Toi et Moi

Force : 100 - Agilité : 100 - Endurance : 100

Tu étais revenue tard de la chasse hier soir maman, et moi, j’étais encore dans mes fougères, agglutiné contre les feuilles, recroquevillé pour prendre le moins de place possible et te laisser entrer dans ce petit abri qui n’en était pas vraiment un finalement. Tu es trop jeune, maman, tu as toujours été couvée par ta meute et tu n’as jamais rien su faire sans elle, maman. Alors comment pouvais-tu te douter que des petites fougères ne suffisaient pas à être une cachette suffisante pour camoufler ton petit ? Comment pouvais-tu savoir, toi qui n’avais jamais voyagé avant moi, que tu n’avais pas le droit de chasser sur des terres qui n’étaient pas les tiennes ? Tu es trop insouciante, maman, tu croyais bien faire, remplir ton rôle de mère. Mais je t’avais attendue longtemps, tu sais. J’étais resté là, peureux, affolé d’être seul et de voir le soleil dépérir alors que tu n’étais toujours pas revenue.
Tu t’étais approchée doucement avec un doux sourire sur le visage et tu m’as caressé le bout du museau du tien. Puis, tu t’es allongée, ma serrée contre toi, et nous nous étions endormi, toi et moi, seuls au monde mais heureux d’être ensembles. Cependant, il fallait être réaliste. Ce n’était pas possible, tu n’aurais pas su me garder en vie. Tu nous croyais livrés à nous même dans ce monde sans pitié. Alors le matin, quand j’ai ouvert les yeux, j’ai senti ton regard embué de larmes peser sur moi. J’ai fini par comprendre, il fallait bien. Sans un mot, tu me souris et tu t’es levée. Alors je me suis levé aussi et j’ai marché dans tes pas tremblants d’émotions. C’est là qu’il est apparu, grand loup gris au visage serein. Il m’a souri en me voyant, j’ai détourné le regard et me suis un peu plus collé à toi. D’un doux hochement de tête à ce loup, tu t’es tournée vers moi et tu as parlé en ces mots :

« Mon ange, mon petit amour, mon coeur, c’est ici que je dois te laisser. Nous en avons parlé, tu dois rester ici avec cette personne jusqu’à mon retour. Je dois apprendre, je dois comprendre la vie et rétablir notre nom au sein de notre meute, mon ange. »

Tu poussais un long soupir, retenant difficilement tes larmes.

« Sois sage, rends-moi fière de toi, écoute ce monsieur et apprends tout ce que tu pourras de lui. Vis ta vie le temps de quelques mois, et je reviendrai te chercher. En attendant, il est responsable de toi, et aux yeux des siens tu es à lui tel son enfant. Sois reconnaissant mon fils, son brave et fier. Sois courageux. Je t’aime »


Je n’avais pu dire mot. Comment aurais-je seulement pu ? Tu avais posé un léger baiser sur mon crâne, avait triffouillé ton museau dans mes oreilles et ma petite pointe blanche. Puis tu étais partie. Je n’aurais pas dû rester comme ça, incapable de bouger ni de regarder le loup à qui tu m’avais laissée. Je le savais pourtant, je le savais depuis le début que le jour de notre séparation allait arriver. Et pourtant, j’avais l’impression que rien ne m’avait préparé à ça. Le grand loup se mit alors face à moi, un sourire qui se voulait rassurant flottant sur ses lèvres. Il me dit :

" Bonjour Connor. Je sais que c'est triste ... j'espère seulement que l'on s'entendra bien toi et moi, d'accords ? Je m’appelle Emarok, je suis guérisseurs dans la meute Esobek. Si tu a des questions n'hésite pas, j'y répondrais. "

Ses mots étaient maladroits mais pourvues de bonnes intentions. J’aurai voulu lui sourire, mais je n’y parvins pas. La tête tournée vers le lieu où ma mère avait disparu, je fis finalement face à celui qui serait désormais la seule chose que j’avais jusqu’à ton retour, maman. Je n’avais pas eu le temps de dire « Au revoir maman, moi aussi je t’aime. ». Mais un jour, tu me l’as promis, tu reviendras, et je pourrais alors te le dire. Regardant Emarok dans les yeux, je lui dis alors, en essayant de paraître le moins effondré possible :

« Je n’ai besoin de rien. »

Puis, me souvenant de tes paroles :

« Merci. »

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J’avais beaucoup de difficultés à me concentrer sur ce qu’Emarok me disait. J’avais la tête ailleurs, encore étourdi de savoir que je ne reverrai pas ma mère avant un certain temps.

