Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Noire marchait, souffrant le martyre. Elle venait tout droit des usines acres, ce territoire hostile où elle avait croisé les traqueurs et leurs chiens. La louve s'était enfuie, aux côtés d'Onyx, un mâle Esobek, puis l'avait perdu de vue dans sa course. Elle avait combattu un chien, couru le plus vite possible, mais le traqueur avait tiré quand même. La balle de plomb était allée se ficher dans son épaule. De plus, quelques jours auparavant, Noire avait entamé les recherches des disparus des meutes. Elle avait alors coincé sa patte avant droite à deux reprises dans un piège à loup, lui laissant un douleur profonde qui la faisait déjà boiter. Mais sa blessure à l'épaule la faisait désormais presque ramper. Elle ne savait pas trop où elle allait. A droite, à gauche... Aucune idée précise. La femelle désirait simplement trouver un guérisseur, qui puisse la soulager. Elle se doutait bien que Reaven et Emarok étaient trop loin. Et elle n'avait aucune envie de se rendre chez Manîthil. Elle progressa donc, sur les terres de l'est, la vue brouillée par la douleur, cherchant désespérément une piste quelconque de loup à l'odeur de remèdes. Puis sa patte buta dans une petite pierre, et elle s'effondra dans un piaillement lamentable. Et tout devint noir.
[Noire se trouve tout près des tranchées, elle s'est évanouie x) C'est donc toi qui va la trouver]
La Blanche avait quitter sa tanière aux premières lueurs hivernales, fuyant la fraîcheur bien matinale pour aller se réfugier dans la Ville en ruines, où elle avait trouvée plusieurs plantes médicinales pour enrichir son stock encore trop mince à son cou. Elle les avait encore en gueule lorsqu'elle prit le chemin des tranchées menant à son abri personnel. Pureté du Cristal était loin de se douter que, près de là où désormais elle habitait, une âme gisait sur le sol. Et elle ne tarda pas à en faire la sombre découverte. Brusquement, sous ses pupilles d'un bleu océan, une forme noire et lupine gisait devant elle. Le canidé semblait inconscient, semblable à un mort. L'inquiétude s'empara de la femelle qui en perdit le contenu de sa mâchoire. Se précipitant près de celui-ci, elle vérifia que l'animal respirait toujours. Et c'était le cas. Posant sa truffe froide contre son congénère, Kali s'aperçut que c'était une femelle, tout comme elle. Elle ne semblait pas porter de marque particulière, elle en conclut qu'elle n'avait pas de meute. Sans plus attendre, la frêle louve l'empoigna par le cou et l'amena à son pied à terre, à quelques mètres d'ici. La neige l'aida fortement dans son déplacement puisque le corps glissait contre elle.
~
Elles arrivèrent enfin à la tanière. La jeune solitaire la fit pénétrer à l'intérieur avant de la poser de nouveau sur le sol délicatement. Elle s'éloigna de l'individu pour chercher quelques instants des remèdes contre les blessures qu'elle semblait avoir. Trouvant une feuille, qu'elle prit soin de mouiller au préalable, elle la posa sur l'épaule endommagée de la noiraude, silencieusement. Elle préférait désinfecter la femelle en attendant qu'elle se réveille avant de s'engager inconsciemment dans des soins plus minutieux.
