S'il s'attendait à ce froid? Sûrement pas. Le temps était devenu si glacial qu'on en aurai commencé à douter de ne pas avoir voyagé quelques dizaines de milliers à l'opposé du soleil. Plus rien. Plus une proie, plus un loup, plus que toute cette étendue blanche à perte de vue. Il n'y avait qu'un avantage à cette situation. Son pelage blanc le camouflait à merveille.

C'est plus ou moins dans cette confiance relative que lui procurait ça qu'il se risqua vers les provisions des Hommes. Il n'a simplement pas le choix, pas le choix pour continuer à vivre. L'hiver promet, en tous cas.

Il aurait été suicidaire de la part des humains de laisser leurs animaux sans surveillance. Il fit un pas, rampant précautionneusement vers un enclos caquetant à tout va.

Un chien aboya. Il se figea, et en restant en dehors de la vue des humains, s'empressa de quitter les lieux. Tant pis pour cette fois. Pourtant il avait senti la nourriture; des monticules et des monticules de proies, mortes ou vives.

Trop pour qu'il les ignore indéfiniment.

Le chien qu'il avait éveillé ne l'avait pas perdu des yeux. Ou plutôt, du nez car il était quasi invisible au milieu de la neige. Toute sa discrétion et sa patience n'y firent rien, et sous les menaces des abois du cabot, Joker Fou s'en retourna sans butin vers des lieux moins habités.