Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
La réponse de la blanche ne se fit pas attendre, et Noire sentit son poil se hérisser davantage. Elle se fichait totalement du monde, des règles de la vie. Les solitaires devaient vivre seuls. Dans le pire des cas, en famille, mais surement pas avec d'autres solitaires croisés ici et là. Cela amusait peut-être Diedora de traîner avec elle, mais Noire n'appréciait pas du tout sa compagnie. Elle voulait simplement vivre sa vie, en paix.
"Moi je ne m'amuse pas du tout ! Cracha la louve noire en découvrant les crocs. Laisse moi tranquille, vas chercher un autre solitaire à faire chier !"
Elle ne s'exprimait pas souvent avec des insultes ou des paroles grossières, mais la situation l'obligeait à sévir. Diedora pensait vraiment pouvoir compter sur elle comme une amie, pouvoir traîner en sa compagnie lorsqu'elle en avait envie. Mais Noire voulait simplement être tranquille. Tranquille et seule.
Hihi, Noire semblait a cran, sans doute ai-je aborder un sujet sensible. En tout cas je ne compte pas lâcher tous de suite, moi je m'amuse, maintenant que tu t'amuse ou non m'importe peu.
""Moi je ne m'amuse pas du tout ! Laisse moi tranquille, vas chercher un autre solitaire à faire chier !" "
Je m’approche plus près de la louve, quitte a frôler son pelage avec le mien, un regard doux et sensible dans les yeux.
" Ne voit-tu pas que je suis une solitaire dans l'âme ? je ne pense qu'a moi, et moi je m'amuse. Tu ne te rend pas compte mais je m'amuse a être avec toi, a te tiller, tu te fâche si facilement ! quant a ce que tu resent, hum ... je m'en fou ? c'est bien ce que tu a dis non ? chacun pour soit ! "
Il n'y a que moi qui compte, si moi je veut manger je mange, si je vois discuter je discute, si je veut m'amuser avec cette louve noir alors je m'amuserais avec. On ce fait prendre ? et bien je m'enfuie en ne pensant qu'a moi, je ne partage pas, je fais ce que je veux !
Diedora était égoïste, plus encore que Noire ne le pensait. Elle ne rêvait qu'à son propre amusement, n'hésitant pas à faire tourner la noire en bourrique. Agacée, celle-ci décida de couper court la discussion, et ne répondit que par un grognement agacé, avant de fouetter l'air de sa queue. Elle empoigna sa chèvre entre ses mâchoires, et se détourna, pressée de rentrer chez elle, seule. Elle abandonna donc la solitaire derrière elle, et quitta le village sans lâcher sa prise. L'autre allait-elle la suivre ? Elle priait pour que non. Mais au fond d'elle, elle sentait bien que Diedora ne lâcherait pas l'affaire, qu'elle allait encore la suivre et la faire chier. Mais Noire serait alors entièrement prête à combattre, pour obtenir la paix.
Noire grogna, autant intérieurement que extérieurement, elle bouillonais, c'est elle qui qu'une solitaire doit être solitaire, et bien je le suis. Une pure egoiste de solitaire, et je m'en porte bien. Noire pris du recule, je devrais la rattraper, mais j'ai eu envie de faire autre chose ... je trouverais un moyen de la revoir et de m'amuser encore. Quitte a ce que la noire me soit redevable un jour ...
A cette pensée j'étais contente et heureuse, je rigola, laissant echaper un sourir puis me retourna a mon tour. A non j'ai oublié ...
" A une prochaine fois Noire ! Je suis sur qu'on se reverra ! "
Mais les miracles existaient bel et bien. Alors que Noire s'en allait avec sa chèvre, agacée, elle entendit la voix de Diedora résonner dans son dos :
"A une prochaine fois Noire ! Je suis sur qu'on se reverra !"
Miracle ! Sans se retourner, la louve ébène s'empressa de décamper d'ici, avec son allure toujours aussi renfrognée. Diedora l'avait profondément énervée. Mais désormais, elle était tranquille, et allait pouvoir bouffer sans être dérangée. Elle marcha donc jusqu'à sa tanière, où elle s'installa confortablement, puis déchira avec délice la chair de la chèvre, oubliant instantanément ses soucis.