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Points : 994
Âge Personnage : X ans
Rang : Rang
Niveau Rang : Niveau
Maladie :
Blessure :
Détails blessures : Pas de Blessure
Détails maladie : Pas de Symptôme
Bonus Force : +0
Bonus Agilité : +0
Bonus Endurance : +0
Bonus score de chasse : Score de chasse : +0
Nombre de lancers quotidien : Nombre de Chasse : +0
Bonus Santé : Bonus Santé : 0
Bonus/Malus Autres : Bonus/Malus Autres (autres dés)
Compétence d'élite :
| Mar 1 Déc - 17:41 | |
| Vote concours : Écriture Suite au concours d'écriture mit en place à Halloween, il est enfin temps de voter ! 1. - Spoiler:
Quelque chose le suit, il ne peut pas le voir, il ne peut pas l’entendre, mais il peut le sentir : les poils qui se hérissent sur son échine, ses muscles qui tremblent, la peur qui l’envahit. Oui, Fjorgur a peur, mais peur de quoi exactement ? Il n’y a rien, il a beau se retourner il ne voit rien bouger derrière lui, juste l’obscurité qui avale petit à petit les couloirs dans lesquels il passe ; ses odorat ne lui apporte que l’odeur de l’humidité et ses oreilles ne reçoivent que l’écho de ses pas.
Quelle idée de venir se balader dans les sous-terrains la nuit ...
Il était en train de poursuivre un rat quand cette étrange sensation l’a pris. Il a immédiatement décidé de faire demi-tour aussi vite que possible, mais il s’est perdu. Tous les couloirs se ressemblent. Où est la sortie ? Pris au piège, avec cette ... chose qui le poursuit. Voilà cins fois qu’il se retrouve exactement au même carrefour, celui avec une vieille chaise en bois brisée dans un coin. Il tourne en rond, et pourtant il a tout essayé, toutes les combinaisons de couloirs possibles, il a essayé de revenir en arrière, de retracer ses pas, et pourtant tout le ramène ici, dans ce même carrefour ... Il devient fou, ce n’est pas possible, il n’a plus les idées claires. Peut être qui s’il ne se sentait pas suivi, il aurait déjà trouvé la sortie. Il s’arrête pour reprendre son souffle.
Un bruit de métal qui tombe lui perce subitement les tympans. Il sursaute. Il court. Quelque chose est vraiment derrière lui et vient de faire ce bruit. Il court en ligne droite, aussi vite qu’il le peut. Ce couloir est long, presque infini. Aucune sortie sur les côtés. Il ne se rappelle pas d’être passé par ici. Où est-il ? Il ralentit légèrement, perplexe, mais quelque chose de glacé lui frôle l’échine. Et le revoilà partit dans une course folle.
Depuis combien de temps court-il ? Il n’en sait rien. Il court simplement dans ce même couloir sans fin. Il voit de la lumière. Une sortie ? Il redouble la cadence, plus vite il sera hors de cet enfer et plus vite il pourra respirer. Mais ce n’est pas une sortie. Juste un néon qui donne sur un mur totalement blanc. Cul-de-sac.
Fjorgur s’arrête, manque de s’encastrer dans le mur. Non non non non non, il ne peut pas faire demi-tour, cette chose est toujours là, elle s’approche ... Il peut la sentir s’approcher. Il se recroqueville dans un coin. Que faire ? Il n’y a rien à faire. La lumière s’éteint subitement. Il émet un jappement de surprise. Il est maintenant dans le noir total, sans lumière, sans odeur, sans rien pour le guider. Il reste ainsi de longues minutes, affolé, paralysé par la peur, avec pour seule compagnie le bruit de sa respiration saccadée.
Et puis quelque chose lui agrippe une patte. Il essaie de s’en dégager mais la prise est ferme. Il donne des coups de crocs, de griffes, dans le vide. Mais il n’arrête pas de bouger dans tous les sens, de se débattre, en vain. Quelque chose le tire et il est immobilisé. Il ne peut plus rien faire. Il n’y a rien de pire que d’être paralysé alors que l’esprit est toujours bien là, que de ne plus être maître de ses mouvements et de sentir son corps n’être qu’un poids mort. Quelque chose se fait entendre, à mi chemin entre un rire et un grognement, et quelque chose apparaît devant les yeux de Fjorgur, un visage insectoïde aux yeux rouges frétillants, pendant un bref instant, puis disparaît.
Il se réveille en sursaut, en plein milieu du Cimetière. Qu’est-ce qu’il fout là ? Comment a-t-il pu s’endormir ici ? Il secoue les derniers stigmates de son cauchemar puis retourne vite-fait chez lui, sur les terres Esobeks, loin de ces lieux glauques.
