Cela faisait quelques jours que j’étais arrivé chez les Esobek. Au début, j’avais eu vraiment du mal à m’y faire. Je n’avais jamais vécu en meute puisque maman refusait de me montrer à sa famille par peur de leur réaction. Je n’avais jamais connu cette vie en société, je n’avais jamais connu cette atmosphère et tout ce qui va avec. Je vivais avec ma mère et seulement ma mère, avant, pendant près de cinq mois nous avions vagabondé de part et d’autre pour trouver un lieu où j’aurais pu vivre heureux jusqu’au retour de maman.

Mais je ne voulais plus parler de cette époque, je n’en avais d’ailleurs parlé à personne ici, mais je savais pertinemment que tous savaient ce que j’étais, un petit orphelin adopté par le guérisseur et Prince Emarok. Certains d’ailleurs, avaient très mal vu cela. Un petit prince illégitime. Moi qui était déjà mal vu dans ce qui aurait dû être ma meute, voilà que je me retrouvais comme un bâtard dans une autre. Heureusement, tous ne me voyaient pas ainsi, mais comment pouvais-je le savoir ? Je ne parlais à personne. Pas parce que personne ne voulait me parler mais plutôt parce que je ne cherchais pas le contact, je restais collé à Emarok, caché dans son ombre, se cachant presque derrière sa patte lorsqu’on essayait de me parler, ou restant stoïque et incapable de prononcer une parole quand quelqu’un s’adressait à moi. Je n’aimais pas beaucoup ces gens. Ils avaient tous l’air de juger tout ce qu’ils voyaient, je n’avais pas été habitué à cela.

Bon sang maman mais où m’avais-tu laissé ! Je ne voulais pas te quitter et tu le savais, je ne voulais pas partir de notre abri ! Pourquoi voulais-tu absolument retourner parmi les tiens alors qu’ils étaient incapables de t’accepter telle que tu étais, alors qu’ils étaient incapables de m’accepter moi ?

Emarok était parti, il était allé soigner quelqu’un tôt le matin et n’avait pas jugé bon de me lever pour si peu, il m’avait laissé dormir et je me retrouvais seul, au milieu de cette cave étrange qui faisait froid dans le dos. Pendant plus d’une heure, j’étais resté dans cette cave froide et humide, puis j’avais pris mon courage à deux pattes et j’étais sorti. Je ne connaissais que très mal le territoire alors je suis allé au seul endroit que je connaissais : celui où maman et moi étions cachés, celui où Emarok nous avait trouvé. J’avais marché un peu et j’avais retrouvé cet endroit sans trop de problème. Je m’étais assis dans le petit bosquet où maman avait un peu creusé pour que nous soyons plus caché. Une bonne cachette pourtant. La petite tanière improvisée était glaciale, et pourtant j’imaginais que maman y était encore en fermant les yeux. Mais elle était partie. Il fallait tourner la page jusqu’à ce qu’elle revienne et qu’elle soit fière de moi pour avoir marché la tête haute.
Sans vraiment m’en rendre compte et la tête pleine de pensées, je m’endormis dans ma cachette...

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