Plante prodiguée/administrée:
1 Sève de Chêne : combiné à l'eau, elle désinfecte
Durant un long moment, la louve resta plongée dans le noir absolu. Quelques légers flash lui revinrent en mémoire tandis qu'elle était évanouie. Elle ne sentit pas les crocs s'enfoncer dans sa chair, le loup qui la traîna loin d'ici, plus bas que terre. Elle ne sentit pas non plus les plantes déposées sur sa plaie à l'épaule, les soins que lui administrait cette inconnue. Au contraire, se fut comme si rien ne se passait, comme si elle dormait profondément, dans sa tanière, ou mieux encore avec son frère. Sauf que tout les rêves ont une fin, toute nuit à une fin, et heureusement d'ailleurs sinon cela voudrait dire que la mort était venue. Alors, lentement, la solitaire rouvrit les yeux, apercevant devant elle un pelage aussi blanc que la neige, totalement inconnu. Elle crut d'abord qu'il s'agissait de Reaven, à cause de l'odeur de plantes, mais Reaven avait un pelage gris clair, pas blanc. De plus, le loup qui tenait devant elle était une femelle, et n'avait pas du tout le profil du guérisseur Esobek. Noire se sentit aussitôt oppressée, comme agressée, et chercha immédiatement à se relever pour fuir cet endroit. Elle poussa un râle lorsqu'elle s'appuya sur sa mauvaise patte, et s'effondra lourdement contre le sol, une douleur lancinante lui percutant l'épaule. Elle se souvint alors de sa blessure, des traqueurs et de sa longue marche à la recherche d'un sauveur. Alors, elle referma les yeux, et toute tremblotante elle questionna dans le vide :
Brusquement, la noiraude se réveilla et sembla affolée à la vue de la Blanche, qui ne pouvait que comprendre sa réaction. Elle ne bougea pas d'un centimètres, laissant libre mouvements à l'inconnue qu'elle continuait d'observer cependant. Celle-ci se rendit bien vite compte que sa situation ne permettait pas la fuite et due se résigner à rester ici, au creux de sa tanière. Désormais à nue, l'autre femelle parut très faible et gênée, comme honteuse. La Solitaire s'approcha alors doucement d'elle en gardant une bonne distance, un sourire bienveillant sur les lèvres. Elle ne voulait pas l'effrayer ni l'oppresser, si elle ne le ressentait déjà.
- Où je suis, qui êtes-vous ?
Pureté du Cristal s'arrêta à la fin de la question, posant son regard bleuté sur sa patiente, désormais. Elle s'empressa de lui répondre un ton détendu, posé et duveteux, propre à sa personne.
- Je me prénomme Kali et vous êtes dans ma tanière. Je suis Guérisseuse.
Elle s'ébroua doucement, analysant de nouveau le corps particulier de Prophétie des Lucioles.
- Je vous ai trouvé sur le chemin qui conduit à mon abri. Vous aviez l'air mal en point et j'ai jugé bon de vous ramener ici pour vous soigner.
Posant son regard sur le reste de son pied à terre, elle poursuivit.
- Mais vous demeurez libre de refuser mon aide. Je ne veux pas paraître intrusive.
Elle s'assit enfin pour, de nouveau, faire face à la louve.
- Pendant votre sommeil, je me suis permise de désinfecter la plaie de votre épaule. J'espère que vous ne m'en voudrez pas.
À la fin de ses paroles, elle se leva encore pour s'approcher de la sortie. Elle laissa libre choix à l'inconnue de rester ou non. Kali ne voulait en rien la gêner ou atteindre son égo en la forçant à rester ici pour la guérir. Après tout, ce n'était pas son caractère, bien qu'elle ne voulait que sa remise en forme.
La louve se présenta comme étant une guérisseuse, et lui donna son nom : Kali. Noire ne répondit rien lorsque la blanche lui expliqua les soins qu'elle lui avait administré. Elle lui proposa par la suite de partir, si elle ne voulait pas de son aide. La solitaire fut tentée de se lever et de partir loin d'ici. Elle n'aimait pas se savoir dépendante des autres, et c'était d'ailleurs pour cette simple raison qu'elle refusait de se joindre à une meute. Mais lorsqu'elle remua sa patte, la douleur lancinante du piège à loup lui arracha un cri. Lors de ses recherches, elle était tombée à deux reprises entre les mâchoires d'un piège. Elle savait que sa blessure était moindre à côté de sa plaie à l'épaule, mais la douleur n'en restait pas moins terrible.
"Soigne... moi..."
Elle grimaça, tendant ses muscles et plantant ses griffes dans le sol, toujours couchée par terre. Sa tête reposait contre la terre, et Noire se sentait tellement glaciale que le sol lui semblait bouillant. Peu lui importait cette fois-ci de paraître faible. Noire voulait simplement que la guérisseuse la soigne. Rapidement.
S'approchant à nouveau de l'inconnue, la blanche lui ôta la feuille pour vérifier que la plaie était parfaitement désinfectée pour éviter l'infection. Avant qu'elle ne puisse s'affairer à faire autre chose, elle entendit sa patiente pousser un cri de douleur, tellement puissant qu'il provoqua chez la solitaire un sursaut. Avait-il mal autre part ? Elle l'ausculta rapidement, sans succès. Venait-il de la patte ? De l'épaule ? D'autre part ? Inutile d'imaginer, il lui fallait des indices.