2. - Spoiler:
La nuit est tombée sur les terres des loups. Le silence règne en maître ultime, comme à son habitude, seulement troublé par le froissement des feuillages des arbres et le bruissement des ailes d'un oiseau. Une ombre silencieuse marche au milieu du paysage obscure. Il s'agit d'un loup, d'une louve plutôt, au pelage aussi noir que la nuit. Ses pattes glissent sur le sol, sans un bruit, et seuls ses yeux jaunes semblent se détacher de la pénombre. La louve ne porte l'odeur d'aucune meute, c'est une solitaire. Elle semble marcher en direction du Styx. Pourquoi ? C'est une bien bonne question. La femelle, qui porte le nom de "Noire", surement à cause de sa fourrure couleur de cendre, s'arrête brusquement au bord de l'étendue liquide. L'eau vient lui lécher les pattes, et elle frissonne. La lune est invisible dans le ciel, c'est à peine si l'on voit les étoiles. C'est une nuit sombre et noire, comme le coeur de la louve. Pourquoi suis-je venue ici ? Se demande t-elle elle-même. Une rafale soudaine lui gifle le museau, alors qu'il n'y avait aucun signe de vent jusque là. Noire recule brusquement, consciente que l'eau du Styx était entrain de lui avaler les pattes, si l'on peut dire cela comme ça. Elle rabat ses oreilles en arrière, soudain inquiète. Une sensation d'effroi lui attrape le coeur, et le serre si fort qu'elle hoquette. Quelque chose ne tourne pas rond ici. D'ailleurs, elle ne se rappelle même plus avoir prit la décision de quitter sa douce tanière pour venir jusque là. Une autre rafale de vent secoue les environs, accompagnée cette fois-ci d'un drôle de bruit, comme un souffle rauque. Noire semble se ratatiner sur elle-même. Elle veut partir, mais quelque chose l'en empêche, comme si ses pattes étaient collées au sol. Les feuillages des arbres bruissent, comme le son des os qui craquent lorsque l'on tue une proie. Le Styx semble s'agiter, de plus en plus, tandis que le vent lui aussi souffle de plus en plus fort. La nuit est toujours aussi noire, comme si elle avait avalée la lune et les étoiles. Et soudain, elle la voit. La forme indistincte qui s'élève au-dessus de l'eau. Serait-ce un loup ? Noire est tellement terrifiée qu'elle n'arrive pas à bien distinguer les formes. La Chose est blanche, très pâle, presque transparente. Noire a déjà entendu parlé de choses de ce genre... Des esprits, des fantômes... Mais comment aurait-elle pu imaginer en voir un un jour ? La louve entend des souffles autour d'elle, des rires rauques qui résonnent étrangement à ses oreilles. Ses pattes tremblent, tandis que ses pupilles sont fixées sur la Chose, comme elle vient de la surnommer dans son esprit. Noire se ratatine un peu plus contre le sol, se fichant bien désormais de l'eau qui vient laper sa fourrure. Elle veut se faire la plus petite possible. La solitaire n'a jamais cru aux histoires qui font peur. Pour elle, tout est réaliste et à, du moins, une explication rationnelle. Mais aujourd'hui... C'est inexplicable. La Chose continue son élévation au-dessus du Styx, forme blanche comme un petit nuage de vapeur au-dessus d'une casserole de pâtes. Noire déglutis, la peur au ventre, et soudain les yeux de La Chose vont se fixer sur elle. La louve tremble si fort qu'elle finit par s'effondrer dans la boue, sur la berge du Styx, la tête fourrée par terre. Elle est dominée par La Chose, sans qu'aucun mot ne soit échangé. Puis brusquement, un cri affreux résonne à ses oreilles, lui transperçant les tympans, et Noire tombe sur le côté, roulant sur le ventre, enfonçant ses oreilles dans la boue pour tenter de créer une barrière protectrice contre ce son affreux. Elle le reconnait, c'est le cri de son frère, lorsqu'il a été tué, assassiné. Noire se tortille contre le sol, meurtrie, puis tout s'arrête. Ses yeux croisent ceux de La Chose, et le temps s'arrête. Les deux bêtes restent ainsi, chaque regard plongé dans l'autre, jusqu'à ce que les premiers rayons de soleil apparaissent à l'horizon, et que La Chose disparaisse brusquement, comme envolée. Noire reste quelques instants ébahie, étonnée, et surtout encore meurtrie à l'intérieur. Puis, épuisée, elle lâche un long râle désespéré et essoufflé, avant de fermer les yeux et de se laisser couler dans le sommeil, sous les rayons du soleil de l'aube...
3. - Spoiler:
LA NUIT DES MONSTRES ♪ La nuit venait de tomber sur les terres d'Angel Fall First. On entendait plus rien, comme si tout les habitants de ce territoire s'étaient endormis en même temps que le Soleil. Pourtant, il en restait un. Un jeune loup insouciant. Au milieu de l'obscurité, il errait. On ne savait pas pourquoi il était là, ni pour quelle raison il était resté éveillé ce soir-là. Pourtant, un événement particulier devait se passer cette nuit-là, mais personne ne savait pas où. Personne non plus n'avait eu assez de courage pour chercher le lieu. Sauf ce louvard âgé d'à peine sept mois. On ne distinguait que ses yeux d'un brun clair dans la pénombre environnante. Sur son visage, si on s'approchait vraiment près, on pouvait deviner une envie débordante d'aventures. De frissons. D'angoisse. La vie, si on ne prenait pas de risques, ne valait-elle pas la peine d'être vécue ? C'était le principe vitale de ce loup. Au moment le plus opportun, une forme se mouvait devant lui, le contraignant à s'arrêter. Ce pourquoi il était là apparaissait enfin sous ses yeux dévorants. L'excitation montait sur le moment en lui, prête à le faire exploser. Pourtant, il n'aurait peut-être pas dû être là, ce soir-là, devant cette apparition soudaine. Un cri déchirait le silence, provoquant un sursaut chez l'animal. Puis des rires enfantins suivaient. L'angoisse remplaçait bientôt l'adrénaline de la nouveauté. La forme s'approchait de l'innocent loup, l'enveloppant de son étreinte sombre. Seulement, le louveteau ne se laissait pas faire. S'échappant à son approche, il se mit à galoper. La forme continuait de le suivre, toujours les mêmes rires aux lèvres. Puis une musique rejoignit le décor morbide. Il se demandait pourquoi il était là, pourquoi il avait fait tout ce chemin pour en arriver là. La forme le rattrapait. Quelques notes de musique furent jouer puis plus rien. Le loup avait disparu, la forme, elle-aussi. On ne sait pas toujours pas ce qu'il est devenu, ni même s'il est encore en vie. Tout ce que nous savons aujourd'hui, c'est qu'il ne faut jamais sortir la nuit d'Halloween.
4. - Spoiler:
C’est une bien belle journée qui s’offre à moi. J’ai grandi, je commence à avoir une taille raisonnable pour pouvoir commencer à me mélanger aux autres. Peut-être qu’un jour j’aurai une place importante au sein de la meute. J’espère. Non, je le veux. Je veux devenir indispensable même ! Je veux rendre mes parents fiers de moi. Je rendre mon papa fier de moi. C’est mon but. Je me suis toujours dis ça depuis ma naissance, ce n’est pas près de changer.
C’est dans cette optique que je me suis élancée sur nos terres. Je voulais les explorer. Je ne suis plus un pauvre petit louveteau craintif, même si je ne suis pas craintive, je ne suis plus obligée de demander l’autorisation de mes parents pour sortir de la chapelle. Je m’élance, je cours, je fends le vent. Je saute par-dessus des obstacles en cette belle journée. Le soleil me réchauffe dans ma course folle. C’est un véritable bonheur de pouvoir enfin courir, libre.
Je me stop. Je hurle. C’est toujours un truc qui m’a beaucoup amusé. Hurler à la mort. Bon même si là je ne le fais qu’une fois histoire de m’amuser un peu. Mais quand je rouvre les yeux, le soleil n’est plus. Le brouillard entoure mes pattes. On dirait que la nuit est tombée soudainement. Mes instincts de louveteau commencent à revenir. J’ai envie de me blottir contre ma mère en pensant que tout cela n’est qu’un simple cauchemar et qu’en vérité je suis à l’abri dans les ruines de la chapelle avec ma meute. Mais ce n’est pas le cas.
