Eesia, une louve de notre meute avait informé mes parents de l'offre faite à une solitaire. Lui fournir un ou une apprentie. Pourquoi avait-elle pensé à moi ? Je n'en savais rien. Et depuis qu'elle était venue, personne ne l'avait revu. Elle serait sur les traces des traqueurs d'après les commérages. Moi, ça m'est bien égale. Je veux voir de quoi à l'air cette solitaire et ce qu'elle veut. Les jours passent, le rendez-vous approche.

Ce matin là, je me réveille aux aurores comme toujours. Je fais attention à soigner mon pelage et mon allure. Impeccable. Perfectionniste et un brin tatillon, je demande plusieurs fois à ma mère si tout est en ordre. Impatiente, je regarde le soleil se lever. Doucement. J'ai hâte. Je meurs d'envie de voir ce qu'il en est. Excitée. L'on pourrait croire que j'ai des verres. Je n'ai pas trouvée ma voie au sein des nôtres. J'espère que cette fois-ci sera la bonne, étant donné que nous n'avons plus de guérisseur je me représente mal ce métier et ces fonctions. Je trépigne jusqu'au moment où vient l'heure de se mettre en route. C'est père qui m'accompagne, jusqu'à la meute de la solitaire, celle qu'elle possède en nos terres. J'observe. Silencieuse. Je fais l'effort de paraitre concentré. J'espère lui plaire, lui convenir même si son statut de solitaire ne m'enchante guère.

Nous n'avons pas le choix. Et beaucoup d'espoir sont fondé sur moi pour la réussite de ce contrat, afin qu'il soit correctement honoré. Ce sont les mots que Eesia avait soufflé à mes parents. Je serais à la hauteur. Pour notre meute. Pour prouver à ce jeune Prince qu'une place se mérite et de droit, non de sang. Père s'arrête brutalement. Je le considère et opine. Il me laisse finir seule mon chemin. Bien, qu'il en soit ainsi.

J'approche. Mes pas sont léger et je sens la neige se tasser en un craquement sous mes coussinets. Elle est assise. Une louve blanche au pelage très fournis. Je suis petite en comparaison, maigrelette et ayant presque une allure de renarde. A l'heure. Je le suis. Elle me voit arriver mais ne dit rien. Elle demeure assise. Semblant m'attendre, alors je ralentie l'allure et reste sur mes quatre pattes à un mètre d'elle.

-Bonjour. Je me nomme Cyanure et je me présente pour éventuellement devenir votre apprentie.

Une tournure de phrase volontaire pour lui laisser la possibilité de choisir. D'accepter ou refuser que je devienne son apprentie. Elle est impressionnante par son charisme, ce qu'elle dégage. Je pourrais finir par l'apprécier malgré le fait qu'elle soit sans meute. Je reste immobile. Préférant attendre une invitation de sa part pour remuer si tel est sa volonté. J'ai apprit à obéir, pas à être stupide.