Le jour de la libération de Emarok était enfin annoncé et, Nymeria fut envoyé, Plume Rousse encore souffrante de ses blessures, la grise préféra y aller d'elle même puis, elle n'avait pas pu repartir avec lui la dernière fois alors, elle devait de le faire cette fois-ci. Courant pour quitter les terres des Esobek, elle bondit au-dessus du ruisseau, ses pattes arrières tombant dans l'eau mais, elle s'en ficha et continua sa course, la langue pendante, jusqu'à détecter l'effluve du guérisseur. Elle ralentie le pas tandis que la silhouette brune du guérisseur Esobek se dessinait sur l'une des dunes. Quelque peu fatigué par sa course, elle s'approcha de Emarok, guettant malgré tout qu'aucun piège ne lui sera tendu, sait-on jamais après tout …

« Emarok … Tu es là. »

Lâcha-t-elle dans un couinement tout en se rapprochant de lui, sa queue battant doucement l'air. Tout en s'approchant, elle vérifia que le guérisseur ne possédait nul blessure mais, il semblait indemne et ne souffrait d'aucun manque de nourriture à première vu. Un rapide coup d’œil au alentour, la louve s'assure que personne ne viendrait l'intercepter ou s'en prendre à elle en traître. Ses yeux dorés se posèrent de nouveau sur le mâle.

« On va rentrer, viens … J'espère qu'ils ne t'ont rien fait ... »

D'un geste de la tête, elle l'invite à la suivre, voulant quitter cet endroit au plus vite.

Elle attendit qu'Emarok se lève et, il finit par le faire avant de prendre les devants. Elle lui emboîte le pas, marchant à sa haute, à son rythme, encore essoufflé par sa course mais, rassuré de le voir sain et sauf. Les mots du guérisseur attira la curiosité de Nymeria qui tourna la tête vers lui, un regard interrogateur. Que veut-il dire par là ? Qu'a-t-il apprit ? Bien des questions commencent à brûler les babines de la louve qui souhaite comprendre ce qu'avait apprit le mâle. Toutefois, elle attendit un peu, gardant un moment le silence, le temps de s'éloigner davantage de cet endroit qui lui rappel bien des souvenirs récents. Des peines, des pertes … Arès était partie au combat mais, il n'est jamais revenu. Mort qu'on dit et, des rumeurs disent qu'il se serait retourné contre les Esobek mais, également, qu'il se croyait Navnik au bout d'un moment, comme si il avait perdu la tête. Est-ce vrai ? Elle l'ignore … Malgré ce qu'il y a eu entre Arès et elle, elle ne peut qu'être triste de le savoir désormais disparu à jamais. Au fond d'elle, elle l'appréciait, malgré la blessure que le mâle lui a infligé lors de leur dernière discussion. Cette discussion … Dernier échange haineux entre les deux loups et, jamais ils n'auront fait la paix et ne pourront plus jamais …

« Qu'as-tu appris ? »

Demanda-t-elle tandis qu'ils s'étaient suffisamment éloigné et pour dériver ses pensées de ce drame, de cette douleur encore vif. Elle avait besoin de penser à autre chose et, parler avec Emarok l'aidera. Qu'importe ce qu'il dirait, cela ne peut être pire que la perte de leur général, d'un loup qui, au fond, lui ressemblait énormément …

Leur pas leur font traverser les dunes de sable des Navnik, territoire hostile autant par sa meute mais, surtout, par la présence des Hommes car, Nymeria avait flairé leur odeur et, elle préférait quitter rapidement cet endroit avant d'en croiser ...

Elle l'écoute, attentive, voulant savoir à quoi penser le guérisseur qu'elle venait de récupérer chez leur ennemi. Par moment, elle lui lance un regard avant de fixer de nouveau un point invisible devant elle. Si elle ne court plus désormais, elle reste malgré tout attentive, en alerte. Ses oreilles se baissèrent légèrement aux paroles de Emarok, que pouvait-elle dire ? Elle même ne comprenait pas, elle s'est juste contenter de suivre son amie, de l'épauler, de la protéger et, là encore, elle a raté. Baissant un moment la tête pour fixer le sol, elle réfléchit avant de finir par parler, parler librement sans se brider.

