucoup trop froide, et dormait donc maintenant en compagnie de la plupart des autres loups, à la Cave Soufflée, où les corps émanaient une chaleur plus que bienvenue. La journée, cependant, il retournait dans sa tanière à lui, en déblayait l'entrée, et partait à la recherche de plantes médicinales enfouies sous la neige. Il s'apprêtait à s'adonner à cette dernière activité quand une odeur familière lui parvint : Dalioka. Il se retourna vers l'entrée de la tanière pour voir la louve blanche tituber vers lui, toute souriante, mais blessée à l'épaule.

Il était heureux de la revoir, malgré tout ce qu'il s'était passé, et visiblement elle aussi, mais au moment où il allait l'accueillir elle vacilla soudainement et s'effondra au sol dans un bruit dur. Le Guérisseur se précipita à ses côtés et la traîna à l'intérieur de la tanière jusqu'à une couchette de paille, et il inspecta les blessures de la louve. Deux balles de fusil l'avaient touché à l'épaule et les plaies s'étaient infectées. Du pu suintait des cratères, ce n'était pas beau à voir. Elle avait aussi une morsure mal ou pas soignée au cou qui ne s'était pas (encore) infectée mais n'était pas cicatrisée non plus.

D'abord il nettoya soigneusement les plaies avec un chiffon imbibé d'eau venant de neige fondue, puis mâcha de la lavande et de l'ail jusqu'à en faire une pâte qu'il appliqua sur les blessures, pour désinfecter et favoriser la cicatrisation.

Il n'y avait plus grand-chose qu'il puisse faire maintenant. Les plantes éviteraient le risque de surinfection et participeraient un peu à tuer la maladie qui s'étendait à partir des plaies, mais les reste de la bataille allait devoir être livrée par Dalioka. Reaven s'allonga à côté d'elle pour la maintenir au chaud, espérant que le traitement fasse effet.

Pendant toutes ces heures, Reaven resta bien éveillé, couché aux côtés de Dalioka, vérifiant périodiquement sa température. Il la voyait trembler, lutter contre ce qui la rongeait de l’intérieur, sans rien pouvoir faire de son côté. Mais à mesure que le temps passait, la jeune louve semblait se détendre petit à petit, jusqu’à devenir quasi-immobile sauf pour sa cage thoracique qui continuait de se soulever et de descendre à un rythme régulier.

Dalioka finit par se réveiller, et Reaven lui offrit un sourire compatissant lorsqu’elle le sonda du regard. Il se releva en même temps qu’elle, l’aidant à se tenir sur ses pattes frêles, et soutint son regard vairon lorsqu’elle le tourna vers lui. Elle lui sourit faiblement, et son propre sourire s’élargit. Non Dalioka tu n’avais pas l’air d’une folle, juste d’une louve qui en avait vu trop sur sa courte vie et qui avait besoin de réconfort ; une louve reconnaissante et heureuse d’avoir trouvé quelqu’un en qui elle pouvait faire confiance.

“Me voilà avec une dette éternelle envers vous. Merci.”

Il la gratifia d’un coup de langue affectueux. Il était heureux de la revoir, même après tout ce qui c’était passé, après la guerre ... Avait-elle été sur le champ de bataille ? Avait-elle vu les morts, les blessés, les hommes enlevant les loups à leurs familles ? Était-ce là qu’elle avait reçu ces blessures ? Une louve aussi jeune n’avait pas sa place dans une guerre ...

“Je ne fais que mon devoir. Je suis heureux de te revoir Dalioka.”

Reaven avait dit cela avec toute la sincérité du monde. La voir sourire lui faisait un peu oublier ce monde dévasté dans lequel ils vivaient, lui rappelait qu’il y avait encore un espoir, aussi mince soit-il.

“Est-ce que tu as reçu ces blessures lors de la guerre ?”

