La neige. Les proies disparues. Plus rien. Le néant, la famine qui s'approche imminente.

Dans tout ça, un loup. Sept mois. Pourtant, Zirconium s'entête. Tant pis, il a déjà fait signifier à la mort d'aller se faire foutre plus d'une fois.

Il eut beau chercher, fouiller, retourner les tunnels dans l'espoir que des proies s'y seraient réfugiées pour échapper au froid, rien ne se montra. Zirconium observa les alentours, épuisé. Il n'avait aucune envie de retourner à la ville en ruine si c'était pour refaire le chemin inverse aussi sec.

Finalement, il se laissa s'effondrer dans une petite cavité, faisant de son mieux pour garder un maximum de chaleur.

Le lendemain? Rien d'autre. Pas une piste, pas une trace, rien que le silence et les gouttes de plus en plus rare au fur et à mesure qu'elles gèlent et cessent de tomber. La faim le faisait trembler, lorsqu'il abandonna ses recherches.

Le lendemain fut comme les jours précédents. Rien, rien, rien que le vent qui souffle bruyamment dans les tuyaux et le froid qui stagne, pétrifiant ce qui vivait et ce qui ne vivait pas. Zirconium s'amaigrissait à vue d'oeil; la faim lui ôtait le peu de graisse qu'il possédait, et lui tordait l'estomac à longueur des journées.

Peut-être finirai-t-il par trouver finalement un peu de bouffe. Même des insectes auraient fait l'affaire - sauf que visiblement, même ceux-là avaient décampé des lieux. Peut-être remonter à la surface serait-il plus intelligent, s'il voulait espérer dénicher quelque chose.

Se succédaient les heures, les jours, sans trouver davantage; il mourrait de faim, mais il s'efforçait de continuer.
La première odeur intéressante qu'il sentit depuis son entrée ici se révéla ne pas être une piste bien intéressante; une dépouille, qu'il mit un temps à reconnaître comme un corbeau, dans un état de pourriture avancée. Zirconium recula face aux mouches et aux remugles qui s'en échappaient, suffocant sous la puanteur.

Il s'empressa de faire demi-tour. Sans plus de succès que les autres jours, et il se contenta de se rouler en boule dans un coin pour une nouvelle nuit sous l'autoroute éventrée. Peut-être faudrai-t-il songer à changer de lieu de recherches. Sérieusement, même.

Ce fut le jour suivant sa découverte du volatile pourissant qui le convainc de changer de spot. Ce fut également sur le chemin, comme pour le conforter dans sa décision, qu'il trouva un poisson. Mort. Il le renifla avec étonnement; comment était-il arrivé là? Peut-être un ancien ruisseau devait couler ici, bloqué par les glaces. Il n'en fit pas plus et s'empressa de le dévorer avant de reprendre son ascension.