« J'avoue ne pas comprendre cette guerre non plus. Je suis né solitaire, j'ai toujours vécu solitaire. La vie de meute m'est encore étrange et le besoin de territoire également. Nous avons déjà de vaste terre à nous mais, si Plume a voulu se lancer dans cette guerre, elle avait ses raisons et, je ne suis pas la mieux placer pour l'en empêcher, malgré mon statut de Bras Droit. Je suis encore trop ignorante sur certaines choses et d'autres me dépassent, comme ces guerres de meutes. »

Commença-t-elle sans chercher à cacher quoique ce soit. Après tout, pourquoi se cacher ? Emarok est le loup qui l'a aidé alors qu'elle était tout juste entré parmi les Esobek, celui qui a su la conseiller et l'aider à prendre un peu plus confiance en elle. Elle n'a pas envie de lui mentir et, au final, elle peut comprendre ce qu'il ressent.

« Avant la guerre, j'ai parlé avec Plume. Elle avait peur, peur d'avoir choisit la mauvaise voie, peur de ce qui allait arriver. Elle ne savait pas si elle devait faire demi-tour et tout abandonner, au risque de se mettre certains de la meute à dos. Tout ce qu'elle souhaite, c'est notre sécurité et c'est pour cela qu'elle voulait prouver aux autres que malgré la réputation pacifique de la meute, nous sommes capable de nous défendre. Je le comprend mais, cela a prit de trop grosse proportion et, à cause d'une Alpha qui ne l'est même plus au final. L'ennemi n'est plus le même, peut-être qu'une guerre aurait pu être évité au final si on l'avait su plus tôt et si Plume avait reçu des conseils. »

Peut-être aurait-elle dû conseiller Plume à ce moment-là pour éviter cette guerre ? Pour éviter que leur meute souffre d'autant de blessures et, que l'un des leurs trouvent la mort sur le champ de bataille ? A-t-elle faillit à sa tâche de Bras Droit en ne conseillant pas son Alpha comme elle aurait dû le faire ? A cette pensée, la grise baissa de nouveau les oreilles. Elle aurait dû essayer de la retenir, si seulement elle avait su ce qu'une guerre de meute entraînerait … Peut-être que cette place n'est pas faites pour elle au final ? Elle l'ignore …

« J'ai faillit à mon devoir en ne la protégeant pas. J'ai faillit à mon devoir en ne la conseillant pas ... »

Couine-t-elle tout bas, ses remords refaisant surface ...

Relevant la tête pour fixer Emarok, Nymeria l'écoute, réfléchissant en même temps. Freux, est-ce réellement Freux le fautif ? Peut-on vraiment mettre toute la faute sur lui ? Elle se souvient du jour des négociations malgré qu'elle était à l'écart. Elle se souvient également du jour où la jeune espionne Navnik a demandé à les voir. Insultante, mettant l'Alpha mâle hors de lui, transformant cette rencontre en terrain d'insulte. Au final, nul négociation n'a pu être fait. L'espionne est partie après avoir lâché le fait que les Navnik possédaient des otages, ne faisant qu'augmenter la fureur de Freux qui ne pensait plus qu'à faire couler le sang de cette meute. Que doit-elle retenir de tout cela ? Que doit-elle penser ? Perdu, Nymeria ne sait où se trouve la vérité dans toute cette histoire. Pour elle, tout le monde est en tord, elle la première pour ne pas avoir fait son devoir de Bras Droit.

Et si Emarok avait raison ? Et si tout était de la faute de Freux ? Non, Plume ne se laisserait pas ainsi influencé, elle est l'Alpha, celle qui a été choisit, elle ne peut avoir été complètement influencé par son compagnon. Elle est la louve en qui elle a complètement confiance, la louve pour qui elle donnerait sa vie, son énergie. Pour qui elle se battra jusqu'à la mort, jusqu'à ce que plus aucun ennemi ne se trouve sur sa route. Elle donnerait tout pour elle alors, est-ce possible que Plume se soit fait influencer ? Elle n'en sait rien, après tout, comment fonctionne un couple ? Que nous fait faire l'amour ? Malgré qu'elle ait vécu auprès de Kenshin quelques temps, elle a l'impression de ne rien comprendre à ce sentiment et de n'avoir rien vécu si ce n'est de devoir veiller sur lui alors que la famine et la maladie le ronger. Souffrir lorsqu'il disparu sans ne laisser plus aucune trace, l'abandonnant, seule. Non, elle ignore quel est le lien qu'elle peut avoir avec Freux, elle ignore bien des choses au final et, ce n'est que plus frustrant.

