PILLAGE NO. 1

Nouvelles neiges, nouveau mode de vie, nouveau mode de chasse, nouveau problème existentiel. Pandémonium avait déjà vu la neige, à petites échelles. Mais de la neige, à ce point, recouvrant tout, rendant les déplacements ardus et peu agréables, ce froid qui vous gelait les articulations et les poils du pif… Non ça, jamais. Et chaque pas qu’il faisait dans ces mètres de froideur le faisaient pester contre cette infâme matière blanche. En plus du froid, il était devenu d’une indiscrétion incroyable : on aurait pu l’entendre à des kilomètres à la ronde, avec ce bruit ! Chaque pas était une torture auditive. Déjà que les proies semblaient s’être volatilisées, si en plus il faisait fuir les seuls animaux susceptibles d’être encore en vie… Il allait probablement crever de faim avant de crever de froid.
Mais l’initiative qu’avait instiguée Koschei n’était pas mauvaise : il y aurait sûrement pensé de lui-même, avec un peu de temps. Mais piller les Hommes semblait être un bon compromis pour cet hiver qui s’annonçait rude et particulièrement ennuyeux…

PILLAGE NO. 1

Pillage:

Le village profilait ses silhouettes dégueulasses à l'horizon, et les couches de neige se faisaient moins profondes ; Pandémonium dédaigna les enclos des herbivores tels que les chèvres, les moutons et les vaches. Les poursuivre dans cette tonne de poudreuse ne ferait que lui faire perdre du temps et de l'énergie, et ces deux choses étaient les seuls avantages dont il bénéficiait encore. Il s'aventura prudemment donc, tout près du poulailler, flairant le grillage qui le séparait des volatiles avec suspicion, les sens aux aguets. Il remarqua aisément une trouée, par laquelle d'autres loups avaient déjà du passer.
Il allait profiter de cette aubaine pour tenter sa chance, à son tour, mais un claquement le retint. Un claquement qu'il n'avait encore jamais entendu, mais qui indiquait une présence autre que la sienne. Il se redressa, recula de quelques pas, les oreilles droites, à l'affût du moindre bruit. A cet instant, un des Bipèdes sortit de sa tanière. Le jeune loup recula avec un certain sang-froid, dans un silence étonnamment parfait, avant de se carapater à toute vitesse vers l'orée de la forêt, galopant et bondissant comme un lièvre effrayé. Il se terra derrière un glacier, jetant un rapide coup d'oeil par-dessus le monticule de neige : par chance, il ne s'était pas fait repérer.

PILLAGE NO. 1

Pillage:

Pandémonium attendait patiemment donc, que ce foutu Bipède daigne rentrer dans sa demeure : il faisait bien trop froid pour lui dehors, pourquoi s'obstinait-il à rester planté là ? Il se dirigea vers l'arrière de sa tanière, disparaissant de la vue du jeune loup. Pandémonium crût qu'il s'agissait de sa chance, et il émergea de sa planque - avec une certaine prudence toutefois.
Bien mal lui en prit ! Il avait à peine fait trois pas que quelque chose galopant à grand bruit et en fanfare d'aboiements déboucha d'où le Bipède venait justement de disparaître. Pandémonium fit à nouveau volte-face, bondissant derrière son glacier à toute vitesse. Le Bipède ne tarda pas à rejoindre le chien, et ils se livraient tous deux à une sorte de jeu qui était d'un ennui mortel. Le chien sautait un peu partout, le Bipède émettait des sons tout à fait laids et incompréhensibles, en plus de ça.
Pandémonium décida au bout de quelques minutes qu'il reviendrait une autre fois : il avait mieux à faire que de contempler ces deux abrutis. D'un bond léger, il sortit de sa cachette et de bond en bond, s'achemina lestement vers la forêt où il se mit à courir, avec une certaine difficulté tout de même. La neige... quelle belle saloperie !

Pillage no. 2
[Lancer de dés]

PILLAGE NO. 2

Pillage:

Pandémonium avait décidé de revenir. On ne reste pas sur un échec. La trouée dans le grillage constituait une opportunité en or, et il fallait la saisir. Plus malin que la fois précédente, il avait décidé de revenir de nuit. Il savait que les Bipèdes étaient des animaux plutôt diurnes. Leur sommeil les rendaient inoffensifs.
Il s'aventura donc prudemment sur leur territoire, trottant silencieusement, le ventre au ras du sol, jusqu'au poulailler. Il commençait à bien connaître leurs terres. Il renifla autour de lui, quelques instants, pour être certain que rien ne viendrait intercepter sa chasse nocturne. Une fois à l'intérieur du garde-manger, il serait vulnérable, facile à tuer. Il lui fallait faire vite, et bien. Silencieusement, si possible.
Rassuré, il se coula dans la trouée. Les volatiles dormaient profondément, dans une sorte de grotte faite de bois. Heureusement, l'entrée n'était pas fermée, et Pandémonium se coula à l'intérieur avec la souplesse d'un serpent. Il regarda quelques instants les poules, posées sur leurs perchoirs, les yeux clos. Un sourire carnassier releva ses babines, et il s'avança lentement jusqu'à un des plus gros oiseaux. Elle était dodue à souhait, cette gredine. L'hiver ne la faisait pas souffrir, elle ! D'un bond agile, Pandémonium s'élança vers sa proie et, saisissant son cou tendre entre ses mâchoires, l'entraîna dans sa chute.
Le bruit éveilla la moitié du poulailler, et les poules commencèrent à piailler et à voler en tous sens. Les plumes volaient, les gorges étaient déployées sur des cris stridents. Pandémonium se serait volontiers attardé pour faire un véritable carnage, mais il ne pouvait lâcher sa proie qui expirait lentement entre ses crocs. Il tenta donc de sortir, difficilement au milieu de ce remue-ménage. Il batailla plusieurs minutes autour des volatiles affolés avant d'atteindre l'air libre. Il sortit comme un fou furieux par la trouée, et s'élança dans la neige, galopant à toutes pattes vers la forêt, poussant sur ses postérieurs pour gagner de l'amplitude. Le poids de la grasse poule le ralentissait quelque peu, mais il allait enfin manger quelque chose de juteux.