Il affichait maintenant une expression préoccupée. Qu’avait-elle vu exactement ? Désirait-elle en parler ?

hrp:

Un certain temps s’écoula entre la question de Reaven et la réponse de Dalioka, temps durant lequel celle-ci inspira profondément et détourna le regard, fixant un point derrière le Guérisseur. En soit, c’était déjà une réponse suffisante, et le regard de Reaven se détourna aussi. Une sorte de honte l’engloutit, honte que sa Meute puisse s’être ainsi comporté, honte de se présenter devant Dalioka après lui avoir causé ces blessures. Car il était coupable autant que chacun des membres de sa Meute, coupable d’avoir pensé, dans un moment d’égarement, que la guerre était un mal nécessaire ... Au moins Arès, lui, était-il resté campé sur ses positions pacifiques, même s’il les avait suivi à l’extrême.

“A vrai dire, ces morceaux de fer incrustés dans ma chair sont plus récents. Des Traqueurs me sont tombés dessus. Sans l'aide de Pandémonium, mon demi-frère, j'aurais subi un sort bien pire. Par contre le reste date de la guerre. La plupart m'ont été infligée par ton… général, Kornog. Je tentais de protéger mon mentor, Ebène.”

Reaven acquiesça d’un hochement de tête tout en continuant de fixer l’horizon. Pandémonium était un nom qui ne lui disait rien, mais au vu de son lien de parenté avec Dalioka il devait être un des innombrables rejetons d’Isha. Quant à Kornog ... Il connaissait bien Kornog, les deux loups s’étaient entraînés lors de l’entrée du Général dans la Meute. Kornog possédait un esprit belliqueux, bien éloigné de celui du pacifique Reaven, mais il faut de tout pour faire un monde, comme on dit. Qui sont les vrais fautifs au final ? Ceux qui ont attaqués Dalioka ou ceux qui l’ont laissée se battre alors qu’elle était encore jeune ? Navniks comme Esobeks, et même les Sekmets, se partageaient tous la responsabilité dans le fiasco que fut cette guerre, et avec un peu de chance les Meutes retiendraient la leçon.

Mais Dalioka avait encore d’autres choses à dire et Reaven senti ses yeux se poser à nouveau sur lui. Il se retourna également vers elle, le regard inquisiteur. Elle avait visiblement quelque chose d’important à avouer.

“Je vais quitter les Navniks. Ma décision est prise, et malgré les nombreux dangers que cette décision incombe, et les déceptions que cela va causer, je vais le faire.”

Reaven fronça les sourcils. Et où allait-elle aller ensuite ? Visiblement pas chez les Esobeks, et les Sekmets étaient hors de question pour la fille d’un ancien Hordien. Allait-elle devenir Solitaire ? Vivre seule dans ce monde dur ? Les Traqueurs avaient déjà failli la tuer. Le monde hors des Meutes est dangereux, s’en rendait-elle bien compte ?

Dalioka sourit sans joie et Reaven put voir dans ses yeux qu’elle savait exactement dans quoi elle s’embarquait. Il soupira tout en la fixant d’une expression inquiète. Y avait-il un quelconque moyen de lui faire changer d’avis ?

“Au moins nous ne serons plus vraiment ennemis, toi et moi.”

C’était vrai, mais en contrepartie elle devrait affronter seule tous les dangers du monde extérieur. Il secoua la tête de dépit. Même s’il n’approuvait pas cette décision, il n’était en aucun cas en droit de la contester. Il n’était ni son père, ni son Mentor, si même un membre de sa meute ; juste un Guérisseur Esobek qui connaissait à peine la jeune louve.

“Je suis sûr que tu as de bonnes raisons de prendre cette décision.”

Il planta à nouveau ses yeux sincères dans le regard de Dalioka.

“Dans tous les cas, sache que ma porte te sera toujours ouverte. Que tu sois blessée, malade, ou que tu cherches simplement un refuge pour quelques temps, je serai juste ici.”