Gentil, aimable, le grand loup avait entrepris de me faire visiter sa meute, celle qui serait la mienne pendant le moins de temps possible, je ne pouvais m’empêcher de l’espérer. Je regardais un petit peu Emarok d’un oeil distrait. Je ne savais pas trop quoi dire pendant que je le suivais presque à la trace, à quelques millimètres de lui pour ne pas le perdre lui aussi, il était aujourd’hui vraisemblablement mon dernier port d’attache. Il me posait des questions que j’avais du mal à entendre.

Que voulais-je faire plus tard ? Comment pouvais-je le savoir, je n’avais jamais envisagé l’avenir avec maman, je n’avais jamais pensé à autre chose que d’essayer par tous les moyens de rester avec maman. Essayer de la garder auprès de moi. Mais elle était partie et le grand loup commençait à m’ouvrir les yeux. Maintenant qu’elle n’allait pas revenir avant bien longtemps, il fallait que, quand elle reviendrait, elle soit fière de moi. Alors qu’est ce que je pouvais faire pour qu’elle le soit ? Déjà, trouver quelque chose à faire de ma vie, une fonction que j’aurai. J’aimais bien la nature, j’aimais bien apprendre le nom des plantes même si maman n’en connaissait que très peu. Maman n’y connaissait pas grand chose du tout en fait. Il me semble qu’elle m’avait dit que c’étaient des soigneurs, ou guérissateurs ou je ne sais plus quoi. D’un air un peu perplexe, pas très sûr du mot qui était le bon, je lui dis :

« Peut être que je pourrais être guérissateur... ? »

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Je serrais un peu les dents. Alors quoi maintenant ? Je n’avais plus de famille ? J’étais seul livré à moi-même ? Je grinçais presque des dents maintenant. Je n’avais plus personne. Plus que ce loup, plus que lui. Alors quoi ? Qui était-ce finalement pour moi ? Un oncle, un mentor, un père ? Comment pouvais-je le savoir, je n’avais aucun de ceux là ? Comment devais-je l’appeler ? Monsieur, Monsieur le Loup ? Monsieur Emarok, Monsieur Esobek ? Ou devais-je utiliser son nom de lune, ou bien maitre ? Mentor ? Ou encore... Papa ?

J’étais perplexe et je ne pouvais m’empêcher de ressentir un pincement au coeur rien qu’en pensant au mot « papa ». Mon géniteur avait été ignoble, détraqué, odieux. Je ne l’avais vu qu’une seule fois dans ma vie et j’en avais bien assez pleuré. Moi qui avait placé tant d’espoir en lui, moi qui pensait pouvoir passer le reste de ma vie aux côtés de mon père, puisque ma mère ne pouvait rester avec moi, puisque je n’avais plus personne !

Alors oui, j’avais besoin de quelqu’un et je le réalisais. J’ai 5 mois, je suis un enfant et je le sais, je le sens. Il me faut quelqu’un. Il me faut un père. Et Emarok semblait être la seule chose qui pouvait me guider dans la vie, la seule chose qui pouvait m’aimer, m’aider, me soutenir. N’était-ce pas là la parfaite définition d’un père ?

Je lui lançais un petit sourire timide.

« J’espère bien... Tu crois qu’on pourrait commencer aujourd’hui ? ».

Le petit regarda autour de lui et aperçut une petite plante aux fleurs fanées. Il fallait dire que nous étions déjà à la fin de l’automne.


« C’est quoi ça ? »

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Je souriais. Oui voilà ! C'était ça ! Contre les infections ? Des questions se bousculaient dans ma tête. Comment l'utiliser ? Que peut elle faire d'autre ? Curieux comme tout, je m'egayais en regardant ce qui m'entourait.


Puis, le loup posa une question et je perdis mon sourire.

Son père. .. Son père. Je clignais les yeux, comme étourdis rien qu'à ce mot.

" Oh... et bien... Il est... En guerre je crois. Il y avait une guerre, il se battait avec une autre meute que les Esobeks mais qui étaient dans notre camp... Je ne me souviens pas du nom de la meute. "


Je n'avais pas envie d'en dire plus mais je devais lui dire. Parce que maintenant j'étais avec lui; et il était ma seule famille. Je ne devais pas lui cacher.

" Je crois que maman m'a dit qu'il s'appelait Chayton. Et je crois aussi qu'elle t'a déjà raconte ce qu'il s'était passé avec lui... "

Je tournais la tête, triste d'en parler.

