Je me baladais tranquillement avec mon petit corbeau depuis déjà plusieurs minutes. Plus les jours passaient plus Emarok me poussait presque dehors pour que je prenne mon envol et que je trouve des amis. Mais je n’en avais pas envie moi ! Mon corbeau me suffisait très bien, il était gentil, attentionné, et pas bavard, comme j’aime pas les bavards, ça m’allait bien.

Je m’étais assis au sommet de la colline, je regardais autour de moi, la tête penchée sur le côté comme si j’étais un peu concentré. Je marchais un peu sur la colline, un fouillant du bout de la patte les brins d’herbe qui étaient sous la neige. J’avais un peu creusé pour les trouver, et je jouais un peu dedans, ne savant pas trop quoi faire. Pendant un petit moment, je resterai ici. Comme ça, Emarok me fichera un peu la paix, il se dira que je suis parti jouer un peu avec des gens, et j’aurai la paix pendant deux trois jours et je pourrais étudier tranquillement mes plantes sans qu’il me force à devenir « sociable ».

Soudain, alors que j’étais tranquillement en train de fouiller dans les brins d’herbe. Une tâche grisâtre, un peu noire, au pelage un peu fouilli s’approcha de moi. Je restai figé. Maintenant, je savais un peu à quoi ressemblait un solitaire. Et ça, c’était un solitaire. Je me levais doucement et mon corbeau s’envola brutalement en croassant. Je me raidis.

« Eh, c’est qui ? »

Un loup grisâtre qui paraissait un peu fourbu et sale s'approchait de moi.


« Un solitaire. Qui cherche des gens. Drôle d'habitude de se balader avec un oiseau en pleine famine. »


J'esquissais un mouvement de recul. Au dessus de ma tête, le corbeau planait, près à foncer sur l'inconnu au moindre signe de panique de ma part.


« Au risque de paraître stupide, laquelle c'est des trois meutes dont j'arpentais le territoire avant que tu ne m'arrêtes? »


Je regardais le jeune qui devait avoir à peu près mon âge d'un air suspicieux. Il faisait quoi lui?



"Tu es sur le territoire Esobek."


Les mots eurent du mal à sortir de ma bouche. Je n'aimais pas beaucoup parler, en particulier à des loups de mon âge. Avec les plus vieux, c'était un peu différent. Je ne savais pas vraiment où me mettre, je regardais à droite, à gauche, au cas où je devrais partir précipitamment.


" Et mon corbeau n'est pas à manger"


J'avais ajouté cette phrase plus durement, pour montrer ma volonté de protéger mon ami, mon seul véritable ami.


"Et toi t'es qui? Tu vas où? "

Je regardais d’un oeil méfiant le jeune qui s’était encore approché de mal. Il n’avait pas l’air méchant, mais distant, teigne, et je ne sais pas quoi d’autre. Alors qu’il restait très flou sur ses intentions, je ne me demandais même pas ce qu’il avait à cacher. Je n’étais pas curieux quand il s’agissait de gens. Je n’étais curieux que pour la nature, découvrir encore et plus de plantes, savoir comment les utiliser, et toute ces choses là. Alors que ce type cherche quelqu’un ou non, cela m’était bien égal.

Heureusement, l’autre jeune loup lâcha finalement qu’il n’en voulait pas à mon corbeau, ce qui me rassurait légèrement. Ce dernier d’ailleurs, qui sentait la pression redescendre, s’était posé calmement sur une branche à nous observer, d’une distance de sécurité suffisante pour ne pas être attraper mais également pour ne pas me laisser seul en cas d’attaque de la part du solitaire. Je penchais la tête de côté. Je ne connaissais pas grand chose de celui-là à part son nom, alors je ne lui faisait pas confiance. Pourtant, je ne ressentais ni peur ni ressentiment. C’était étrange pour moi.
Avec un brin d’hésitation, je m’approchais de Zirconinium, ou je sais plus trop quoi. Ce nom n’était pas très pratique à prononcer. Zirc. Ouais, ça c’était plus court. Zir. Ou Zi. Nan Zirc c’était pas mal.


« Zirconinium... Ouais pas simple à dire... »



Je tournais les yeux, accepterait-il ce pas caché derrière la familiarité que j’allais proposer ? Un cas caché vers une sorte d’alliance entre lui et moi ? Car j’avais eu une idée. Je n’aimais pas vraiment les gens de mon âge. Mais ce gars là n’avait pas l’air d’être très familier non plus, puis il était tout le contraire de moi. J’étais timide, il allait de front, je n’osais pas, il semblait être de ceux qui fonçaient dans le tas, j’étais la tête, il était davantage le courage guerrier.


« Zirc c’est mieux non ? »


Je tournais la tête vers Zirc. Ouais, un « ami », c’est peut-être pas si mal que ça ?