Deux petits yeux d'un bleu océan cernaient à présent le territoire Esobek. Le jour venait à peine de se lever sur le continent que la Blanche était partie en chasse. Guérisseuse, elle se devait de trouver des plantes pour enrichir sa tanière, si chère à son cœur. Ses pattes élancées l'amenèrent droit dans un bosquet étrange. Trop occupée à chercher des végétaux, elle ne prit pas le temps d'observer les alentours.

Après quelques moments d'hésitation, elle prit une plante dans sa gueule et rebroussa chemin. Elle ne savait pas encore à quoi elle servait, mais Pureté du Cristal avait la ferme intention de le savoir.

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Lorsque Kali fit demi-tour, le Soleil était au Zénith. Elle avait du parcourir à sens inverse les territoires Sekmet et Navnik avant de retrouver celui des Esobek. C'était la première fois qu'elle pénétrait dans ce lieu, ayant passé la grande majorité de sa jeunesse dans les terres neutres. Elle n'avait jamais osé franchir les limites territoriales avant aujourd'hui. La Blanche savourait le doux sentiment de l'inconnu. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas découvert un nouveau lieu. Trottinant, la queue basse, ses prunelles azurs vagabondèrent sur les reliefs particuliers des souches mortes. Elle s'aperçut durant son observation qu'elle avait choisie un lieu pour le moins atypique pour sa recherche de plantes. Ça lui plaisait tout autant. La jeune louve était particulièrement attirée par tout ce qui sortait du commun, affectionnant l'originalité. Elle n'aimait pas ceux qui suivaient les autres bêtement comme des moutons, chacun était libre de choisir, penser, faire ce qu'il désirait selon elle. C'était son mode de vie. Jamais elle ne se laisserait enfermée dans une structure hiérarchique, sous le pouvoir d'un Alpha. Elle détestait l'autorité au plus haut point. Sous ses traits angéliques, la Pacifiste était insoumise. Et le ferait savoir à qui voudrait la soumettre.

Sa truffe humide détecta une odeur particulière. N'étant pas une grande adepte de la chasse, elle ne savait pas à quel animal elle appartenait. Mais elle le sut rapidement. Sous ses yeux, un rat apparut, cherchant son chemin. La douce Solitaire le dévisagea avant de lui sauter dessus. Elle ne voulut pas affliger des blessures inutiles à l'animal, préférant la rapidité à la douleur. Enfonçant ses crocs dans sa fine peau, la femelle trancha son cou pour lui ôter tout signe de vie. Ne voulant pas s'étaler plus ici, elle fit demi-tour et prit le Galop. Pureté du Cristal ne voulait pas savourer une si belle proie en ce lieu morbide.

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À nouveau, pour son troisième jour, la louve blanche errait dans le bosquet tortueux à la recherche de plantes pour compléter son stock. Encore nouvelle, elle n'avait que très peu d'articles dans sa tanière et elle se devait d'en trouver d'autres. Que serait une bonne guérisseuse sans source médicinale ? Pas grand chose, je suppose. Elle empoigna bientôt des plantes qu'elle connaissait d'apparence avant de rejoindre son abri au galop.

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Avant de rejoindre les terres neutres, Kali s'était dit qu'un petit tour d'horizon pour dénicher de nouvelles proies n'était pas une mauvaise idée. Après plusieurs minutes à analyser chaque recoin du bois, elle abandonna l'idée. Les quelques animaux qu'elle avait aperçue l'avaient eux-aussi repérés donc, inutile de les poursuivre.

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Au lever du jour, elle était partie à nouveau en direction des terres Esobeks, peut-être la seule meute neutre, si on en juge leur passé sans grands encombres, sauf la précédente Guerre. Galopant à vive haleine, elle est déterminée à trouver encore des nouvelles plantes pour son stock. La veille, la blanche avait brièvement discuter avec un autre Guérisseur qui lui avait donné des renseignements complémentaires sur le type de végétaux médicinales qu'elle pouvait trouver sur ce territoire. C'était confiante qu'elle avait pris le chemin du Bosquet et s'aventurait désormais à travers les décombres et les racines gisantes hors du sol. Plusieurs minutes de recherche s'en suivirent et, satisfaite, la louve posa ses découvertes près d'un buisson encore vivant - un des rares - avant de partir en chasse.

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S'éloignant bientôt de ses plantes, la louve blanche colla son museau au sol à la recherche d'une piste animalière. Ses longs poils duveteux dansaient au gré du vent, qui se voulait glacial. De fines gouttes vinrent caresser son pelage, le mouillant à son toucher délicat. Elle avait beau être une femelle, se salir ne lui posait aucun inconvénient. Les pattes foulant désormais la boue, elle remonta un des nombreux chemins du bosquet. Elle évita plusieurs racines qui sortaient du sol. Ce n'était pas trop le moment de s'écorcher.

Soudain, sa truffe repéra une odeur particulière. Elle releva vivement la tête, cherchant de qui ou de quoi ça pouvait provenir. Ses pupilles azures mirent à peine quelques secondes à parcourir le champ. Avant d'entrer en contact avec l'animal. Ou devrais-je dire les. À peine plus haut que deux pommes, des lièvres s'amusaient dans la terre, à découvert. La louve eut pas mal de chance qu'ils ne virent pas son duvet blanc immaculé. Du moins, pas les premières secondes. L'un d'eux se tourna dans sa direction et l'aperçut, alertant ses congénères qu'ils n'étaient plus seuls. La guérisseuse n'eut pas trop le choix d'intervenir par la suite, pour ne pas perdre ses proies. D'un élan, elle s'élança à leur poursuite, veillant cependant à ne pas trébucher.

Elle en rattrapa bientôt un. Affolé, le lièvre ne savait pas quelle direction prendre, bloqué par le cadavre d'un buisson. Ce qui profita à la jeune blanche. Lançant un antérieur vers celui-ci, elle lui bloqua le postérieur. À l'intérieur, l'adrénaline et la peur montait en elle. Loin d'être une vraie chasseresse, elle n'aimait pas voir souffrir les autres êtres qui peuplaient le territoire. Pourtant, elle savait qu'il fallait qu'elle se nourrisse, quoi qu'il en coûte, même son esprit lui dictait de ne pas le faire. Au moins une fois par mois. Pour suffire à sa survie. D'un geste vif, fermant brutalement les yeux, elle ôta les dernières battements du cœur de l'animal. En même temps, le sien se serra. Elle ne voulait plus bouger sur le moment. Elle se trouvait affreuse. Seulement, les événements la forcèrent à courir de nouveau. Vers un autre lièvre.

Prenant en chasse un deuxième de ses congénères, Pureté du Cristal se retint de pleurer. Les larmes montèrent jusqu'à ses yeux, brouillant un instant sa traque. Elle s'en voulait, se maudissait, se jura que c'était sa dernière chasse. Elle ne chassera que par nécessité, pas par plaisir comme les autres prédateurs. Son galop rapide la conduisit tout droit vers sa seconde victime sur laquelle elle sauta, écrasant sa tête avec le même antérieure qui avait bloqué le premier. Puis ses crocs s'enfoncèrent dans son cou. C'était fini pour lui.

Honteuse, elle prit ses deux trophées ainsi que ses plantes. La blanche s'éclipsa aussi tôt.

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