Des bruits étranges remontent jusqu’à mes oreilles. On dirait des gémissements, des plaintes, des grognements. Ils ne sont pas d’origine animale. J’en suis presque sûre. Mais qu’est-ce donc ? Je me retourne. Je regarde partout autour de moi. Les bruits se rapprochent. J’ai l’impression d’être encerclée. Étouffée par tous ces bruits. Mais je ne peux pas bouger. Tétanisée par la peur. Je ne peux que bouger la tête en essayant de trouver la source de se bouquant. Un bruit de feuilles dans mon dos me faire tressaillir de peur. Je fais volte-face. Je m’assois en reculant ma tête et en aplatissant mes oreilles sur mon crâne. Mon regard reste bloqué sur cette chose qui avance vers moi.
Non, cette chose n’avance pas vers moi. Elle déambule. C’est différent. On dirait que ses membres sont trop lourds pour être portés par cette chose. Ils traînent, pendent le long de son corps. Même sa tête est penchée. Comme si…comme si la vie avait quitté ce corps. Et qu’il était animé par…je ne sais pas. Un truc. La chose s’approche de moi. Elle me regarde comme si elle avait envie de me bouffer. Je recule, peureuse. Je n’ai pas confiance. Je ne la laisse pas me toucher. Elle avance plus vite, alors je recule plus vite. Mais j’heurte rapidement une chose. Un autre truc sans vie ! Comme celui qui me suit. Ils sont moches, ils puent ! On dirait des cadavres, c’est horrible cette odeur. L’odeur de la mort les entoure. Ils s’approchent de moi pour m’attraper. Je pigne. Je m’élance. Je cours, je tente de fuir.
Je me suis perdue, je ne sais plus où je suis. Je n’ai jamais été dans cette partie de nos terres. Je tente de me frayer des passages parmi les décombres. J’essaie de me cacher, mais à chaque fois ils me retrouvent. Alors c’est ça les humains que les loups craignent ? Mais personne ne m’a jamais dit qu’ils voulaient nous manger ! Pourquoi ils veulent me manger ! Mais qu’est-ce que j’ai fait ? Je sors de ma nouvelle cachette pour courir à nouveau. Ils me suivent. M’entourent, me prenant par surprise. L’un d’entre eux arrive à me mordre l’épaule. Je pigne à nouveau en m’élançant de plus belle. Essayant de me frayer un passage parmi cette meute de chose puante. Ils me griffent. J’essaie de ne pas y penser.
Je continue d’avancer. Prise au piège. Mais déterminée. Je ne veux pas mourir sans me battre. Mais ils m’entourent. Ils sont tous là. Non. Je suis bloquée. Ils me mordent, ils me griffent. Mon sang coule sur les décombres. Je pense à mon père. Il sera tellement déçu. Mon sang a recouvert mon pelage brun clair. Je me suis arrêtée de gémir de douleur. Je suis allongée sur le sol. Inerte.
Ma tête se redresse. Je tremble de tout mon petit corps. Je suis calmée et rassurée part la langue douce et maternelle de ma mère. Tout cela n’était qu’un cauchemar ma chérie. Me murmure-t-elle calmement pour ne pas réveiller tout le monde. Je tente de reprendre mon souffle. Calmement. Mon frère et mon père dorment non loin. Je n’ai réveillé que ma mère visiblement. Je me calme. Je suis redevenue un louveteau. Tant mieux. Je me redresse, essaie de tenir debout malgré mes pâtes tremblantes. Je me pelotonne contre ma mère. Puis je ferme les yeux. Non, sans sentir à nouveau, cette odeur de mort entourer la chapelle et tous les grognements qui vont avec.
5. - Spoiler:
C'est dans un monde en ruine qu'il a vu le jour, et sous terre qu'il a fait ses premières expériences. Il n'a jamais pu voir la lueur du jour, et lorsque son petit corps encore bien frêle a été porté à la surface, les yeux du jeune Dragon ont brûlé si fort qu'il a cru en perdre la vue pour toujours. Heureusement, ses iris se sont adapté au monde et à sa lumière aveuglante. Le petit a grandis, est devenu un jeune mâle grand et fort. Le voilà qui erre sans but aucun dans la forêt de son monde, cette forêt où il s'est si souvent entraîné avec ses mentors et son père. Cette forêt où il a tant joué, et si peu à la fois, avant d'être enlevé à sa famille par les cruels bipèdes. Parfois, il en vient à sourire, de voir nombre de leurs corps accrochés aux arbres. Parfois, il pense que c'est bien fait, que leur mort n'est que justice pour toutes les vies qu'ils ont prises. Et parfois, il se dit que peut-être, il aimerait en voir souffrir un, là-haut condamné à mourir de faim et de soif. Il aimerait pouvoir le voir agoniser, avoir la possibilité de l'aider et ne pas le faire, tout comme ils l'ont regardé souffrir pendant près d'un an sans jamais penser une seule seconde qu'il avait une âme, des émotions, et des neurones connectés entre eux qui lui faisaient ressentir la douleur autant qu'eux. Il marche entre les arbres, détaille chaque cadavre putréfié, chaque os tombé au sol quand la chair ne le tenait plus au reste du corps. Il sent la mort, observe le néant, réfléchit au sens de la disparition de la vie. Que font-ils, par-delà le monde des vivants ? Sont-ils heureux ? Ont-ils payé pour le mal qu'ils ont fait ? Sont-ils tous morts parce qu'ils le méritaient, ou juste pour réguler leur espèce ? Qui régit la mort, au fond ? Est-il écrit en chaque être, quand et comment il devra mourir ? Adriel se pose la question, se demande s'il devait mourir, ce jour où on l'a abandonné à la lisière des bois, ou si le passage de ce bipède qui a sauvé sa vie, était écrit quelque part. Pourquoi toutes ces horreurs ? Pourquoi du sang à répandre, pourquoi de la chair à déchiqueter, alors qu'ils sont tous frères ? Alors qu'ils partagent tous le même monde ? Brutalement, le feuillage s'affole et un bruit sourd le fait bondir de frayeur. Le corps lui tombe devant les yeux, Adriel plaque ses oreilles sur son crâne et marque un mouvement de recul lorsque l'odeur lui frappe les narines. La créature est informe, et sa chair grouille d'une façon qu'il n'a jamais pu observer auparavant. Mu par une curiosité malsaine, il approche de la chose en penchant la tête sur le côté, tentant de comprendre. Les bruits de succion sous la peau le front frémir, et l'odeur est pire à mesure qu'il s'approche du corps. Soudain, la peau se perce pour laisser apparaître un vers répugnant, jaunâtre, trapu, embourbé d'une couleur marronâtre. Adriel manque de vomir, se retient au dernier moment en reculant vivement. Le visage marqué par le dégoût, il essaie de comprendre. D'où tombe ce corps ? Pourquoi est-il encore habité par les vers alors que plus aucun avion n'a survolé le monde depuis longtemps ? Les jambes, tordues dans des sens qu'il n'aurait pas imaginé, s'agitent au gré du vent et de ses caprices. Adriel reste tendu, le poil hérissé de l'échine à la croupe, mais il ne bouge pas. Quelque chose frappe sa tête sans lui faire mal, mais le fait bondir sur le côté avec un jappement apeuré. La chose n'est autre qu'une main osseuse encore entourée de peau et d'une chair putride, comme celle du corps. Les mouvements des vers à l'intérieur lui donnent la nausée, et semblent donner une nouvelle vie au cadavre.