PILLAGE NO. 2

Pillage:

Arrivé près de son glacier favori, il s'arrêta, le souffle court, et fini par lâcher sa proie - enfin morte ! - sur la neige. Il n'attendit pas plus longtemps pour la dévorer avec avidité. Le goût de la chair le réconforta au milieu de cet enfer de glace.
[...]
Les babines encore rougies par son précédent repas, Pandémonium se décida à retenter l'aventure. Puisqu'il était là, autant faire d'une pierre deux coups ! Il redescendit de sa cachette, guilleret, vers le village. Il arriva sans encombre jusqu'à la trouée d'où des piaillements lui parvenaient encore. Il s'apprêtait à réitérer son forfait, quand une détonation puissante retentit dans l'air, faisant vibrer le monde autour de lui de son écho puissant. La neige vola à un mètre de lui. Le jeune loup sursauta, et se tassa sur lui-même instinctivement. Un éclat de voix lui parvint, tandis qu'un second geyser de neige s'élevait du sol, plus près cette fois. Il ne lui en fallu pas plus. D'un bond puissant, il se propulsa en avant, et commença à courir. Un autre geyser lui barra la route vers la forêt, l'obligeant à bifurquer vers le village. Il fallait à tout prix rejoindre la forêt, sans quoi cet enflure aurait sa peau ! Le Bipède était derrière lui, et courait lourdement. Pandémonium gagnait du terrain, galopant toujours plus vite. Lorsqu'il fut assez loin, il tenta à nouveau de rejoindre la forêt. Tournant brutalement sur ses jarrets, il démarra son ascension dans le mètre de poudreuse, perdant de la vitesse. Mais le stress lui donnait des ailes, et il bondissait, haletant, dans la neige épaisse. Neige qui vola encore une fois, à quelques centimètres de sa patte antérieure droite.
Il força encore sur ses muscles, il serait bientôt hors de portée. Dans un dernier effort, il parvint à rejoindre une parcelle moins enneigée, où il put accélérer l'allure, semant définitivement son poursuivant.

Pillage no. 3
[Lancer de dés]

PILLAGE NO. 3

Pillage (dé "4"):

Trottant de nouveau vivement jusqu’au poulailler, Pandémonium espérait bien renouveler une prise aussi juteuse que la dinde de la dernière fois. Malheureusement, la trouée dans le grillage avait été refermée et le jeune loup se trouvait donc dans une impasse. Mais on n’arrête pas si facilement l’illustre Pandémonium ! Le jeune loup se mit à creuser frénétiquement un endroit où la terre était suffisamment molle – et donc, pas trop gelée – pour être entamée, juste à côté du grillage. Il n’était pas bien gras, s’il parvenait à créer une tranchée assez profonde, il pourrait s’introduire au paradis sans trop de mal. Il creusait avec force, faisant voler des gerbes de terre partout autour de lui. Ses muscles échauffés commençaient à le picoter et la tranchée semblait être assez large pour lui laisser passage. Il s’arrêta de creuser, contemplant son œuvre d’un œil fier. Il allait s’aventurer dans cette nouvelle brèche, lorsque quelque chose le percuta violemment.
Les crocs s’enfoncèrent dans son échine tandis qu’un grondement puissant retentissait au-dessus de lui. Le jeune loup paniqua à la vue improbable du chien, se débattant avec brutalité en poussant des grondements agressifs. Il parvint à s’en débarrasser d’une puissante poussée de postérieurs sur le ventre de l’animal puis, sans attendre, il détala droit vers la forêt en galopant à toutes pattes.

PILLAGE NO. 3

Pillage (dé "8" +2 bonus calendrier):

Pandémonium se terra derrière son glacier, haletant encore de cette lutte courte, mais intense. En bas, devant le poulailler, le chien reniflait d’un œil suspicieux sa tranchée. Il décida, au grand dam du jeune loup, de s’allonger devant pour piquer un petit somme. Décidément, la chance n’était pas de son côté. Heureusement que ce crétin ne l’avait pas poursuivi, c’aurait été le pompon !
Mais la chance sembla tourner du côté de Pandémonium, quelques minutes plus tard : un sifflement strident retentit, et le chien se leva à toute vitesse pour filer à l’autre bout du territoire Bipède. Il fallait saisir sa chance avant qu’il ne revienne ! Pandémonium dévala la pente enneigée à toute vitesse, bondissant dans le mètre de poudreuse avec la précision d’un chamois. Il se coula sans hésiter dans le trou qu’il avait creusé, se glissant sans mal à l’intérieur du poulailler où les volatiles commencèrent à s’agiter en tous sens dans un concert de piaillements. Mais là, pas le temps de sélectionner la plus belle, ou la plus grasse. Pandémonium prit ce qui lui venait sous le croc : il se saisit d’une des poules paniquées, l’attrapant plutôt maladroitement par une patte, et l’attira vers lui avec force. La patte se rompit sous ses mâchoires crispées et il parvint tant bien que mal à lui attraper le cou.
Il sortit alors immédiatement de cette fanfare de cris et de plumes pour glisser dans la terre, sous le grillage. Il fonça ensuite vers la forêt, remontant la pente à toute allure, craignant que le chien ne revienne, alerté par les cris des poules.