De ce même décor neigeux qui ornait toutes les terres du continent, la petite louve progressa doucement à travers le manteau neigeux. Par moments, l'épaisseur du linceul blanc était tellement important qu'il couvrait quasiment le corps frêle de Pureté, qui peinait dans ces moments-là à se situer dans la poudreuse. Pourtant, elle ne perdit pas espoir, croyant qu'elle arriverait tout de même à progresser, à l'aveuglette. À la voir ainsi avancer, on pourrait croire qu'elle est folle de s'aventurer loin de son refuge pour se livrer corps et âme dans la jungle blanche. Peut-être l'était-elle un petit peu. Une petite voix intérieure lui avait dit de sortir de sa tanière, ce jour-là, pour affronter le blizzard. Elle l'avait écouter, suivant toujours ses convictions sans savoir le réel but. Peut-être qu'une âme, en dehors de son cocon familier, avait besoin de son aide et qu'elle l'ignorait.

On ne la distingua bientôt plus, sa hauteur étant submergée par la neige. Seule sa trace continua de se creuser, signalisant sa présence. Elle tentait de faire tout de même un peu de bruits pour éviter de surprendre quiconque traverser en même temps qu'elle cet océan blanc.

Autour de son cou, son petit sac de toile, remplies d'un petit stock de plantes diverses, semblait s'accrocher tant bien que mal. Si elle tombait sur une âme nécessitant ses soins, elle pourrait lui administrer tout les soins qu'elle pouvait faire, sans être dans son abri. Une chance qu'elle soit tombée dessus dans les égouts.

Continuant de progresser ainsi encore sur quelques mètres, la femelle errait. Jusqu'à heurter quelque chose brusquement. Inquiète, elle tenta de trouver ce que c'était à travers la poudreuse. Sa truffe s'arrêta à quelques centimètres d'un animal que la chaleur émané venait effleurer les narines de la blanche. Un congénère. Approchant son poitrail vers celui-ci, elle l'observa de plus près. Il semblait souffrir et était terriblement affaibli. Elle déblaya le manteau neigeux autour de lui pour le dégager ainsi voir le reste de son corps. Une épaule blessée. Derrière lui, des traces ensanglantés qui évoquèrent un haut-le-cœur chez la Guérisseuse, qui se mordit instantanément les lèvres. D'où venait-il ? Qui avait pu lui infliger ses blessures ? Le museau proche du loup, elle essaya de repérer s'il avait autre chose à signaler. Mais rien de visible.

S'empressant de chercher un désinfectant dans son sac de toile, elle se mit aussitôt à l'appliquer puis, avec une gourde remplie d'eau qu'elle déversa sur la tête du mâle, elle le rafraîchit. Il faisait peine à voir et, même s'il lui était parfaitement inconnu, elle ferait tout pour le guérir. Même si cela durait des jours, des mois, des années. Kali serait là pour lui. Pour offrir ses soins et une tanière où se réchauffer durant ce terrible hiver. Elle était comme ça, c'était dans sa nature. Peut-être le payerait-elle un jour, d'être trop bienveillante, mais elle s'en fichait. Tout ce qui comptait, c'était le bien-être des autres.

Soins prodiguées:

Brusquement, le loup se réveilla pour gémir de souffrance. La femelle se mordit instantanément les lèvres, ayant peur de lui avoir plus de mal que de bien. Pourtant, elle approcha de nouveau son petit museau vers lui, la blanche remarqua bien vite que la chaleur du solitaire était anormale. Aurait-il de la fièvre ? Qui disait fièvre, disait forcément migraine. Indécise, elle prit tout de même le risque en lui tendant un nouveau remède, cette fois-ci à ingérer. Elle ne savait pas comment il réagirait ni même s'il allait le prendre.

Pour son épaule, elle lui donna une oseille, qu'elle pensait très utile pour favoriser sa guérison. N'ayant pas d'autres outils dans son sac, la femelle ne pouvait pas retirer elle-même la balle. Il devrait se contenter des biens maigres soins qu'elle lui avait donnée, étant assez efficaces dans l'ensemble pour une apprentie.