- Aides-moi ...
Il jappe, recule d'un coup, redresse la tête. Vivant ! Ou mort ? Il ne sait plus. Son corps n'est plus qu'un amat de chair putride et d'os filamenteux qui ne s'accrochent les uns aux autres que par les nerfs encore en état. Il grogne, peine à déglutir, sent la bile lui monter dans l'oesophage. Il fixe les yeux révulsés de l'être qui semblent le fixer lui. Son regard reste accroché à eux comme à une ancre, mais la terreur lui abîme le cerveau et fait battre son coeur si vite qu'il ne sait pas s'il sera encore en vie dans un instant. Pourtant, les secondes passent. Et si le mort continue de le fixer en silence, ses os s'entrechoquant dans la brise et sa chair continuant de pourrir en se faisant engloutir par les vers qui l'habitent, Adriel lui, reste en vie. Il fixe la créature imberbe dans les cheveux ne sont plus que quelques longs fils sombres et secs sur sa tête. Il ne sait pas s'il doit fuir à toutes pattes, ou essayer de savoir l'homme lui a vraiment parlé ou si il a halluciné. Il hésite longtemps, la terreur le tétanise même s'il voudrait fuir.
- Qui êtes-vous ?
La chose le regarde comme s'il débarquait d'une autre planète.
- Adriel, quelle question !
Adriel tourne la tête, intrigué. Adriel ? Mais c'est lui ! Pas cette chose putride qui pourris dans un arbre !
- Vous n'êtes pas moi ... n'est-ce pas ?
La créature part d'un rire sinistre qui glace le sang du jeune loup au pelage clair. Elle ne répond pas, mais la réponse est là, dans ses yeux. Des yeux bruns, des yeux de loup. Ses yeux à lui.
- Pourquoi ... ?
Le rire cesse immédiatement, et le regard de la créature pourrissante le fixe, une colère sourde semble bouillir dans ses yeux bruns.
- Ne te rends-tu pas compte ? Vous nous maudissez, mais n'êtes-vous pas comme nous ? Vous vous détruisez les uns et les autres, vous vous traquez, vous volez, vous tuez. Vous êtes aussi humains que nous, Adriel. Et tu n'es rien d'autre qu'un corps pourrissant dans un monde qui t'ignore. Sur une Terre qui n'a pas besoin de toi.
Le coeur d'Adriel manque un battement, et sa gueule entre ouverte montrant ses dents sous ses babines, ne trouve aucun mot pour nier ces reproches. Il recule d'un pas, puis de deux, et à chacun d'eux, un craquement. Les os descendent d'un niveau, les cordes qui le retiennent à l'arbre, lâchent peu à peu. Il recule encore, une nouvelle corde lâche. Il s'immobilise, plus rien ne bouge. Est-ce qu'il est lui ? Impossible. Adriel refuse d'y croire. Pourtant, ses yeux semblent être le reflet qu'il voit quotidiennement lorsqu'il boit dans un point d'eau. Il plaque ses oreilles sur son crâne, fixe la créature avec une peur effroyable dans les yeux, et ceux de l'être reflètent exactement la même émotion. Alors, Adriel fait ce que son espèce ferait. Il fuit. Des craquements plus forts, plus nombreux, et l'être est en bas, au pied de l'arbre, debout avec ses os s'entrechoquant et ses vers qui dévorent sa chair. Et le voilà qui court. Qui court derrière Adriel, puis à côté, et qui le suit ainsi à la même vitesse, ce sourire terriblement affrayant qui ne quitte pas sa bouche répugnante et qui ricane toujours plus fort et ne cesse de se moquer de lui. Ce rire strident, épuisant, qui rend le cerveau d'Adriel comme un néant où plus rien ne passe. Et bientôt, le jeune loup s'écroule, la peur au ventre, l'esprit enroulé dans la frayeur, résigné à mourir comme une proie devant une meute au complet. Mais, lorsqu'il relève vaillaments les yeux pour regarder la mort en face, l'être n'est plus, et il est seul au milieu de cette forêt morbide.