Elle avait bien conscience que la louve désirait être vite soigner pour partir plus vite de son antre, mais sans autre blessure visible, la blanche ne pouvait rien faire pour elle. Gardant un œil sur sa nouvelle protégée, Kali partit du côté de ses plantes médicinales pour chercher un nouveau remède pour... Il valait mieux attendre sa réponse avant de sortir quoi que ce soit d'autre.
La guérisseuse l'étudia de haut en bas, examinant toutes les parties de son corps, puis lui demanda quelles étaient ses blessures. Noire, que la douleur faisait atrocement grimacer, fut tout d'abord incapable de répondre. Ses pattes patinaient dans le vide tandis qu'elle restait toujours allongée, incapable d'articuler une phrase. Mais prenant son courage entre les pattes, elle finit par ouvrir la gorge et répondit, d'une manière totalement hâchée :
Elle tentait d'expliquer qu'un piège à loup lui avait probablement craqué les os, même si la blessure ne se voyait presque plus grâce au fait qu'elle s'était léchée la plaie aussitôt. Cependant, la douleur en restait violente, et la solitaire versa même quelques larmes, chose qu'elle ne faisait jamais. Kali ne pouvait-elle pas faire quelque chose au plus vite ?
Sans perdre plus de temps, la petite louve se munit d'un assortiment de plantes qu'elle s'empressa de porter à sa patiente. Les déposant à côté d'elle, la solitaire mit rapidement des graines sous le nez de la noire.
- Vous devriez les manger. Elles calmeront votre douleur.
Ensuite, elle redoubla d'attention en manipulant la seconde plante, toxique si elle était mal utilisée. Ce n'était donc pas le moment de faire des bêtises. Elle posa celle-ci sur la patte de la louve, en insistant bien pour la fixer. Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre que ces traitements fassent effets pour rendre valide son membre. Ça ne devait rien paraître comme soins, mais c'était bien efficace.
- Je vous invite à vous reposer le temps que ça prenne sur votre patte. Je ne possède pas un grand stock de plantes, vu que je suis nouvelle dans la profession, mais ce que je vous ai administré suffira à panser votre blessure et le temps permettra à vos maux de se ressouder.
Elle marqua une petite pause, s'éloignant de la proximité qu'elle avait entretenu avec l'autre femelle durant l'administration des soins.
- J'ai fais du mieux que je pouvais et j'espère sincèrement que ça suffira. N'hésitez pas à revenir me voir dans les prochains jours si vous ne voyez pas d'améliorations, je tâcherai de trouver des meilleurs remèdes d'ici là.
Pureté du Cristal s'éclipsa, laissant ainsi l'occasion à la Prophétie des Lucioles de se reposer en toute tranquillité.
Soins prodiguées:
- Prêle des champs : Effet reminéralisant et diurétique. Soigne la peau, les tissus conjonctifs en cas de fragilité des cartilages, des tendons et des os. Toxique si mauvaise utilisation ! - Graine de pavot : Insensibilisant à la douleur
La guérisseuse au pelage blanc lui administra quelques remèdes, appliquant des plantes sur sa plaie à la patte. Noire grimaça de douleur, les yeux plissés, les mâchoires serrées pour ne pas crier sa douleur. En tant que solitaire, elle était habituée à souffrir, mais la douleur provoquée par la balle dans son épaule, ainsi que le piège à loup sur sa patte la martelait comme un couteau. Lorsqu'elle eut terminé, la louve clair lui conseilla de rester couchée et de se reposer le temps que les remèdes fassent effet. Noire n'avait pas le courage de riposter, et elle se contenta de lâcher un grognement désapprobateur, sans pour autant bouger. Elle garda les yeux clos, résistant aux picotements désagréables qui parcouraient ses deux blessures. Elle entendit cependant la femelle s'éloigner, et après s'être promis de partir dès que la douleur s'en serait allée, la solitaire plongea dans un profond sommeil. Elle ne partirait pas d'ici avant quelques heures...