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Je poussais un long soupir mais discret et bas après les paroles d'Emarok. J'étais si soulagé qu'il le dise ça ; moi qui  me sentais seul, abandonné ! Quelqu'un serait la pour vraiment veiller sur moi. Et ce quelqu'un serait plus qu'un simple chaperon. A partir d'aujourd'hui, ce serait mon père.  Alors ainsi j'aurai quand même un père,. Mon géniteur m'avait jusque là tellement fait peur que j'avais en ce moment même une bien piètre image du père de famille.  Mais c'était fini.  Maintenant j'allai avoir une famille. 

Lorsque Emarok me demanda si j'étais d'accord avec le fait qu'il m'adopte officiellement, je hochais  vivement la tete , trop timide et secoué pour parler, mais enthousiaste, reconnaissant et surtout très heureux.

C'est alors qu il me propose de continuer un peu ce que nous faisions. Il commença à chercher des plantes.

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" Regarde ! cette plante c'est une Armoise, elle Soigne les infections de l'intestin, le foie et l'estomac, les crises d'épilepsies et la fatigue. Pour en connaitre plus tu devrait te rendre dans ma tanière, j'ai un tas de plante ! et puis si sa se trouve tu m'aidera a soigner ceux qui viennent me voir ! qu'en dit-tu ?"


Des étoiles dans les yeux, je levais la tête vers mon nouveau protecteur qui serait à partir d'aujourd'hui la seule famille sur laquelle je pourrais compter, puisque tu étais partie maman. Si tu savais ce qu'il m'offrait à cet instant! Tout ce que tu ne sais pas, tout ce que j'ai toujours voulu savoir, il le sait, lui. Et il veut m'offrir un des plus beaux cadeaux qui puissent exister. Son héritage culturel. Il veut m'apprendre, maman. Il veut m'apprendre tout ce qu'il est capable de dire et de faire, il veut m'apprendre tout ce qu'on lui a appris et qu'il a apprit par lui même. Maman, il veut me donner tout ce qu'il a. Pourquoi n'as tu pas pu faire ça toi?

Mais après tout... Aurais-tu été capable de m'offrir ce qu'il veut me donner à son tour? Non maman, tu étais trop jeune, tu ne savais rien, on ne t'avait rien appris et tu n'avais rien appris par toi-même. Alors c'est peut être mieux comme ça finalement, maman. C'est peut-être mieux que tu m'aies laissé ici. Je crispais les mâchoires. Qu'étais-je en train de faire? Me persuader que la meilleure chose qui m'ait arrivée soit que tu m'ais abandonné? C'est faux, et je le savais. Rien ne peut remplacer une mère comme toi maman, je t'ai trop connu. En fait, je n'ai connu que toi, toi et personne d'autre. Tu étais mon port d'attache, mon modèle, mon pilier. Mais maintenant que tu es loin, la maison s'effondre, mon esprit s'effondre, il me faut un nouveau pilier. Et ce pilier, c'est Emarok. Celui qui veut être le pilier de secours que l'autre loup malpoli, cynique, méchant, ingras, trompeur aurait dû être. Celui qui t'avais fait croire que, si tu quittais tout pour lui, il t'accueillerait à bras ouverts et vous auriez fondé une belle et heureuse famille. Nous aurions fondé une belle et heureuse famille. Mais il t'a trompée et tu n'as pas été capable de t'en rendre compte, trop aveuglée par une idylle fantôme.

Les yeux toujours pointés sur Emarok, je souris de toutes mes dents :

"Oui bien sûr!! Et si je fais ça j'aurai le droit d'être guérissateur? "

Les yeux pleins d'espoir, je regardais Emarok comme si je reposais tous mes espoirs, mes peurs, ma vie sur lui.

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Toi et Moi

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" Oui ! une fois que tu connaitra les plantes et leurs utilité tu deviendra un guérisseur, comme moi ! "


Je ne pus m'empêcher de pousser un petit cri de joie.

"Yeaahhh!"


Fin. Petit. Hum, bon un cri de joie tout court. Content de moi, je commençais déjà à partir vers l'avant à regarder toutes les plantes dans tous les sens et repérer les quelques plantes que Emarok m'avait déjà montrées. De temps en temps. Je criais

"Lààà!! "


Et je lui disais le nom de la plante que j'avais trouvée avec un grand sourire fier aux lèvres. Complètement rassuré et détendu, je me laissais enfin aller et jouer avec mon nouveau père. J'avais trouvé un père. Et celui ci, je ferai tout pour ne jamais le perdre, je resterai toujours avec lui, toujours fidèle. L'autre n'était pas un père. Et un jour peut être, je me vengerai de ce qu'il nous à fait subir, à maman et moi. Mais cela ne faisait que m'effleurer l'esprit, trop jeune pour que la vengeance soit vraiment une question qui m'obsède. Mais plus tard peut être...

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