La jeune louve marchait avec peine à travers les collines déformées par les secousses de la guerre. Ses souvenirs embrumés, confus de ses derniers jours passés ne cessaient de la hanter. Elle souvenait pourtant si bien de sa vie d’avant. Si bien de ses journées à s’amuser avec sa sœur, à lui expliquer ce qu’elle avait appris avec la guérisseuse du camp et sa sœur ce qu’elle avait appris avec son propre mentor sur lequel elle craquait, et qui lui apprenait bien à chasser. Ses souvenirs de rires, de joie, tout cela lui manquait tellement. Elle ne comprenait toujours pas comment on avait pu s’acharner sur son sort comme ça. Maintenant, elle était sur ces terres, où elle ne connaissait personne, dans une meute sans Alpha nommée Esobek. Elle avait choisi le rôle de guérisseuse parce qu’au final sa formation venait de se terminer, mais voilà, c’était tout ce qu’elle avait. Ses connaissances. Elle s’était trouvée une tanière non loin, ici, aux collines escarpées, Derrière une cascade, un peu similaire à celle dans laquelle elle s’était réfugiée pour éviter la pluie sang de soleil. Sa survie n’aurait même pas dû exister.

Alors Erya cherchait des herbes pour faire son stock, ne sachant pas vraiment quoi faire d’autre.

Reaven était perché au sommet de la colline, ou du moins ce qu’il en restait. Une bombe y avait creusé une grande cavité, et elle ressemblait maintenant plus à une gigantesque vague d’herbe et de terre prête à engloutir tout sur son passage. Assis là-haut, il observait. Il observait la petite famille de chiens de prairie qui s’évertuait à creuser des terriers, le raton-laveur qui courait au loin sur ses deux pattes arrière, une carotte à moitié rongée dans les pattes avant, et les longues herbes qui ondulaient au gré du vent.

Mais quelque chose d’autre entra dans son champ de vision : non loin de lui se trouvait une louve, assez jeune, qu’il reconnut comme étant la nouvelle Guérisseuse de la meute. Elle semblait chercher quelque chose, sûrement des herbes médicinales. Il ne se rappelait pas qu’ils aient été présentés, et maintenant serait certainement un bon moment pour se faire.

Le loup noir et blanc descendit précautionneusement de son promontoire, glissant à cause de la rosée, et trottina jusqu’à la louve.

Arrivé devant elle, il put voir à quoi elle ressemblait exactement : elle était plutôt petite pour son âge, mais semblait plus musclée que Reaven (ce qui n’était pas bien surprenant). Il devina également à la cicatrice sur sa cuisse qu’elle avait eu un passé douloureux, mais pour qui n’était-ce pas le cas ?

Elle se semblait pas l’avoir immédiatement remarqué. Il s’annonça :

« Bien le bonjour. Je suis Reaven, et j’ose supposer que vous êtes Erya ? »

Erya venait de trouver une lentille d’eau à trois sillons dans un trou d’une petite colline. A l’endroit où l’herbe poussait, était une minuscule source d’eau. Ce ne serait pas très utile à l’épidémie en cours, mais chaque herbe était unique et une opportunité. Elle la cueillit alors délicatement à l’aide de ses crocs, essayant de ne pas l’abîmer. Bien, maintenant qu’elle avait trouvé quelque chose ici, c’était qu’il fallait continuer : pourquoi s’arrêter en si bonne voie après tout, et puis, de toute façon, Erya n’avait rien d’autre de mieux et d’utile à faire. La pauvre petite louve se sentait tellement seule.
C’est alors que ses pattes les menaient vers un autre chemin quand elle sursauta d’un bond.

« Bien le bonjour. Je suis Reaven, et j’ose supposer que vous êtes Erya ? »

La jeune louve secoua la tête pour reprendre son esprit. Reaven. Un loup aux nuances de gris se tenait devant elle, aux yeux d’un vert émeraude profond. Elle faillit s’y perdre, quand elle se reprit, toute perturbée. Ce devait être son collègue guérisseur dont on lui avait parlé à son arrivée. Erya, il faut répondre maintenant. Euh, oui.

« Oh, bonjour Reaven. Oui, c’est bien moi… Désolée, j’étais… Ailleurs. »

Elle lui adressa un faible sourire en signe de sympathie. Après tout, un peu de compagnie de lui ne ferait pas de mal. En fait, à part des malades qu’elle a soignés, elle n’avait pas connu beaucoup de monde, ici, si ce n’est personne. Cependant, aujourd’hui, Erya faisait preuve d’une timidité déconcertante.

HRP:

Erya sursauta. Reaven ne cilla pas, mais intérieurement il se sentait coupable de l’avoir surprise.

« Excusez-moi. Loin de moins l’idée de vous effrayer ainsi. »

Elle resta silencieuse un long moment, comme déconnectée du monde. Avait-elle-même entendu ce qu’il venait de lui dire ? Elle se reprit tout de même après quelques longues secondes d’absence :

« Oh, bonjour Reaven. Oui, c’est bien moi… Désolée, j’étais… Ailleurs. »

Elle lui adressa alors un faible sourire. Reaven se faisait tout de même du souci pour elle, à défaut de la connaître. Elle semblait fort préoccupée par quelque tourment, ce qui rendait le Guérisseur inquiet à son tour. Il était de son devoir de s’assurer que tous les membres de la Meute se sentaient aussi bien dans leur esprit que dans leur corps, et donc d’aider Erya à apaiser ses pensées.

Il se rapprocha doucement d’elle, plongeant son regard dans le sien.

« Vous semblez bien préoccupée. Quelque chose vous tracasse ? »