Soins prodiguées:

Dans le blizzard, la blanche continua d'observer son malade, toujours aussi inquiète. Elle ne savait pas si ses soins suffiraient ni même s'il avait guérir. Elle lui avait administrée tout ce dont elle pouvait pour qu'il aille mieux, maintenant, il fallait plus qu'attendre que les remèdes fassent effets. Une grimace traversa le visage de la louve lorsque le mâle ouvrit la bouche pour avaler l'oseille, laissant échapper sa douleur à travers sa gorge. Elle n'aimait pas le voir ainsi, mais ne pouvait plus rien faire.

Les minutes parurent longues lorsqu'enfin, le solitaire se redressa pour s'avancer légèrement. Le Cristal se précipita devant lui pour éviter un quelconque renversement. Il était tellement affaibli que tomber semblait si facile. Sous sa poitrine, elle sentait son cœur faiblement battre. Le sien, au contraire, tambourinait à travers sa cage thoracique tellement elle avait peur. Peur qu'il ne s'en sorte pas.

- Tout va bien. Je m'appelle Kali, guérisseuse solitaire. Tu ne crains rien.

Le moment était opportun pour lui annoncer qui elle était, si ça pouvait le rassurer. Peut-être oserait-il lui faire un peu plus confiance après sa présentation...

- Sköll, Conseiller des Mercenaires... Répondit le mâle. Un faible sourire étira ses lèvres. Sa tête s'approcha un peu plus de lui et, dans un élan bienveillant, ses narines vinrent réchauffer son duvet bicolore. Elle ne savait pas si ces remèdes commençaient à faire effet ou non, tout ce qu'elle pouvait faire à cet instant était de lui apporter son soutien.

Rapidement, sous le poids du mâle, la femelle commença à vaciller. D'un naturel frêle, elle n'avait pas une musculature très développée. Ça se ressentait. Se décalant légèrement, la blanche ne le lâcha pas aussitôt, veillant à ce qu'il tenait seul debout d'abord. Ses iris plantaient sur son corps blessé, elle le libéra de son étreinte au bout d'un temps incertain.

Une fois libre de ses mouvements, sa lèvre inférieure se réfugia dans sa bouche et ses canines commencèrent à la mordiller légèrement. La peur n'avait toujours pas quitter son enveloppe corporelle. Elle ne put se retenir plus longtemps.

- Ressens-tu une quelconque amélioration ?

D'un coup, elle se figea, se remémorant les brèves paroles du Solitaire. Il était Mercenaire. Exécutant un rapide pas en arrière, elle savait qu'il n'était pas bon de fréquenter ce type de loups-là, même si, le Cristal avait pensé la même chose des Navniks avant d'en conclure que c'était une simple mauvaise réputation qu'on leur donnait. Hésitante, elle s'avança de nouveau. Dans l'état dans lequel il se trouvait, il ne pouvait rien lui faire de bien méchant. Du moins, dans le cas où il oserait, la guérisseuse aurait le temps de s'enfuir bien avant qu'il ne la touche.

Ses naseaux se pincèrent par moments, saccadant sa respiration vive. Il ne restait plus qu'à attendre une réponse de sa part.

HRP:

Progressivement, elle s'écarta du mâle pour le laisser reprendre un peu d'appuie seul. Presque soulagé, il posa un regard observateur sur celle-ci, qui aggrava son inquiétude. Pourquoi la regardait-il ainsi ? Essayait-il de déceler quelque chose ? Les poils de la louve frémirent doucement au passage du vent tandis qu'elle détournait, presque honteuse, le regard du mercenaire.

- Mes muscles sont douloureux...

Souffla t-il de sa voix masculine. Ce qui n'était pas très rassurant. Elle s'avança de quelques pas, osant presque touchée la blessure de ses narines gelées. Dans la seconde qui suivit, la femelle plongea son museau dans la neige pour en saisir dans sa gueule. Posant doucement la poudreuse sur l'épaule de Sköll, elle s'écarta aussi tôt, reprenant sa position initiale. Elle était dans un inconfort insoutenable qu'elle ne parvenait pas à dissimuler.

- Il faut que les plantes agissent.. Ça ira mieux dans quelques heures.

Elle sourit malgré son malaise. Ses dents se détachaient de ses lèvres immaculées. La blanche ne savait pas quoi faire d'autres pour soulager l'inconnu, vu qu'elle lui avait apportée tous les soins qu'elle avait dans son stock. Si elle l'avait rencontrée plus tard, des jours ou des semaines après, la guérisseuse aurait pu lui donner davantage de remèdes, soulageant même immédiatement la douleur qui semblait envahir son corps.

HRP: