Ses derniers échecs avaient été loin de le refroidir. Sa haine n'avait fait qu'augmenter depuis qu'il avait été stupidement repéré par ce cabot à deux reprises; elle était allée croissant comme la faim, la faim irrésolue qui faisait fondre le peu de graisse qu'il avait réussi à gagner grâce à l'été. Blanc à perte de vue, et rien sur cette surface immaculée, stérile.

Il jeta un regard furtif vers le camp des hommes. Il n'avait pas le droit à l'erreur, cette fois. La faim le fit saliver alors qu'il fixait les enclos et leurs bestioles joufflues à l'intérieur.

Sa première tentative ne fut pas plus fructueuse que celles précédentes. Les poules caquetèrent sitôt qu'il s'approcha d'elles, trop peu discret. Un cri d'humain résonna. Il rebroussa chemin, cherchant une autre issue pour s'approcher des proies confinées. Il fallait qu'il le fasse. Il fallait qu'il y arrive, pour survivre.

Les moutons ne se montrèrent pas plus coopératifs. Il grogna, frustré. Les odeurs de loup étaient omniprésentes et l'odeur de sang qui accompagnaient certaines d'entre elles était tout aussi perceptible. Visiblement, il redoublait de malchance. Sur cette ultime tentative avant que le jour ne décline trop, il s'enfuyit, réprimant sa rancoeur.