6. - Spoiler:
I am here for you https://youtu.be/1rfSHisyHdcJ’ai décidé d’aller faire un tour loin des terres de ma meute. Loin de l’effervecense de l’avant guerre. Loin du chaos et des sirènes de la mort. La vérité c’est que je ne suis un Navnik que depuis peu mais je me sens bien parmi eux. Les mauvais souvenirs de ces deux longues années de solitaires me semble désormais bel et bien derrière moi. Je vais pouvoir me reconstruire comme l’a fait mon frère. Cela prendra du temps, de l’énergie et de la bonne volonté mais j’y arriverais. Perdu dans mes pensées, je laisse mes pas me guider sans y porter une quelconque attention. Combien de temps défile ainsi avant que je ne me rende compte que je ne sais pas du tout ou je vais ? Combien de temps défile ainsi avant que je ne me rende compte que je ne sais pas ou je suis ? Ces lieux ne ressemblent à rien de ce que j’ai pu voir depuis mon arrivée sur ces terres. Je lève les yeux vers le ciel et constate qu’il fait nuit. C’est étrange, je ne me suis mème pas rendu compte que la nuit tombait. Je devais vraiment ètre absorbé par me pensées. La lune, astre de nos nuits trone fièrement au milieu du ciel nocturne telle une reine toisant le monde, toisant un ètre insignifiant. Je prends quelque temps pour l’observer. Je dois reconnaitre que j’ai toujours apprécié observer la lune. Beauté parmi les beautés ne trouvez vous pas ? Toujours est il que tandis que j’observe la pale rondeur céleste, la température chute soudain de plusieurs degrés et je me détourne finalement de ma contemplation lorque je sens le froid mordre dans ma chair comme un monstre vorace déchainé. Et moi qui croyais avoir un pelage des plus épais, je dois reconnaitre que je me décois moi même. https://youtu.be/9cWfO5XJb2oMais, ce froid me semble étrange. C’est comme si il n’était pas naturel. Oui, je sais c’est stupide mais pourtant c’est l’impression que j’en ai. Je me sens soudain mal à l’aise comme si je n’étais pas à ma place en ce décor lugubre. Une présence semble se glisser derrière moi alors je me retourne les tripes noués par la peur. Je bondis sur mes pattes et dévoile des crocs étincelants. Mais l’ètre qui se trouve devant moi n’est qu’un loup blanc de belle taille. Je range mes crocs en constatant qu’il est dans une posture neutre mais je reste tout de mème méfiant. Le loup blanc a les yeux clairs presque blanchatres. Je me rends finalement compte qu’il est aveugle et pourtant il me fixe comme si il me détaillait sous toutes les coutures, me détaillait à un tel point que c’en fut presque dérangeant. Alors que je m’apprète à prendre la parole un croassement brisa le silence et un piaf couleur d’encre vint se poser sur l’épaule du loup blanc. Mes yeux s’écarquillèrent de surprise et de stupéfaction. Et soudain, j’eus peur, peur de ce loup étrange qui me paraissais tout sauf humain. Le loup blanc ricana devant mon effroi et me dit d’une voix douce d’ou perlait une pointe d’amusement : Daante, Miroir inversé. Je suis ici pour t’apporter un message d’une de tes vieilles connaissances. Elle vient pour toi. Je lui demande d’une voix enroué par la tension de qui il parle. Qui est cette vieille connaissance ? J’ai beau me creuser la cervelle dans tous les sens, je ne vois absolument pas de qui il parle. Alors, j’attends sa réponse en silence. Je tente de me montrer impassible mais la peur se lit sur mon visage. Le loup blanc se mit à rire comme s’il venait de faire une bonne blague. Quant à moi, j’avais envie de tout sauf de rire et je commencai à le scruter avec agacement. Le vieux loup sembla s’en apercevoir puisqu’il me répondit : Allons tu dois bien avoir une petite idée. Tu l’as évité de nombreuses fois mais cette fois je crains que cela soit tout bonnement impossible. Tu as tapé dans l’oeil de la mauvaise personne, on dirait. Nouveau rire, bref cette fois puis il reprit : Ta belle. Personne ne peut lui échapper. Pas mème toi Miroir inversé. https://youtu.be/l3_dedjucgMSoudain, mon expression se transforma radicalement alors que je compris le sens de ses mots. Un frisson couru le long de mon échine tandis que j’assimilai les paroles de l’énergumène en face de moi. Mon humeur devint macabre et lugubre et je n’avais plus qu’une seule envie, celle de quitter ce lieu et de rentrer chez moi au plus vite. Je me détourne bien vite du loup blanc et détale au triple galop tandis que le rire moqueur de tout à l’heure s’élève dans l’air nocturne. Lorsque j’ose tourner la tète pour voir si je suis suffisamment loin du zigoto, je constate avec étonnement qu’il a disparu purement et simplement. Je pile dans ma course abasourdi. Je le cherche du regard mais ne le trouve nulle part. Alors, je pousse un soupir de soulagement. Qui sait peut ètre que j’ai tout imaginé et que je n’ai jamais rencontrer de loup aveugle moqueur se baladant avec un corbac sur l’épaule. Je pivote sur place afin de tenter de retrouver mon chemin dans ces ténèbres mais un hurlement attira immédiatement mon attention. https://youtu.be/g3L0NI8vcMgIl s’agissait d’un drole de hurlement. Je veux dire il s’agissait incontestablement d’un hurlement lupin mais il n’avait rien de normal. Alors, je vous laisse deviner ma réaction lorsqu’une dizaine de hurlement identique répondire au premier. Je décide de quitter les lieux sans demander mon reste mais au fur et à mesure que les hurlements s’élèvent dans le ciel glacial de cette nuit noire, je reconnais peu à peu ces voix. Et, c’est cela qui me glace le sang. Je reconnais le chant de ma mère, le timbre de l’oncle d’Ebène, la symphonie de Calypso et les voix de tous les membres de ma première meute. Tous morts aux dernières nouvelles à moins que je ne m’abuse alors je double la cadence bien décidé à mettre le plus de distance possible entre cette mélodie morbide et mes oreilles. Ce chant est un appel alors je vous laisse imaginer mon état d’esprit à cet instant précis. Je galope comme si ma vie en dépendait,je galope à en cracher mes poumons mais toute cette débauche d’énergie a un prix et je ralentis lentement mais surement la cadence. Je trotte jusqu’à une ruine humaine. Je ne sais pas de quoi il s’agit mais tout ce que je sais c’est que rentrer là dedans ou rester ici revient à mes yeux à choisir entre la peste et le choléra. Alors, je reste là devant cette sombre batisse à reprendre mon souffle. Des bruits de pas se font entendre, le sol vibre de la course de cette meute lachée à mes trousses. Cette meute qui fut mienne, cette meute qui devrait ètre morte. Mais lorsque mon ancienne famille débarque devant moi et m’encercle, je ne peux réprimer un couinement plaintif, un couinement d’horreur. Leurs visages sont maculés de sang, leurs os dépassent de leurs corps, leurs yeux sont vides de toute étincelle. Leur chair est en putréfaction. Le dégout me saisit en mème temps que l’effroi et je recule en voyant les crocs de mes anciens frères et soeurs de meutes se dévoiler. Des crocs parfaitement intact soit dit en passant. Je me retourne finalement avant qu’ils ne me fondent tous dessus comme une seule