« Peut-être y a-t-il quelque chose qu'on ignore tous. Peut-être qu'on accuse le bon loup ou, peut-être pas … Beaucoup de chose on engendré les réactions de Freux, après, je ne le connais pas tant que cela … Il est compagnon de celle qui est à la fois une amie qui m'est chère et ma famille, je ne pense pas qu'elle se soit fait influencer mais, je doute que Freux lui aurait conseiller l'inverse toutefois. Peut-être qu'une discussion avec Plume pour comprendre tout ça serait la bienvenue. La meute se remet doucement de leurs blessures et nous devons encore payer les Sekmet. Laisses le temps à la meute de se remettre, surtout à Plume qui a été lourdement blessé puis, essayes de parler avec elle, pour comprendre. »

Elle ne veut pas d'une guerre interne. Elle ne veut pas voir Emarok partir pour des raisons peut-être fausse, même si au fond elle ne le retiendra pas car, si il souhaite partir, c'est son choix, elle ne peut rien contre cela puis, elle même vivait solitaire. Toutefois, une mise au claire ne serait pas de trop et, peut-être que Nymeria devrait demander à Plume de mettre en place une de ces réunions, comment les Esobek nomment-ils cette réunion déjà ? Le conseil de l’œil de la lune. Ce conseil ne concerne que les hauts gradés mais, Emarok était Prince et, peut-être Plume fera-t-elle une exception, afin qu'il puisse comprendre et s'expliquer à son tour.

« Une réunion de haut gradé ne serait pas de trop, qu'en dis-tu ? »

Elle hoche doucement la tête tout en avançant, tout en réfléchissant. Ne pas avoir prit la place qui aurait dû lui revenir fait-il de lui un simple membre ? Ses parents ont fondé cette meute, non ? Alors pourquoi n'aurait-il pas sa place lors de ce conseil ? Parfois elle se demande pourquoi il n'a pas voulu de cette place ou, pourquoi n'a-t-il pas voulu être au moins le Bras Droit de Plume afin de pouvoir la conseiller, l'aider. Il avait ses raisons, sa vision, elle le sait, tout comme elle après tout. Il ne veut pas la mettre dans son histoire mais, dès que cela touche Plume, Nymeria rentre toujours dans les histoires, prête pour soutenir et aider son amie, qu'importe ce qu'il se passe et, si Emarok dit vrai alors, Nymeria voudra l'aider, si cela peut permettre à Plume de pouvoir faire ses propres choix, d'être sereine et, désormais, Nymeria sera bien plus présente, plus à l'écoute et prête à la conseiller. Certes, elle ne peut la guider comme un Bras Droit devrait le faire car, contrairement à beaucoup, elle n'a jamais eu d'envie de grandeur et n'a jamais connu les meutes, jusqu'à aujourd'hui. Non, les seuls conseils qu'elle pourra lui offrir, c'est d'amie en amie.

« Pour toi, tu n'as peut-être pas ta place mais, au fond, tu restes le Prince des Esobek et, comme tu la dis, tu as encore tes droits de succession donc, je ne pense pas que Plume sera contre ta présence, si tu souhaites y participer, je lui en parlerais, mais avant, je te laisserais lui parler directement comme tu l'as dis. »

La lisière des terres Esobek commence à apparaître face aux deux loups. Nymeria ne pouvait s'empêcher de repenser à sa discussion avec Emarok. Elle ne sait quoi penser et, préfère attendre, demander peut-être mais, sa curiosité est désormais attisé et, elle souhaite comprendre, en savoir davantage. Toutefois, elle espère que cela ne provoquera pas de guerre interne, ils ont suffisamment prit dernièrement pour se permettre de s’entre déchirer de l'intérieur. Non, tout ce que souhaite la louve, c'est pouvoir vivre paisiblement, même si elle se doute que cela n'est pas possible …

« Désolé pour la dernière fois, de ne pas avoir pu te faire sortir de là. Je l'avoue, après que Plume m'est renvoyé en défense pour chercher du renfort et me faire soigner, je suis partie sur un coup de tête pour t'aider, ainsi que le petit. Personne n'était au courant, je n'avais aucun plan en tête, j'ai juste agis sur le moment et, c'était idiot, je sais. »

Elle baisse la tête, la secoue avant de la redresser, adressant un regard désolé au guérisseur. Idiote, elle avait agit de façon idiote. Elle avait abandonné Plume sur le champ de bataille, elle avait abandonné Emarok et sauver un jeune Sekmet à la place. Elle s'en veut, pour bien des choses d'ailleurs mais, à quoi bon y penser sans cesse ? Cela ne sert à rien …

« En tout cas, bon retour chez toi. »

Un sourire lupin étira doucement ses babines alors qu'ils foulent les terres Esobek.