et mème personne. Je bondis au dessus de Calypso et me précipite dans la maison abandonnée. https://youtu.be/jrWIqrGhfwILorsque je jette un coup d’oeil par un trou dans le bois pourri de la maison, plus aucune trace des morts vivants de tout à l’heure. Mais avant que je n’ai pu pousser un soupir de soulagement, une lumière illumine l’ensemble des lieux me laissant admirer le chaos environnant. Je parcours la batisse en ruine d’un pas prudent sans me demander comment une lumière a pu s’allumer toute seule. Honnètement, vu tout ce qui vient de m’arriver, plus rien ne m’étonne. Au détour d’un couloir, je découvre un message sur un mur. Un message écrit avec du sang qui m’a l’air frais. Ce message est le suivant : je viens pour toi mon amour. Mais alors que j’explose d’un rire nerveux. Une sensation de douleur pure me frappe en plein poitrail et une entaille particulièrement large apparait sur mon flanc. Le sang s’écoule à grosse goute. Je me laisse tomber sur le flanc et tente de garder mes esprits mais une multitude d’entailles se dessinent sur tout mon corps. Je saigne de partout et ai l’impression de mourir sous une centaines de coups de crocs. Je perds finalement mes esprits et une série de flasback aussi sanglant les uns que les autres défilent dans mon cerveau endolori. Mon cerveau crie qu’il veut que la douleur s’érrète. Les flashback continue de défiler tandis que je perds la sensation de mes membres. Je me mets à hurler. Mes os semblent se briser de l’intérieur. Se briser à l’intérieur de mon corps de mille éclats. Je veux que cela s’arrète. Je veux que la douleur parte. Je préfère mourir que d’endurer un tel supplice. https://youtu.be/BR74ZadqjNASoudain, la douleur disparait aussi rapidement qu’elle était apparu et lorsque je rouvre les yeux. Je constate que je ne saigne plus et que je sens mes pattes. Aucune trace de la torture que je viens de vivre. Je me relève péniblement complètement choqué par ce qui vient de m’arriver. Je m’ébroue afin de me débarasser de la poussière dans mon pelage. Et, je me retourne pour quitter cette maudite batisse. Et là, je la vois debout face à moi. Cette louve au pelage d’argent et aux yeux plus rouge que les grenats de la prairie de grenats. Malgré, la couleur étonnante de ses yeux. Je suis subjugué par la grace de ses coubes, les traits fins de son visage et sa prestance presque royale. Mais pas royale comme celle d’une alpha. Non celle de la royauté d’un autre monde. Une beauté inhumaine je vous dis. Une beauté macabre capable de vous happer jusqu’au fin fond de la nuit quant bien mème vous sauriez que c’est un aller sans billet de retour. Malgré tout cela et en dépit du sourire amusé sur ses babines, la louve dégage une impression de froideur difficilement descriptible. La louve ne me quitte pas des yeux tandis que je m’approche lentement mais surement d’elle. La fin de toute vie. Ainsi, le loup blanc ne se foutait pas de ma gueule. Je m’arrète juste devant elle et son sourire s’élargit. Elle prit la parole tout en passant une patte sur mon visage dans une caresse d’une douceur infinie : Daante, mon cher Daante. Je m’exscuse pour tout ce que tu as vécu cette nuit mais qui aime bien chatie bien. La louve écarte sa patte de mon visage et s’approche de moi jusqu’à ce que sa bouche soit dans le creux de mon cou. Puis, elle me souffle à l’oreille : Je viendrais pour toi en personne ne t’en fais pas. Mais ton heure n’est pas encore arrivée. Ensuite, ce fut le trou noir et à mon réveil, la louve avait disparue. Je me mis rapidement à douter de ma santé mentale et à m’inquiéter mais une touffe de poil argenté me fit penser que je n’étais peut ètre pas complètement taré. Je quitte la batisse qui elle était bel et bien réelle pour le coup d’un pas lent et chancelant sans me retourner. Et prends bien vite, le chemin des terres Navniks.
7. - Spoiler:
Vous avez déjà entendu parler de ces histoires ? Vous savez, celles qui sont noires, dans une nuit nuire et pleine de noires pensées. Et bien, sachez-le. Ce ne sont pas des histoires. Ces choses ne sont pas ce qu’elles semblent être. Ni songes ni cauchemars, ni rêve ni réalité. Ecoutez et observez. Lisez et apprenez. Car ce que je vais vous raconter, m’est vraiment arrivé...
Un clair de lune chatoyant et éblouissant planait au-dessus de ma tête, je sentais la lumière glaciale et douce à la fois me caresser le dos. J’étais debout, arrêté un instant prêt d’un pin alors que je m’apprêtais à chasser. Je roulais des épaules, comme pour mieux sentir ce doux embrun sur ma peau. Je tendis mon cou, l’exposant au vent frais qui m’effleurait à peine tel une promesse. Les yeux à demi-ouvert, je profitais de cette douce soirée d’automne. Le vent murmurait des choses, j’entendais son souffle au creux de mon oreille, comme un long murmure mélancolique. Telles étaient les soirées d’automne, ma saison favorite. Doucement, j’ouvrais les paupières. Je me détendis un peu les muscles, puis mis une patte devant l’autre. Il fallait partir à présent, la meute devait manger. Un lourd poids reposait sur mes épaules. Depuis ma nomination, je n’étais certes plus chasseur, mais j’étais bien plus encore, si bien que je devais donner bien plus de ma personne que je ne l’aurai fait jadis. Je m’étais fait à ce changement, ce sacrifice qui n’en était pas vraiment un. Les feuilles sous mes pattes formèrent un long et grand tapis de velours devant moi, je marchais dans la forêt tel le prince des nuées, la brume commençait à se lever et les corbeaux à chanter leur mélodie funèbre.
J’avais dépassé le territoire Sekmet depuis de longues minutes, et je n’avais aperçu âme qui vive. Si bien que j’avais continué, marchant droit devant moi dans la nuit noire, où je distinguais des formes parmi d’autres, des petits miroirs dans les broussailles, des bruissements dans les feuilles. J’avançais droit devant, en réfléchissant, je ne sais plus vraiment à quoi. Une ombre passa sur ma droite, petite et frêle. Un renard sûrement, je n’y fis guère plus attention. Ce que je remarquais, par contre, c’étaient ces arbres. Plus majestueux les uns que les autres, plus feuillus alors que je rentrais dans une forêt que je ne connaissais pas, et bien éloignée de chez moi. Alors que je m’enfonçais plus loin dans cette densité végétale, je ne pus que me poser une question : Pourquoi ne l’avait-on jamais colonisée ! La végétation y semblait luxuriante, les proies devaient y abonder, si bien que je me mis de suite à chercher une bête à chasser. Et cela ne fut pas long. Après quelques minutes, une belette, avec un rat dans la gueule, passa non loin. Quelques bons suffirent, je n’eus même pas à courir. En effet, lorsque la bête me vit, elle ne fit guère attention et continua tranquillement son chemin, comme si elle ignorait le danger que je représentais, ou plus exactement, comme si elle savait que je ne représentais aucun danger. Mais, peut-être trop empressé de me retrouver avec de la viande sous la dent, je n’y réfléchis guère et je me jetais dessus, la saisissant et lui broyant la nuque.
Je m’installais dans un coin, prêt à déguster mon butin. Soudain, j’entendis un murmure. Une plainte, un souffle suppliant de plus en plus pressant. Une agonie. Doucement, je me levais. Mais la voix se fit plus insistante encore. Alors cette fois-ci, je courus en trombe vers la voix, la cherchant de tout côté, mais la brume et les échos me perdirent, si bien que je ne savais même plus où je me trouvais. Mais enfin, je la vis. Frêle, entièrement gelée et recroquevillée sur elle-même. Un petit louveteau, une petite fille qui pleurait, les larmes perlait sur ses joues dont le poil était rêche et mouillé. Doucement, pour ne pas l’effrayer encore plus, je m’approchais d’elle en lui murmurant :
« Chut... Doucement...là... voilà... Calme toi ... »
La petite me lança un regard désespéré et totalement effrayé. Du bout de la patte, je tentais de lui mettre la patte sur le front pour savoir si elle était souffrante. Lorsque je m’approchais, elle esquissa un vif mouvement de recul, puis plongea son regard dans le mien, comme si elle tentait de savoir si elle pouvait me laissait faire. Finalement, elle se laissa effleurer le front. Elle était tremblante, mais elle n’avait pas de température. Elle était même atrocement glacée. D’une voix la plus douce que je pus, je lui dis :
« Que se passe-t-il, qui es-tu ? Pourquoi es-tu seule, ou es-ta mère ? »
La petite soutint mon regard, soudain froide. Elle ne tremblait plus. Elle s’approchait un peu de moi, comme si elle cherchait de la chaleur et du réconfort. Dans la situation d’urgence dans laquelle je me trouvais, je ne lui refusais pas cette chaleur et la laissait se blottir, sentant ses larmes couler sur mon poil. Elle se remit à trembler, par petites secousses. Elle me donnait froid, sa peau était gelée et j’étais déjà en train de réfléchir au moyen de la ramener dans la meute pour la sauver, ou de retrouver au moins les siens. Mais ma réflexion fut interrompue par les réponses que je n’attendais même pas. En fait, j’imaginais qu’elle serait restée muette, trop traumatisée pour parler. Mais je m’étais trompé. Des murmures sortirent de sa bouche, si bas que je ne les compris d’abord pas :
« Ma mère est là-bas. Elle est tombée dans un trou, il y avait des méchantes choses, elle m’a dit de courir, mais je me suis fait mal à la patte et... »
Elle hoqueta, incapable d’en dire plus. En fronçant les sourcils, je la regardai un peu mieux. Malgré son pelage gelé et son museau durcit par le froid, en regardant mieux, je m’aperçus que son poil n’était pas aussi rêche que je l’avais imaginé, bien au contraire. Son visage d’enfant cachait un corps petit mais tout en courbure, si bien qu’on aurait déjà dit une femme. Elle n’avait pas ces petites joues rondelettes et la morphologie caractéristique des enfants de son âge, et je ne pus qu’en être étonné. Mais la petite bougea un peu, interrompant ma réflexion et d’un regard suppliant, elle murmura :
« Il faut la sauver... »
Je sentis un petit tressaillement sur ma peau. Sa voix si grelottante et pourtant si dure. C’était comme un ordre déguisé en plainte. Presqu’honteux de ne pas m’être décidé plus tôt, je me levais promptement tout en faisant attention à la petite qui avait bien du mal à tenir sur ses pattes, mais j’avais bien besoin d’elle pour retrouver sa mère. Difficilement, la gamine se leva, tremblant sur ses pattes et s’appuyant d’abord sur les miennes, puis elle parvint à marcher seule et à m’indiquer le chemin. A l’écoute, je marchais sur ses pas, attendant qu’elle s’arrête. Elle marchait de plus en plus vite, comme si l’attraction qu’elle ressentait vers l’endroit où elle me menait était de plus en plus forte. Sans éviter, elle emprunta des chemins obscurs, s’enfonçant encore plus dans cette forêt sinistre. Soudain, un craquement. Par réflexe, je bondis sur la gamine et la plaquait à terre. Juste à temps. Un ours aux yeux rouges avait bondit sur nous, tous crocs dehors, et se trouvait à présent face à moi. Bouche bée, je lançais :
« Oh merde... »
Comment un ours s’était-il retrouvé là ! Cela faisait au moins un an que je n’en avais pas vu un seul ! La bête monstrueuse, ravagée par les cicatrices tournait autour de nous. Il attaqua sans même nous laisser le temps de comprendre. D’un coup de patte, j’envoyais la petite valser au loin et j’esquivais de justesse l’attaque de l’ours. Jamais je n’avais vu tant de rage et de bestialité dans un regard, sans le moindre soupçon d’intelligence, rien qu’un feu dévorant sans âme, une machine à tuer. Les yeux rouges incandescents ressortaient dans la brume, et en poussant un hurlement terrible, l’ours reprit sa charge que je ne pus cette fois éviter, sa rapidité était sans pareil. Il m’envoya un coup tel que je valsai à plusieurs mètres de là, complètement sonné. Je secouai la tête rapidement, j’essayai de me relever mais impossible, mes pattes ne me tenaient plus, je ne pouvais même pas tenir debout. Lorsque je vis l’ours repartir à la charge pour me donner le coup de grâce, je ne pus que le regarder et tenter de le mordre lorsqu’il serait à ma portée. Mais je n’en eus pas l’occasion. Lorsqu’il arriva à deux mètres de moi, une ombre furieuse s’abattit sur lui et lui arracha un cri de douleur. Un démon pas plus grand qu’un renard, plus vif que je ne vis jamais, sa rapidité en faisait une ombre floue qui attaquait de toute part, ne laissant entrevoir que les yeux rouges de l’ours et les effusions de sang qui en giclaient. La chose lui sauta au cou, et s’y enfonça avec facilité, arrachant un dernier hurlement à l’ours qui s’abattit au sol, sans vie. Je ne peux pas nier la peur qui me submergea à ce moment-là, quand je vis la petite ombre descendre de la masse et sortir du noir pour s’approcher de moi. Au fur et à mesure, des traits se dessinèrent, un visage apeuré et tremblait s’avança vers moi, les yeux jaunes brillants dont l’intensité baissait quand elle s’approchait de moi. La gamine me rejoignit, les larmes yeux, l’air de ne pas avoir compris ce qu’elle avait fait. Je n’avais pas compris non plus. Et je restais aussi bouche bée que devant l’ours.
L’enfant se blottit contre moi. Comme par automatisme, je me relevais, à peine conscient de ce que je faisais et n’en revenant toujours pas.
« Il faut aller chercher ta mère, ne restons pas ici. »
La petite fille hocha la tête, et m’emboita le pas. Je ne pus m’empêcher de ressentir des frissons lorsqu’elle m’effleura pour me passer devant et me montrer le chemin, toujours sans aucune hésitation. Enfin, nous sommes arrivés devant un fossé, un creux escarpé de deux mètres, peut-être un peu moins, de large. La jeune fille s’approcha, et pencha sa tête pour regarder. A mon tour, j’avançais prudemment, au cas où, trop au bord, le sol s’effrite. Il y avait une louve blanche, en bas. Etait-elle morte ou évanouie seulement ? Je ne pouvais pas le savoir et je ne savais pas non plus comment aller la chercher, il n’y avait aucune issue.
Je tournais la tête pour parler à la petite. Je sursautais en voyant qu’elle s’était écartée, les yeux jaunes brillant, un léger sourire au coin des lèvres. Je lui lançais un regard nerveux, j’avais l’impression d’avoir été berné comme un enfant. Et par une enfant. Une voix roque sortit de la gorge de la gamine, teintée d’un léger rire :
« Je ne croyais pas qu’il existe encore des gens capables de s’apitoyer et de voler au secours des pauvres enfants en détresse. Mais apparemment, je suis enfin tombée sur le bon abrutit. Toi et celle-là, deux le même jour. Je suis une sacrée veinarde... »
Sous le choc, et interloqué par cette voix qui ne semblait même pas appartenir à ce corps, je ne parvins pas à formuler une phrase, en fait, je n’arrivais même pas à croire cette histoire.
« Réveille toi mon grand, ne te rends pas plus stupide que tu ne l’es. Regarde-toi. On croirait presque que tu vas appeler ta maman. Tu vas reculer bien sagement dans le trou. »
A ces mots, j’envoyais un grondement et je ne pus que répondre :
« Pourquoi ? Qui es-tu bon sang ! »
Un rire roque s’échappa de sa gorge, comme se délectant de cette situation. Il n’y avait plus de petite fille. Il n’y avait que cette ombre, celle qui avait égorgé un ours fou de dix fois sa taille en quelques secondes. Elle s’approcha doucement, me forçant à me rapprocher du gouffre, si bien que je sentis ma patte déraper et me retins de justesse.
« Je n’irais pas la dedans. Laisse-moi partir avec cette fille où je te tuerai de mes propres crocs. »
Elle haussa un sourcil, presque étonnée de mon soudain aplomb qui surpassait alors ma surprise et mon horreur. D’un geste, vif, elle s’approcha à quelques centimètres de mon museau et claqua des dents. Sans broncher, je baissais légèrement la tête pour claquer les dents à son niveau. Ce jeu de jugement de l’adversaire n’allait pas durer longtemps. Elle me mordit à l’aine et je poussais un hurlement de douleur. Elle était si vive que je ne la voyais même pas, comment se battre contre une ombre ! Elle semblait glisser sur moi, me forçant à reculer encore et encore alors que je ne parvenais même pas à la toucher. Enfin, je mordis une patte, ou du moins je crus que c’était une patte et du sang noir coula dans ma gorge, une odeur amère et nauséabonde s’en échappait et je ne pus pas m’empêcher de le recracher. Mais mon attention ne s’était détachée que trop longtemps, et au moment où l’ombre noire allait m’envoyer dans le trou, une autre ombre apparut, plus grand, et si lumineuse et si blanche qu’elle m’éblouit et me fit tomber. La chute fut courte, mais douloureuse. Rapidement, je vérifiais que je n’avais rien et c’était bien le cas. La louve était là, au sol. Elle respirait.
La haut, on entendait des hurlements, des grognements, de coups de dents, la bataille faisait rage. Parfois, j’apercevais des éclairs blanc et noirs. Mais rien de plus. Enfin, il n’y eut plus un bruit. Soudain, une grande branche tomba dans notre trou , si bien qu’elle aurait pu nous permettre de sortir. Piège ou pas ? Tout plutôt que de moisir ici. Je pris la blanche sur mon dos, grimaçant lorsqu’elle appuya sur ma plaie, et gravit difficilement cette échelle improvisée. Arrivé là haut, je découvris avec horreur le spectacle qui s’offrait à moi. Une enfant, couchée sur le sol, la gorge ouverte. Un grand loup blanc, bien plus grand que moi, s’approcha. Les tâches de sang tapissaient le blanc immaculé, presque lunaire de son pelage. Devant mon regard horrifié, il m’avertit :
« Ne vous laissez pas berner une seconde fois. Et partez, maintenant, avec la jeune femme et ne revenez jamais. Partez vite avant qu’elle ne se réveille. »
Il désigna la petite fille du museau. Interloquée, j’allais bégayer, lui demander, lui hurler comment elle aurait pu se réveiller ! Mais j’avais vu trop de choses ici pour ne pas l’écouter. La louve toujours sur le dos, je partis le plus vite que je pus.
Je n’avais aucune idée d’où j’étais. J’étais perdu. Et pourtant, au bout de quelques minutes, je sortis des bois. Après avoir mis une bonne centaine de mètres entre moi et cette forêt, je posais délicatement la louve blanche au sol, qui entre-ouvrit les yeux. Je lui souris difficilement, essayant de la rassurer. Elle tourna la tête vers la forêt et écarquilla les yeux. Craignant une nouvelle attaque ou pire, le retour de l’enfant-ombre, je me retournais vivement à mon tour.
Il n’y avait plus de forêt.
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